dimanche 21 octobre 2012

BD - Shelly de "White crows" est-elle humaine ou robot ?


Certaines mauvaises langues ont accusé Tessa (Louis et Mitric) de n'être qu'un pastiche de Sillage. Erreur, la vraie série de SF la plus proche est White Crows de Djief. Les très mauvaises langues diront également que c'est un mélange de Sillage et de Tessa... Si cela avait été réalisé par un tâcheron peu talentueux, la série n'aurait même pas vu le jour. Mais cet auteur canadien est talentueux. Le second tome de White Crows se déroule sur fond d'émeutes raciales. Les aliens rejettent les Humains sur le point d'entrer dans la grande ConstelNations. Shelly, l'ado bionique, découvre l'amour... et la trahison. Un parfait divertissement pour s'éloigner à des milliards d'années lumière de nos soucis du quotidien.
« White Crows » (tome 2), Soleil, 13,95 €


samedi 20 octobre 2012

BD - Une chasseuse sachant chasser dans Sillage


La crise frappe aussi dans le monde de la science-fiction. Navïs, l'héroïne de la série Sillage de Morvan et Buchet, se retrouve acculée par les dettes. Elle accepte n'importe quel job un peu rémunérateur. Elle se retrouve donc sélectionnée pour « nettoyer » un astéroïde peuplé de grosses bébêtes toutes plus dangereuse les unes que les autres. La jeune humaine n'en oublie quand même pas ses principes et plutôt que d'exterminer les monstres, elle les capture pour les réimplanter dans un autre monde, plus vaste et réservé. Mais la chasseuse se retrouve transformée en gibier par des nemrods ayant moins de scrupules. 
Récit complet à part dans la saga, cet album permet aux auteurs de rendre plusieurs hommages (notamment la tenue de Navïs directement inspirée de celle du Major Fatal) à un maître récemment disparu : Moëbius.
« Sillage » (tome 15), Delcourt, 13,95 €


vendredi 19 octobre 2012

BD - Vatine et Niourk sont totalement wuliens


Connaissez-vous Pierre Pairault ? Ce nom ne doit pas dire grand chose au grand public. C'est pourtant le véritable nom d'un des plus grands écrivains de science-fiction français. Il a 12 romans (chefs-d’œuvre plus exactement) à son actif sous le pseudonyme de Stéfan Wul
Un univers qui a inspiré des centaines d'auteurs contemporains et qui est remis au goût du jour par les éditions Ankama. « Niourk » est adapté par Olivier Vatine (Aquablue). Dans un futur apocalyptique, les hommes survivent en tribu.Les hommes chassent le chien sauvage. L'enfant noir est rejeté. Il est différent. 
Cela lui donnera le courage d'aller sur les ruines de la civilisation et y retrouver une arme l'élevant au rang de dieu. L'intrigue parfaitement menée n'occulte pas les dessins d'une finesse et d'une élégance d'un Vatine au sommet de son art.
« Niourk » (tome 1), Ankama, 13,90 €


jeudi 18 octobre 2012

Billet - Les nuits de Christophe H.

Il se passe des choses bizarres la nuit sur la toile. Christophe Hondelatte, ancien journaliste, nouveau chanteur, en fait le sujet de son nouveau single intitulé « Cybernight ». Virtuose de la rime riche, il frappe fort. Après son légendaire Dr House/Mickey Mouse, il ose le SMS/fesses. Et comme jamais rien n'est simple avec lui, lorsqu'Europe 1 diffuse sa chanson mardi sans son autorisation, « Aux voleurs » s'indigne-t-il immédiatement sur son mur Facebook. Reprise sur nombre de sites, « Cybernight » fait beaucoup jaser. Il est vrai que les phrases crues sur les rencontres d'un soir via le net ont de quoi interpeller. « T'es OK pour un plan ce soir ? Moi je ne peux pas recevoir. J'aime le cuir et le latex, et les toilettes du Grand Rex ». Le premier couplet plante le décor. Et de demander ensuite d'envoyer « par SMS », une photo « de tes fesses ». Les commentaires et avis sur les réseaux sociaux déferlent. Assez méchants dans l'ensemble. Christophe Hondelatte endosse involontairement le rôle de la tête de Turc dont il est si facile de se moquer. Beaucoup se demandent si les paroles sont inspirées des expériences personnelles de l'auteur...
Le problème est que la teneur du texte a éclipsé l'affaire du vol. Enregistré cet été, le single ne devait être dévoilé que le 15 novembre. L'énorme buzz a entraîné un changement de planning. On peut donc écouter « Cybernight » sur Youtube. Mais pas la noter. Logique : « Dr House » a recueilli 1234 « j'aime » contre 6219 « Je n'aime pas »...

Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce jeudi en dernière page de l'Indépendant.

BD - Jumeaux aurifères dans les "Chambres noires" de Yomgui et Bleys


Société secrète, savant fou, recherche de la pierre philosophale, spectres et envoûtements : « Chambres noires » d'Olivier Bleys (scénario) et Yomgui Dumont (dessin) est un savant cocktail de tous ces ingrédients, avec un zeste d'hommage aux feuilletons de la fin du 19e siècle. La famille Pénouquet gagne sa vie en photographiant des vivants en compagnie des fantômes de leurs ancêtres. Ce n'est pas forcément très honnête, mais cela ne fait pas de mal.
Dans le précédent album, les jumeaux Louise et Tristan sont enlevés par la Salamandre, une confrérie secrète pour le rétablissement de la royauté. Pour arriver à ses fins, la Salamandre a besoin de beaucoup d'argent. Or, dans les reins de certains jumeaux, des pépites d'or se développent. Menacés d'être disséqués comme de simples rats de laboratoires, les jumeaux seront secourus par le reste de la famille et une armada de spectres.
L'ambiance développée dans ces albums est unique. Un fantastique de fantaisie qui est tout sauf enfantin.
« Chambres noires » (tome 3), Vents d'Ouest, 13,90 €


mercredi 17 octobre 2012

Billet - Sexy ce gros thon...


Comment faire le buzz autour d'une cause à défendre ? Facile : demander à quelques célébrités de se dénuder. Pour dénoncer la maltraitance aux animaux, Peta (People of the ethical treatment of animals) a souvent mis en scène des mannequins et des stars nues, histoire de bien faire comprendre que porter des fourrures, c'est du passé et plus mode du tout. Dans le même ordre d'idée, the fishlove gallery a pour cheval de bataille la préservation des poissons dans les océans. La pêche équitable et raisonnée n'est pas un sujet passionnant le grand public. Pourtant ils sont des milliers à faire un petit tour sur la galerie photo mise en ligne sur le site de l'association. On peut y voir des thons, poulpes, bars, crabes et autres créatures marines menacées par la surpêche. Ils posent avec des célébrités soutenant le combat. Ainsi un poulpe n'est pas très engageant. Un poulpe sur le corps nu d'Emilia Fox, ravissante actrice anglaise, c'est déjà plus fun. Lizzy Jagger, top-model et fille de Mick Jagger, chevauche un thon rouge alors que Gretta Scacchi, inspiratrice du projet, serre sur sa poitrine... un énorme cabillaud. Les photos, très artistiques, jouent sur l'opposition entre deux mondes totalement étrangers. Mais ces poissons, forcément morts, cassent un peu le côté sexy des clichés.
Quant aux machos de tous poils, ils se discréditeront définitivement avec quelques bons mots genre : « Dans le thon, tout est bon » ou « Vraiment dessalée cette morue... »

Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce mercredi en dernière page de l'Indépendant.

mardi 16 octobre 2012

Billet - Dans l’œil du monstre marin...


Un œil de 10 centimètres de diamètre : telle est la découverte faite il y a quelques jours par un promeneur sur la plage de Pompano Beach en Floride. Plusieurs biologistes tentent de définir à quelle espèce d'animal il peut appartenir. En vain. La photo de ce globe oculaire gigantesque a est donc publiée sur le mur Facebook de la Commission de conservation de la vie sauvage et marine de Floride. L'effet est immédiat. Partagée des milliers de fois, elle provoque une rafale de commentaires. Et pour beaucoup, pas de doute, cet œil appartient à l'un de ces monstres marins vivant dans les abysses.

Internet, lieu de toutes les rumeurs et de toutes les exagérations se délecte de ces cas inexpliqués. Régulièrement des vidéos ou des photos se propagent, comme si les utilisateurs du réseau, grands enfants dans l'âme, continuaient de croire aux histoires terrifiantes de leur jeunesse.
En juillet dernier, le cadavre gonflé d'un animal glabre, dents pointues et courtes pattes, suscite les hypothèses les plus farfelues. Finalement, il s'avère qu'un petit chien mort s'est noyé et a croupi un peu trop longtemps dans l'eau...
Dans le golfe du Mexique, une caméra a surpris une forme, énorme, ondulant entre deux eaux. Méduse, simple bâche en plastique ou Nessie des tropiques ?
Mais le meilleur exemple d'attributs gigantesques de monstre marin est celui sortant de l'océan dans le clip « Starships » de Nicky Minaj. Enormes ! Et il ne s'agit pas de ses yeux...

Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce lundi en dernière page de l'Indépendant.

BD - La sirène de la police dans "Mermaid Project" de Léo, Jamar et Fred Simon



Romane Pennac, l'héroïne de cette série de science-fiction, est policière à Paris. Dans ce futur proche, notre monde a beaucoup changé. Romane se déplace à vélo, le cheval a fait son grand retour dans les avenues et Romane subit les brimades quotidiennes de ses collègues. Pas parce qu'elle est une femme ou blonde. Simplement car elle est blanche. 
Dans ce futur imaginé par Léo et Corinne Jamar, les pays émergents ont pris le dessus sur la vieille Europe. Logiquement, les minorités d'aujourd'hui sont devenues des majorités et reproduisent les mêmes injustices. Romane tente donc de s'imposer dans un commissariat où elle ne doit sa présence qu'à un quota à remplir. Elle va avoir l'occasion de s'illustrer quand elle reçoit un courrier dévoilant une erreur de cadavre transféré en France depuis les USA. 
Grâce à la présence de son frère au sein d'une société de recherche en génétique, elle sera choisie par les services secrets pour se rendre à New York enquêter sur le Mermaid Project. Paris, New York, Québec : Romane joue un peu à Tintin dans le futur. Le dessin très ligne claire de Fred Simon renforce cette impression.
« Mermaid project » (tome 1), Dargaud, 13,99 €


Billet - Week-end nauséeux entre Baumgartner et le hashtag de la honte

Sensations fortes assurées le week-end dernier. Dimanche, enfin, l'Autrichien inconscient a sauté. Après quelques faux départs (lire chronique du 11 octobre) Félix Baumgartner a battu des records (altitude et vitesse en chute libre). Le tout diffusé en direct sur la plate-forme dédiée et des milliers d'autres sites, dont celui de l'Indépendant. Le problème pour le grand froussard que je suis, c'est que les images étaient d'une qualité telle que je me suis surpris à avoir le vertige. Et quand je l'ai vu chuter en tourbillonnant sur lui-même, j'étais limite nausée. Quelques heures plus tard, les images embarquées, encore plus impressionnantes, renforçaient le malaise. Un exploit, d'accord, mais un exploit de malade ! 

Enfin, pour être honnête, la nausée, la vraie, celle qui vous fait rendre tripes et boyaux, m'est venue en découvrant sur Twitter le phénomène du week-end : le mot-clé ou hashtag #unbonjuif. Sous couvert d'humour (tendance Dieudonné), des petits rigolos (selon eux), de sinistres racistes (en fait), ont multiplié les blagues de très mauvais goût. A côté, la sortie de Le Pen sur Michel Durafour fait songer aux Teletubbies.

Vous ne lirez pas d'exemple dans cette chronique, ce serait trop d'honneur pour ces tristes individus. Et j'avoue que le fait même d'en parler me fait culpabiliser. Je crois dénoncer, mais ne suis-je pas complice en m'indignant ? Informer n'est pas cautionner, mais dans le cas présent la frontière me semble très ténue car jamais internet n'aura autant servi de déversoir à une haine antisémite primaire.

Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce mardi en dernière page de l'Indépendant.

lundi 15 octobre 2012

Roman - Un polar sombre et glacial signé Olivier Truc

« Le dernier Lapon », premier polar d'Olivier Truc, se déroule en janvier au-delà du cercle polaire : rude climat pour une enquête policière.

Journaliste français pour le Monde et le Point en poste depuis plus de 15 ans dans les pays nordiques et baltes, Olivier Truc signe un premier roman policier imprégné de la culture lapone. Ses héros, Klemet et Nina, font partie de la police des rennes. Un service à part, chargé de surveiller les éleveurs sur un vaste territoire qui englobe le nord extrême de trois pays, la Suède, la Finlande et la Norvège. Ce polar débute début janvier. La région est encore plongée dans la nuit polaire. Près de 40 jours sans voir le soleil. Avec des températures de moins 30 degrés.
Il faut être très fort pour survivre dans de telles conditions. Klemet vit cela comme une évidence. C'est un Sami, un autochtone. Fils d'éleveur, il a délaissé le métier pour intégrer la police. Il a longtemps été en poste à Stockholm, notamment dans la cellule Palme chargée d'enquêter sur le meurtre du Premier ministre. Il en a tiré un certain prestige mais cela ne l'empêche pas de subir les brimades de certains de ses collègues. Nina n'est pas Sami. Jeune policière, elle a été nommée à la police des rennes en raison de son sexe. Le gouvernement central veut féminiser ce service. Elle est la première femme, découvre cette région du pays radicalement différente des ses fjords, aussi isolés mais moins rudes côté climat.

Le retour du soleil
Avant de développer l'intrigue, Olivier Truc immerge le lecteur dans cet environnement glacé et sombre. Un plateau recouvert de forêts, lieu de vie de milliers de rennes broutant du lichen sous l'épaisse couche de neige. Les policiers se déplacent en motoneiges, dans une nature préservée. Nina va vivre l'événement le plus attendu de l'année par la population Sami, en ce 11 janvier, à 11 h 14 exactement. Une grande partie de la population de la ville de Kautokeino se rassemble sur un parking. A ce moment précis, le soleil va de nouveau se lever, pour 27 petites minutes marquant la fin de la nuit polaire. « Nina était saisie. Elle regarda sa montre. 11 h 13. On voyait maintenant nettement un halo vibrionnant troubler le point d'horizon que chacun fixait. » Comme les autres participants, Nina va communier. « Elle s'adossa comme Klemet à la voiture pour s'offrir, enfin, au premier rayon de soleil. Elle tourna la tête. Klemet était recueilli, les yeux plissés ». Le policier regarde son ombre. Elle est de retour après une si longue absence. « Le soleil avait tenu parole. L'attente n'avait pas été vaine ».

Le vol du tambour
Une fois le cadre planté, place à l'action. Deux affaires bousculent le train-train de la police des rennes. Un tambour sami, dernier vestige d'une civilisation presque éteinte, est volé dans un musée. Ce tambour venait de rejoindre la terre où il a été fabriqué après être resté des décennies chez un collectionneur français. Le lendemain, un éleveur sami est retrouvé assassiné près de sa petite maison au cœur du vidda, l'immense zone quasi désertique, grande comme le Liban, là où vivent les rennes. L'assassin lui a découpé les oreilles. Klemet et Nina vont enquêter, découvrant que ces deux affaires pourraient être reliées.
Olivier Truc profite de cette intrigue pour raconter la lente agonie du peuple sami, les ravages de l'évangélisation et les conséquences catastrophiques de l'exploitation minière de la zone. Un polar captivant, avec des personnages forts, un peu trop documenté et démonstratif, seul reproche que l'on pourrait faire à l'auteur qui oublie parfois de se défaire de sa rigueur journalistique.

« Le dernier Lapon », Olivier Truc, Métailié, 22 € (disponible au format poche chez Points)