dimanche 11 décembre 2011

BD - Un monde segmenté imaginé par Malka, dessiné par Juan Gimenez


Richard Malka, célèbre avocat et scénariste de BD qui monte, s'attaque à la SF. Et en refermant le premier tome de « Segments », dessiné par Juan Gimenez, on ne peut que se demander si cette histoire est de Malka ou de Jodorowsky. Dans un futur très lointain, la civilisation s'est segmentée. Pour atténuer les tensions, en fonction de tests passés à 7 ans, chaque enfant est destiné à un monde spécifique. Si vous êtes attiré par le commerce cap vers la planète Mercante du secteur de l'échange. Les artistes finiront à Muse et les adeptes du sexe, des jeux et des drogues iront s'adonner à leurs vices sur Voluptide. Cette segmentation de la civilisation a été imposée par 7 immortels, à la tête de chaque secteur. Mais parfois, des éléments se rebellent, refusent les étiquettes. Des résistants cherchant à retrouver un peu d'humanité dans cette société en totale déliquescence.

Les deux héros sont jeunes et beaux, plein de fougue et sans peur. Après ce premier tome, ils prennent la direction de Voluptide. Cela devrait donner l'occasion à Gimenez de dessiner quantité de jolies femmes nues, un secteur dans lequel il excelle...

« Segments » (tome 1), Glénat, 13,50 € 

samedi 10 décembre 2011

L'armure du Jakolass : Valérian repart à l'aventure en compagnie de Larcenet


Valérian, agent spatio-temporel animé durant des décennies par Christin et Mézières est officiellement en sommeil. Cependant, la retraite des deux créateurs de la série SF française la plus populaire n'empêche pas le jeune héros (toujours accompagné de la sublime Laureline) de poursuivre ses missions entre galaxies et champs d'astéroïdes. Il va, comme Spirou, passer de mains en mains pour explorer d'autres genres graphiques. Manu Larcenet est le premier à se risquer à réécrire cette BD culte. Certains critiques se sont offusqués de sa vision car il part du postulat que l'esprit de Valérian est enfermé dans le corps de Monsieur Albert, vieux poivrot de base, pilier de bar plus que franchouillard. C'est vrai que c'est déstabilisant, mais Larcenet a plus d'un tour dans sa manche et surtout une grande science du rebondissement et de la mise en abîme. Comme en plus, c'est un excellent dessinateur, cette aventure de Valérian, bien évidemment à des milliers d'années lumière de l'original, reste une BD de SF, intelligente et novatrice. Avec (pour le même prix), en bonus cachés, quelques aliens dessinés par des invités de marque, de Goossens à Binet en passant par Baru ou Jean-Yves Ferri.

« Valérian vu par... Larcenet » (tome 1), Dargaud, 11,95 €


BD - La vie de Louve, la Viking, fille de Thorgal, racontée par Yann et Surzhenko


Thorgal ayant changé de main (Yves Sente assure le scénario depuis quatre ans), le Viking vit de nouvelles aventures et plusieurs séries sont développées autour des personnages secondaires des 30 albums dessinés par Rosinski. Après Kriss de Valnor, c'est Louve, la fille du héros, qui bénéficie d'une série propre. Surprise, on retrouve au scénario Yann, le trublion qui, il y a 30 ans, se moquait des séries d'aventures, préférant les pasticher avec son ami Conrad. Entretemps, il est devenu un scénariste tout terrain et sa vision du monde de Thorgal est très fidèle. 

Au dessin, Surzhenko se coule dans le style de Rosinski, l'originel, avant que le maître polonais ne se mette à la peinture... 

Louve, petite fille un peu abandonnée (son père est en vadrouille, son frère aussi) trouve du réconfort auprès des animaux de la forêt. Elle a le pouvoir de leur parler et c'est pour cette raison qu'elle vient en aide à une louve chassée de son clan. Elle va l'aider à reprendre le pouvoir. Mais cette incursion dans les forêts sombres, seule, va mal tourner. Prisonnière d'un monde onirique, la petite fille va être victime d'un beau parleur. On retrouve dans « Louve » tout l'esprit de la série originale. Les fans de la première heure adoreront.

« Louve » (tome 1), Le Lombard, 11,95 €

vendredi 9 décembre 2011

BD - Nico et ses potes


Comment fonctionne Sarkozy ? Cette question, Renaud Dély, journaliste politique, directeur de la rédaction du Nouvel Observateur, se l'est souvent posée. Ses relations avec les femmes avaient donné naissance à une BD dessinée par Aurel. Le scénariste s'intéresse cette fois à la relation du président de la république avec les grands industriels français. De Martin Bouygues, le copain de toujours à Alain Minc, l'ami conseiller en passant par Arnaud Lagardère, le protégé et l'innénarrable Bernard Tapie, ce sont les plus grosses fortunes de France qui ont des relations privilégiées avec celui qui débuta sa carrière politique à la mairie de Neuilly.

L'argent. Nicolas Sarkozy a une véritable admiration pour ceux qui “réussissent en affaire”. Ce n'est pas pour rien que Nicolas Bazire, rencontré au cabinet de Balladur, est témoin à son mariage avec Carla Bruni. Il a toujours refusé de rentrer au gouvernement, préférant faire prospérer sa fortune éclair en faisant acte de présence dans une foule de conseils d'administration. Sarkozy l'admire, l'envie même. S'il n'est pas élu en mai prochain, l'avocat d'affaires devrait tout faire pour arriver au niveau de ses amis milliardaires.

« Sarkozy et les riches », Drugstore, 15 €

jeudi 8 décembre 2011

Thriller - Passé sanglant dans le dernier roman de Jérôme Camut et Nathalie Hug

Politique, social et familial : le nouveau roman de Jérôme Camut et Nathalie Hug joue sur plusieurs fronts. Trois fois plus passionnant !

Le sous titre de ce roman, « On paie toujours ses fautes. C'est juste une question de temps » plante le décor. En progressant dans la lecture, on se rend compte que tous les protagonistes ont des passés sulfureux. Le héros, Jacques Peyrat, en premier. Pourtant il est présenté dans les premières pages comme un homme charmant. De nos jours, il possède un hôtel dans une île des Caraïbes. Il accueille les touristes en compagnie de sa femme Libbie, enceinte de sept mois. Ils s'aiment dans un petit paradis. Mais quand on connaît la bibliographie des auteurs, Jérôme Camut et Nathalie Hug, on se doute que la dominante rose ne va pas durer. Un simple coup de fil va tout faire basculer. Jacques s'envole du jour au lendemain pour la Suisse. Il va récupérer Lulu, sa première fille âgée de 14 ans. Et le lecteur, en découvrant cette adolescente, va également plonger dans la jeunesse de Jacques.

1996. Provincial récemment monté à Paris, Jacques fait la manche dans le métro et vit dans un squat. Il manifeste régulièrement contre le gouvernement et a souvent maille à partir avec les forces de l'ordre. La haine des uniformes semble être son principal moteur. Quand il rencontre Grace, une jeune étudiante américaine, c'est le coup de foudre. Quelques mois plus tard, c'est moins romantique. Enceinte, Jacques abandonne Grace qui sera seule quand Lulu nait. En 1998, Grace part aux USA avec sa fille. Jacques, s'étant découvert une fibre paternelle à rebours, décide de tout faire pour la retrouver. Il a besoin d'argent, de beaucoup d'argent. Après un séjour en prison (toujours des problèmes avec les policiers...) il s'associe a deux malfrats pour un casse digne de Spaggiari.

Ce flashback est entrecoupé des retrouvailles actuelles de Jacques et de sa fille. Pour elle, c'est un inconnu. Mais Grace venant de mourir, elle n'a plus que lui. Ils vont tenter de s'apprivoiser, tout doucement. Mais n'en auront pas vraiment le temps.

Enlèvement

Sur les routes enneigées de Suisse, Jacques a un accident. Lulu, une jambe cassée, est transportée dans un refuge dans les bois. Jacques part chercher des secours. Et quand ils arrivent sur place, plus de 24 heures plus tard, Lulu a disparu. Pour l'ancien cambrioleur, cela ne fait pas de doute, cet enlèvement est l'œuvre de personnes voulant solder le passé.

L'écriture sur trois niveaux différents (le présent, le passé de Jacques et les confessions de Carmen, une employée d'un homme politique de premier plan) permettent de doser les révélations et de maintenir le rythme à ce récit aux multiples ramifications. Jacques se transforme en fugitif, obligé de partir seul en chasse des ravisseurs de Lulu. Mais la venue de Libbie en Europe va compliquer sa tâche. D'autant qu'elle va apprendre indirectement le passé de Jacques, de sa fille cachée au casse parisien de 1998.

Un roman haletant, dans l'air du temps puisqu'il y est question de secrets d'Etat et des vices cachés d'hommes politiques apparemment au dessus de tout soupçons, marqué par la personnalité de Jacques. Fougueux, un peu trop parfois, le père n'est pas un modèle de vertu. Pas étonnant donc si la fin n'est pas politiquement correcte. Comme les deux auteurs, Jérôme Camut et Nathalie Hug, au ton de plus en plus singulier et important sur la scène du polar français.

« Les murs de sang » de Jérôme Camut et Nathalie Hug, Calmann-Lévy, 18,50 € 

mercredi 7 décembre 2011

BD - Rires sur Troy avec de minis trolls toujours aussi affamés


Panique chez les Trolls, victimes d'un sort, ils sont rapetissés. Mais ce n'est pas parce qu'ils ne mesurent plus que dix centimètres qu'ils ne sont pas dangereux. Waha, son père et son fiancé, vont en ville pour retrouver leur taille normale. Capturés, transformés en poupées, devant affronter des animaux gigantesques (rats, pétaures...) leur périple est plein de surprises. Arleston, au scénario, joue parfaitement avec ses personnages, comme un gamin avec ses figurines. 

Gags et jeux de mots s'enchaînent au fil des pages dessinées par un Mourier en pleine forme. Il est vrai que quelques demoiselles très légèrement vêtues lui donnent moultes occasions de faire admirer la courbe de son pinceau. Un régal pour les yeux et les zygomatiques.

« Trolls de Troy » (tome 15), Soleil, 13,50 €

mardi 6 décembre 2011

BD - Mystère sur Antarès : les voyages merveilleux de Léo


Rien de tel qu'un album de Léo pour se dépayser. Antarès, par exemple, vous offre une flore et une faune étonnante. Dangereuse aussi. Kim et ses amis, en cherchant à rejoindre la base principale de la nouvelle colonie vont l'apprendre à leurs dépens. 

Une panne mécanique va les immobiliser au bord d'une rivière. Ils trouvent refuge dans des grottes, mais sont attaqués par d'énormes limaces suceuses de sang. Ensuite, en tentant de chasser des antilopes hérissées de piques, ils se font attaquer par des sortes de sacs volants à la digestion très efficace. 

« Cette planète est un vrai cauchemar » se lamente une militaire à bout de nerfs. Le lecteur, lui, y trouve son compte, sans cesse étonné par les créatures sorties de l'imagination de Léo, un très grand de la BD d'anticipation.

« Antarès » (tome 4), Dargaud, 11,55 € 

lundi 5 décembre 2011

BD - Retour sur Aquablue avec Hautière et Reno, toujours chez Delcourt


Série vedette des éditions Delcourt, Aquablue a connu une longue éclipse. Nao est enfin de retour sous la signature de deux jeunes auteurs prometteurs. Hautière est un scénariste ayant rencontré le succès avec des séries d'aventure, Reno, dessinateur des Womoks et de Valamon, est un génie de la couleur. Le duo remplit son contrat avec brio, ce « Retour aux sources » est digne des premiers tomes de la série créée par Cailleteau et Vatine. 

De retour sur la planète bleue, Nao mène des recherches génétiques pour trouver un lien entre les Terriens et les habitants d'Aquablue. Il retrouve sa femme, son fils et quelques ennemis. Une première partie haletante, qui donne envie de lire la suite. Il ne reste plus qu'à Reno de faire mentir la légende le présentant comme le plus talentueux de sa génération, mais également le plus lent...

« Aquablue » (tome 12), Delcourt, 13,50 € 

dimanche 4 décembre 2011

Essai - Le web de A à Z dans une encyclopédie parue chez Robert Laffont

Surfer sur internet c'est souvent source de nombreuses interrogations. Ce monde n'est pas tout à fait comme le nôtre. Il existe des codes, des secrets, des pratiques que le commun des mortels ne peut pas saisir immédiatement. A moins d'être un geek. Encore faut-il savoir ce qu'est un geek.

La solution à ces interrogations ? La très instructive et désopilante « Encyclopédie de la Web culture » récemment parue chez Robert Laffont. Ce gros bouquin de 270 pages pour 23 euros vous donne les clés pour comprendre, aimer ou détester cette chose qui existait à peine il y a 10 ans et qui occupe tant de place aujourd'hui.

Écrite par Titiou Lecoq (allez voir son blog, Girls and Geeks) et Diane Lisarelli, l'encyclopédie compte une centaine d'entrées. A geek, apprenez que ce passionné de nouvelle technologie, après avoir été la risée de tous, est à la mode, même dans les films hollywoodiens.

D'où vient le mot Spam désignant les mail publicitaires (75 % du trafic en France) ? Il s'agit d'un hommage à un sketch des Monty Python parodiant une publicité pour des boites de conserve de jambon de la marque... Spam.

Sur Twitter, les auteurs expliquent le bon côté : rapidité et simplicité tout en mettant en lumière son gros défaut : 71 % des tweets sont totalement ignorés.

Vous trouverez également quelques conseils. Si vous aimez faire des commentaires, apprenez à vous faire détester en « multipliant les fautes d'orthographes », « évoquez la théorie du complot » ou « commentez uniquement pour faire de la pub à votre propre blog ».  

samedi 3 décembre 2011

De choses et d'autres - QR codes bidons (de lait)


Internet regorge de fakes, ces fausses informations, publicités ou photos. L'histoire des QR codes tatoués sur le pelage de vaches bretonnes était trop belle pour être vraie...

Pour promouvoir les produits de sa ferme, un agriculteur (en fait un acteur de la ligue d'improvisation de Rennes) peint sur le flanc de ses vaches laitières des QR codes, ces idéogrammes permettant d'envoyer des informations à un smartphone. « Flashez ce QR code et gagnez un produit laitier... » Une campagne de pub originale mais totalement fictive.

La vidéo fait le tour du net et de quelques chaînes nationales et montre des badauds coursant des vaches dans les prés, téléphones mobiles en main, tels des picadors de corrida, à la recherche du code gagnant. Tout était faux. Tout en étant tout à fait réalisable. C'est une société spécialisée dans l'utilisation des QR codes qui a imaginé cette opération de communication hors-pair. Plus vite que prévu, le journal Ouest France dévoile la supercherie, désespérant au passage quelques agriculteurs (réels eux) intéressés par l'opération...

Ces codes, souvent utilisés dans la publicité, vont être mis à toutes les sauces. Tels ces footballeurs anglais de l'équipe de Bromley FC, le crâne partiellement rasé, comme tatoué d'un code renvoyant vers un site de paris sportifs. Vendre des pubs sur le maillot c'est bien, sur le crâne c'est mieux. Le plus court chemin pour atteindre le « temps de cerveau disponible » ?