vendredi 9 décembre 2011

BD - Nico et ses potes


Comment fonctionne Sarkozy ? Cette question, Renaud Dély, journaliste politique, directeur de la rédaction du Nouvel Observateur, se l'est souvent posée. Ses relations avec les femmes avaient donné naissance à une BD dessinée par Aurel. Le scénariste s'intéresse cette fois à la relation du président de la république avec les grands industriels français. De Martin Bouygues, le copain de toujours à Alain Minc, l'ami conseiller en passant par Arnaud Lagardère, le protégé et l'innénarrable Bernard Tapie, ce sont les plus grosses fortunes de France qui ont des relations privilégiées avec celui qui débuta sa carrière politique à la mairie de Neuilly.

L'argent. Nicolas Sarkozy a une véritable admiration pour ceux qui “réussissent en affaire”. Ce n'est pas pour rien que Nicolas Bazire, rencontré au cabinet de Balladur, est témoin à son mariage avec Carla Bruni. Il a toujours refusé de rentrer au gouvernement, préférant faire prospérer sa fortune éclair en faisant acte de présence dans une foule de conseils d'administration. Sarkozy l'admire, l'envie même. S'il n'est pas élu en mai prochain, l'avocat d'affaires devrait tout faire pour arriver au niveau de ses amis milliardaires.

« Sarkozy et les riches », Drugstore, 15 €

jeudi 8 décembre 2011

Thriller - Passé sanglant dans le dernier roman de Jérôme Camut et Nathalie Hug

Politique, social et familial : le nouveau roman de Jérôme Camut et Nathalie Hug joue sur plusieurs fronts. Trois fois plus passionnant !

Le sous titre de ce roman, « On paie toujours ses fautes. C'est juste une question de temps » plante le décor. En progressant dans la lecture, on se rend compte que tous les protagonistes ont des passés sulfureux. Le héros, Jacques Peyrat, en premier. Pourtant il est présenté dans les premières pages comme un homme charmant. De nos jours, il possède un hôtel dans une île des Caraïbes. Il accueille les touristes en compagnie de sa femme Libbie, enceinte de sept mois. Ils s'aiment dans un petit paradis. Mais quand on connaît la bibliographie des auteurs, Jérôme Camut et Nathalie Hug, on se doute que la dominante rose ne va pas durer. Un simple coup de fil va tout faire basculer. Jacques s'envole du jour au lendemain pour la Suisse. Il va récupérer Lulu, sa première fille âgée de 14 ans. Et le lecteur, en découvrant cette adolescente, va également plonger dans la jeunesse de Jacques.

1996. Provincial récemment monté à Paris, Jacques fait la manche dans le métro et vit dans un squat. Il manifeste régulièrement contre le gouvernement et a souvent maille à partir avec les forces de l'ordre. La haine des uniformes semble être son principal moteur. Quand il rencontre Grace, une jeune étudiante américaine, c'est le coup de foudre. Quelques mois plus tard, c'est moins romantique. Enceinte, Jacques abandonne Grace qui sera seule quand Lulu nait. En 1998, Grace part aux USA avec sa fille. Jacques, s'étant découvert une fibre paternelle à rebours, décide de tout faire pour la retrouver. Il a besoin d'argent, de beaucoup d'argent. Après un séjour en prison (toujours des problèmes avec les policiers...) il s'associe a deux malfrats pour un casse digne de Spaggiari.

Ce flashback est entrecoupé des retrouvailles actuelles de Jacques et de sa fille. Pour elle, c'est un inconnu. Mais Grace venant de mourir, elle n'a plus que lui. Ils vont tenter de s'apprivoiser, tout doucement. Mais n'en auront pas vraiment le temps.

Enlèvement

Sur les routes enneigées de Suisse, Jacques a un accident. Lulu, une jambe cassée, est transportée dans un refuge dans les bois. Jacques part chercher des secours. Et quand ils arrivent sur place, plus de 24 heures plus tard, Lulu a disparu. Pour l'ancien cambrioleur, cela ne fait pas de doute, cet enlèvement est l'œuvre de personnes voulant solder le passé.

L'écriture sur trois niveaux différents (le présent, le passé de Jacques et les confessions de Carmen, une employée d'un homme politique de premier plan) permettent de doser les révélations et de maintenir le rythme à ce récit aux multiples ramifications. Jacques se transforme en fugitif, obligé de partir seul en chasse des ravisseurs de Lulu. Mais la venue de Libbie en Europe va compliquer sa tâche. D'autant qu'elle va apprendre indirectement le passé de Jacques, de sa fille cachée au casse parisien de 1998.

Un roman haletant, dans l'air du temps puisqu'il y est question de secrets d'Etat et des vices cachés d'hommes politiques apparemment au dessus de tout soupçons, marqué par la personnalité de Jacques. Fougueux, un peu trop parfois, le père n'est pas un modèle de vertu. Pas étonnant donc si la fin n'est pas politiquement correcte. Comme les deux auteurs, Jérôme Camut et Nathalie Hug, au ton de plus en plus singulier et important sur la scène du polar français.

« Les murs de sang » de Jérôme Camut et Nathalie Hug, Calmann-Lévy, 18,50 € 

mercredi 7 décembre 2011

BD - Rires sur Troy avec de minis trolls toujours aussi affamés


Panique chez les Trolls, victimes d'un sort, ils sont rapetissés. Mais ce n'est pas parce qu'ils ne mesurent plus que dix centimètres qu'ils ne sont pas dangereux. Waha, son père et son fiancé, vont en ville pour retrouver leur taille normale. Capturés, transformés en poupées, devant affronter des animaux gigantesques (rats, pétaures...) leur périple est plein de surprises. Arleston, au scénario, joue parfaitement avec ses personnages, comme un gamin avec ses figurines. 

Gags et jeux de mots s'enchaînent au fil des pages dessinées par un Mourier en pleine forme. Il est vrai que quelques demoiselles très légèrement vêtues lui donnent moultes occasions de faire admirer la courbe de son pinceau. Un régal pour les yeux et les zygomatiques.

« Trolls de Troy » (tome 15), Soleil, 13,50 €

mardi 6 décembre 2011

BD - Mystère sur Antarès : les voyages merveilleux de Léo


Rien de tel qu'un album de Léo pour se dépayser. Antarès, par exemple, vous offre une flore et une faune étonnante. Dangereuse aussi. Kim et ses amis, en cherchant à rejoindre la base principale de la nouvelle colonie vont l'apprendre à leurs dépens. 

Une panne mécanique va les immobiliser au bord d'une rivière. Ils trouvent refuge dans des grottes, mais sont attaqués par d'énormes limaces suceuses de sang. Ensuite, en tentant de chasser des antilopes hérissées de piques, ils se font attaquer par des sortes de sacs volants à la digestion très efficace. 

« Cette planète est un vrai cauchemar » se lamente une militaire à bout de nerfs. Le lecteur, lui, y trouve son compte, sans cesse étonné par les créatures sorties de l'imagination de Léo, un très grand de la BD d'anticipation.

« Antarès » (tome 4), Dargaud, 11,55 € 

lundi 5 décembre 2011

BD - Retour sur Aquablue avec Hautière et Reno, toujours chez Delcourt


Série vedette des éditions Delcourt, Aquablue a connu une longue éclipse. Nao est enfin de retour sous la signature de deux jeunes auteurs prometteurs. Hautière est un scénariste ayant rencontré le succès avec des séries d'aventure, Reno, dessinateur des Womoks et de Valamon, est un génie de la couleur. Le duo remplit son contrat avec brio, ce « Retour aux sources » est digne des premiers tomes de la série créée par Cailleteau et Vatine. 

De retour sur la planète bleue, Nao mène des recherches génétiques pour trouver un lien entre les Terriens et les habitants d'Aquablue. Il retrouve sa femme, son fils et quelques ennemis. Une première partie haletante, qui donne envie de lire la suite. Il ne reste plus qu'à Reno de faire mentir la légende le présentant comme le plus talentueux de sa génération, mais également le plus lent...

« Aquablue » (tome 12), Delcourt, 13,50 € 

dimanche 4 décembre 2011

Essai - Le web de A à Z dans une encyclopédie parue chez Robert Laffont

Surfer sur internet c'est souvent source de nombreuses interrogations. Ce monde n'est pas tout à fait comme le nôtre. Il existe des codes, des secrets, des pratiques que le commun des mortels ne peut pas saisir immédiatement. A moins d'être un geek. Encore faut-il savoir ce qu'est un geek.

La solution à ces interrogations ? La très instructive et désopilante « Encyclopédie de la Web culture » récemment parue chez Robert Laffont. Ce gros bouquin de 270 pages pour 23 euros vous donne les clés pour comprendre, aimer ou détester cette chose qui existait à peine il y a 10 ans et qui occupe tant de place aujourd'hui.

Écrite par Titiou Lecoq (allez voir son blog, Girls and Geeks) et Diane Lisarelli, l'encyclopédie compte une centaine d'entrées. A geek, apprenez que ce passionné de nouvelle technologie, après avoir été la risée de tous, est à la mode, même dans les films hollywoodiens.

D'où vient le mot Spam désignant les mail publicitaires (75 % du trafic en France) ? Il s'agit d'un hommage à un sketch des Monty Python parodiant une publicité pour des boites de conserve de jambon de la marque... Spam.

Sur Twitter, les auteurs expliquent le bon côté : rapidité et simplicité tout en mettant en lumière son gros défaut : 71 % des tweets sont totalement ignorés.

Vous trouverez également quelques conseils. Si vous aimez faire des commentaires, apprenez à vous faire détester en « multipliant les fautes d'orthographes », « évoquez la théorie du complot » ou « commentez uniquement pour faire de la pub à votre propre blog ».  

samedi 3 décembre 2011

De choses et d'autres - QR codes bidons (de lait)


Internet regorge de fakes, ces fausses informations, publicités ou photos. L'histoire des QR codes tatoués sur le pelage de vaches bretonnes était trop belle pour être vraie...

Pour promouvoir les produits de sa ferme, un agriculteur (en fait un acteur de la ligue d'improvisation de Rennes) peint sur le flanc de ses vaches laitières des QR codes, ces idéogrammes permettant d'envoyer des informations à un smartphone. « Flashez ce QR code et gagnez un produit laitier... » Une campagne de pub originale mais totalement fictive.

La vidéo fait le tour du net et de quelques chaînes nationales et montre des badauds coursant des vaches dans les prés, téléphones mobiles en main, tels des picadors de corrida, à la recherche du code gagnant. Tout était faux. Tout en étant tout à fait réalisable. C'est une société spécialisée dans l'utilisation des QR codes qui a imaginé cette opération de communication hors-pair. Plus vite que prévu, le journal Ouest France dévoile la supercherie, désespérant au passage quelques agriculteurs (réels eux) intéressés par l'opération...

Ces codes, souvent utilisés dans la publicité, vont être mis à toutes les sauces. Tels ces footballeurs anglais de l'équipe de Bromley FC, le crâne partiellement rasé, comme tatoué d'un code renvoyant vers un site de paris sportifs. Vendre des pubs sur le maillot c'est bien, sur le crâne c'est mieux. Le plus court chemin pour atteindre le « temps de cerveau disponible » ? 

mercredi 30 novembre 2011

De choses et d'autres - Les préservatifs Durex mis à l'index pour des tweets trop politiquement incorrects

« Pourquoi Dieu a-t-il donné un pénis aux hommes ? Pour avoir au moins un moyen de faire taire leurs femmes » Cette plaisanterie d'un goût plus que douteux est en fait une publicité. Durex, la marque de préservatifs, a lancé une campagne sur Twitter en Afrique du Sud. Sous le mot-clé #durexjoke, les publicitaires ont tenté de faire rire les internautes avec des histoires salaces.

En pleine campagne contre les violences faites aux femmes, ce tweet (et d'autres du même acabit) a fait bondir les féministes. Et de dénoncer une incitation à la violence alors même qu'un récent sondage révèle qu'un Sud-africain sur quatre a violé une femme dans son existence. Conséquence, les #durexjoke se sont transformées en catastrophe pour la marque. Avec excuses officielles et retrait des tweets.

Les associations féministes sont également montées au créneau au Kansas récemment. Coupes budgétaires au niveau fédéral oblige, la ville de Topekadevait récupérer le financement du tribunal. Trop cher pour les élus. Et le conseil municipal, pour alléger la facture et avoir un moyen de pression sur l'Etat, décidait de dépénaliser le principal délit pourvoyeur de procès : les violences domestiques. Durant plus d'un mois, les maris violents étaient relâchés par la police, faute de loi... Le bras de fer financier est terminé, les maris violents sont à nouveau poursuivis, mais une dizaine de femmes en garderont la trace, dans leur chair, jusqu'au plus profond d'elles-mêmes. 

mardi 29 novembre 2011

De choses et d'autres - Les amish ont la barbe susceptible

Couper une barbe peut vous conduire en prison. Et y rester à vie.

Aux USA, dans une communauté Amish, les divergences de vues se règlent avec une paire de ciseau. Sept hommes viennent d'être arrêtés car ils avaient coupés, sous la contrainte, barbe et cheveux à des coreligionnaires, nous apprend un reportage de CNN repris partout sur internet.

Les Amish, communauté protestante connue pour son rejet de la vie moderne (pas d'électricité ni de voitures, mêmes habits qu'au 17e siècle) sont également non violents. Beaucoup ont rejoint le Nouveau monde après la révolution française, à l'instauration du service militaire obligatoire. Cette non violence n'empêche pas les dissensions. Samuel Bullet, un patriarche régnant sur une communauté de 200 âmes à Bergholz dans l'Ohio, a été excommunié récemment pour des soupçons d'attouchements sexuels. Pour se venger, il a mis en place des expéditions punitives avec quelques-uns de ses fidèles. Ils coupaient les barbes des hommes et les cheveux des femmes. La tradition Amish veut qu'une fois mariés, les hommes se laissent pousser la barbe (tout en se rasant la moustache) et les femmes ne se coupent plus les cheveux (tout en les dissimulant sous une coiffe).

Mais en s'attaquant à ces symboles de leur appartenance à une communauté, Samuel Bullet se rend coupable de discrimination religieuse. Et aux États-Unis, on ne plaisante pas avec ça. Il risque, lui et ses six complices, une peine de prison à vie. Ce serait cher payé pour quelques coups de ciseau. 

lundi 28 novembre 2011

De choses et d'autres - Tiré par les cheveux...

Khalel a 10 ans. Il est allé chez le coiffeur. Depuis, Khalel a envie de mourir...

Fan de Ronaldo, il a demandé la même coupe que son footballeur préféré. Il arbore une « petite crête sur le dessus et le long de la tête, ce qu’il décrit comme un dégradé à l’espagnol » explique un article sur le site du Parisien, édition du Val d'Oise.

Dans un premier temps, Khalel est très fier de son nouveau look. C'est sans compter sur le jugement de sa maîtresse. « On dirait un Iroquois ! » s'est-elle exclamée. Et de convoquer Khalel et ses parents chez le directeur pour « coiffure extravagante ». Le gamin a ressenti ces remarques comme une humiliation, un véritable traumatisme. Depuis, « il me dit qu'il a envie de mourir » raconte sa mère très remontée contre l'enseignante. La coiffure ? elle la qualifie simplement « d'originale ». Plutôt que de chercher des noises à la maîtresse, la famille devrait s'en prendre aux footballeurs. De tous temps ils ont été épinglés pour leurs coupes étranges pour ne pas dire ratées, hideuses, ridicules...

Certes Khalel est malheureux aujourd'hui. Mais dans dix ans, quand il se reverra en photo, sa honte sera décuplée. C'est la loi de la mode capillaire : « Plus le temps passe, plus on trouve ses goûts d'antan à vomir. » De la raie sur le côté aux cheveux longs en passant par la coupe au bol, toutes les générations sont passées par là.

Et que Khalel se console : les cheveux ça repousse.