mardi 8 novembre 2011

Billet - Que la Force les pardonne

Rickie Latouche a basculé du côté obscur de la Force. Ce Britannique, fan de Star Wars depuis sa petite enfance, vient d'être condamné à la prison à vie pour le meurtre de sa femme. C'est en découvrant qu'elle venait de détruire intentionnellement ses figurines de Dark Vador et Luke Skywalker qu'il a craqué. A défaut de sabre laser sous la main, il l'a étouffée avec un coussin...

Avec internet, pour les passionnés, les univers imaginaires surfent à la limite de la réalité. Star Wars est un must du genre. Vous pouvez même participer à l'élaboration de la saga en contribuant à Wiki Star Wars, une encyclopédie interactive entièrement consacrée au monde créé par Georges Lucas. Les personnages sont entrés dans l'imaginaire populaire.

Dernier exemple en date avec ce spot publicitaire où un gamin déguisé en mini Dark Vador tente d'utiliser la Force pour influencer son entourage. Sans effet sauf sur la voiture qu'il parvient à démarrer à distance... avec l'aide de son père qui a la télécommande en main.

Beaucoup croient à l'existence de la Force, mais elle ne leur sera d'aucun secours contre le ridicule. Tel cet adolescent américain, un peu enrobé, qui, prenant le manche d'un balai et le faisant tournoyer dans tous les sens comme une majorette épileptique, se transformera en un seigneur Jedi expert en maniement de sabre laser. Tout au plus sera-t-il la risée des 23 millions d'internautes qui ont visionné la vidéo... 

BD - Jonathan au Japon sur les traces d'Atsuko, avec Cosey


Jonathan, voyageur infatigable imaginé par Cosey, nous revient pour un périple au Japon. C'est au cœur de montagnes enneigées qu'il va retrouver Atsuko, une jeune femme rencontrée quelques semaines plus tôt en Birmanie. Il désire lui remettre un carnet intime tenu par sa tante et contenant une mystérieuse touffe de cheveux. 

En 54 pages d'une beauté lumineuse, l'auteur suisse conte une histoire de famille déchirante, avec des haïkus en toile de fond. La parution de ce 15e tome des aventures de Jonathan correspond à la sortie du beau livre « Une autobiographie imaginaire en BD », entre monographie, art book et carnet de voyage.

« Jonathan » (tome 15), Le Lombard, 11,95 € (édition grand format avec 16 pages d'aquarelles à 15,95 €) 

lundi 7 novembre 2011

Billet - La cage aux Chevènement

Donc, Jean-Pierre Chevènement est candidat à l'élection présidentielle. « Pour faire bouger les lignes » à gauche a-t-il déclaré sur France 2. A 72 ans, l'ancien CERES (un courant du PS à ne pas confondre avec CRS, même s'il a brillé au ministère de l'Intérieur), veut faire entendre sa voix.

Une annonce qui n'a pas révolutionné le net. Au contraire, le réveil de cet ancien éléphant est devenu une attraction dans la nuit de samedi à dimanche sur twitter. Les utilisateurs du réseau social ont lancé un de ces jeux destiné à dégommer une personnalité. Frédéric « Zadig et Voltaire » Lefebvre en avait fait les frais en son temps.

Samedi, il était proposé de « remplacer un mot dans un titre de film par Chevènement ». Si certaines propositions tombaient à plat, d'autres se révélaient réellement hilarantes : « Comment réussir quand on est con et Chevènement », « Un Chevènement dans un jeu de quilles », « Autant en emporte le Chevènement », « On achève bien les Chevènement »... La palme revient à « La Vérité si Chevènement ? » suivi de près par « La vie est un long Chevènement tranquille » et « Le cercle des Chevènement disparus ».

Au final, je ne sais pas si le président d'honneur du Mouvement républicain et citoyen fera « bouger les lignes » et s'il gagnera beaucoup de voix en faisant campagne sur le net, mais il est sûr que côté moqueries, il est habillé pour l'hiver.

BD - Spirou et Fantasio sur la Lune, prisonniers de Zorglub !


Zorglub est une nouvelle fois au centre de la 52e aventure de Spirou et Fantasio. Kidnappés par le méchant emblématique de la série, les deux héros, animés désormais par Vehlmann et Yoann, se réveillent sur la Lune. Ils découvrent, sur sa face cachée, les laboratoires de Zorglub et un parc d'attraction réservé aux Terriens les plus riches. 

Spirou, malgré son habit de groom, charmera une vedette internationale et surtout perdra de sa gentillesse légendaire après une exposition prolongée aux rayonnements d'une explosion solaire. Très inventive dans la première partie, cette BD est plus classique dans le final avec un affrontement digne des duels de légende. 

Tout en restant dans la charte de la série, les auteurs amènent ce soupçon de modernité qui fait de Spirou un héros d'aujourd'hui... depuis plus de 70 ans.

« Spirou et Fantasio » (La face cachée du Z, tome 52), Dupuis, 10,45 € (édition collector grand format à 19 €)

dimanche 6 novembre 2011

BD - Hergé à nu dans une biographie dessinée par Stanislas


Son héros connait enfin la consécration sur grand écran : Hergé serait certainement très content de l'adaptation de Steven Spielberg. La réédition de la biographie illustrée de Georges Rémi, écrite par Bocquet et Fromental et dessinée par Stanislas, revient sur l'accord signé entre le créateur de Tintin et le réalisateur d'ET. 

En 72 pages on en apprend beaucoup sur la vie d'Hergé, de ses débuts chez les scouts (un carnet de croquis à la main), à ses derniers jours, beaucoup plus intéressé par l'art abstrait que la BD. Entre, il y a une œuvre ponctuée de rencontres, d'amour, de fâcheries et de dépression. La vie d'Hergé n'est pas aventureuse, elle n'en demeure pas moins passionnante.

« Les aventures d'Hergé », Dargaud, 15,95 € 

samedi 5 novembre 2011

BD - Pariez sur le flic de Monplaisir avec Brunschwig et Ricci

Dans un futur proche, un parc de loisirs pour adultes remporte un succès phénoménal. Sur plus de 300 000 hectares, Monplaisir permet à ses visiteurs d'assouvir tous leurs vices autour des jeux. Avant d'y entrer, on choisit un déguisement (de Dark Vador à Mickey en passant par Godzilla) et place au rêve. C'est cher, mais on ne regrette pas. Car en dehors de Monplaisir, même si ce n'est pas montré dans la BD de Brunschwig et Ricci, la vie n'est pas rose. C'est d'ailleurs ce marasme qui pousse Zacchary Buzz à quitter sa campagne. 

Mais il n'arrive pas dans le parc de loisirs avec un déguisement de client mais un uniforme d'apprenti d'Urban Interceptor, les flics privés de cette principauté du bonheur. Car à Monplaisir aussi il y a des faits divers. Des vols (réglés par des robots) et des délits plus graves réservés aux UI. Quand c'est un meurtre, le coupable, grâce aux multiples caméras de surveillance, est rapidement identifié. Il a cependant une chance de s'en tirer s'il remporte son duel avec le meilleur UI du moment. Une chasse en direct se transformant en jeu car il est possible de parier sur le vainqueur. 

Brunschwig, plus que la justice spectacle, invente la justice distraction. Le tout est dessiné par Roberto Ricci, jeune dessinateur excellant dans les couleurs directes et les ambiances à la Blade Runner.

« Urban » (tome 1), Futuropolis, 13 € 

vendredi 4 novembre 2011

BD - « L'astrolabe de glace » ou à la recherche d'un livre rare


Trois personnes, aux parcours totalement différents, se retrouvent à Rome, en 1527, à la recherche d'un livre rare, « Les éphémérides perdues », seule clé permettant de faire fonctionner l'astrolabe de glace. Il y a le musulman Bashir el Hassad, astrologue à moitié fou; Rolf le Borgne, lansquenet au service du général Von Frundsberg et Fiamma, la prostituée chiromancienne, actuelle détentrice du livre tout à fait par hasard. Trois univers, trois quêtes différentes dans un pays en plein bouleversement. 

Le Vatican, replié à Rome qui a perdu de sa superbe, doit faire face à la montée de l'Islam (déjà...) et aux mercenaires des Luthériens. Pourtant Rome est toujours la plus riche de toutes les cités d'Europe et le pape, lui aussi à la recherche du livre, est confiant dans sa puissance. Le contexte historique est parfaitement détaillé dans le scénario de Luca Blengino, mais la première partie de cette nouvelle série italienne vaut surtout pour les dessins d'Antonio Palma. Ce jeune peintre romain est un visagiste virtuose. 

Tous ses personnages ont des « tronches » qui donnent encore plus de violence à cette BD. Chaque case est un petit tableau, l'album formant au total une superbe exposition rehaussée d'un cahier graphique avec de très belles recherches au fusain.

« L'astrolabe de glace » (tome 1), Delcourt, 13,95 € 

jeudi 3 novembre 2011

BD - Feuilles volantes pour un hors-série des Fonctionnaires

En cette période de crise économique et de coupes sombres dans les budgets de l'Etat, ce nouveau recueil de gags des Fonctionnaires pourrait avoir de graves conséquences sur la fonction publique. Il suffit qu'un ministre découvre comment travaillent certains de ses administrés pour qu'il décide de réduire les fournitures en élastiques, post-it et autres trombones. 

Car pour Juste, Mélissa ou Riboulet, quelques uns des personnages récurrents de la série de Bloz (dessin) et Béka (scénario), ces ustensiles servent essentiellement aux pauses (qui sont très nombreuses, il faut le reconnaître). La caricature de cette corporation depuis toujours tête de Turc des Français (ceux qui sont persuadés de travailler plus, ce qui est rarement le cas...) remporte un beau succès. Certainement car elle n'est pas trop au vitriol. 

Au final, ils sont tous très sympathiques ces fonctionnaires, un peu tire-au-flanc, mais pas méchants et souvent investis dans leur mission, comme quand Juste est fier d'avoir bouclé un dossier en moins d'une heure. Un record qui dans d'autres conditions lui permettrait de remporter une distinction bien méritée. En cadeau, un cahier reprenant quelques perles de l'administration, véridiques cette fois, comme ce laconique « Notre réponse affirmative est donc non ! »

« Les Fonctionnaires » (hors série), Bamboo, 10,50 € 

mercredi 2 novembre 2011

Roman - Betty l'ensorceleuse, polar à la Simenon d'Arnaldur Indridason

Dans la froideur de l'Islande, le machiavélisme d'une femme trop belle fait plusieurs victimes. Un polar « à la Simenon » par Arnaldur Indridason.

Depuis « La cité des jarres », son premier polar publié en France, Arnaldur Indridason s'est imposé comme un maître du polar nordique. Il ne vient pas de Suède mais d'Islande, un pays encore plus dur et froid. L'hiver arctique sans fin a des conséquences très néfastes sur le moral des habitants de cette vaste île volcanique perdue dans l'Atlantique Nord. Son héros récurrent, par exemple, le commissaire Erlendur Sveinsson, est l'exact opposé d'un joyeux boute-en-train. Dans « Betty », polar écrit en 2003 soit avant l'apparition d'Erlendur, Arnaldur Indridason semble vouloir rendre un hommage à Simenon, maître du roman policier sombre, aux ambiances lourdes de sous-entendus, de non-dits et de machiavélisme.

Betty, une apparition

Le narrateur est en garde à vue. La police l'accuse de meurtre. Il reste muré dans son silence. Refuse de collaborer. Et se souvient. Le texte alterne courtes scènes d'interrogatoire et longs retours en arrière pour planter le cadre de ce drame. Tout débute quand Betty fait son apparition dans une salle de conférence. Il y était question de quotas de pêches européens, la spécialité du narrateur après ses études juridiques. Betty est la femme d'un riche armateur islandais. Betty est ensorcelante. « Elle avait une robe moulante avec de minces bretelles qui laissaient voir ses gracieuses omoplates, son abondante chevelure brune lui retombait sur les épaules et ses yeux étaient enfoncés, bruns avec une pointe de blanc qui étincelait. Et quand elle souriait... » Le coup de foudre est immédiat, la suite de plus en plus torride, « J'essayais de feindre l'indifférence, plus exactement j'essayais de ne pas la fixer. Ses seins étaient petits et on devinait les mamelons qui pointaient sous la robe. » Betty est là pour proposer un travail, se mettre au service de son mari, pêcheur ambitieux, malheureusement limité quand il s'agit de négocier des quotas avec les instances de la communauté européenne.

Femme fatale

La femme au service du mari se révèle être aussi une femme battue. Et au bout de quelques semaines elle va tomber dans les bras de ce narrateur qui aujourd'hui semble vouloir la défendre tout en la haïssant. Que s'est-il passé exactement entre ce trio classique ? Le lecteur le découvre par petites touches, avec une prouesse de l'auteur qui parvient à placer un coup de théâtre au milieu de son texte. Une petite révélation qui renverse toutes les suppositions que l'on commençait à envisager. Betty se révèle alors véritablement machiavélique.

Ce roman policier de jeunesse est beaucoup plus classique que les suivants signés par Arnaldur Indridason. On n'y retrouve pas la rudesse du pays qui fait tout le « charme » de la série des Erlendur. Mais cela reste une intrigue efficace, parfaitement menée, totalement dépendante du personnage de Betty. Une femme fatale qui risque d'être longtemps présente dans vos rêves, avant que ces derniers ne se transforment en cauchemars.

« Betty » de Arnaldur Indridason, Métailié Noir, 18 € 

mardi 1 novembre 2011

BD - Une bavure bien baveuse pour la 20e enquête de Canardo


Revoilà notre ami l'inspecteur Canardo. Le canard détective privé va se frotter, dans sa 20e aventure toujours écrite et dessinée par Sokal, au milieu des joueurs de poker. Tout débute par un banal hold-up. Quelques millions dérobés dans une banque. Les malfrats sont acculés quand arrive le commissaire Garenni, totalement ivre. 

Des coups de feu sont échangés, les voleurs parviennent à s'échapper, le jeune inspecteur Molart est grièvement blessé à la tête. Après analyse, la balle vient de l'arme de Garenni. Canardo est embauché par la femme de Garenni pour découvrir qui a élaboré ce coup monté ayant l'avantage de mettre hors d'état de nuire deux flics en même temps. La série qui a débuté à la fin des années 70 dans (A Suivre) n'a pas pris une ride. Canardo promène sa dégaine de privé alcoolo de bouge en morgue avec une décontraction inébranlable. 

Au passage il charme une inspectrice de la Police des polices et met de façon tout à fait imprudente ses pieds palmés sur la table de poker de gangsters russes. C'est noir à souhait et totalement immoral.

« Canardo » (tome 20), Casterman, 10,95 €