samedi 24 juillet 2010

Roman - Une "Peau dure" futile et légère


Critique cinéma sur Paris Première et dans le journal Elle, Elisabeth Quin signe "La peau dure", un premier roman léger et au ton très Parisien.

Son héroïne, Kéké Wu, est l’agent de quelques acteurs et actrices du 7e art. Kéké rencontre le grand amour un matin dans le métro. En quelques heures elle fait la conquête de Gustave et lui passe la bague au doigt au bout de deux mois. Kéké, libertine invétérée, passait de mâle en mâle. Aujourd’hui, elle est persuadée que ce mariage va stopper son penchant pour le batifolage. Mais il est difficile d’aller contre son naturel et rapidement Gustave se retrouve être le plus beau cocu de la capitale. Il ne se doutera de rien jusqu’à ce qu’il tombe dans la presse sur une photo de la nouvelle conquête d’une star italienne : sa propre femme !

Elisabeth Quin semble avoir pris beaucoup de plaisir à décrire les errements de Kéké. Une écriture moderne et rapide, réflexion au niveau minimal, futilité omniprésente : ce roman est dans l’air du temps.

Le passage le plus intéressant reste la description de la soirée officielle après la distribution des Césars. La journaliste a retrouvé toute sa verve pour brocarder ce monde superficiel et faux.

« La peau dure », Elisabeth Quin, Grasset, 15 €, roman paru en 2002 (également au Livre de Poche, 5 €)

vendredi 23 juillet 2010

BD - Magouilles au nom du président malade


Larry B. Max, agent spécial de l'IRS, Internal Revenue Service, est un fonctionnaire du fisc américain à mille lieues des contrôleurs des impôts français. Mais parfois, on se dit qu'un Larry B. Max serait certainement très efficace pour démêler l'écheveau Woerth-Bettencourt. Mais ne rêvons pas. La France n'est pas les USA. 

Dans cette 12e aventure, le héros s'attaque pourtant à un ancien président de la République, conservateur et parangon de vertu. Problème, il est en train de mourir du sida, virus contracté du temps de son mandat en entretenant une liaison avec une jeune actrice. Pour sa femme, gardienne du temple, il combat un cancer. Une épouse qui n'hésite pas à faire éliminer toute personne s'approchant de trop près de la vérité. 

Larry va se retrouver au cœur du scandale en apprenant que son père, mort dans un accident d'avion, a en fait été exécuté par ce président malade voulant préserver son secret. 

L'efficacité du scénario de Desberg est magnifiée par des dessins de Vrancken s'appuyant sur une solide documentation photographique.

« IRS » (tome 12), Le Lombard, 10,95 € 

jeudi 22 juillet 2010

BD - "Les enfants de Salamanca", du bon Bec


Salamanca, petite ville forestière perdue dans les montagnes américaines. David vient d'être nommé au poste de garde forestier. Son épouse, Sarah, le suit, abandonnant son travail mais pas ses névroses. Une fois l'ambiance plantée dans le premier tome, Christophe Bec développe l'intrigue de ce thriller aux limites de la folie. Sarah découvre dans sa cave des tunnels, utilisés par un être inquiétant et frustre. 

David, au cœur de la forêt, est attaqué par des êtres, mi hommes mi loups, vivant en horde dans une mine désaffecté. A ces deux intrigues s'ajoute l'étrange attitude des habitants de Salamanca. Il y a des années, ils ont éliminé tous les enfants du village. Depuis l'école est désaffectée. Un thriller fantastique angoissant, où les péripéties s'enchaînent sans temps mort sous la plume réaliste et précise de Stefano Raffaele. 

Christophe Bec multiplie les séries mais Sarah est certainement une des plus abouties avec « Prométhée » aux éditions Soleil.

« Sarah » (tome 2), Dupuis, 13,50 € 

mercredi 21 juillet 2010

BD - La loi des monstres dans la « Caravane »


Dans une masse d'albums de plus en plus uniformes, aux dessins certes talentueux mais un peu trop impersonnels, cette « Caravane » d'Olivier Milhiet sort du lot. Un univers de monstres, un peu à la Freaks, donne une première impression d'originalité. Ensuite, en se penchant sur le dessin, on est frappé par un côté un peu trop appliqué, presque écolier. Mais c'est tout ce qui fait son charme à cette histoire d'honneur qui se termine dans un bain de sang. Dans ce futur improbable, des monstres, humains difformes parfois aux pouvoirs surnaturels redoutables, ne cessent d'apparaître. 

Ils sont mis au ban de la société, rejetés des villes. Ils se regroupent donc dans des caravanes allant de cité en cité, s'exhibant pour gagner de quoi survivre. Des monstres souvent plus humains que les « normaux ». Ils recueillent une fillette, Mila, dont le père vient d'être assassiné. Sa mère va tenter de la récupérer, alors que les membres d'une autre caravane viennent grossir celle de Mila. 

Ce second opus marque la fin de la série. Dommage, cet univers si personnel aurait mérité d'être développé et bonifié.

« Caravane » (tome 2), Delcourt, 12,90 € 

mardi 20 juillet 2010

Fantôme élyséen raconté par Raphaëlle Bacqué

Raphaëlle Bacqué revient sur l'énigme François de Grossouvre, conseiller de François Mitterrand s'étant donné la mort dans son bureau à l'Elysée.


Un coup de feu retentit dans le palais de l'Elysée. Nous sommes le 7 avril 1994, François de Grossouvre est retrouvé mort dans son bureau. Selon toute vraisemblance, cet homme passionné par les armes à feu, ami intime du président Mitterrand dont il est encore un conseiller malgré une disgrâce de plusieurs années, vient de se suicider. Raphaëlle Bacqué, journaliste politique au Monde, a enquêté sur ce personnage ambigu, dernier représentant d'une certaine France. Elle ne remet pas en cause la thèse du suicide. La mort de Grossouvre semblait inéluctable.

Un lieu hautement symbolique

Vieil homme aigri, il avait évoqué ses envies suicidaires avec plusieurs de ses proches. Tout le problème est le lieu. Pourquoi est-il passé à l'acte à l'Elysée ? Un début d'explication est vite avancé parmi proches collaborateurs de François Mitterrand : « Les esprits les plus subtils ont déjà compris. Les Japonais ont un nom pour ces suicides accusateurs où l'on se tue dans un lieu qui désigne le vrai fautif : le seppuku. Avant que le scandale n'éclate, il faut détourner ce doigt que le suicide de Grossouvre paraît avoir pointé vers François Mitterrand. » Celui qui était encore président des chasses présidentielles a donc décidé de partir au plus près de cet homme qu'il admirait tant. Mais ce n'était plus réciproque. Presque une rupture amoureuse. Grossouvre n'a pas supporté ce revirement.

Raphaëlle Bacqué a rencontré des dizaines de personnes pour aller au fond de cette relation. Elle connaissait bien le président Mitterrand, elle a du batailler pour avoir la version du côté de Grossouvre. Ce livre, qui se lit comme un polar doublé d'une relation amicale totale et romantique, met en lumière cet homme qui n'a pas supporté la disgrâce. En fait, François de Grossouvre, sans être du premier cercle, avait un avantage sur les autres conseillers : il était devenu le « ministre de la vie privée » de Mitterrand. Grossouvre est un des premiers à avoir eu connaissance de la liaison de François Mitterrand avec Anne Pingeot. Il habitait l'appartement au-dessus de celui de la maîtresse cachée. Il était même le parrain de Mazarine... Lui-même grand amateur de jolies femmes, il avait une double vie. Dans l'Allier, femme et enfants vivaient calmement dans un château qui servait souvent de base de repli à Mitterrand, sa maîtresse et sa fille. Mais à Paris, Grossouvre vivait depuis une quinzaine d'années avec Nicole, une superbe femme, de 20 ans sa cadette. Une maîtresse qui a disparu dès l'annonce du suicide de l'homme de sa vie.

Des amitiés à droite

François de Grossouvre, riche industriel de province, dès qu'il est tombé sous le charme du candidat François Mitterrand, a financé sans compter sa campagne. Et sa vie privée, achetant une maison pour Anne Pingeot. Une fois élu, François Mitterrand a gardé François de Grossouvre dans son équipe, tout en se méfiant de sa paranoïa et de ses amitiés de droite. Il a cependant été très utile quand la gauche a décidé de toucher sa part du gâteau des anciennes colonies, notamment le Gabon et la Maroc. Grossouvre, simplement par son réseau, a longtemps été un pion essentiel dans la politique étrangère de Mitterrand.

Mais le temps faisant son office, l'ami et conseiller a été de moins en moins écouté. Jusqu'à devenir un traitre quand il a commencé à raconter dans tout Paris la double vie du président et sa maladie. Pourtant, il a gardé son bureau. « Mais c'est bien la façon mitterrandienne. Le président ne rompt pas. Il préfère laisser s'installer l'indifférence. Aux autres d'avoir la force de s'en aller. » François de Grossouvre a choisi sa sortie. Elle fut grandiloquente et pleine de symbole.

« Le dernier mort de Mitterrand », Grasset et Albin Michel, 18 € 

lundi 19 juillet 2010

Edition : des couples à la page

Ecrire est souvent considéré comme une activité profondément individuelle. Il existe pourtant des couples d'écrivains alliant vie et romans en commun.


Partager une passion et un mode de vie. Quand un couple se lance dans l'écriture à deux, c'est souvent pour renforcer des liens déjà très forts. Danièle Gil, corrigeait les romans de son compagnon, Gérard Raynal depuis de nombreuses années. Ce dernier l'a poussée à aller plus loin, à écrire un roman avec lui. Nathalie Hug a déclaré son amour-admiration à Jérôme Camut en lui dédiant un poème. Rapidement, Jérôme Camut a compris que ce double au féminin ne demandait qu'à enrichir son univers romanesque.

Amour, partage, création : les couples écrivains ont un ton unique dans la production romanesque, un accord, une harmonie laissant leurs collègues, foncièrement solitaires, interrogateurs.

La curiosité des lecteurs

Les lecteurs, eux, sont particulièrement intrigués par cette alchimie particulière. « Quand nous sommes en séance de dédicaces, remarque Jérôme Camut, c'est l'interrogation principale de nos lecteurs. » Camut et Hug, une signature qui en quelques années s'est imposée dans la littérature de genre. La trilogie « Les voies de l'ombre » puis « Trois fois plus loin » et « Les yeux d'Harry » en mars dernier : le couple a multiplié les thrillers et romans d'aventures.

La rencontre coup de foudre entre Jérôme Camut et Nathalie Hug a débouché sur la naissance d’un nouvel auteur. « Très rapidement, on a eu envie de vivre et d’écrire ensemble, se souvient Jérôme Camut. Mais Nathalie ne s'en sentait pas l'envergure. Elle n'avait écrit que des nouvelles ou des poèmes. Elle prétendait ne pas avoir d'imagination. Et puis un jour, alors que je bloquais sur un scénario, elle m'a raconté la fin de l'histoire, naturellement. Et c’était très bien pour quelqu’un qui prétendait ne pas avoir d’imagination… »

L’accord entre Jérôme et Nathalie semble aller tout seul. Ils ont pris leurs marques, trouvé un terrain d’entente idéal. « On est arrivé maintenant à ne plus savoir qui écrit quoi » explique Jérôme Camut. Dans la pratique, les règles se sont imposée d’elles-mêmes : « Après avoir travaillé sur l'intrigue et les personnages, un des deux écrit les vingt premières pages. L'autre continue tout en corrigeant. On s'échange les fichiers en permanence. »

Un roman en solitaire pour Nathalie

Un des avantages de travailler à deux : « quand on bloque, une simple discussion règle souvent le problème alors que seul, c'est parfois long. » Le revers de la médaille c'est que l'on « double les tics d'écriture. »

L’entité "Camug" n’a pourtant pas éliminé les deux personnalités qui la composent. Chacun trouve le temps pour mener à bien des projets en solitaire car, selon Jérôme Camut, « la limite c'est l'univers personnel. Nathalie vient d'écrire un roman seule. Elle m'avait proposé de travailler dessus, mais mes idées ne l'emballaient pas. Et moi aussi je vais signer une histoire fantastique en solitaire. Nous avons expliqué à nos éditeurs que 1 + 1 = 3… »


dimanche 18 juillet 2010

BD - Quelques revues pour l'été

Traditionnellement, pour l'été, quelques revues BD proposent des numéros spéciaux. Sans vouloir être exhaustif j'ai repéré chez mon marchand de journaux quelques pépites qu'il serait dommage de manquer.


Il y a d'abord le Pilote spécial cinéma. Un gros pavé avec quelques histoires originales et un minimum de reprises. Cette revue (qui ne paraît qu'une fois l'an (et encore...) n'a plus rien à voir avec l'hebdo des années 60/70 proposant une dizaine de pages d'actualités souvent grinçantes (les débuts de Patrice Leconte, Parras, Gébé...). C'est plus propre, moins sarcastique... bref, dans l'air du temps...

A ne pas à mettre dans toutes les mains, la renaissance de Hara-Kiri, par l'équipe de Charlie Hebdo. Décidemment le départ de Philippe Val vers France Inter a redonné du peps à des auteurs que l'on sentait de plus en plus bridés. On retrouve des fausses publicités, quelques BD et des dessins d'humour démolissant tous les tabous.

L'Echo des Savanes, titre repris par Glénat, est un peu moins sexe, un peu plus BD. Notamment le numéro spécial actuellement en vente offrant l'intégralité de deux albums : l'Ordre de Cicéron (avec Gillon au dessin) et Spoon et White (dont on attend avec impatience le nouvel opus, « Neverland », pastiche de la série Lost). La formule manque d'originalité (un peu de Circus avec un zeste de Vécu...) mais c'est efficace en vacances.

Très copieux également le nouveau Lanfeust. 230 pages, 658 grammes et surtout le retour de quelques séries vedettes dont Lanfeust (les 15 premières pages), Ythaq, Cixi et Marlysa. A ne pas manquer également le début d'une nouvelle série scénarisée par Arleston et dessinée par Didier Cassegrain : « L'heure de la Gargouille ». Cassegrain qui dessine les femmes comme personne. Si vous avez encore un minimum de testostérone dans le corps, mous ne pouvez pas rester insensible à ces créatures rondes et sensuelles. En cadeau dans ce numéro un poster de Mourier présentant des trolls en radeau de la méduse et un plateau du jeu « Prolopoly », version « c'est la crise ! » du célèbre jeu ayant plus fait pour le capitalisme que le couple Woert – Bettencourt...

Picsou Magazine poursuit la réédition des trésors de ce héros. Même si j'avoue ne pas être sensible au travail de Carl Barks ou Don Rosa, il faut admettre que ces récits complets font partie du patrimoine de la BD et que leur exhumation est une œuvre louable.

Star Wars fait toujours vendre. La preuve les éditions Delcourt lancent pour cet été le premier numéro de « Star Wars – The Clone Wars », BD dérivée du dessin animé. Des récits complets type comics avec un emballage sympa pour les jeunes : poster panoramique (ça va faire trop beau dans ma chambre...) et masque d'un guerrier à découper.

Fluide Glacial est également doublement présent dans les magasins actuellement (triplement même si l'on intègre le spécial jeux Bidochon, mais mieux vaut faire l'impasse...). Le numéro classique voit débarquer un nouveau personnage : Jérôme Moucherot. En fait l'assureur de Boucq fait son entrée dans le catalogue Fluide avec une histoire complète de 10 pages qui vous en met plein les yeux. Le Série Or de 100 pages reprend les « grands classiques des albums Fluide Glacial ». L'occasion pour les plus jeunes de se délecteur de la version Gotlibienne d'Alice aux pays des merveilles. 16 pages remplies de folie, de sexe et de clin d'oeils. De jolies filles dénudées aussi. Ça ne gâche rien...


Le Psikopat de Carali propose aussi son numéro spécial d'été. Un spécial de 100 pages, estampillé nouvelle formule, avec l'arrivée de cinq auteurs de feu Siné Hebdo. On apprend sur le blog de Mélaka que ce mensuel, volontairement sans pub, vient de lancer une page Facebook. Un peu de délire sur le réseau social du flicage volontaire ne peut pas faire de mal. Mais attention aux dérives. Les puritains ricains (ça rime) n'aiment pas les tétons, alors vous imaginez, un sexe en érection...



Enfin, le must de la production BD est toujours au rendez-vous du meilleur hebdo de tous les temps : Spirou. Leur numéro spécial été de 100 pages n'est plus en vente, mais ne manquez pas celui de mercredi prochain (21 juillet) avec Maki, le lémurien en couverture. Fabrice Tarrin, le sale garnement de Montpellier, y raconte ses souvenirs d'adolescent parisien. Vol à la Fnac, agression dans le métro, mensonges à la police : ce n'est pas du politiquement correct. Spirou c'est toutes les semaines et on peut y découvrir actuellement le nouveau Spirou et Fantasio de Yoann et Vehlmann, « Alerte aux Zorkons ».

samedi 17 juillet 2010

BD - L'immortalité... immobile de "Corps de pierre"


Contrairement aux idées reçues, les bandes dessinées américaines ne se limitent pas à des histoires de super héros. « Corps de Pierre », pourtant, débute comme un de ces comics de genre. Le héros, un homme banal, va voir son corps se transformer. Devenir différent, avec un pouvoir qui le rend supérieur. Thomas remarque dans un premier temps un doigt engourdi. Il en parle à son ami, avocat, qui le conseille dans son divorce. Puis c'est toute la main qui devient inerte, lourde. Un premier examen médical ne décèle rien d'anormal. Si ce n'est que sa main semble se solidifier, se densifier. Quelques jours plus tard, Thomas comprend : son corps est en train de se transformer en pierre... 

La suite du récit devient plus étonnante. Entre la prise de conscience de cet homme face à un changement qu'il ne peut arrêter, les interventions des savants qui veulent l'utiliser comme cobaye et ses amis qui tentent de l'aider, c'est une véritable course poursuite qui s'engage. Contre l'Etat et le temps. La fin, imaginée par Joe Casey, le scénariste, est très zen, sereine. Charlie Adlard, le dessinateur (célèbre pour sa série « Walking Dead »), a dessiné ce one shot au trait, en noir et blanc, s'autorisant simplement un peu de gris pour assurer les effets de pierre. 

Assez déstabilisante, cette BD aura le mérite de permettre au lecteur de s'interroger sur sa vie, son agitation vaine, ses buts et désirs, à courte et plus longue échéance.

« Corps de pierre », Delcourt, 12,90 € 

vendredi 16 juillet 2010

Thriller - Le terrorisme sensitif par Stona Fitch


"Sens interdits", thriller de Stona Fitch, est la chronique au jour le jour de l'enlèvement d'un citoyen américain. Il sera torturé, "pour servir d'exemple". Cette histoire d'horreur va crescendo dans l'abomination. L'auteur réussit a vous glacer les sangs au fil de la détérioration physique implacable du héros. Une fiction terrifiante écrite avant le 11 septembre 2001.

Tout commence dans les rues de Bruxelles. Eliott Gast, un économiste américain travaillant pour un grand groupe nord-américain sort d'un dîner d'affaires. En rejoignant sa voiture, il est enlevé par des inconnus dissimulés derrière des cagoules. Il se réveille dans un appartement hermétiquement fermé. Une salle de bain, un matelas dans une chambre et des dizaines de caméras au plafond. Il est prisonnier et espionné en permanence. Après quelques jours d'isolement complet, il se trouve enfin face à ses geôliers qui se dissimulent derrière des masques.

Eliott, discret analyste économique, marié et sans histoire, est persuadé dans les premiers jours de captivité que ses ravisseurs se sont trompés de cible. Pourtant c'est bien lui, Américain modèle, qui va devenir un exemple pour ces terroristes d'un nouveau genre, décidés à frapper un grand coup contre la mondialisation. Avec l'aide d'un docteur, Eliott est amputé de sa langue sous les caméras de l'appartement qui retransmettent la scène sur internet.

La magie de l'écriture donne l'opportunité au lecteur de s'imprégner complètement de la personnalité d'Eliott. Au fil des pages, on partage ses espoirs de fuite avec la complicité d'une infirmière compatissante, ses angoisses, ses révoltes et ses souffrances jusqu'au dénouement final. Un thriller particulièrement dur qui prend aux tripes et ne laisse personne indemne une fois la dernière page tournée.

« Sens interdits » de Stona Fitch, Calmann Lévy, 18 euros (paru fin 2002 et également disponible au Livre de Poche)

jeudi 15 juillet 2010

BD - Montréal, Venise futuriste du Québec


Thierry Labrosse a un incroyable coup de crayon. Il dessine les femmes et la jeunesse avec une aisance qui doit déprimer tous les tâcherons de la BD réaliste (et il y en a beaucoup plus qu'on ne croit...). Il s'était fait remarquer en imaginant les courbes affolantes de Moréa, héroïne issue de l'imagination d'Arleston et de Latil. 

Cette fois son héros, Riel, est un jeune homme, un rural ayant décidé de tenter sa ville à la grande ville : Montréal au Québec. Mais Labrosse n'a pas abandonné son genre de prédilection, la SF, et le Québec qu'il décrit est celui du futur. La ville, en grande partie inondée, est en pleine révolution. Des insurgés qui veulent que les nouveaux médicaments soient disponibles pour tous et pas seulement pour une petite élite de millionnaires. 

Riel se retrouve au centre d'émeutes meurtrières, découvrant un monde dur mais également l'amour en la personne de la belle Nève. Une série graphiquement parfaite.

« Ab Irato » (tome 1), Vents d'Ouest, 13 €