mercredi 14 mai 2008

BD - Guerre de religieux


En Allemagne, en 1933, alors que Hitler commence à dévoiler ses plans et que la propagande antijuive prend de plus en plus d'essor, d'autres combats se déroulent en coulisse. Eva, jeune étudiante se retrouve malgré elle au centre d'une guerre secrète qui dure depuis des millénaires. Tout commence pour elle quand un chercheur est abattu dans sa rue. Banal meurtre contre un intellectuel juif ou élimination déguisée ? 

Eva retrouve dans sa boite aux lettres une enveloppe lui donnant quelques clés, virtuelles et réelles. La réelle serait la clé du paradis. Un paradis en opposition à l'enfer qui serait le refuge et l'inspiration de la politique nazie. Dans ce paradis dont elle trouvera le chemin après bien des embûches, une lance divine va lui donner une arme lui permettant de se battre avec des forces occultes très puissantes. 

Jean-Luc Istin, dans la collection « Secrets du Vatican » mélange avec bonheur deux influences majeures. D'un côté la description de cette Allemagne de plus en plus fanatique, acculant les Juifs à la fuite et de l'autre une intrigue fantastico-religieuse subtile et originale. Denis Rodier, au dessin, à côté d'une reconstitution historique rigoureuse, se lâche dans les décors grandioses du monde caché.

« L'ordre des dragons », Soleil, 12,90 € 

mardi 13 mai 2008

Roman - Couples et déchirures

Roman intense et fusionnel, "Indésirable" de Valerie Martin nous plonge dans l'intimité de couples anciens et nouveaux.


Réflexion sur la vie à deux, l'amour, l'habitude et la famille, ce roman de Valerie Martin débute comme une comédie bourgeoise contemporaine, dans les milieux aisés et intellectuels de New York et sa région, pour se prolonger dans une ambiance plus lourde des séquelles de la guerre des Balkans. Brendan et Chloé sont le prototype de ces Américains de gauche, intellectuels, aisés mais un peu trop conformistes. Brendan, professeur à l'université, se consacre actuellement à la rédaction d'un livre sur les croisades. Dans son bureau, loin de l'agitation du monde actuel, il essaie de comprendre les motivations réelles de la croisade de "Frédéric de Hohenstaufen, l'empereur du XIIIe siècle dont la puissance et la ruse ont surpris ses contemporains au point de lui valoir le surnom de Stupor Mondi, la merveille du monde". Chloé, illustratrice de livres pour enfants, travaille dans son atelier installé dans un bois à quelques dizaines de mètres de leur résidence. Leur fils, Toby, est étudiant en sciences politiques. Il vient de rencontrer Salomé, étudiante elle aussi. Un coup de foudre immédiat et réciproque.

Réfugiée croate

La première scène raconte, dans un grand restaurant, la première rencontre des parents de Toby avec la nouvelle petite amie de leur fils. Après une blonde évaporé et une Japonaise hypocondriaque, le choix de Toby est radicalement différent. Salomé est une réfugiée de guerre croate arrivée en Louisiane à 10 ans. Son père est pêcheur, sa mère est morte dans le conflit. Brillante, secrète, très belle, elle n'est pas du goût de Chloé. Pour la simple et bonne raison qu'elle est étrangère et que son fils semble beaucoup plus amoureux que les fois précédentes.

Un couple installé, avec des habitudes, des certitudes et bon nombre de renoncement, se retrouve face à un jeune couple, en pleine période de découverte et de folle passion. Brendan, en observant Toby, retrouve ses jeunes années, Chloé ne voit dans cette belle histoire d'amour que la perte de son fils, victime d'une femme qu'elle suspecte de tous les maux (intérêts financier et administratif).

Toby admet qu'il connaît peu de choses de Salomé et quand il va passer les fêtes de Thanksgiving chez son père, il découvre un monde qu'il ne soupçonnait pas. Salomé est épanouie, plus joviale et nature, dansant de longues heures avec des cajuns. Le père, malgré les tracas que lui cause son bateau de pêche, croque la vie par les deux bouts.

Une nouvelle famille

Quelques semaines plus tard, alors que Toby et Salomé vont emménager ensemble, le jeune Américain apprend que sa petite amie croate (et fervente catholique) est enceinte. Une remise en cause complète de leur vie d'étudiants insouciants. Succombant à la paranoïa de sa mère, Toby se sent piégé. Mais l'amour est le plus fort. Ils décident de se marier. En quelques jours. Une formalité administrative réglée rapidement, sans avertir leurs parents respectifs. Le lendemain, en rentrant des cours, Toby trouve l'appartement vide. Salomé est partie. Il découvre un message sur sa boite email : "Chéri, pardonne-moi. Il faut que je fasse ce voyage. Je ne peux pas te dire où je vais ni pourquoi, et mieux vaut que tu n'en saches rien. Je vais revenir. Je t'aime mon chéri."

Après avoir longuement observé la routine de la vie de ses personnages, Valerie Martin bouscule l'intrigue, la conduisant sur d'autres rives, celles de la Méditerranée, encore blessée de cette guerre qui a vu la Yougoslavie se disloquer au gré des guerres civiles. Toby tentera de retrouver sa femme. Brendan le suivra. Chloé, restée à la maison, devra affronter ses peurs, notamment ce braconnier qui chasse si près de sa maison. Et au fil des chapitres un nouveau personnage, grâce à des flashbacks, s'imposera : la mère de Salomé, absente et obsédante.

« Indésirable », Valerie Martin, Albin Michel, 20 € 

lundi 12 mai 2008

BD - Trio d'aventuriers


Jean-Charles Gaudin, avec Arleston, mais dans un registre plus sérieux, fait partie des scénaristes vedettes des éditions Soleil. Après le succès de Marlysa (déjà 8 tomes) et du Feul (seulement 2 tomes...), il se lance dans une nouvelle histoire de fantasy initiatique. Avec au dessin un jeune (25 ans) débutant, Dimitri Armand, affichant une aisance et une virtuosité que nombre de « vieux de la vieille » espèrent toujours atteindre malgré leurs piles d'albums. 

Reste à connaître le rythme de production d'Armand, car être talentueux ne suffit pas si on est trop lent. Paradoxe d'un système demandant toujours plus à des auteurs en plein apprentissage. Gaudin a imaginé une histoire de double personnalité. Talkinn et Evrane, deux jeunes adultes, et Lorky, encore adolescent, rêvent d'une vie trépidante, les armes à la main et la liberté comme seule récompense. Ils vont devoir batailler pour échapper à leur destin de paysan ou de femme au foyer. En découvrant une amulette magique, ils vont changer leur destin. Et leur âge puisqu'ils pourront par magie passer de leur âge réel à un autre, un peu plus mature.

« Angor » (tome 1), Soleil, 12,90 €

dimanche 11 mai 2008

BD - Saint à travers les âges


Dans la thématique des mensonges de l'Eglise, je demande le Saint immortel. Au sein de la collection Loge Noire, Laurent Bidot signe un très prometteur premier tome de « L'éternel ». Dans la lignée de sa précédente série, « Le Linceul », il surfe sur la mode des secrets du catholicisme. Thomas Landon est un historien peu banal. Il travaille pour le Vatican, chargé d'enquêter sur la réalité de certains miracles imputés à des religieux en voie de canonisation. Sur une route de montagne, en rejoignant un chalet en compagnie de son amie, il recueille un homme, muet, sale, barbu et épuisé. 

Après une nuit de repos, l'inconnu s'enfuit de nouveau. Thomas ne sait pas encore qu'il vient de croiser la route de Saint Scutaire dont on dit qu'il serait immortel. Quelques jours plus tard, Thomas est contacté par un riche écrivain de best sellers pour tenter de percer le mystère de ce saint « oublié » dans les riches heures de l'Eglise. L'histoire se déroule sur deux plans. 

D'un côté Thomas, sceptique, peu enclin à croire à ces sornettes, de l'autre l'errance de l'homme barbu, poursuivi par des tueurs sans pitié mais qui y laissent quelques plumes. Une mise en bouche parfaite avant l'apothéose finale, la série ne devant compter que deux tomes.

« L'éternel » (tome 1), Glénat, 12,50 € 

samedi 10 mai 2008

BD - Mercenaire du Christ


Les histoires de quête de reliques sont à la mode. D'une façon générale toute réécriture de l'histoire du Christ semble avoir la côte depuis quelques années. Regain de mysticisme ou suivisme après le succès du Da Vinci Code, il n'y a pas d'explication rationnelle. 

Simplement une mine pour les scénaristes qui semblent tous jouer la surenchère. Cailleteau, repreneur des aventures de Wayne Shelton, héros aux tempes grisonnantes imaginé par Van Hamme, s'engouffre dans la brèche. Il imagine des pouvoirs surnaturels à la lance du soldat romain ayant achevé le Christ. La pointe se retrouve de fait l'enjeu d'une course poursuite entre des nazis nostalgiques et des religieux chargés de maintenir une certaine histoire officielle. Wayne Shelton arrive dans ce pataquès pour secourir un ancien ami, noceur invétérée, devenu moine après une illumination. 

Fusillade dans le Massif Central, reprise des hostilités à Rome pour un combat final à Istambul, cette septième aventure de Wayne Shelton donne l'occasion à Denayer de multiplier les décors et les courses poursuite en voiture, son péché mignon qui faisait tout l'intérêt de sa précédente série, « Al et Brock, les casseurs ».

« Wayne Shelton » (tome 7), Dargaud, 10,40 € 

vendredi 9 mai 2008

BD - Réveil mouvementé pour Carmen


Plongée dans le coma depuis deux ans, Carmen McCallum est pourtant encore très précieuse mais également très dangereuse. Pour preuve le gouvernement britannique l'a plongée dans un cuve expérimentale de produit amniotique pour qu'elle conserve toutes ses facultés physiques. Quand elle se réveille, la jeune femme retrouve vite ses facultés et parvient à s'enfuir de sa prison secrète dans une scène d'action très spectaculaire dans ce Londres des années 40, 2040 plus précisément. Fred Duval, pour cette série racontant les débuts de la belle héroïne, s'est adjoint les services de Didier Cassegrain. 

Ce dessinateur, oeuvrant essentiellement dans le dessin animé, n'a pas son pareil pour dessiner les femmes sous des angles toujours avantageux. La couverture, montrant Carmen, en tenue légère, sur un ponton de Saint-Tropez (ville où de déplace l'action) en est l'exemple même. Jambes sans fin, galbe avantageux, courbes parfaites, regard mystérieux, tout lecteur mâle normalement constitué tombe amoureux de Carmen. Dommage qu'elle soit folle et totalement incontrôlable. 

Moderne et délurée, cette série donne une dimension supplémentaire à cet univers de plus en plus complet.

« Code McCallum » (tome 3), Delcourt, 12,90 € 

jeudi 8 mai 2008

Polar - La famille Combes prise pour cible

Joseph Combes et sa petite famille sont l'objet d'une vengeance. Danger maximum pour l'ancien gendarme de Villefranche-de-Rouergue.


Mais qui peut en vouloir à Joseph Combes au point de tenter d'écraser avec une voiture sa fille, Clairette ? Si les forces de l'ordre de Villefranche-de-Rouergue, dans leurs premières constatations penchent pour un chauffard, Joseph Combes est persuadé lui qu'il s'agit bien d'une tentative d'assassinat. Pour preuve, il reçoit un coup de fil d'un mystérieux interlocuteur lui affirmant que la prochaine fois sera la bonne. Branle-bas de combat dans la famille qui n'entend pas se laisser faire. Clairette est mise au vert chez sa grand-mère à Bergerac et Joseph remonte la piste jusqu'à Figeac. Ce serait là qu'un groupe de comploteurs aurait mis au point un plan pour discréditer l'ancien gendarme devenu détective privé et redresseur de tort.

Alain Gandy a créé le personnage de Joseph Combes en 1997 et « Le piège se referme » est le 12e titre de la série avec ce héros récurrent qui ne cesse d'évoluer au fil des années.

Ancien militaire

Adjudant-chef en mission dans l'Aveyron au début, il s'est finalement installé dans la région, a quitté l'uniforme et s'est mis à son compte pour créer l'agence Combes et cie, officine de détective privé dans laquelle sa femme, la belle et impétueuse Claire, joue un rôle de plus en plus important. Joseph Combes est le prototype de l'ancien militaire, droit dans ses bottes, ayant le sens de l'honneur et une sainte horreur des injustices. Un peu le portrait d'Alain Gandy qui a été militaire dans une précédente vie. Avant de se lancer dans le roman policier rural et de terroir, il a signé quelques romans de guerre et des documents sur la Légion étrangère et même une biographie du général Salan. Mais depuis une dizaine d'années il se consacre exclusivement à Joseph Combes qu'il prend un malin plaisir à plonger dans des intrigues alambiquées où souvent de sombres personnages aux âmes torturées imaginent le pire.

Toute la tribu

Dans ce nouveau roman, c'est toute la famille qui est menacée. Quelques meurtres plus tard (des comparses du méchant sur le point de le trahir), Joseph Combes parvient à identifier l'instigateur du complot. Une vieille connaissance qui a déjà fait du mal à Claire Combes. Une découverte en pleine nuit qui jette un froid. « Le silence revenu avait l'air plus profond qu'avant ce réveil en fanfare. Il était chargé de drames, habité de personnages figés dans les souvenirs, agressifs, violents, cruels, qui avaient partagé avec Claire et Joseph, onze ans plus tôt, un jeu de passions et de morts subites. Dans le doux éclairage de la lampe de chevet, le ménage Combes de cette nuit se sentait revivre les péripéties les plus tragiques de son histoire commune. »

L'action se déroule à Figeac, Villefranche bien entendu mais également à Bergerac. L'ancien militaire devra aller demander de l'aide à un de ses anciens soldats (un montagnard vietnamien) pour contrer le machiavélique plan visant à détruire sa famille.

On appréciera dans cette série de romans, autonomes mais aux ramifications croisées dignes des meilleurs feuilletons, outre le cadre aveyronnais (et lotois) toujours plaisant, les caractères entiers et malgré tout très humains des différents membres de la tribu Combes. Joseph, le héros, laissant parfois la vedette à la fougueuse Claire, à l'effrontée et insouciante Clairette et au petit dernier, Robert, jeune bachelier à l'enthousiasme contagieux.

« Le piège se referme », Alain Gandy, Presses de la Cité/Balland, 18,50 € 

mercredi 7 mai 2008

BD - Indiens du Sud


Au début du XXe siècle, à l'extrême bout sud de la Patagonie, des colons blancs chassent les indiens. Ils les exterminent, méthodiquement, pour assurer leur sécurité, par plaisir aussi... Ce western dans le vent et le froid permet à Hugues Micol, le dessinateur, de planter des scènes grandioses de batailles d'icebergs ou d'hommes avides de sang.

 L'histoire de David B. cache au gré des pages des personnages mystérieux comme ce romancier, parti loin de chez lui pour le simple plaisir d'avoir envie d'y revenir, ou ces jeunes femmes spirites, qui ne croient plus aux esprits mais à la vengeances des colts dans une lutte des classes naissante. Étonnante, envoûtante, cette BD séduira tous les amateurs de grands espaces et de rêves fous.

« Terre de feu » (tome 1), Futuropolis, 16 euros 

mardi 6 mai 2008

BD - Redoutable lion de cirque


César, lion né en captivité à Vincennes, se verrait bien en fauve féroce, terrorisant les enfants dans le numéro vedette du cirque Astropof. Mais César n'est pas crédible. Sa crinière est peu développée, ses dents pas si affûtées que cela et surtout son regard n'a rien de celui d'un animal sauvage prêt à tuer pour se nourrir. César préfère, et de loin, la purée de carotte. 

Ce héros, imaginé par Daniel Blancou marquera pourtant l'histoire du cirque, mais pour d'autres raison. Un album de 120 pages qui débute sur les obsèques de César, un véritable artiste à la fin de sa vie pleuré par tous ses amis. Une histoire entre humour et tristesse.

« Le roi de la savane », Delcourt, 11,50 euros 

lundi 5 mai 2008

BD - Spirou adolescent par Emile Bravo


En confiant Spirou à divers dessinateurs pour des aventures hors collection, les éditions Dupuis ont pris un gros risque. De dénaturer le héros, lui faire perdre son mystère, son charme. Mais pour l'instant c'est un sans faute qui donne un second souffle à un héros un peu fatigué. 

Et dans la série, la vision d'Emile Bravo de cet univers fera date. Il a imaginé les débuts de Spirou au Moustic Hôtel, sa rencontre avec Fantasio, apprenti journaliste, sa découverte du monde et de la politique. 

En est en 1939 et les Nazis menacent d'envahir la Pologne. Mais comment un héros adolescent pourrait-il empêcher le déclenchement d'une guerre mondiale ?

« Spirou, le journal d'un ingénu", Dupuis, 13 euros