dimanche 19 août 2007

Roman - Le pire des mondes raconté par Ann Scott

Que faut-il pour être heureux en 2003 ? Cette question, le héros du roman d'Ann Scott semble ne plus vouloir se la poser. Il a de l'argent, un boulot qui lui permet une grande liberté, un bel appartement aménagé avec goût et surtout une voiture comme il en a toujours rêvé. Une auto de légende, une Porsche qui ne court pas les rues dans Belleville, son quartier.

Sortant rarement de son loft, cet homme taciturne et méthodique, s'offre parfois des virées en Normandie. Juste pour voir la mer. Et aussi se gorger d'adrénaline une fois passé le péage de l'autoroute. "Devant lui : une parfaite ligne droite de près de cinq kilomètres, et pas de bagnoles de flics à l'horizon. Il coupa la musique, prit sa respiration et se concentra (...). Il fit rugir le moteur quelques secondes, puis écrasa la pédale en même temps qu'il enclenchait le chronomètre de son portable. Il passa une longue première, aussitôt violemment collé au siège, il passa la seconde, frôlant chaque fois la zone rouge pour le simple plaisir d'entendre le moteur."

Parfait solitaire limitant ses sorties et ses rencontres, sa vie bascule quand il croise le regard d'une belle asiatique. Il est dans un taxi pouilleux, elle sort d'un grand hôtel. Elle sourit puis rit. Choc dans la tête du héros, coup de foudre comme rarement il en a eu. Pourtant c'est un habitué des amours intenses mais impossibles. Il est déjà souvent tombé en pâmoison devant des stars du 7e art. Collectant coupures de presse et vidéos, se faisant son petit cinéma intérieur. Mais cette fois son histoire commence par une rencontre réelle. Même si après une petite enquête il découvre que la belle est actrice, actuellement à Paris pour un tournage ainsi que la présentation à Cannes de sa dernière production. Il collecte sur Internet le maximum d'infos sur cette divine Japonaise et partage son secret avec sa seule amie, une décoratrice d'intérieur vivant dans le XVIe arrondissement. Loin de recevoir des encouragements, la jeune femme tente de le faire réagir. Pas facile de jouer dans le film de sa vie.

L'écriture moderne d'Ann Scott offre nombre de références actuelles à ses lecteurs, du cinéma au manga en passant par cette folie des voitures sportives de luxe. Entre le rêve éveillé et le réel peu reluisant du héros, la vie va inexorablement imposer ses vues. Définitivement glauques...

"Le pire des mondes", Ann Scott, Flammarion, 16 €. Egalement en poche chez J'ai Lu, 4,20 €







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samedi 18 août 2007

Roman - Le double Bang de Christophe Donner


Martine Victoire est un sacré personnage. De ces héroïnes qui marquent les mémoires. Exubérante, grande gueule, vulgaire, enchaînant navet sur navet, cette star déchue du cinéma français est au centre du roman de Christophe Donner.

Pourtant il n'y a que peu d'invention dans ce personnage qui au fil des pages se révèle être la version féminine d'un acteur bien réel. Martine Victoire est donc une vedette. Le public va voir ses films. Pas pour l'histoire, mais pour elle, toujours si drôle avec ses mimiques et son langage ordurier.

Martine Victoire voudrait bien tourner dans de bons films. Elle en est d'ailleurs persuadée au début de chaque tournage. Mais rapidement elle prend conscience que le scénario ne tient pas la route, le réalisateur est incompétent et que la solution pour sauver l'entreprise c'est de faire du Martine Victoire. Elle part alors en croisade, faisant la promotion de ses productions à grand renfort de scandale sur les plateaux télé, friands de déclarations tonitruantes d'une actrice généralement ivre au moment de la prise d'antenne.

QUAND LE MARI PARLE

Et puis un jour, ce monstre médiatique est tombé sous le charme d'un simple chroniqueur hippique lors d'une soirée au cours d'un festival en Normandie.

C'est ce mari improbable qui raconte l'histoire de Martine Victoire, celle qui aura été sa femme plus de dix ans.

Son statut a changé quand ses patrons ont appris qu'il vivait avec la star.

Ils se sont mariés et ont eu une petite fille. Mais si Martine Victoire fait des miracles sur les tournages, elle manque singulièrement de talent quand il faut élever ses enfants. La petite Gaëlle mais également Alexandre conçu avec un premier mari. Alexandre qui va prendre de plus en plus d'importance dans ce récit.

Pour ce qui est de la partie hippique du roman, la grande passion de l'auteur, il glisse quelques portraits de propriétaires et employés gravitant dans ce milieu si exigeant et chante les louanges de chevaux légendaires. Mais ce que l'on retiendra de ce "Bang ! Bang !", loin d'être une farce grossière, c'est le côté profondément humain de cette femme en perpétuel équilibre instable. On la comprend dans ses tentatives de destructions massives et répétées. Nous aussi on aurait aimé l'aduler, la chérir et l'aider.

"Bang ! Bang !", Christophe Donner, Grasset, 18 euros 

vendredi 17 août 2007

Roman - Le silence de Clara

Clara est une petite fille de huit ans, emmurée depuis sa naissance dans le silence de l'autisme. Elle est la fille de Ferdinand Bond, producteur de cinéma et de Lorna, une jeune femme tellement anéantie par le handicap de sa fille qu'elle a préféré l'abandonner à son père et fuir, quatre ans auparavant.

Ferdinand, entre deux prises de films, soigne sa déprime et regarde sa fille grandir, sans espoir. Un soir pourtant il se passe quelque chose : dans le cahier de la gamine une phrase mystérieuse, datée du 15 décembre 2102 est parfaitement écrite. Mais par qui ? Clara qui ne maîtrise ni le langage ni l'écriture ? Avec les psys qui s'occupe de la petite, Ferdinand tente de dénouer l'énigme quand Lorna revient. Ensemble, et pour sauver leur fille ils vont parcourir un chemin sur les rives de l'au-delà.

On retrouve dans ce roman les interrogations de Patrick Cauvin sur la vie après la mort, mais aussi celles sur les mystères de l'enfermement mental d'un enfant.

Sans faux-semblants, et avec toute la tendresse et l'humour qui sont devenus sa marque de fabrique, il exprime le désarroi dans lequel sont plongés les parents d'un enfant autiste : "L'autisme est, pour une mère, une trahison de la nature, un crime inqualifiable... Peu l'admettent, ils se retranchent plutôt derrière une éthique, un devoir, une religion... L'amour n'est pas miraculeux, il est fluctuant, il peut faiblir, grandir, renaître, mourir. Il n'est pas indépendant du sujet auquel il se rapporte..." Du Patrick Cauvin pur jus qu'on parcourt avec toujours autant de bonheur.

"Le silence de Clara", Patrick Cauvin, Albin Michel, 18,90 €. Egalement au Livre de Poche, 4,50 € 

jeudi 16 août 2007

Roman - "L'embaumeur" plane sur Auxerre


Dominique Noguez, en suivant pas à pas son jeune héros Christophe Régnier dans les rues d'Auxerre, en profite pour détailler toute une galerie de personnages truculents. Christophe, en premier lieu, écrivain amateur, travaillant vaguement pour une société étrangère désirant mieux connaître une ville de province, en l'occurrence Auxerre. Il rédige des fiches sur les personnages de la région, du dernier fossoyeur au marionnettiste professionnel. C'est en cherchant des "sujets" qu'il se penche pour la première fois sur la vie de M. Léonard, son voisin, par ailleurs embaumeur pour les pompes funèbres. 

Alors que la canicule de 2003 pointe le bout de son nez, Auxerre vit dans la terreur : plusieurs personnes sont retrouvées sauvagement assassinées et les disparitions se multiplient. Un tueur en série semble avoir pris la ville en grippe... Au fil des pages, souvent désopilantes, on rencontre un bibliothécaire érudit, l'oncle de Christophe, ancien architecte, vivant en ermite, un journaliste coureur de jupons à l'imagination foisonnante, un jeune banquier, amant de M. Léonard, sans oublier la jolie et espiègle Prune, soeur d'Eglantine, fiancée de Christophe et fugueuse récidiviste.

L'embaumeur est souvent au centre de l'intrigue du roman. Il tente même de faire découvrir son métier à Christophe. Mais ce dernier n'appréciera que moyennement de laver des morts, leur faire des injections pour empêcher la putréfaction, reconstituer leur visage et les maquiller. Les meurtres redoublant d'intensité, le roman se transforme en polar après avoir flirté avec la romance et l'étude sociologique.

"L'embaumeur" de Dominique Noguez. Editions Fayard. 20 €, également au Livre de Poche, 6,50 €.





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mercredi 15 août 2007

Roman - "J'ai oublié de la tuer", violence cachée au quotidien


L'authenticité domine "J'ai oublié de le tuer", roman de Tristane Banon, à peine 25 ans et déjà une histoire d'une rare densité. La petite Flore n'a pas de maman. Plus exactement, sa mère est une éternelle absente trop accaparée par son travail.

Le père a totalement disparu mais la mère fait encore quelques apparitions entre 20 heures et 21 heures. Le temps de donner des instructions à la bonne, Amira, qui élève Flore. Une bonne à la main leste qui devient rapidement le pire cauchemar de la petite Flore. Mieux vaut être adulte dans sa tête pour accepter les coups incessants censés vous remettre dans le droit chemin. Un roman sur l'incompréhension entre une fillette et sa mère, sur la violence quotidienne, sur le malheur : "Le malheur, c'est quelque chose de très organisé, c'est construit. Rien n'est si prévisible que le malheur, il n'y a que le bonheur qui vous tombe parfois dessus sans vous prévenir". Les mots de la fillette, puis de l'adolescente, résonneront longtemps dans la mémoire du lecteur quand elle écrit dans son journal intime : "Je veux partir. Tuer Amira d'abord, lui faire payer pour mon début de vie déjà raté. (...) Après je m'en vais. Maman ne s'en rendra pas compte tout de suite, de toute façon. Elle ne s'en rendra pas compte parce qu'elle ne sera sûrement pas là, comme tous les autres jours où elle n'est pas là."

"J'ai oublié de la tuer" de Tristane Banon. Anne Carrière. 15 €. Egalement au Livre de Poche, 4,5 € 

mardi 14 août 2007

BD - Changement de propriétaire au Garage Isidore

Au "Garage Isidore", on oeuvre sans relâche et avec talent dans l'art de choyer le client. Vieille bagnole ou coupé sport rutilant n'ont pas de secret pour M'sieur Zid et ses mécanos ! Que vous soyez en rade sur une route de campagne ou que vous poussiez votre voiture jusqu'à l'atelier de notre garagiste préféré, vous avez l'assurance d'être dépanné par les mains les plus expertes de la profession. Pourtant, entre ses clients irascibles et ses employés pas très futés, M'sieur Zid collectionne les ennuis... 

Une série increvable écrite par Gilson et dessinée par Stédo. Il a pris la relève depuis trois albums de Olis, le créateur de cet univers. Stédo qui va passer la main lui aussi, trop pris par le succès de son autre série, « Les Pompiers » chez Bamboo. 

Pour le prochain album, les lecteurs retrouveront un dessinateur qui a déjà assuré une reprise de prestige : Sikorski. Il avait succédé à Will dans le dessin des aventures de Tif et Tondu. Il devra accentuer le côté comique de son dessin. Les premières planches sont publiées actuellement dans le magazine Spirou. C'est très concluant. (Dupuis, 8,50 €)

 

lundi 13 août 2007

Roman - Les nuits torrides de Bubbles

Sarah Strohmeyer nous fait découvrir les nouvelles aventures de Bubbles, son héroïne récurrente, coiffeuse chic et journaliste choc.

Ce n'est un secret pour personne, un salon de coiffure est l'endroit idéal pour colporter ragots et commérages en tous genres. Celui de Lehigh, petite bourgade tranquille où oeuvre Bubbles Yablonsky, ne déroge pas à la règle. Mais faire des permanentes et des brushings à longueur de journée lasse vite Bubbles, coiffeuse hors-pair et journaliste de choc à ses heures perdues. Dans « Bubbles s'enflamme », sa troisième aventure, Bubbles, attirée par les ennuis comme un chien par un os – les deux mordent et ne lâchent pas prise – se lance dans une nouvelle enquête au milieu (et même au fond) des mines de charbon qui pullulent dans la région.

Où on lui pose un drôle de lapin...

Et pourtant, la soirée avait tout pour être prometteuse. Réservation d'une chambre luxueuse dans un hôtel de charme, équipé d'un jacuzzi en forme de coeur, excusez du peu, achat de petits dessous arachnéens et affriolants pour pimenter la chose : c'est décidé, cette nuit, notre journaliste intrépide (mais pas téméraire) va enfin faire le grand saut. Outrepassant son voeu d'abstinence, elle compte bien passer le nuit avec Steve Stiletto, grand gaillard séduisant à tomber et photographe de presse avec qui Bubbles a l'habitude de travailler... et de tomber amoureuse (la réciproque est vraie).

Mais les heures passent et toujours pas de Stiletto à l'horizon.

Quand, renversement de situation, Bubbles reçoit un coup de téléphone de son patron et mentor au journal, M. Salvo. Il la charge de filer dare-dare dans une mine de charbon désaffectée où elle a rendez-vous avec une grosse pointure de Lehigh, malheureusement tout ce qu'il y a de plus morte d'une balle dans la poitrine. Et qui voit-elle une fois sa bonne vieille Camaro dûment garée ? Le cher et tendre Stiletto dans un face-à-face qui n'a plus rien à voir avec la nuit débridée initialement prévue.

A force de fouiner partout et de mettre leur nez là où ils auraient mieux fait de mettre des visières, Bubbles et Stiletto, chacun à la recherche de « son » scoop, finissent par se retrouver dans une situation des plus délicates. Certes, l'homme abattu s'avère être une huile de Lehigh mais pourquoi donc cherche-t-on à faire taire les deux journalistes auxquels « on » n'arrête pas de chercher des poux dans la tête avec une seule idée : les envoyer carrément ad patres ?

Opposition de personnalités

Dans la troisième enquête de notre coiffeuse journaliste, Sarah Strohmeyer nous en met plein la vue avec les aventures aussi trépidantes que désopilantes de Bubbles et Stiletto. L'une ne jure que par les petits tops en lycra, les pantalons extra moulants et les chaussures aux talons vertigineux. Pas toujours pratiques d'ailleurs quand on doit crapahuter dans une mine de charbon... L'autre, bronzé, au look baroudeur, roulant en jeep, fait se pâmer non seulement les ménagères de moins de cinquante ans mais à vrai dire toute la gent féminine.

Sans compter Lulu, la mère de l'héroïne, plus large que haute et sa copine Geneviève, véritable armoire à glace toujours armée jusqu'aux dents d'objets les plus hétéroclites bien décidée à protéger à tout prix leur petite Bubbles ». Ce mélange savamment dosé nous fait battre le palpitant à travers les aventures rocambolesques de tout ce petit monde.

Bien écrit, d'une imagination débordante et hilarant par dessus le marché, reste à vous donner un conseil d'ami : entrez vite dans la vie trépidante de la très séduisante coiffeuse journaliste.

« Bubbles s'enflamme », Sarah Strohmeyer, Fleuve Noir, 16,50 € 

dimanche 12 août 2007

Polar - Dernière mort avant l'oubli pour Vadim Bronsky


Très typé ce polar français écrit par un petit nouveau, René Dzagoyan, visiblement nourri au San-Antonio. Le héros, Vadim Bronsky est fils d'émigré russe. C'est également une forte tête dans une mauvaise passe. Sa copine, Greta, vient de le plaquer. Il va tellement mal que son supérieur hiérarchique le met d'office en congé maladie et lui prend un rendez-vous avec un psychanalyste. Une initiative qui n'est pas du goût de Vadim, d'autant qu'il est sur une affaire qui le passionne.

Dans une petite chambre miteuse, la concierge de l'immeuble a découvert un vieillard mort, une balle dans la poitrine. Suicide concluent hâtivement les collègues de Bronsky. Mais ce dernier est persuadé qu'il s'agit d'un crime.

Il demande une autopsie et rapidement découvre qu'en plus de la balle dans le coeur, le vieil homme a été empoisonné et frappé à la tête.

Caractère bien trempé.

Qui a assassiné cet ancien harki ? Que faisait-il chaque mercredi dans des cafés de quartiers huppés ? Bronsky, en bon chien de chasse, ne lâche pas son os. Et malgré sa mise à l'écart du service, il va continuer à enquêter sur l'affaire avec l'aide de ses deux meilleurs éléments, l'espiègle et méridionale Mimi et le jeune stagiaire Johnny, dégoûté du retour à la terre promise après avoir échappé à un attentat aveugle en Israël. Et quand il remue trop la boue du passé, c'est le chef de Bronsky qui y va de sa gueulante. Mais il en faut plus pour ébranler notre héros, forte tête marquée aussi par cette fameuse "âme slave" . Cela permet à l'auteur de changer de registre et de signer quelques belles pages ou considérations sur la difficulté de vivre dans ce monde de fou.

«Vadim Bronsky, dernière mort avant l'oubli» de René Dzagoyan, Flammarion, 18 € 

samedi 11 août 2007

Roman - La fascination du pire de Florian Zeller


Florian Zeller, jeune auteur de 25 ans aborde avec gravité dans ce roman la problématique de la création et de sa perception dans le monde musulman, l'Egypte en l'occurrence. Il met dans la bouche d'un de ses deux héros, Martin Millet, quelques vérités très éloignées de la pensée unique.

Martin n'y va pas par quatre chemins. Il déteste les pays arabes, cette religion et son corollaire de frustrations. Avec son collègue, écrivain beaucoup plus posé, modérateur et par ailleurs narrateur du roman, il doit donner une série de conférences au Caire à la demande de l'ambassade de France. Le choc des cultures sera frontal...

Ce roman nous entraîne dans des scènes parfois très tendues mais s'accorde de nombreuses respirations. Ainsi le narrateur, constatant qu'il n'a pas son téléphone portable, en tire cette constatation : en temps de guerre, "les mots avaient une force redoutable puisqu'ils décidaient des vies. On attendait, et on faisait confiance même sans nouvelle de l'autre pendant des périodes infinies. Aujourd'hui on commence à paniquer dès que l'on ne parvient pas à le joindre sur son portable. (...) L'angoisse a gagné du terrain. Nous sommes entrés dans une période sans retour qui signe la fin de l'attente, c'est-à-dire de la confiance et du silence." Entre les deux écrivains à peu près de la même génération, la confiance va petit à petit s'installer. Martin raconte son enfance malheureuse d'adolescent mal dans sa peau, trop gros et laid. Des confidences qui étonnent le narrateur : "Je n'aurai confié ma souffrance à personne, pour être absolument certain de ne chercher ni à l'exploiter ni à la dégrader. J'ai toujours été surpris par cette obstination collective à faire état de ses problèmes, de ses peines et de ses tracas. Chacun estime devoir vider son sac au grand jour. Aujourd'hui, tout le monde rêve d'avoir une âme publique." Intelligent, pertinent, abordant des problématiques d'actualité, ce roman de Florian Zeller offre en plus un dénouement astucieux remettant tout en cause.

Et si "La fascination du pire" n'était qu'un polar un tout petit peu plus sophistiqué ?

"La fascination du pire" de Florian Zeller. Flammarion, 16 € (en poches chez J'ai lu, 8,30 euros)

vendredi 10 août 2007

BD - Le singe, les fleurs et l'amitié

Etre différent. Sortir du moule. Ce n'est jamais facile à vivre. Encore moins quand on est un singe nasique dans une forêt de Bornéo. Vernish aime être seul. Vernish aime surtout les fleurs. Il les cueille, les transforme en guirlandes odorantes et colorées. 

Vernish est devenu le souffre-douleur de la tribu. Les plus jeunes se moquent de lui et lui jettent des excréments à la figure. Vernish est au bord de la dépression. Il va chercher un peu de réconfort et de compréhension auprès de Koola, un vieux mâle vivant à l'écart, dans une carcasse d'avion juchée à la cime des arbres. Pour devenir l'ami de Koola, Vernish va prendre d'énormes risques. 

Il dérobe une bouteille de Coca-Cola à des militaires américains (l'action se déroule durant la seconde guerre mondiale). Un cadeau qui va totalement modifier les rapports entre les deux singes solitaires. 

Jean-Paul Krassinsky, après avoir conté les peines d'amour des « Cœurs boudinés », signe une fable animalière douce amère. Il est bien sympathique ce Vernish avec ses idées poétiques, mais ce n'est pas avec des fleurs qu'il s'en sortira, ni chez les singes, ni chez les hommes... 

("Le singe qui aimait les fleurs" Dargaud, 9,80 €)