mercredi 15 août 2007

Roman - "J'ai oublié de la tuer", violence cachée au quotidien


L'authenticité domine "J'ai oublié de le tuer", roman de Tristane Banon, à peine 25 ans et déjà une histoire d'une rare densité. La petite Flore n'a pas de maman. Plus exactement, sa mère est une éternelle absente trop accaparée par son travail.

Le père a totalement disparu mais la mère fait encore quelques apparitions entre 20 heures et 21 heures. Le temps de donner des instructions à la bonne, Amira, qui élève Flore. Une bonne à la main leste qui devient rapidement le pire cauchemar de la petite Flore. Mieux vaut être adulte dans sa tête pour accepter les coups incessants censés vous remettre dans le droit chemin. Un roman sur l'incompréhension entre une fillette et sa mère, sur la violence quotidienne, sur le malheur : "Le malheur, c'est quelque chose de très organisé, c'est construit. Rien n'est si prévisible que le malheur, il n'y a que le bonheur qui vous tombe parfois dessus sans vous prévenir". Les mots de la fillette, puis de l'adolescente, résonneront longtemps dans la mémoire du lecteur quand elle écrit dans son journal intime : "Je veux partir. Tuer Amira d'abord, lui faire payer pour mon début de vie déjà raté. (...) Après je m'en vais. Maman ne s'en rendra pas compte tout de suite, de toute façon. Elle ne s'en rendra pas compte parce qu'elle ne sera sûrement pas là, comme tous les autres jours où elle n'est pas là."

"J'ai oublié de la tuer" de Tristane Banon. Anne Carrière. 15 €. Egalement au Livre de Poche, 4,5 € 

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