Quelques chroniques de livres et BD qui méritent d'être lus et les critiques cinéma des dernières nouveautés. Par Michel et Fabienne Litout
vendredi 17 avril 2020
Série Télé - Avec «Future Man», mourir de rire avant la fin du monde
Josh Futturman (Josh Hutterchson) a la désagréable impression de passer à côté de sa vie. La faute aux jeux vidéo. Ce trentenaire, geek et puceau, vit toujours chez ses parents en Californie et gaspille des heures sur un vieux jeu vidéo de combat dans l’espace. Il bloque au dernier niveau. Impossible d’anéantir complètement les mutants qui asservissent la population humaine. De quoi déprimer, d’autant que son boulot, homme de ménage dans une société de recherche pharmaceutique spécialisée dans les maladies vénériennes, ne lui donne que peu de satisfaction. Aussi, quand il parvient enfin, au bout de milliers de tentatives, de terminer le jeu, c’est comme s’il avait sauvé l’Humanité entière. Et justement, Tiger et Wolf, deux voyageurs du temps venus d’un lointain futur, sont très intéressés par les compétences de Josh.
Voilà comment le plus nul des geeks va se retrouver affublé sur titre de « sauveur de l’Humanité » à son grand désespoir. Car si Tiger et Wolf, brutes sanguinaires, tuent comme ils respirent, Josh fait partie de ces gentils garçons qui s’évanouissent quand ils se coupent avec une feuille de papier. Alors arracher la tête à mains nues d’un mutant, ce n’est pas spécialement dans ses compétences.
La série Future Man, parodiant tous les grands films de SF, est sortie des esprits tordus d’ Ariel Shaffir, Kyle Hunter avec la complicité de cet autre iconoclaste qu’est Seth Rogen (série The Boys sur Amazon et film culte sur la Corée du Nord, L’interview impossible). Les deux premières séries diffusées en 2017 et 2019 aux USA sont disponibles sur Amazon Prime. La 3e vient de sortir de l’autre côté de l’Atlantique, mais on devra encore un peu attendre pour savoir si Josh va finalement réussir à sauver notre monde.
De choses et d’autres - Le confinement, de cinq à sept
Encore un peu plus de trois semaines à tenir, trois semaines de confinement et parfois de cohabitation compliquée. Les menaces de divorce se multiplient aussi rapidement que les cas positifs au Covid-19 sur un porte-avions de la marine française.
Après plus de 30 jours, les accrochages atteignent un paroxysme jamais atteint, même après qu’elle vous a surpris en train de regarder à travers la haie la voisine en train de bronzer à l’été 2011 ou quand vous lui avez reproché ces minaudages lors du repas chez votre nouveau boss. Bref, rien ne va plus dans votre couple.
À moins qu’une société française n’ait l’idée, comme au Japon, de proposer des locations de courte durée, notamment aux couples qui souhaitent s’offrir un répit. Vous sentez que ça va mal se passer ce soir ou demain ? Vite louez pour trois ou quatre soirs ce studio temporaire. Cela vous permet personnellement de décompresser un peu et à votre moitié d’oublier les nombreux griefs à votre encontre.
Au Japon, où le confinement a été instauré beaucoup plus tôt que sous nos latitudes, le nombre de divorces explose. Il est vrai que les appartements sont petits et les murs en papier selon les clichés véhiculés en Occident.
Mais paradoxalement, en France la solution du logement provisoire pour faire baisser la tension ne ferait qu’aggraver la situation. Car au retour de la petite pause, forcément elle va vous soupçonner d’avoir accueilli votre supposée maîtresse dans le studio. Vous ne serez pas en reste, la suspectant d’avoir tenté d’améliorer ses rapports de voisinage avec le beau gosse célibataire du 12.
Non décidément ce confinement n’apporte rien de bon dans la vie des couples. Au Japon comme en France.
jeudi 16 avril 2020
BD - Lya mène l’enquête
Cinéma - Sans salles, « Forte » va sur Amazon
De choses et d’autres - Survivre avec des haltères et un bidet
Si vous aviez des haltères, une machine à pain et des graines de tomates chez vous avant le début de la pandémie, vous n’êtes pas concerné par ces statistiques récemment dévoilées au niveau mondial.
Mais quel rapport entre ces trois objets pour le moins éloignés les uns des autres ? Ce sont tout simplement les biens qui, depuis le début du confinement un peu partout dans le monde, ont vu leurs ventes le plus progresser. Pas ceux qui se sont le plus vendus, mais ceux qui ont le plus bénéficié de cette situation exceptionnelle.
En tête, donc, les haltères affichant une hausse de 611 % Face à l’impossibilité de rejoindre sa salle de sport, ils sont nombreux les adeptes de la musculation qui ont fait l’emplette de ces ustensiles simples et efficaces.
A la seconde position, la machine à pain. Là je vois deux explications. Certains ont acheté cet engin pour éviter le déplacement quotidien pour la baguette fraîche. D’autres sont tout simplement pragmatiques. Faisant partie de milliers de Français qui ont dévalisé les rayons de la farine, ils se retrouvaient avec une quantité incroyable de ce produit à écouler. Le pain fabriqué maison devrait permettre de vider le stock d’ici deux ans.
Pour les graines de tomates, 3e sur le podium, c’est l’envie de devenir autosuffisant dans quelques mois. Pas de chance, non seulement vous n’avez pas la main verte mais en plus si vos plans produisent, ce sera pile au moment du déconfinement.
On trouve aussi parmi les objets les plus prisés, la piscine gonflable (pas chez ceux qui n’ont qu’un balcon), le microphone (pour les chanteurs de 20 heures) et, cela reste un mystère intégral : le bidet.
VOD - « Les éblouis », famille à la dérive
Normalement, le film « Les éblouis » de Sarah Suco devait sortir en DVD la semaine dernière. Corinavirus oblige, on devra se contenter de la version numérique accessible sur l’ensemble des services de VOD. Dommage car le DVD de chez Pyramide devait regorger de bonus dont le court-métrage « Nos enfants » de la jeune réalisatrice.
Film militant contre l’emprise des sectes sur les familles trop croyantes (ou crédules), « Les éblouis » se garde pourtant de juger ces moutons égarés. Par contre les bergers sont clairement dénoncés. Endoctrinée par le Berger (Jean-Pierre Darroussin) de cette communauté, toute la famille de Camille (Céleste Brunnquell) va se couper du monde pour tout donner au Saint-Esprit. La mère, dépressive (Camille Cottin), comptable sans emploi, se sentant inutile en dehors de son rôle de maman de quatre enfants, va être la première à chercher du réconfort auprès de cette congrégation, mélange de prêtres, de sœurs et de familles.
En novembre dernier, lors de sa sortie en salles, nous avions écrit : « Le film est plus qu’une charge contre ces sectes agissant presque à visage découvert. Il nous permet de comprendre comment ces experts en manipulation parviennent non seulement à s’approprier l’âme de ces hommes et femmes, mais aussi de tous leurs biens matériels. Car à la base, ce ne sont que des escrocs pour qui le bien de leurs disciples compte peu face à leur désir de domination et d’appropriation. » Vous voilà averti.
mercredi 15 avril 2020
De choses et d’autres - La sirène aux fesses poilues
Malheureusement pour les dirigeants actuels, les normes en ce qui concerne la pudeur ont légèrement été revues à la hausse ces dernières années. La preuve avec la version de Splash, film sorti en 1984, mise en ligne sur Disney+.
En début de diffusion, un message en petits caractères prévient : « Ce film a été modifié par rapport à sa version originale. Son contenu a été édité. » Seuls les grands fans de ce film (et de Daryl Hannah, l’interprète principale avec Tom Hanks), remarqueront les différences.
En fait, en 1984, il était tout à fait permis de montrer les fesses de la star à l’écran. Comme elle interprète le rôle d’une sirène, elle est presque tout le temps nue. De face ses longs cheveux cachent sa poitrine. De dos par contre, son popotin est régulièrement apparent. Lors d’une scène notamment, elle se précipite vers la mer et plonge dans les vagues.
Dans la version Disney+, ses cheveux, qu’elle porte déjà très longs, ont poussé de 15 cm. Juste ce qu’il faut pour cacher entièrement son anatomie rebondie. Mais comme le montage est réalisé à grands coups de palette graphique, on a l’impression que les fesses de la belle sont recouvertes d’une sorte de fourrure, vaguement de la même couleur que sa chevelure.
Conséquence, les deux scènes (la nue et la poilue) sont reprises sur les réseaux sociaux avec moult moqueries pour la pudibonderie de Disney+, justifiée en l’occurrence. L’arrière-train de Daryl Hannah ne mérite pas un tel traitement.
BD - Retour de guerre compliqué
Série Télé - « Undone » sur Amazon, plongée dans les limbes du temps
BD - Bienvenue dans l’atelier des auteurs Rue de Sèvres
Si dans certaines régions d’Italie, les librairies ont le droit de rouvrir leurs portes aux clients, il n’en va pas de même en France. Confinement strict renouvelé jusqu’au 11 mai, ces temples de la culture sont inaccessibles à leurs fidèles lettrés. Toutes les maisons d’éditions ont donc suspendu leur programme de parution. Pas une seule nouveauté en avril, excepté quelques livres uniquement en versions numériques. Mais cela n’empêche pas ces sociétés de maintenir le contact avec les lecteurs, habituels ou occasionnels. Le secteur de la bande dessinée, florissant et dynamique, multiplie les opérations pour distraire les confinés à petit prix. Cette fois ce sont les éditions Rue de Sèvres qui lancent une opération originale. Rue de Sèvres vous invite dans son atelier ! Comme si on pouvait s’affranchir de l’interdiction de se déplacer et de se réunir.
Sur son site internet, la branche BD des éditions de l’École des Loisirs, explique que « pour animer les prochaines semaines d’isolement et garder le lien avec l’actualité de la bande dessinée, les éditions Rue de Sèvres proposent un nouveau rendez-vous. Avec la complicité des auteurs, seront proposés deux fois par semaine : des previews des albums qui auraient dû paraître en avril ; des coulisses des albums en cours de création pour l’automne et chaque semaine la lecture d’un album entier du catalogue en streaming. »
Pour cette première semaine, l’atelier s’ouvre sur les previews du déjà remarqué album sans texte Beatrice de Joris Mertens (lire notre édition du 2 avril, l’album figure dans la liste de conseils de la librairie Torcatis de Perpignan), du réjouissant C’était mieux avant de Soledad Bravi et Hervé Éparvier, idéal pour partager des souvenirs en famille confinée. Et c’est Grégory Charlet qui dévoile son album en cours de dessin pour le mois d’août, Exfiltré.e.s, un haletant roman graphique au dessin gracieux.Et si quelques pages ne vous suffisent pas, vous aurez toute la semaine pour lire en version numérique le premier tome de la saga Bjorn le Morphir de Thomas Lavachery (scénario tiré de ses romans) et Thomas Gilbert (dessin). L’histoire d’un garçon timide obligé de se transformer en valeureux Viking pour protéger les siens.
L’atelier Rue de Sèvres est actualisé avec des previews et des bonus les mardis et vendredis et un nouvel album en intégralité est à découvrir tous les mardis. Jusqu’à la fin du confinement et la réouverture des librairies.









