Avant de s’illustrer à la télévision, Thierry Ardisson a créé beaucoup de publicités. Il revient sur cet âge d’or, quand un spot devenait source de discussion autour de la machine à café. Avec Anne Saint Dreux, Ardisson revient sur les grands succès publicitaires du siècle dernier.
De l’utilisation des célébrités de l’époque pour promouvoir une marque (Alice Sapritch et Jex Four) aux musiques emblématiques (Belle des champs de Gotainer) en passant par les mannequins (Myriam, qui a enlevé le haut et le bas sur des affiches Avenir), c’est toute une épopée nostalgique qui est retracée par les auteurs.
« L’âge d’or de la pub », Thierry Ardisson et Anne Saint Dreux, Édition du Rocher, 144 pages, 17,90 €
Amateurs de nouvelles noires, Le pire des Noëls va vous plaire. Ce recueil propose 21 textes inédits signés des meilleurs auteurs français actuels. Leur point commun : ils font partie de la Ligue de l’Imaginaire, un collectif qui veut promouvoir et défendre les littératures de l’imaginaire. Parmi les signatures, on retrouve Bernard Minier, Frank Thilliez, Maxime Chattam, Olivier Bal ou Olivier Norek.
Mais en plus de découvrir des pères Noëls retors et des réveillons horribles, vous aiderez également l’association Le rire médecin. Car une partie des droits de ce livre permettront de soutenir l’action de cette association qui organise des spectacles de clowns dans les hôpitaux.
« Le pire des Noëls », Le Livre de Poche, 240 pages, 7,90 €
L’Occitanie regorge de célébrités. Certaines ont marqué l’Histoire. D’autres se sont perdues dans les limbes. Georges-Patrick Gleize propose dans ce recueil le destin d’une cinquantaine d’hommes et de femmes qui ont compté mais qui désormais font partie de la cohorte des oubliés. L’Aude et les Pyrénées-Orientales en fournissent un joli bataillon. Qui se souvient, à part les Narbonnais, de Benjamin Crémieux, écrivain mort en déportation ou de Jean Danjou, militaire de Chalabre qui a marqué le corps de la Légion étrangère.
Côté Catalan, Eloi Pino, de Saint-Laurent-de-la-Salanque est plus célèbre à Djibouti quant à André Marty, communiste réfractaire, sa vie n’aura été qu’un long combat contre l’appareil du parti. « Les oubliés de l’Histoire en Occitanie », Georges-Patrick Gleize, Le Papillon Rouge, 264 pages, 21,90 €
Lancée il y a dix ans par les éditions Pocket pour soutenir les Restos du cœur, l’opération 13 à table se poursuit avec de nouveau des nouvelles signées par de grands écrivains français. Un livre acheté, ce sont 5 repas de financés. Cette année, sous une couverture de Catherine Meurisse célébrant l’union qui fait la force, on retrouve au sommaire du recueil des nouvelles tournant autour du thème : dans le même bateau.
Au générique en cette année 2024 14 auteurs aux styles très diversifiés comme Sandrine Collette, Lorraine Fouchet, Karine Giebel, Raphaëlle Giordano, Christian Jacq, Marie-Hélène Lafon, Alexandra Lapierre, Marc Levy, Marcus Malte, Agnès Martin-Lugand, Étienne de Montety, François Morel, Romain Puértolas et Jacques Ravenne. « 13 à table », Pocket, 240 pages, 5 €
Toute enquête policière sur une affaire d’homicide passe par une autopsie. Le personnage principal de cette nouvelle série écrite par Antoine Tracqui et dessinée par Follini et Antiga est Jennie Lund, une jeune médecin légiste à l’institut médico-légal de Göteborg en Suède.
À peine formée, elle doit s’occuper d’une affaire particulièrement sensible et sordide. Dans les bois, des randonneurs ont découvert un homme crucifié sur un arbre. Le tueur lui a coupé les jambes, les bras, le sexe et a retiré ses yeux. A ses pieds, des bouts de chair forment comme un message en langage ancien. D’autres cadavres sont découverts et l’enquête est confiée à l’oncle de Jennie.
Dans des paysages enneigés, entre salle d’autopsie sinistre et lieu de massacre horrifique, l’action est racontée par Jennie, beaucoup plus impliquée qu’elle le croit dans une affaire aux effets dévastateurs. A ne pas mettre entre toutes les mains certaines scènes étant particulièrement gore. « Autopsie » (tome 1), Oxymore Éditions, 64 pages, 15,95 €
Pour attraper les méchants, il y a les policiers mais aussi les détectives privés. Un grand classique dans la littérature et BD américaine, revisitée par deux scénaristes de talent : Jeff Lemire et Matt Kindt. Ils ont imaginé les péripéties de ce Cosmic Detective dans un futur lointain et ont demandé à l’Espagnol David Rubin de traduire le récit en superbes planches.
Ce détective, qui travaille pour une agence non officielle, arrive sur la scène d’un crime avant la police. Pour la première fois de sa carrière, il constate que la victime n’est pas un humain mais un… Dieu. Dans cet univers, ces êtres supérieurs, prétendument immortels, sont au-dessus des Humains. Qui a réussi à en occire un ? Avec quelle arme ? Et surtout pourquoi ?
En recherchant la dernière personne ayant vu le Dieu mort, une jeune femme, le détective tombe sur une information capable de faire s’écrouler le monde actuel. Une longue descente aux enfers pour un homme inflexible, partagé entre son devoir et l’envie de simplement profiter de sa famille. « Cosmic Detective », Delcourt, 192 pages, 23,75 €
De marshal à shérif en passant par les agents du FBI, les USA ont toujours apprécié les héros chargés du maintien de l’ordre. Notamment quand ce continent, encore vierge, était livré à toutes les violences, tous les excès. Dans l’Ouest, le vrai, les hommes de loi, les lawmen, sont devenus de véritables légendes.
Tiburce Oger raconte 14 trajectoires de ces rois de la gâchette. Vedettes et autant de dessinateurs réalistes appréciant illustrer ces paysages américains vierges. On va donc croiser des shérifs incorruptibles, d’autres encore plus malhonnêtes que les pires voleurs de bétail, des agents chargés des affaires indiennes et quelques Texas rangers. Sans oublier le juge qui pend, celui qui a finalement le plus de sang sur les mains.
On retrouve quelques habitués (c’est le 4e titre de la série) comme Corentin Rouge, Laurent Hirn, Laurent Astier ou Dominique Bertail et quelques nouveaux dont Richard Guérineau, Xavier Besse ou Alain Mounier. « Lawmen of the west », Bamboo - Grand Angle, 120 pages, 19,90 €
Dix ans. Il aura fallu dix ans pour connaître la suite du tome 13 des aventures de Soda, le flic new-yorkais qui se déguise en pasteur pour ménager sa mère cardiaque. Intitulé Résurrection, il voyait l’arrivée d’un nouveau dessinateur : Dan Verlinden. L’épisode suivant, Révélations, était en cours d’écriture quand le scénariste, Tome, meurt subitement. Après quelques années de doute, les enfants de Tome confient les notes de leur père à Zidrou et Falzar pour écrire la conclusion de l’histoire.
Voilà pourquoi cette suite a mis dix ans à voir le jour. Dans un New York post-attentats du 11 septembre, la surveillance vidéo est devenue omniprésente. Caméras à tous les coins des rues, mais aussi drones. Soda n’apprécie pas spécialement mais continue son boulot et quand il apprend qu’un attentat va sans doute être commis dans le métro, il entre en action.
Dans la suite tant attendue, on découvre que les terroristes ne sont pas ceux que l’on croit, que le 11 septembre cache beaucoup de mensonges d’État. L’histoire semble un peu déconnectée de la réalité, mais on apprécie avant tout les dessins de Dan Verlinden. Ancien assistant de Janry, il a une maîtrise absolue de l’univers sombre imaginé par Tome. Et on constate qu’en dix ans, il a peaufiné son trait et ses mises en page.
Il aurait été un excellent repreneur, mais finalement, Soda va rester dans le giron de Bruno Gazzotti, le dessinateur de la série depuis le tome 3. Il a récemment relancé son héros avec le renfort d’Olivier Bocquet au scénario. « Soda » (Résurrection & Révélations), Dupuis, 48 pages, 13,50 €
La pratique de la musique, classique ou populaire, est omniprésente dans ce film d’Emmanuel Courcol. Un trait d’union entre deux frères qui apprennent à se connaître.
Tout réussi à Thibaut Désormeaux (Benjamin Lavernhe). Ce chef d’orchestre réputé enchaîne les grandes salles et compose. Une vie de rêve et de passion. Jusqu’à la découverte d’une leucémie. Une greffe de moelle devient urgente. Il demande à sa petite sœur. Mais elle n’est pas compatible. Pire, le chirurgien découvre qu’ils n’ont aucun lien de parenté. Thibaut a été adopté. Une vérité qui bouscule son quotidien, ses certitudes. Et lui permet de nouveau de faire des projets. Il a un frère, Jimmy (Pierre Lottin). Reste à le convaincre de devenir donneur.
Le début du film d’Emmanuel Courcol mélange mélodrame (découverte de la maladie) puis comédie (deux frères de milieux sociaux totalement différents). Mais là où d’autres auraient réduit leur propos à un enchaînement de situations comiques et cocasses, le réalisateur livre une œuvre fine et aboutie, avec l’utilisation de la musique pour raconter l’histoire et le rapprochement de ces deux hommes privés d’une enfance commune. Pour réussir ce grand écart, le jeu des comédiens est essentiel. En confrontant Benjamin Lavernhe et Pierre Lottin, le réalisateur accomplit un tour de force génial.
Car tout semble opposer ces deux inconnus aux parcours si différents. A la base ils ont la même mère, incapable de s’occuper d’eux. Thibaut tire le bon numéro en intégrant une famille qui détecte très tôt un petit génie de la musique. À l’opposé, Jimmy va de famille en famille avant de se stabiliser dans le foyer d’un mineur du Nord. C’est là qu’il va faire sa vie, employé dans une cantine scolaire, divorcé, père d’une adolescente. Il a pourtant un point en commun avec Thibaut : l’oreille absolue. Il l’utilise chichement en participant à la fanfare du village. Il joue du trombone, adore la trompette et se débrouille au piano.
Sur fond de lutte sociale, de paupérisation des anciennes régions industrielles et de mise en avant de la solidarité et de la joie de vivre typiques du Nord, En fanfare est une ballade sublime entre grande musique, jazz et variétés. Une renaissance pour le chef d’orchestre, un peu déconnecté de la vraie vie à cause de son succès, une seconde chance inespérée pour Jimmy, incapable d’avoir suffisamment confiance en lui pour exploiter ses talents.
Une histoire de rédemption, joyeuse et émouvante, un grand film ou l’on retrouve deux géants déjà honorés récemment au cinéma : Ravel et Aznavour.
Film d’Emmanuel Courcol avec Benjamin Lavernhe, Pierre Lottin, Sarah Suco
Film et voyage hypnotiques que ce Grand Tour signé Miguel Gomes. Le réalisateur portugais mélange allègrement les styles dans un long-métrage entre fiction et documentaire. La fiction raconte comment un homme fuit quand sa fiancée arrive pour se marier. Une course-poursuite dans plusieurs pays asiatiques, de Singapour aux contreforts tibétains de la Chine en passant par la Malaisie ou le Japon.
En 1918 à Rangoon, Edward (Gonçalo Waddington) panique. Sa fiancée, depuis 7 ans, Molly (Crista Alfaiate), va débarquer du bateau, en provenance de Londres, pour se marier. Il décide de prendre la fuite. Il saute dans le premier train et part le plus loin possible. Molly va le suivre à la trace dans ce Grand Tour des capitales asiatiques.
La construction du film est, au début, assez déconcertante. Miguel Gomes, avant de tourner les scènes d’Edward et de Molly, en studio au Portugal, a lui même traversé les villes et pays. Et filmé certaines scènes typiques (danses de marionnettes, pandas dans la forêt, pêcheurs sur un fleuve, frénésie de la circulation des deux-roues dans des artères surchargées) pour illustrer la cavale d’Edward et la traque de Molly.
Mais si les comédiens sont bien dans la bonne époque, début du XXe siècle reconstitué en noir et blanc avec image granuleuse, le reste ressemble à un documentaire. Il faut rapidement accepter ce parti pris de production pour bénéficier pleinement de ce film. Une fois l’effort réalisé, on est plongé dans une réalisation fascinante, où les scènes du réel interpellent judicieusement les parties scénarisées.
Avec les belles performances de deux comédiens principaux. Gonçalo Waddington dans la peau d’un Edward pleutre, perdu et pris dans un maelström frénétique tel un fétu de paille. Crista Alfaiate incarne une Molly déterminée, pressée, désespérément optimiste et joyeuse. Son rire est un véritable enchantement. Œuvre à part, le Grand Tour de Miguel Lopes lui a permis de remporter le prix de la mise en scène au dernier festival de Cannes. Récompense méritée pour un créateur exigeant aux propositions aussi originales que talentueuses.
Film de Miguel Gomes avec Gonçalo Waddington, Crista Alfaiate.