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mercredi 15 octobre 2025

BD - Dan, le virtuose, imagine le monde futuriste de “Dehors”


Les éditions Kennes, en prétendant que “Dehors”, l’album de Dan paru le 15 octobre dernier, est “la claque visuelle de l’année”, ne prennent pas trop de risque. Personne, du milieu ou simple amateur de BD, ne pourra nier cette évidence. Dan, longtemps cantonné à un rôle d’assistant de Janry sur les gags du Petit Spirou, a mis du temps à prendre de l’assurance. Après un faux départ avec Soda (qui finalement restera dessiné par Gazzotti…), il semble avoir trouvé dans le scénario d’Hemberg, le genre et l’univers qui lui permettent de briller de mille feux. Pourtant la beauté n’est pas toujours facile à retranscrire quand on se lance dans une saga de SF post-apocalyptique tendance Blade runner. Ses décors comme ses personnages ou les véhicules utilisés sont sublimés par son trait entre pur réalisme et rondeur de la si lisible franco-belge. Alors plongez (sans jeu de mot) dans ce monde pourtant peu accueillant, vous ne regretterez pas après avoir fait la connaissance de Zac, l’orphelin devenu adulte et Silo, la jeune fille pressée.


Dans un futur lointain, le dérèglement climatique a provoqué la montée des eaux. Toutes les villes ont été submergées. L’atmosphère est devenue invivable. Dans les profondeurs, des communautés ont survécu. Rien à manger si ce n’est une infâme bouillie. Les drogues par contre circulent facilement. malgré l’emprise d’une secte qui exploite les enfants et interdit à quiconque de rejoindre le “Dehors”. Zac quitte enfin le statut d’enfant assimilé dans cette société à esclave. Devenu adulte, il espère avoir un emploi de pilote de bathyscaphe. Silo, elle, vit chez son père adoptif. Comme deux jumeaux encore bébés. Amis depuis toujours, ils vont devoir bouleverser leurs plans. Et fuir plus tôt que prévu vers ce “Dehors” légendaire. 

Ces 112 pages, denses et mouvementées, nous promènent dans les méandres inhospitalières de cette cité obscure et sale. Si le scénario souffre parfois de quelques petites faiblesses ou facilités, le tout est rattrapé par le dessin de Dan. Il a mis des années pour boucler ce livre. Espérons qu’il sortira plus rapidement la suite. Car les aventures de Zac et Silo sur la route du Dehors sont loin d’être bouclées.

“Dehors”, Kennes, 112 pages, 19,95 €


jeudi 5 décembre 2024

BD - Révélations pour Soda après une Résurrection sous la plume de Dan Verlinden


 Dix ans. Il aura fallu dix ans pour connaître la suite du tome 13 des aventures de Soda, le flic new-yorkais qui se déguise en pasteur pour ménager sa mère cardiaque. Intitulé Résurrection, il voyait l’arrivée d’un nouveau dessinateur : Dan Verlinden. L’épisode suivant, Révélations, était en cours d’écriture quand le scénariste, Tome, meurt subitement. Après quelques années de doute, les enfants de Tome confient les notes de leur père à Zidrou et Falzar pour écrire la conclusion de l’histoire.

Voilà pourquoi cette suite a mis dix ans à voir le jour. Dans un New York post-attentats du 11 septembre, la surveillance vidéo est devenue omniprésente. Caméras à tous les coins des rues, mais aussi drones. Soda n’apprécie pas spécialement mais continue son boulot et quand il apprend qu’un attentat va sans doute être commis dans le métro, il entre en action.

Dans la suite tant attendue, on découvre que les terroristes ne sont pas ceux que l’on croit, que le 11 septembre cache beaucoup de mensonges d’État. L’histoire semble un peu déconnectée de la réalité, mais on apprécie avant tout les dessins de Dan Verlinden. Ancien assistant de Janry, il a une maîtrise absolue de l’univers sombre imaginé par Tome. Et on constate qu’en dix ans, il a peaufiné son trait et ses mises en page.

Il aurait été un excellent repreneur, mais finalement, Soda va rester dans le giron de Bruno Gazzotti, le dessinateur de la série depuis le tome 3. Il a récemment relancé son héros avec le renfort d’Olivier Bocquet au scénario.
« Soda » (Résurrection & Révélations), Dupuis, 48 pages, 13,50 €

lundi 8 décembre 2014

BD : Soda, tu nous a tant manqué...

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Neuf ans. Un sacré bail. Neuf années que l'inspecteur Soda a déserté les rayons des librairies BD. Le policier new-yorkais imaginé par Philippe Tome et créé graphiquement par Warnant puis repris par Gazzotti a visiblement été une victime indirecte post 11 septembre. Le scénariste, dans un texte publié en fin de ce nouvel opus, s'en explique. « La réalité venait soudainement de pulvériser la fiction de façon inimaginable. Après à que raconter ? Cette question m'a longtemps paralysé dans l'écriture. » Pour se sortir de cette impasse, autant prendre le taureau par les cornes et intégrer directement le 11 septembre dans l'intrigue de la 13e aventure de David Salomon. Ce flic, pour ménager le cœur de sa pauvre mère cardiaque, lui fait croire qu'il est pasteur. Chaque matin, il part en costume sombre et croix sur la poitrine. Dans l'ascenseur il se change, remise ses symboles religieux pour arborer ceux de la loi et l'ordre : une plaque officielle et surtout un gros flingue. Exceptionnellement, la maman veut aller dans le métro pour acheter des roses. Soda l'accompagne. En chemin elle parle avec un inconnu. Exactement elle lui rend une enveloppe qu'il vient de perdre. Étonné l'homme la remercie et lui recommande de ne pas prendre le métro cette semaine. Immédiatement cette phrase fait tilt dans l'esprit paranoïaque du héros. D'autant que les images de la vidéo-surveillance et les logiciels de reconnaissance faciale donnent une identité à l'inconnu : Khalid Cheik, un terroriste d'origine saoudienne. Un nouveau 11 septembre est-il en train de se préparer. Soda va mener une course contre la montre pour éviter le pire. Mais il n'est pas au bout de ses surprises. Un retour en beauté pour ce héros hors normes. Gazzotti, pris par le succès de Seuls », a laissé les pinceaux à Dan Verlinden, par ailleurs assistant de Janry sur le Petit Spirou.

« Soda » (tome 13), Dupuis, 12 euros

mardi 1 mai 2012

BD - Une "Gueule cassée" de retour au pays


La première guerre mondiale est terminée depuis quelques mois. Beaucoup d'appelés français ne sont pas rentrés. D'autres sont encore dans les hôpitaux à se faire soigner. Félix en ce printemps 1919 revient enfin dans sa ferme dans une vallée des Pyrénées. Après les combats, il a passé de longs mois à se réparer. Les éclats d'obus lui ont labouré la moitié du visage. Aujourd'hui c'est une « Gueule cassée », cachant cette immense cicatrice derrière un masque opaque. Le soldat, qui a perdu bien plus que son apparence humaine dans les tranchées, redoute le jugement de ses connaissances. 

De sa femme Esther, mais surtout de son fils. Il a dix ans aujourd'hui, et rejette ce père défiguré qui ne l'a pas vu grandir. Par chance, le retour de Félix sera éclipsé par une affaire qui fait beaucoup parler dans la vallée : un mystérieux chasseur tue le bétail des paysans. Vache, cochon, brebis : rien n'est épargné. Un policier parisien, lui aussi grand blessé de la guerre mène l'enquête.

Laurent Galandon, le scénariste, utilise cette intrigue pour parler de ces soldats marqués dans leur chair. Dan, au dessin, surfe entre oppression du héros et beauté des paysages.

« Pour un peu de bonheur » (tome 1), Bamboo, 13,50 €