mercredi 13 novembre 2024

Un collector : Les Fourmis


Le roman Les Fourmis de Bernard Werber a 33 ans. Un succès planétaire qui avait débuté plus de dix ans plus tôt. Car le romancier a mis 12 ans au total pour rédiger le texte final. Dans une longue préface ouvrant cette édition collector, il révèle qu’il en a écrit 24 versions différentes. Un exemple pour tous les apprentis écrivains persuadés de pondre un chef-d’œuvre dès leur premier jet.

Cette édition des Fourmis, format poche à la couverture cartonnée, propose de nombreuses gravures datant des années 20. Et surtout, les petites bestioles sont imprimées sur la tranche du livre et circulent sans cesse au bas de toutes les pages. Du plus bel effet.
« Les Fourmis », Bernard Werber, Le Livre de Poche, 416 pages, 14,90 €

mardi 12 novembre 2024

Un guide : Comment écrire


La France compterait, selon une croyance populaire, autant d’écrivains que de lecteurs. Mais arriver au bout de l’écriture d’un roman,n‘est pas chose aisée. Et très facile à rater. Pierre Assouline, critique renommé et romancier accompli, a puisé dans les déclarations des grands de la littérature mondiale pour synthétiser quelques conseils donnant les clés sur Comment écrire.

De Murakami à Zola en passant Balzac ou Steinbeck, vous trouverez quelques trucs et astuces pour trouver la motivation à aller au-delà de deux feuillets. Avec toujours en filigrane la recommandation essentielle de toujours reprendre un texte pour tenter de l’améliorer.
« Comment écrire », Pierre Assouline, Albin Michel, 336 pages, 24,90 €

lundi 11 novembre 2024

Cinéma - “Monsieur Aznavour” hommage à un très grand

Monument de la chanson française, Charles Aznavour a mis du temps avant de se retrouver en haut de l’affiche comme le raconte ce film de Mehdi Idir et Grand Corps Malade. 

Du travail, encore du travail, toujours du travail et une certitude inébranlable en son talent. Charles Aznavour, avant de triompher en France, puis partout dans le monde, a souvent douté. Mais jamais il n’a abandonné. Une force, une grandeur, au centre du film de Mehdi Idir et Grand Corps Malade tout simplement intitulé Monsieur Aznavour. Oui, le petit réfugié arménien est devenu un grand de la chanson française. Mais que de galères avant d’atteindre les sommets, ce fameux « haut de l’affiche » dont il a tant rêvé.

Le film, d’un peu plus de deux heures, revient longuement sur la jeunesse d’Aznavour (Tahir Rahim), avant le succès, quand il s’obstinait à faire dans la chanson fantaisiste, malgré sa voix voilée. Avec son compère Pierre Roche (Bastien Bouillon), il multiplie les petits contrats. De bars de village en petites salles provinciales ou cabarets, ils tentent de distraire le public. Parviennent à en vivre.

Dans le sillage d’Édith Piaf

Mais difficilement. Quand ils rejoignent la tournée d’Édith Piaf (Marie-Julie Baup), c’est mieux, mais rien d’exceptionnel. Passage par le Canada et finalement Charles semble tirer un trait sur ses ambitions de devenir une star. Pour assurer le minimum à sa famille, en ces lendemains de guerre, il devient homme à tout faire d’Édith Piaf. Il continue à composer, mais n’a pas encore trouvé son style. Charles va finalement, comme sur un ultime coup de poker, miser toutes ses économies sur une tournée et quelques dates à Paris. Avec, dans la manche, une carte maîtresse : la chanson Je m’voyais déjà. Décembre 1960, une star vient de naître devant un public médusé. La suite ressemble à un conte de fées, avec son lot de doutes, de déprimes et de séparations. Mais le travail, encore le travail, permet à l’artiste de s’en sortir, à l’homme de rester debout.

Ce film, forcément synthétique et partisan, ne montre pas toute la complexité de Charles Aznavour, mais grâce à l’interprétation remarquable de Tahir Rahim (César en approche, assurément), on cerne la personnalité de ce fils de réfugié, toujours là pour sa famille, même si trop souvent il a dû la sacrifier pour continuer son irrésistible ascension. Incapable de s’arrêter de créer, de prendre du temps pour lui et ses proches, Aznavour était un bourreau de travail. Cela a payé et personne ne peut s’en plaindre tant les titres qui rythment ce biopic sont devenus des rengaines familières à la grande majorité des Français.

Film de Grand Corps Malade et Mehdi Idir avec Tahar Rahim, Bastien Bouillon, Marie-Julie Baup

dimanche 10 novembre 2024

Cinéma - Découvrez la Genèse de la saga “Transformers”

De jouets à vedettes de cinéma : les Transformers ont fait rêver des générations de gamins. Les robots (des Autobots exactement), guerriers se transformant en bolides, ont beaucoup sillonné la Terre. Dans ce nouveau film, entièrement en animation numérique, on découvre leur origine.

Dans un passé indéfini, sur la planète Cybertron, de simples robots travaillent dur pour arracher aux entrailles de l’astre l’énergie nécessaire à leur fonctionnement. Parmi eux, Orion Pax et D-16, amis ayant juré de s’entraider pour l’éternité. Incapables de se transformer car privés de core, ce globe essentiel à leur force, ils compensent avec du courage et une forte envie de liberté. Ces deux mineurs, petits parmi les petits, ont pourtant un grand destin devant eux. Aidés de B-127 et d’Elita, ils vont aller à la surface pour tenter de découvrir la matrice du commandement. La suite sera une grosse déconvenue pour les héros et des combats intenses et fracassants.

Ce dessin animé, qui explique, au final, la naissance d’Optimus Prime et Mégatron (le gentil et le très méchant des histoires originelles), peut aussi se voir comme un film politique. On assiste à la naissance d’un mouvement de résistance face à une oppression qui ne dit pas son nom, masquée par des dirigeants manipulant les médias. Il y a aussi en filigrane un message sur la justice et le pardon en opposition à la vengeance et à la loi du talion.

Un film qui finalement s’adresse aux petits comme aux grands.

Film d’animation de Josh Cooley avec les voix françaises de Philippe Lacheau et Audrey Lamy


samedi 9 novembre 2024

En vidéo, “Breathe”


Sorti en DVD chez M6 Vidéo, Breathe, film de science-fiction n’a pas eu les honneurs du grand écran. Juste une sortie il y a quelques mois sur Prime Vidéo. Réalisé par Stefon Bristol, il fait partie de ces œuvres au budget serré qui misent tout sur la tension de l’intrigue.

Dans un futur proche, l’oxygène a quasi disparu de l’atmosphère. Ne survivent que quelques groupes de scientifiques. Maya et Zora sont recluses dans un bunker. Elles ont un générateur à oxygène qui attire les importuns. Mère et fille devront défendre chèrement cette machine qui leur permet de continuer d’avoir un avenir.

Un film un peu trop manichéen. Si la performance de Mila Jovovich est bonne sans plus, Sam Worthington, en méchant complètement frappadingue, fait forte impression.

vendredi 8 novembre 2024

Thriller - Place à la terreur dans les bois avec Maria Grund

Sanna et Eir, policières sur une île suédoise, sont de nouveau sur la sellette. Un homme, nu, poignardé, est retrouvé dans une ferme en ruines au cœur des bois. 



L’image d’une Suède tranquille et prospère, où il fait bon vivre, est sérieusement écornée dans les romans policiers des écrivains du cru. Maria Grund, nouvelle venue dans le milieu, n’échappe pas à la règle. Son premier titre, La fille-renard, abordait de front le problème de la maltraitance des enfants et de la pédophilie.

Dans la suite, Le diable danse encore, la police locale doit faire face à une multitude de problèmes, dont, entre autres, celui des SDF squattant sur des radeaux qu’ils amarrent dans des zones désertes, de la montée des groupes violents d’extrême-droite et du trafic de drogue gangrenant la jeunesse.

On retrouve aussi les différents personnages du premier tome, notamment Sanna Berling et Eir Pedersen, policières. La première, marquée après un affrontement avec Jack, tueur en série terrifiant, tente de se reconstruire dans le poste de police d’un petit village. La seconde poursuit sa carrière à la criminelle et a même rencontré l’amour. Tout change quand Sana, en suivant dans les bois un groupe d’adolescentes rebelles en vélomoteur, tombe sur le cadavre d’un homme dans les ruines d’une ferme. Il est nu, poignardé, le corps recouvert d’ecchymoses. Le roman raconte avec brio toute l’enquête, les progressions, les fausses pistes, jusqu’à la scène finale. Mais l’essentiel est dans le développement de la vie et de la psychologie des deux héroïnes. Sanna craint le retour de Jack. Elle reçoit des appels anonymes et entend parfois du bruit dans son appartement.

Cela devient vite effrayant, même pour le lecteur : « Sanna s’immobilise, et les images des victimes de Jack lui reviennent en masse. Elles avaient toutes la poitrine tailladée à coups de couteau. Tout à coup elle sent un courant d’air lui caresser la nuque. Elle tourne rapidement la tête pour regarder par-dessus son épaule, mais il n’y a personne. C’est juste cette satanée impression d’être observée qui lui joue encore des tours. »

Sanna et Eir, deux femmes aux abois, malmenées par leur créatrice. Car la Suède, définitivement, n’est plus un pays où il fait bon vivre…


« Le diable danse encore », Maria Grund, Robert Laffont - La Bête noire, 456 pages, 22 €

jeudi 7 novembre 2024

Polar - « Le premier renne », âme de la toundra

Découverte de terres rares, élevage de rennes et attaques de loups : trois facteurs qui risquent de mettre le feu à la région où patrouillent Klemet et Nina, membres de la police des rennes. 


On pourrait penser que dans la toundra, au cœur de ce grand nord, terres froides entre Suède, Norvège et Finlande, la nature a encore tous ses droits. En lisant le nouveau polar d’Olivier Truc, journaliste français vivant à Stockholm, on comprend que là-bas aussi l’environnement est en grand danger.

On retrouve avec un réel plaisir ses deux héros récurrents de la police des rennes : Nina Nansen et Klemet Nango. Le second est à moitié Sami, cette ethnie qui peuple la toundra depuis des siècles et des siècles. Une société en harmonie avec l’énergie vitale du lieu : les rennes. Ces mammifères vivent en harmonie avec leurs éleveurs, broutant le lichen, circulant librement de prairie en pâturage en été.

Un mode de vie qui perdure. Mais pour combien de temps encore ? C’est l’interrogation, l’inquiétude, qui reste en filigrane de ce texte. Les nomades éleveurs ont d’abord dû céder du terrain quand du fer a été découvert à Kiruna en Suède. Une mine toujours en exploitation, qui charrie des milliers de tonnes de minerai vers la côte, en train. Convois qui traversent les chemins de transhumance des troupeaux de rennes.

Nina et Klemet sont sollicités quand un train tue plusieurs dizaines de bêtes arrêtées sur les voies. Les éleveurs sont furieux. Le lendemain une bombe fait exploser le chemin de fer. La tension est forte. D’autant que l’été est là, avec un ensoleillement dépassant les 23 heures, et beaucoup de travail pour les éleveurs qui doivent marquer les faons. Une pratique ancestrale.

Chaque famille Sami a une marque propre, faite sur les oreilles des jeunes animaux. On découvre cette pratique avec Anja, fille d’éleveur, une rebelle. « Jamais Anja n’avait marqué un faon avec tant de difficulté. […] Elle reposa un instant sa main droite qui tenait le petit couteau à la lame effilée. […] Le cœur du faon battait, résonnait dans son propre crâne. Elle prit à nouveau la fine oreille entre ses doigts, retins sa respiration, l’œil démesuré du faon figé sur elle, trancha la pointe de biais. Pour sa marque, il fallait encore cinq coups de couteau. » Le texte d’Olivier Truc nous permet de plonger dans ce mode de vie si particulier ; ancestral tout en étant moderne, les jeunes Sami utilisant des drones pour localiser et guider les rennes de la toundra vers la zone de marquage.

Anja est au centre de l’intrigue. Spoliée de ses droits, elle veut avoir sa place dans le groupement d’éleveurs, le sameby. Mais en secret, elle a une autre utilité : c’est elle, tireuse d’élite, qui est chargée d’éliminer les loups et autres gloutons, prédateurs des rennes.

L’occasion pour l’auteur de faire se rencontrer Anja et un vieux berger français, Joseph, ayant perdu son troupeau dans les Alpes. Il veut se venger. Se rend à Kiruna pour se faire un loup. Anja va le guider, passer un marché avec lui, tout en expliquant, « J’en ai abattu trois des loups. Et quelques gloutons aussi. C’est pas pour ça que je me sens mieux. Ça Fait longtemps que j’ai compris que c’est pas ça qui m’apaiserait. » Cette plongée littéraire dans la nature sauvage est contrebalancée par les manœuvres des hommes, les ambitieux, investisseurs qui rêvent de gagner beaucoup d’argent.

Des gisements de terres rares ont été découverts. Le nouveau pétrole de la transition écologique. Mais encore une fois, cela risque se faire au détriment des rennes et des Samis.

« Le premier renne », Olivier Truc, Métailié, 528 pages, 22 €

mercredi 6 novembre 2024

Thriller - Le sang coule après « Le murmure des hakapiks »

Nouveau roman dépaysant de Roxanne Bouchard, toujours dans les incroyables paysages de la Gaspésie au Canada francophone. Avec des loups de mer et beaucoup de sang.


Certains auteurs ne sont pas tendres avec leurs personnages. Roxanne Bouchard, romancière québécoise fait partie des pires dans le genre. Ses deux héros récurrents, Simone Lord et Joaquin Moralès, se retrouvent dans des situations très compliquées dans Le murmurer des hakapiks.

Simone est seule sur un chalutier en compagnie de chasseurs de loups de mer et occasionnellement passeurs de drogue. Joaquin est lui aussi bloqué sur un navire, un bateau de croisière alors qu’il voudrait avant tout partir secourir sa collègue. Le lecteur, tremble surtout pour Simone, acculée par des hommes déterminés à la violer avant de la tuer. Un récit glaçant, comme ces contrées quand le vent nordet se met à souffler et transforme la mer en banquise.

Un polar très sombre, avec beaucoup de morceaux de Canada authentiques comme ces haka piks du titre, « de longs bâtons de bois munis de crochets. Contrairement aux tirs de carabines, dont la détonation est bruyante, l’élan de l’hakapik est discret. L’arme fend l’air dans un chuchotement et la masse métallique s’abat sur la bête. Un murmure, et le loup meurt, dans la froide quiétude de la banquise. » L’intrigue utilise cette chasse aux loups gris et cette technique particulière, qui a fait beaucoup couler d’encre quand Brigitte Bardot a dénoncé ces massacres.

Aujourd’hui encore les protecteurs des animaux s’opposent à cette chasse. mis le roman est tout en nuance, car la population de loups ne cesse de croître. Et leur chasse est autorisée. Mais très contrôlée, raison pour laquelle Simone se retrouve embarquée avec les chasseurs, recouverts de sang après avoir tué et dépecé une centaine d’animaux. Âmes sensibles s’abstenir.

« Le murmure des hakapiks », Roxanne Bouchard, L’Aube, 264 pages, 19,90 €

mardi 5 novembre 2024

BD - Chats bavards


Naturellement, les chats sont impertinents et moqueurs. Alors imaginez s’ils avaient le pouvoir de parler ! Justement, dans la série Parole de chat, écrite par Noël Chanat et dessinée par BidyBop, une bande de fieffés félins ne se prive pas de répondre aux humains qui ont la prétention de vivre avec eux.


Le jeune Jean-Aymar et son grand-père Victor se considèrent comme des maîtres des animaux, mais les chats, en réalité, n’y voient que des esclaves. Ce gros album, dessiné dans un style entre manga et BD animalière réaliste, est l’occasion de profiter de quelques bons mots sortis des gueules de ces matous matois.

Comme cette réflexion : « Les êtres humains sont très forts pour se gâcher la vie, on appelle ça la rature humaine » ou quand Jean-Aymar n’ose pas déclarer sa flamme à la jolie Ophélie, un chat lui fait remarquer que « avant de copuler, il faut d’abord lui sentir la croupe. »

« Parole de chat » (tome 2), Delcourt, 72 pages 15,95 €

lundi 4 novembre 2024

BD - Avant le génie


Pour sa première BD, Jeff Victor, connu pour son travail dans le monde de l’animation, revisite le mythe d’Aladin, des lampes magiques et des génies. Un roman graphique destiné aux plus jeunes (à partir de 7 ans), pour espérer avoir un jour un héraut doux et gentil comme le héros.

Avery vit seul avec son papa dans une station service perdue dans le désert américain. Un jour, il trouve une vieille lampe à pétrole. Il la nettoie et en sort Gribblet, sorte de petit chat au pelage rouge, qui parle et vole. Comme un génie. Mais il n’est que le héraut, celui qui va annoncer au chanceux qu’il vient de gagner trois vœux.


Le gentil Gribblet va ensuite expliquer à Avery que cette lampe a longtemps hébergée un génie femme. Tombée amoureuse du papa d’Avery, elle a donné naissance au petit garçon puis été condamnée à être emprisonnée au pays des génies. Avery, à moitié génie, va donc tenter d’aller la délivrer avec l’aide du malicieux Gribblet.

Dessinée dans un style très cartoon, cette histoire de famille séparée et de métissage vaut surtout pour les illustrations de Jeff Victor. On a réellement l’impression d’être immergé dans un film d’animation de très grande qualité.

« Fais un vœu », Jungle, 152 pages, 14,95 €