samedi 13 avril 2024

Des poèmes - L’Adresse


« Quand tu retourneras marcher dans la rue, après la tempête, tu ne seras pas trempé. Mais à l’intérieur, oui, il restera cette humidité qui gèles les os. » Les premières lignes de ce poème d’Arthur Teboul ont été écrites le jeudi 16 mars 2023 à 12 h 38.

Dans son bureau, il a reçu durant une semaine des inconnus et leur a offert ces poèmes composés en leur présence. Cet éphémère « cabinet de poèmes minutes » à Paris permet de publier ce recueil reprenant ce formidable exercice d’écriture automatique. Aussi déroutant qu’innovant et surprenant.

« L’Adresse - Les rendez-vous du désespoir » d’Arthur Teboul, Seghers, 384 pages, 26 €

vendredi 12 avril 2024

Un guide pratique - Le ménage au naturel


On peut toujours mieux faire en matière de préservation de la nature au quotidien. Manger bio, utiliser des produits naturels… Ce n’est qu’une première étape pour Aurélie Valtat qui dans ce petit guide propose des pistes pour devenir une ménagère (ou un ménager ?) exemplaire.

Une résilience qui passe par la fabrication de ses propres produits. Et à partir d’ingrédients 100 % biodégradables et d’origine naturelle. Si vous vous laissez convaincre, à vous le débouche évier à base de vinaigre blanc et de cristaux de soude concentrée, la poudre pour lave-vaisselle avec bicarbonate, acide citrique et cristaux de soude ou sa lessive uniquement avec des… feuilles de lierre.

« Le ménage au naturel » d’Aurélie Valtat, Ulmer, 128 pages, 16,90 €

jeudi 11 avril 2024

Un roman français - Refuge au crépuscule


Étonnant voyage dans le temps et l’espace proposé par Grégoire Domenach dans son roman Refuge au crépuscule. Le personnage principal, Gaspard, jeune photographe français, va accepter d’aller au Kirghizstan réaliser un livre de photos pour un inconnu rencontré à Istambul.

Ensemble ils vont sillonner ce pays secret ainsi que le Kazakhstan « dans ce décor de lieux sauvages et reculés, entre steppes et montagnes. » Grégoire Domenach sera à Perpignan le 11 avril à partir de 19 heures à la librairie Torcatis pour une rencontre lors d’une soirée aux couleurs de l’Asie.

« Refuge au crépuscule » de Grégoire Domenach, Christian Bourgois Éditeur, 318 pages, 22 €

mercredi 10 avril 2024

BD – Le dernier quai avant la paix et l'oubli



Vive la routine. Émile, majordome dans un hôtel très particulier, aime respecter ses habitudes. Réveil à 5 heurs et préparation du petit déjeuner pour les clients. Mais ces derniers ne sont pas communs. L'hôtel non plus. 

Il s'agit de la dernière étape avant l'éternité de la mort. Émile doit leur permettre de trouver leur voie. Vers le ciel ou l'enfer. Jusqu'au jour où les clients n'ont aucun souvenir. Comment Émile va-t-il les aiguiller verts le bon chemin ? 

Ce roman graphique de Nicolas Delestret interpelle. Une vision nouvelle du purgatoire, avec service en chambre compris. On découvre le fonctionnement de l'hôtel et les doutes d'Émile face à ces clients amnésiques. Et après avoir compris la raison de leur présence, l'album prend une tout autre direction. Une autre ampleur émotionnelle aussi. Dessin parfaits pour une histoire fantastique entre cauchemar et rédemption. 

« Le dernier quai », Nicolas Delestret, Bamboo Grand Angle, 160 pages, 23,90 €

Un thriller - L’été d’avant de Lisa Gardner


Depuis une dizaine d’années, Frankie sillonne les États-Unis pour résoudre les énigmes de personnes disparues. Et tenter de les retrouver. Dans une sorte de tentative de résilience, pour se pardonner à elle-même la mort de Paul, son sauveur, son amour.

Problème, dans les 14 « cas » de disparu.es qu’elle a réussis à résoudre, il était trop tard. Mais cette jeune Angelique, 16 ans, membre de la communauté haïtienne, elle se promet bien de la sauver avant qu’on ne découvre son corps sans vie. Jeune femme blanche plongée dans les quartiers noirs de Boston, imaginez l’accueil. Elle finit par s’intégrer, même auprès de la police locale, dont le séduisant Lotham est chargé de l’enquête.

Suspense, récit bien ficelé, bien écrit, amitiés improbables, un zeste de sexe… d’amour ? Tout Lisa Gardner, en somme.

F. H.

« L’été d’avant », Albin Michel, 448 pages, 22,90 €

mardi 9 avril 2024

Cinéma - Le couple selon Bernard Campan


 Interprète principal du film "Et plus si affinités", Bernard Campan (Photo Michel Clementz, L'Indépendant) se confie lors de son passage au Méga Castillet de Perpignan, sur sa vision du couple.

« Ces deux jeunes réalisateurs sont très précis sur le texte, mais il y a beaucoup de liberté dans leur direction d’acteur, de liberté aussi, a expliqué Bernard Campan lors de sa venue au Méga Castillet de Perpignan pour l’avant-première du film. Cela peut paraître paradoxal mais les deux vont ensemble. Et à côté de ça, il y a des parties d’improvisées car du moment que l’on sait parfaitement la partition, on peut aller ailleurs. »

Lors des lectures avant le tournage, l’ancien membre des Inconnus a mis son grain de sel : « Je suis très en demande de ça, et eux aussi. Ils proposent un travail très avancé mais veulent aller plus loin. On modifie tous ensemble de manière à arriver à une quintessence, le plus pur possible. La perfection, c’est quand il n’y a plus rien à enlever. Un romancier, dans sa dernière lecture, ne rajoute pas, il enlève le petit trop. »

Bernard Campan qui a délaissé depuis quelques années la comédie pour des films plus sérieux et profonds. Il replonge dans le bain des rires avec ce chassé-croisé de couple. « Si j’ai accepté ce film c’est d’abord pour la comédie pure, en tout cas d’être saisi par la drôlerie. Mais avec le recul je me rends compte que le film a un véritable fond et ça me renvoie effectivement à mon couple. Avec ma femme on est ensemble depuis 36 ans, on s’aime mais je peux aussi reconnaître qu’on se perd. À travers des petites habitudes, des façons de fonctionner, d’évitements, ajoutés les uns aux autres, on perd un petit peu ce qu’est l’autre et soi-même. La communication peut devenir difficile, alors que la complicité peut être forte. A certains niveaux, il y a des zones d’ombre et je peux me reconnaître. Le film m’a aidé à continuer à ouvrir les yeux sur les difficultés du couple. » 


lundi 8 avril 2024

Cinéma - Les voisins entreprenants de « Et plus si affinités »

Un dîner, deux couples : combien de combinaisons ? Ce remake d’une comédie catalane offre des rôles en or aux quatre comédiens dont Isabelle Carré et Bernard Campan.

On ne choisit pas sa famille. Encore moins ses voisins. Xavier (Bernard Campan) et Sophie (Isabelle Carré) vivent depuis des années dans un bel appartement. 25 ans de vie commune, une fille adulte qui vit à Londres et plus grand-chose à partager.

Un vide sentimental et amoureux particulièrement mis en évidence depuis l’arrivée de Julia (Julia Faure) et Alban (Pablo Pauly) dans l’appartement du dessus. Jeunes et amoureux. Et très démonstratifs la nuit lors de leurs ébats. Quand Xavier apprend que Sophie les a invités à dîner, il décide de mettre ce sujet sur le tapis. On peut s’aimer, mais pas la peine d’en faire profiter tout l’immeuble.

Un peu coincé puis grinçant, le repas va prendre une étonnante direction quand Julia, psychologue canine, se lance dans l’analyse des relations sentimentales de ses deux « vieux » voisins. Remake d’un film catalan (Sentimental de Cesc Gay), lui-même inspiré d’une pièce de théâtre, ce «Et plus si affinités» a été mis à la sauce française par Olivier Ducray et Wilfried Meance.

Ils ont rajouté un tout petit peu de grivoiserie, mais ont surtout travaillé le couple formé par Isabelle Carré et Bernard Campan. Deux comédiens qui se connaissent, s’apprécient et jouent idéalement le couple en mal de communication, d’écoute, de partage. L’usure du temps, la routine : on peut tous un peu se reconnaître dans leurs mauvaises habitudes. La facilité aurait été de glisser vers le scabreux, l’explicite (et beaucoup ne se seraient pas privés de toutes les possibilités formées par deux couples), mais les réalisateurs ont préféré donner un ton plus intimiste et parfois romantique (et un petit peu désenchanté) pour une fin aussi ouverte que nos vies quand on décide de les prendre en main.

Film français d’Olivier Ducray et Wilfried Meance avec Isabelle Carré, Bernard Campan, Julia Faure et Pablo Pauly

 

dimanche 7 avril 2024

Cinéma - « Sidonie au Japon », film zen et fantomatique


 

Sidonie (Isabelle Huppert) est la reine de l’évitement. Romancière célèbre mais qui n’a plus rien publié depuis des années, elle est invitée par son éditeur japonais pour y présenter son premier roman traduit en japonais.
Un séjour d’une semaine qui l’angoisse. Alors elle arrive avec une bonne heure de retard à l’aéroport, persuadée d’avoir fait le nécessaire pour rater son vol. Mais il est retardé et Sidonie s’envole finalement pour le Pays du soleil levant, l’inconnu.

Elle va passer une semaine en compagnie de Kenzo (Tsuyoshi Ihara), son éditeur, rigide, sévère, peu causant. Sidonie est plongée dans un monde dont elle n’a pas les clés alors que lui est en plein divorce, dépressif et mutique.
Le film d’Élise Girard prend une tournure plus étrange quand Sidonie croise le fantôme de son mari, mort dans un accident de la route quelques années auparavant.

Un fantôme bienveillant, qui va lui permettre d’oublier sa tristesse, retrouver goût à la vie (grâce aussi aux superbes paysages du Japon au printemps) et même de reprendre la plume.

Une histoire zen, optimiste, poétique et romantique. Mais avant tout fantastique dans tous les sens du terme.

 Film d’Élise Girard avec Isabelle Huppert, Tsuyoshi Ihara, August Diehl

samedi 6 avril 2024

BD - Magie désertique dans le second tome de Nécromants

 


Olivier Gay a commencé sa carrière comme romancier. De polar puis de fantasy, tout en accumulant les travaux de commande. Un formidable créateur d’univers qui frappe une nouvelle fois en lançant la série Nécromants dans la collection Drakoo de chez Bamboo.

Toujours dessinée par Tina Valentino, Italienne surdouée, la série se déroule dans une sorte de pays des mille et une nuits avec un peu plus de magie et de fantastique. Le héros, Acher, est un nécromant. Pas le meilleur du royaume. Mais il reçoit le renfort d’un trio de fantômes puissant. Dans la seconde partie de cette aventure inaugurale, il va affronter un terrible sorcier revenant. C’est superbement dessiné et bourré d’humour. De la fantasy classique mais diablement efficace.t

« Nécromants » (tome 2), Bamboo Drakoo, 48 pages, 14,90 €

vendredi 5 avril 2024

BD - Aude Picault emmène le Donjon en croisière

 

La fantasy est souvent une histoire de mecs. Pour preuve il faut attendre plus de 50 albums de l’univers du Donjon (imaginé par Sfar et Trondheim) pour qu’une dessinatrice s’empare des personnages. C’est Aude Picault qui a l’honneur de signer le 18e tome de Donjon Monsters.

Intitulé Noces de fleurs, il débute de façon très bucolique. Des années après l’histoire originelle, Herbert et Isis, devenus vieux, partent célébrer leurs noces de fleurs dans une petite croisière. Sur un voilier piloté par Andrée, aussi vieille qu’eux, ils vont d’île en île. Mais rapidement des mercenaires les attaquent. Herbert et Isis sont persuadés être les cibles.

Mais finalement ils découvriront qu’Andrée aussi a de nombreux ennemis. Une histoire complète qui revient sur de nombreux passages de l’histoire du Donjon, avec un peu d’humour (Herbert qui n’arrive pas à faire croire à Andrée qu’il a été Grand Khan…) et le retour de héros mythiques comme Marvin. Le tout  dessiné par Aude Picault dans un style dépouillé, très ligne claire simplifiée.

« Donjon Monsters » (18), Delcourt, 48 pages, 11,95 €