Alex (Mathilde Seigner) galère. Elle veut percer dans la chanson. Elle a une belle voix, une sacrée présence sur scène, ses potes musiciens y croient mais sa carrière stagne. Acculée financièrement, elle accepte finalement un petit boulot : coacher une chorale du 3e âge dans un Ehpad. Le directeur n’a qu’une exigence : que les chansons représentent la belle tradition de notre pays et de la région de Dunkerque. Problème, les membres de la chorale sont des anciens très rebelles.Ils veulent chanter du rock, de Bowie aux Clash.
Alex, réticente au début, va finalement accepter de changer le répertoire. Le lancement d’une formidable aventure pour le groupe de papys et de mamies encore très jeunes dans leur tête.
Ce film est directement inspiré d’une histoire vraie. La véritable Alex a d’ailleurs participé aux séances de travail avec les comédiens de la chorale. Un groupe très entraînant et parfois touchant, avec la découverte d’une Anne Benoit à la voix parfaite. Elle est accompagnée par Andréa Ferréol, Brigitte Roüan, Myriam Boyer, Bernard Le Coq et Patrick Rocca.
Film d’Ida Techer et Luc Bricault avec Mathilde Seigner, Andréa Ferréol, Anne Benoit, Brigitte Roüan, Myriam Boyer, Bernard Le Coq, Patrick Rocca.
Si vous faites partie des Français souffrant d’éco-anxiété, ne lisez pas les trois volumes de la série ayant pour nom Apocalypse. Le romancier, caché sous le pseudonyme de Koz, tente d’imaginer comment notre monde pourrait déraper si des esprits malveillants décidaient d’amplifier les catastrophes écologiques qui nous pendent au bout du nez.
Après Noir et notre dépendance à l’électricité (paru en 2021 et complètement d’actualité cet hiver…) puis Rouge sur les feux de forêts dans le Sud de la France (chez Pocket en poche depuis octobre dernier), le 3e volet vient de paraître et aborde les problèmes de pollution de l’eau. Pour mener l’enquête, on retrouve Hugo Kezer, le chef de la cellule Nouvelles menaces de la police judiciaire. Il est toujours secondé par Anne Gilardini, ambitieuse, impétueuse mais surtout enceinte de 8 mois.
En plein Océan Atlantique, les services météo français surveillent une tempête en formation. Elle gagne en puissance et s’approche des côtes au niveau de Nantes. Elle touche les terres au moment où les marées sont au maximum. Résultat la Loire gonfle et sort de son lit provoquant l’évacuation des communes de l’estuaire et même d’une grande partie de Nantes. Une catastrophe écologique qui n’est que la partie émergée du danger. La crue coupe l’électricité et neutralise les usines produisant l’eau potable. Une eau qui semble en plus porteuse d’un virus qui pousse les consommateurs à se suicider, notamment par noyade.
Kezer et son adjointe débarquent dans l’enquête presque par effraction. Ils viennent prendre des nouvelles de leur ami et collègue Franck Caillot, en cure de repos après un burn-out. Il fait partie des dizaines d’hommes et de femmes qui ont voulu en finir.
Parmi ces désespérés, des sans-papiers africains réfugiés au bord de la Loire dans des camps de fortune. Mais pourquoi tenter d’en finir après avoir surmonté tant d’épreuves, de la fuite du pays à la traversée de la Méditerranée ? Un début de réponse est apporté après l’autopsie des premières victimes : « On observe une encéphalite très violente. La réaction auto-immune a entamé les tissus cérébraux. On note aussi un début de dégradation de la moelle épinière. » Cela provoque selon le médecin légiste, « fièvre, courbatures, raideur cervicale, pertes de repères, problèmes d’élocution voire des hallucinations. » Kezer et son équipe se lancent à la poursuite d’un inquiétant élément pathogène ou d’un virus.
Toujours aussi bien documenté, ce polar fait parfois penser à un simple voyage dans le temps. Car des tempêtes du siècle, il risque d’y en avoir tous les ans. Et des infections ou pandémies, il n’est plus à démontrer qu’elles peuvent apparaître à tout moment. Une intrigue alarmiste renforcée par les suites des déboires personnels des enquêteurs, notamment la dépression de Kezer toujours marqué par la mort violente de son fils. Et si Bleu était son ultime mission ?
Au milieu des années 80, Stella a 17 ans et doit passer le bac. Une étape importante pour cette fille de cafetiers parisiens. Une chance pour rejoindre la fac, changer de vie, de classe sociale. Mais entre les études et les nuits à danser aux Bains Douches, le choix est cornélien.
Sylvie Verheyde s’inspire librement de son enfance dans ce film qui est une suite directe de son précédent long-métrage, Stella. Enn terminale, la très taciturne Stella (Flavie Delangle), n’est pas très attentive en cours. par contre elle en apprend beaucoup dans sa petite bande de copines. Des filles brillantes, issue de la bourgeoisie, qui lui apprennent quelques codes pour vivre en bonne société. En échange, elle leur apporte sa liberté et son insouciance, notamment en leur permettant d’aller s’amuser aux Bains Douches, haut lieu de la fête parisienne. C’est dans cet antre libertaire et dansant qu’elle tombe amoureuse d’André (Dixon), jeune Noir stylé, aussi doué en musique qu’en chorégraphie.
Le film propose aux spectateurs ces plongées savoureuses dans l’ambiance musicale des années 80, cette liberté totale et absolue, sans barrières, où tout était permis. Une époque révolue maintenant que la mixité sociale n’est qu’un lointain souvenir, alors que les « tribus » favorisent le repli sur soi. C’est dans ce contexte que Stella, écartelée entre son milieu populaire, incarné par sa mère (Marina Foïs, cafetière entière et diablement sympathique) et son père volage (Benjamin Biolay, clone de Lavilliers), et ses copines bourgeoises, va devoir faire des choix. L’amour ou les études ? Et pourquoi pas les deux ? Ou une troisième voie. Car tout était possible dans ces années 80 magiques et regrettées par toute personne qui avait moins de 30 ans à l’époque.
Film de Sylvie Verheyde avec Flavie Delangle, Marina Foïs, Benjamin Biolay
Depuis la semaine dernière, les êtres bleus de Pandora occupent de nouveau les rêves de millions de Français. La suite d’Avatar sort au cinéma. Mais avant James Cameron, à quoi ressemblait la vie de Tsu’tey, le guerrier de la tribu Omatikaya du peuple Na’vi ?
Réponse dans cette grosse BD (160 pages) écrite par Sherri L. Smith et dessinée par Jan Duursema et Doug Wheatley. On y découvre les rites de ces êtres en totale harmonie avec la nature de leur planète. Une excellente révision avant mercredi !
« Avatar, Le destin de Tsu Tey », Delcourt, 16,50 €
Si l’œuvre de Ron Rash est surtout marquée par une description détaillée et sublimée de la faune et de la flore des Appalaches, elle serait moins savoureuse sans l’adjonction dans cette nature encore sauvage (l’action se déroule au début du XXe siècle) de personnages hauts en couleurs.
La plus emblématique reste Serena, femme forte, veuve à la poigne d’acier, chef d’entreprise et surtout experte en maniement de la hache puisqu’œuvrant dans le milieu des bûcherons. Dans Plus bas dans la vallée, on retrouve Serena dans la première et longue nouvelle de ce recueil. Elle revient du Brésil pour terminer, en trois jours, l’abattage de milliers d’arbres.
Elle apparaît ainsi aux ouvriers qui la découvrent pour la première fois : « Ses pommettes hautes, son nez étroit et ses lèvres minces étaient impressionnants, pas autant que ses yeux, toutefois - gris, mais pailletés d’or, plutôt en amande que ronds. […] Pas une bague ne dorait ses longs doigts aux ongles coupés ras. Son seul luxe apparent était ses cheveux blonds tombant sur ses épaules. » Méfiance cependant, Serena est belle, mais très dangereuse.
« Plus bas dans la vallée » de Ron Rash, Gallimard, 19 €
Après avoir conté les aventures des elfes, nains et autres orcs, Istin étend son imaginaire à une Afrique enchantée. Ce sera Les chroniques des Terres d’Ogon et cela débute avec le périple d’Ubu, jeune humain de la tribu des Kulu. Une histoire de vengeance.
La famille d’Ubu est massacrée par les gorilles Tog. Il va aller demander de l’aide aux dieux de la région, les Elfes rouges. Malgré les risques, six d’entre eux vont accepter d’aller trucider l’assassin. Dessiné par Kyko Duarte, ce nouvel arc de la collection est prévu (pour l’instant) en quatre volumes.
Pour la période de fin d’année, certaines chaînes ou plateformes de streaming ressortent la formule éculée du film de Noël. De bons sentiments, de la famille et un Père Noël, gentil et barbu. Netflix, un peu à contre-courant, propose aussi un héros barbu (et chevelu et très poilu…), mais pas du tout gentil.
C’est en Norvège que ce monstre, digne de King Kong et de Godzilla, va semer la terreur durant les fêtes. Tout débute par une aberration écologique : le percement d’un tunnel dans une montagne réputée sacrée. Les tirs d’explosifs réveillent un vieil habitant : un troll monumental, plongé dans le sommeil depuis des siècles. L’être, fait de pierre, de terre et de végétaux, au gros nez digne d’un Bérurier scandinave, se dirige droit vers la capitale Oslo. Branle-bas de combat dans le gouvernement qui demande l’aide d’une spécialiste en fossiles (merci Jurassic Park !), le professeur Nora Tindeman (Ine Marie Wilmann), par ailleurs férue de contes locaux.
Aidée de militaires et d’un conseiller de la Première ministre, elle se rend sur place et découvre cette aberration. Le film, entre action, guerre et légendes nordiques, offre surtout un nombre considérable de scènes d’action. Dans les fjords mais aussi dans une ville d’Oslo désertée et malmenée par la montagne trollienne.
Un bon divertissement, plus original en tout cas d’une bête histoire de Noël.
Film norvégien de Roar Uthaug avec Ine Marie Wilmann, Kim S. Falck-Jørgensen, Mads Sjogard Pettersen
Comme une impression de film d’époque. Le parfum vertde Nicolas Pariser revendique ce côté vintage, voire nostalgique. Il a tenté la comédie européenne qui rend hommage au cinéma d’Hitchcock mais aussi à la BD franco-belge. Il est donc question d’espionnage dans cette histoire abracadabrante, mais aussi de société secrète et de complot.
Mais le toute reste très branché et intellectuel puisque les deux principaux personnages, les "héros" qui prennent des coups mais en donnent aussi parfois, sont un membre de la Comédie française et une dessinatrice de BD qui fait dans le roman graphique d’autofiction.
Tout commence par un meurtre en public. Sur la scène de la Comédie française, un des acteurs s’effondre, empoisonné. Il a juste le temps de souffler à l’oreille de Martin (Vincent Lacoste), son collègue : "Le parfum vert." Alors que la police investit le théâtre, Martin est enlevé et retenu prisonnier dans une pièce ornée de planches originales de BD. Pas du Bastien Vivès, mais du Macherot. Interrogé, drogué et relâché, il découvre qu’on le soupçonne du meurtre.
Un côté mystérieux
Pour s’innocenter, il tente d’en savoir plus sur ses kidnappeurs et va dans une librairie BD à la recherche du nom et de l’adresse du collectionneur qui lui en veut tant. C’est là qu’il croise Claire (Sandrine Kiberlain), dessinatrice en pleine séance de dédicaces. Lassée d’attendre le lecteur peu sensible à son œuvre, elle décide d’aider Martin dans sa quête.
Une fois le duo formé, le film tout en conservant son côté aventureux et mystérieux, prend aussi une petite tournure de romance. Martin comédien introverti d’origine juive n’est pas insensible à la fougue de Claire, elle aussi juive, revenue en France après une dizaine d’années passées en Israël.
Discussions politiques, philosophiques et religieuses viennent s’immiscer dans la chasse au Parfum vert, nom d’une organisation secrète détentrice d’une arme informatique redoutable. Débuté à Paris, de la Comédie française aux librairies et galeries spécialisées, le film se poursuit à Bruxelles, dans les bureaux de l’institution européenne et s’achève à Bucarest après une traversée de l’Europe en train.
Un film d’action, mais pas trop, avec des références, beaucoup, et de l’humour subtil, un peu, sans oublier un peu de romance et de nombreux coups de théâtre. Cela pourrait être daté, c’est juste réussi et épatant comme on disait dans les années 50.
Ils sont de retour et attention, ils sont toujours autant remontés. Les Vieux Fourneaux de Lupano et Cauuet sont « Chauds comme le climat » dans ce 7e album.
Au cours d’un pique-nique convivial, Berthe agresse le maire à coups de pique de brochettes. La nuit venue, un incendie détruit la ferme de l’irascible vieille et l’usine pharmaceutique voisine.
Mais les coupables sont vite trouvés : les clandestins qui travaillent au ramassage des fraises. Un peu trop évident pour nos trois redresseurs de torts. Une BD toujours aussi jubilatoire… et politique.
Certains films semblent écrits uniquement pour briller aux Oscars. C’est le cas de Causeway de Lila Neugebauer avec Jennifer Lawrence et Brian Tyree Henry. Ce drame sur la reconstruction d’une militaire blessée en Afghanistan offre un rôle en or pour l’ancienne adolescente mondialement célèbre depuis sa découverte dans Hunger Games. Mais elle n’aurait pas réussi à être si bonne sans l’appui de Brian Tyree Henry, lui aussi probable nominé au titre de meilleur comédien. Directement diffusé sur la plateforme Apple TV +, ce film intimiste et grave reste un modèle de résilience.
Linsey (Jennifer Lawrence) est de retour au pays. Sur une chaise roulante, elle est accueillie chez une aide qui va lui permettre de retrouver un peu de mobilité. Blessée dans l’explosion de son blindé en Afghanistan, elle soufre de graves séquelles neurologiques. Terminée la sportive téméraire. Elle n’arrive même plus à de brosser les dents toute seule.
Des mois plus tard, elle va mieux et retourne à la Nouvelle-Orléans, dans la maison familiale qu’elle a fui en son temps. Affrontement avec sa mère puis rencontre fortuite avec James (Brian Tyree Henry). La militaire un peu asociale va comprendre ce garagiste unijambiste qui vit seul dans une grande maison. Les deux vont lentement s’apprivoiser, tenter de se comprendre, voire devenir des amis. Un film à fleur de peau, comme ses deux personnages principaux qui ont tant de secrets à cacher.
Film américain de Lila Neugebauer avec Jennifer Lawrence, Brian Tyree Henry