mercredi 21 décembre 2022

Cinéma - “Le parfum vert” entre Hitchcock et Tintin


Comme une impression de film d’époque. Le parfum vert de Nicolas Pariser revendique ce côté vintage, voire nostalgique. Il a tenté la comédie européenne qui rend hommage au cinéma d’Hitchcock mais aussi à la BD franco-belge. Il est donc question d’espionnage dans cette histoire abracadabrante, mais aussi de société secrète et de complot.

Mais le toute reste très branché et intellectuel puisque les deux principaux personnages, les "héros" qui prennent des coups mais en donnent aussi parfois, sont un membre de la Comédie française et une dessinatrice de BD qui fait dans le roman graphique d’autofiction.

Tout commence par un meurtre en public. Sur la scène de la Comédie française, un des acteurs s’effondre, empoisonné. Il a juste le temps de souffler à l’oreille de Martin (Vincent Lacoste), son collègue : "Le parfum vert." Alors que la police investit le théâtre, Martin est enlevé et retenu prisonnier dans une pièce ornée de planches originales de BD. Pas du Bastien Vivès, mais du Macherot. Interrogé, drogué et relâché, il découvre qu’on le soupçonne du meurtre.

Un côté mystérieux

Pour s’innocenter, il tente d’en savoir plus sur ses kidnappeurs et va dans une librairie BD à la recherche du nom et de l’adresse du collectionneur qui lui en veut tant. C’est là qu’il croise Claire (Sandrine Kiberlain), dessinatrice en pleine séance de dédicaces. Lassée d’attendre le lecteur peu sensible à son œuvre, elle décide d’aider Martin dans sa quête.

Une fois le duo formé, le film tout en conservant son côté aventureux et mystérieux, prend aussi une petite tournure de romance. Martin comédien introverti d’origine juive n’est pas insensible à la fougue de Claire, elle aussi juive, revenue en France après une dizaine d’années passées en Israël.

Discussions politiques, philosophiques et religieuses viennent s’immiscer dans la chasse au Parfum vert, nom d’une organisation secrète détentrice d’une arme informatique redoutable. Débuté à Paris, de la Comédie française aux librairies et galeries spécialisées, le film se poursuit à Bruxelles, dans les bureaux de l’institution européenne et s’achève à Bucarest après une traversée de l’Europe en train.

Un film d’action, mais pas trop, avec des références, beaucoup, et de l’humour subtil, un peu, sans oublier un peu de romance et de nombreux coups de théâtre. Cela pourrait être daté, c’est juste réussi et épatant comme on disait dans les années 50.

Film de Nicolas Pariser avec Sandrine Kiberlain, Vincent Lacoste, Rüdiger Vogler

BD - Les Vieux flambent

Ils sont de retour et attention, ils sont toujours autant remontés. Les Vieux Fourneaux de Lupano et Cauuet sont « Chauds comme le climat » dans ce 7e album. 

Au cours d’un pique-nique convivial, Berthe agresse le maire à coups de pique de brochettes. La nuit venue, un incendie détruit la ferme de l’irascible vieille et l’usine pharmaceutique voisine.

Mais les coupables sont vite trouvés : les clandestins qui travaillent au ramassage des fraises. Un peu trop évident pour nos trois redresseurs de torts. Une BD toujours aussi jubilatoire… et politique.

« Les Vieux Fourneaux » (tome 7), Dargaud, 13 €

mardi 20 décembre 2022

Cinéma - Le double traumatisme au cœur de “Causeway”

Certains films semblent écrits uniquement pour briller aux Oscars. C’est le cas de Causeway de Lila Neugebauer avec Jennifer Lawrence et Brian Tyree Henry. Ce drame sur la reconstruction d’une militaire blessée en Afghanistan offre un rôle en or pour l’ancienne adolescente mondialement célèbre depuis sa découverte dans Hunger Games. Mais elle n’aurait pas réussi à être si bonne sans l’appui de Brian Tyree Henry, lui aussi probable nominé au titre de meilleur comédien. Directement diffusé sur la plateforme Apple TV +, ce film intimiste et grave reste un modèle de résilience.

Linsey (Jennifer Lawrence) est de retour au pays. Sur une chaise roulante, elle est accueillie chez une aide qui va lui permettre de retrouver un peu de mobilité. Blessée dans l’explosion de son blindé en Afghanistan, elle soufre de graves séquelles neurologiques. Terminée la sportive téméraire. Elle n’arrive même plus à de brosser les dents toute seule. 

Des mois plus tard, elle va mieux et retourne à la Nouvelle-Orléans, dans la maison familiale qu’elle a fui en son temps. Affrontement avec sa mère puis rencontre fortuite avec  James (Brian Tyree Henry). La militaire un peu asociale va comprendre ce garagiste unijambiste qui vit seul dans une grande maison. Les deux vont lentement s’apprivoiser, tenter de se comprendre, voire devenir des amis. Un film à fleur de peau, comme ses deux personnages principaux qui ont tant de secrets à cacher. 

Film américain de Lila Neugebauer avec Jennifer Lawrence, Brian Tyree Henry


BD - Le petit Spirou, seul avec Janry...

Dans la BD du Petit Spirou, le jeune héros n’a pas de père. Une explication est en partie donnée dans la première histoire du tome 19. 

Dans la réalité du monde de l'édition, le petit personnage a deux pères. Tome et Janry. Mais depuis 2019, Tome n’est plus là pour imaginer ces gags loufoques.

Sans scénariste, le dessinateur Janry a longtemps hésité. Mais il a décidé de relever le défi et à son rythme, avec l’aide de quelques amis de la profession, il a imaginé les gags et récits complets de ce 19e album. 

On retrouve tous les ingrédients qui ont fait le succès de la série, entre grosse rigolade et jolis sentiments. Une suite logique, évidente, comme si le Petit Spirou n’était pas à moitié orphelin.

« Le petit Spirou » (tome 19), Dupuis, 11,90 €

lundi 19 décembre 2022

BD - Saga indienne

Après le succès de Go West !, l’album collectif sur la conquête de l’Ouest américain, Tiburce Oger se penche cette fois sur la saga des peuples indiens. Indians !, sur plus de 120 pages, propose des histoires complètes dessinées par 17 auteurs de renom. 

Tiburce Oger se contente des scénarios, traçant au fil des décennies les massacres et trahisons qui ont ensanglanté la nation indienne. Au générique, on retrouve des signatures qui ont déjà des séries de western renommées comme Blanc-Dumont, Derib ou Christian Rossi. 

Parmi les autres auteurs, on est admiratifs face à la précision de Labiano, la puissance de Jef, le dynamisme de Corentin Rouge et la force de Ronan Toulhoat.  

« Indians ! », Bamboo Grand Angle, 19,90 €, 29,90 € pour l’édition noir et blanc

BD - Cygnes dansants

Au fil des albums, la série Studio Danse de Béka et Crip prend de l’ampleur. Son envol pourrait-on écrire puisqu’il est beaucoup question du Lac des Cygnes dans ce 13e tome. 

Après quelques gags toujours aussi subtils autour de la vie de ces petites apprenties danseuses, c’est une longue histoire d’une trentaine de planches qui clôture le livre.

Les copines sont repérées par un producteur qui veut les faire danser à l’opéra de Paris. Un rêve éveillé qui va se transformer en véritable cauchemar. On apprécie toujours autant le regard bienveillant des deux scénaristes sur ces filles passionnées mais malgré tout bine dans leur peau. Une série à la belle longévité et qui voit son audience sans cesse progresser.

« Studio Danse » (tome 13), Bamboo, 11,90 €

dimanche 18 décembre 2022

BD - Suspense pour Jeremiah

Infatigable Hermann. A plus de 80 ans, il continue à signer plus d’un album de BD par an. Dans le nouveau Jeremiah, ses deux héros sont au plus mal. Kurdy est en prison et Jeremiah se fait enlever par un clan de mafieux dirigé par une cruelle « Madame ». 

Kurdy va vite se faire la belle et embarquer avec lui son compagnon de cellule. Un petit malfrat qui connaît parfaitement la région et lui permet de comprendre qui en veut à son copain et pourquoi. Une histoire très sombre, pessimiste, qui se termine par un coup de théâtre très inquiétant. 

Il faudra attendre l’année prochaine et le 40e tome pour savoir si cette « Rancune » (titre de l’épisode) n’est pas trop mortelle. 

« Jeremiah » (tome 39), Dupuis, 12,95 €

BD - Spirou perd la bulle

Quand Jul décide d’écrire un scénario de Spirou et Fantasio, qu’il confie à Libon, il s’attaque à la raison des deux héros. Fantasio a disparu. Il est parti faire un reportage à Angoulême.


Il souffrirait du mystérieux mal de la préfecture de Charente : croire qu’on est un personnage de BD. Il jure comme un charretier, persuadé d’être le capitaine Haddock. Spirou devra se faire passer pour Tintin pour le délivrer de la clinique psy où il est enfermé avec d’autres malades se prenant pour Astérix, les Schtroumpfs ou les Dalton. C’est hilarant et bourré de références à la BD franco-belge.

« Spirou chez les fous », Dupuis, 12,50 €

samedi 17 décembre 2022

BD - Vélasquez peint

Splendide album que ce Vénus à son miroir signé par Cornette (scénario) et Matteo (dessin). Il est vrai que le sujet est propice aux belles images : un épisode d ela vie du grand peintre espagnol Vélasquez. 

Envoyé par le roi d’Espagne en Italie pour acquérir des toiles et sculptures italiennes, il est hébergé chez un ami peintre. Là, il croise la route de la sœur, Flaminia. Vélasquez a 50 ans, Flaminia à peine 20. Elle peint mais surtout accepte de poser pour lui, nue. Pour la première fois le prude espagnol ose peindre une femme nue. Ce sera la toile Vénus à son miroir. 

En plus de l’intrigue sentimentale, aussi belle que libre, l’album raconte comment Vélasquez accorde la liberté à son esclave Maure, Juan de Parela, autre peintre talentueux.

« Vénus à son miroir », Futuropolis, 17 €  

BD et biographie - Manara grandeur nature

Génie du dessin réaliste, marchant souvent dans les pas d’Hugo Pratt, Milo Manara est un grand de la BD italienne. 

Une œuvre marquée par des séries érotiques mais aussi des romans graphiques entre philosophie et pure aventure.

Pour raconter cette carrière commencée durant les années 60, le dessinateur a préféré poser son pinceau et raconter lui-même, dans de courts chapitres, les grandes étapes de son parcours. On croise dans ces pages Dali, Moebius, Jodorowski et d’autres grands du 9e art. Le tout agrémenté de très nombreuses illustrations rares ou inédites.

« Milo Manara, grandeur nature », Glénat, 25 €