Je n’ai pas regardé, ce samedi, le concours de l’Eurovision. D’abord, car je ne suis pas très chanson. Aussi, car si, durant quelques années, je me suis délecté de visionner au second degré ce show grotesque, persuadé que la majorité des millions de téléspectateurs avaient le même état d’esprit que moi, j’ai finalement compris que non ; le public apprécie au premier degré ces musiques formatées, ces chorégraphies ridicules et ce nationalisme à tous crins qui embrigaderait la culture.
Et puis, de toute manière, ce n’était pas la peine de regarder cette année puisque tout le monde savait qu’à la fin, c’était l’Ukraine qui l’emporterait.
Pourtant, dès le dimanche, des voix se sont élevées, en Europe, pour crier à la tricherie. La Roumanie, par exemple, a expliqué que son vote a été modifié. Les fameux 12 points (« twelve points ») avaient été normalement attribués à la Moldavie. Mais le jury de l’Eurovision, ayant détecté une possible manipulation avec « certains schémas de vote irréguliers », a modifié le résultat. Six pays ont vu leur classement rectifié. Au profit de l’Ukraine qui devait, quoi qu’il arrive, être déclarée gagnante. Un tripatouillage qui n’honore pas l’Europe, à l’heure de la chasse aux fake news, aux tentatives de manipulation de l’opinion.
Dans cette Eurovision 2022, une seule chose n’a pas changé, les candidats français ont terminé dans les profondeurs du classement. Pour l’emporter une nouvelle fois (remember Marie Myriam et son Oiseau et l’enfant), il ne reste qu’une solution : que l’Espagne, l’Italie ou la Belgique nous déclarent la guerre et tentent de nous envahir.
Chronique parue en dernière page de l’Indépendant le vendredi 20 mai 2022
"On sourit pour la photo", film français de François Uzan avec Jacques Gamblin, Pascale Arbillot, Pablo Pauly, Agnès Hurstel
Les comédies françaises sur la famille inspirent toujours autant les scénaristes. Cette fois c’est François Uzan qui écrit et réalise On sourit pour la photo, chronique d’un divorce annoncé et de vacances catastrophiques en Grèce. Un film un peu déstabilisant par moments, passant de la grosse rigolade efficace aux séquences émotion plus laborieuses.
Dans la famille Hamelin, le père, Thierry (Jacques Gamblin), jeune retraité, cherche à s’occuper. Il se lance donc dans la numérisation de toutes les photos de famille. Une marotte qui a le don de prodigieusement énerver son épouse, Claire (Pascale Arbillot), médecin toujours en activité qui se découvre mariée à un homme ayant perdu toute son originalité. Les enfants aussi, devenus adultes, trouvent ce papa pénible. Quand Claire annonce à Thierry son intention de divorcer, il décide le tout pour le tout afin de reconquérir son épouse et retrouver la joie d’antan. Il tombe sur une photo d’eux quatre en Grèce lors de vacances en 1998. Il décide d’organiser le même périple estival, 20 ans plus tard.
Le ressort comique doit beaucoup aux enfants. Karine (Agnès Hurstel), avocate, sérieuse et bosseuse, fiancée avec son amour d’enfance, posé et sentencieux, est l’exact opposé d’Antoine (Pablo Pauly), éternel ado tentant de lancer des start-up improbables tous les trois mois. Voulant respecter à la lettre le voyage de 1998, Thierry va devoir faire face à la révolte du reste de la famille. Pour tenter de s’en sortir, il va se lancer dans une spirale de mensonges aux lourdes conséquences.
Loin d’être transcendant, ce premier film est gentil, parfois comique (merci Pablo Pauly, Agnès Hurstel et Ludovik dans le rôle du fiancé de Karine), mais ressemble souvent un peu trop à une sorte de film publicitaire décalé pour la Grèce, ses plages, ses restaurants et (un peu moins) ses hôtels.
Quand on fait des métiers peu glorieux, il suffit parfois d’en changer l’orthographe pour en redorer le blason. A Montreuil, un jeune restaurateur a décidé de lancer son affaire. Mais comme ses compétences culinaires semblent assez limitées, il se contente d’ouvrir un énième kebab. Comment, dès lors, se démarquer de ses milliers de concurrents qui, eux, ont déjà pignon sur rue ?
Simple, il suffit de placer la barre de viande à l’horizontale, de nommer le restaurant Horizontal et de préciser en lettres très classes à côté sur la devanture : « artisan quebabiste ». Rien à voir avec le kebab : chez Horizontal, on sert des quebabs artisanaux à la viande cuisinée dans une cheminée, tel un gâteau à la broche aveyronnais. La diffusion sur les réseaux sociaux de la photo de la devanture du restaurant a été beaucoup commentée, permettant au génial « artisan quebabiste » de bénéficier d’une campagne publicitaire.
L’idée est si bonne qu’il serait idiot de ne pas la décliner, pour surfer sur la vague de la gastronomie renommée. J’imagine parfaitement un restaurant en spécialités anglaises servant des « Fiches Andes Ships » soit du poisson pané et des frites, mais présentés dans des fiches bristol fabriquées en Colombie et pliées en forme de petit bateau.
Accepteriez-vous de goûter à une Pizza Princesse ? C’est comme une pizza reine, mais un peu plus jeune, moins cuite quoi…
Et dans l’Aude, attendez-vous à voir arriver sur les tables sélectes le K-soulet. Comme le plat typique de Castelnaudary, mais avec des haricots et des saucisses en provenance de Corée. À déguster, en écoutant de la K-pop, évidemment.
Chronique parue en dernière page de l’Indépendant le jeudi 19 mai 2022
À quoi ressemblait la famille dans les années 80 ? Réponse avec "Les passagers de la nuit", très beau et très sensible film de Mikhaël Hers.
La nostalgie, camarade ! Les passagers de la nuit, film de Mikhaël Hers, s’ouvre le 10 mai 1981, soir de l’élection de François Mitterrand. Sans doute la dernière fois que le France, toutes origines confondues, était en fête. Depuis il y a eu d’autres victoires, mais pas de fête. Encore moins de grand soir. La politique est omniprésente dans cette histoire qui dépeint une famille parisienne dans ces insouciantes et très optimistes années 80. Pourtant, rien ne va plus dans la vie d’Élisabeth (Charlotte Gainsbourg), la mère de deux grands adolescents, Mathias (Quito Rayon Richter) et Judith (Megan Northam).
Son mari vient de la quitter. Elle se retrouve seule dans cet immense appartement d’une encore plus grande tour du quartier de Beaugrenelle. Une mère au foyer qui va devoir rapidement trouver du travail. Grande insomniaque, elle va tout simplement solliciter Vanda (Emmanuelle Béart), l’animatrice de l’émission de confidences nocturnes “Les passagers de la nuit” qu’elle écoute régulièrement. C’est là, alors qu’elle filtre les appels au standard, qu’elle va rencontrer Talulah (Noée Abita), une jeune un peu paumée, allant de squat en squat. Elle va lui proposer une chambre et agrandir temporairement la famille.
Après le très remarqué Amanda, avec Vincent Lacoste, Mikhaël Hers récidive dans la chronique sociale. Mais en plaçant son récit dans ces années 80 (de 1981 à 1988 exactement, un septennat…), il offre également à nombre de spectateurs une appréciable bouffée de nostalgie. Que la vie était simple et pleine d’opportunités à cette époque. Élisabeth, avec son don pour l’écoute des autres, va s’épanouir à la radio.
Mathias peut se rêver en poète ou écrivain. Il a un emploi alimentaire mais propose toujours ses écrits aux maisons d’éditions, attendant avec impatience les réponses par courrier. Judith poursuit ses études et a envie de faire de la politique. A gauche évidemment. Quant à Talulah, petit oiseau fragile, elle va se reposer dans ce havre de paix, mais ses démons intérieurs la font culpabiliser de ce bonheur qu’elle estime ne pas mériter. Quatre parcours de vie typiques de ces années 80, libres et enthousiastes, une période que le réalisateur regrette tant de ne pas avoir vécu à l’âge de Mathias ou Judith.
Film de Mikhaël Hers avec Charlotte Gainsbourg, Quito Rayon Richter, Noée Abita, Emmanuelle Béart
La nomination d’Élisabeth Borne à Matignon a suscité une déferlante de réactions. Rarement favorables, il faut bien le reconnaître. Car dans la masse de commentateurs encartés de la politique française, il y a beaucoup plus d’hommes que de femmes. Or, pour ces derniers, la nomination de l’ancienne ministre du Travail au poste de chef du gouvernement est, avant tout, un coup de griffe à leurs privilèges.
D’entrée, le communiqué de l’Élysée a parlé de « Première ministre ». Une féminisation de la fonction qui en dit long et que beaucoup ont eue toutes les difficultés à appliquer. Mais en ces temps de parité et d’égalité, difficile de s’attaquer frontalement au genre de la Première ministre. Alors, ils se sont lâchés en trouvant quantité de jeux de mots ou références se voulant comiques autour du nom.
En français, cela a permis à certains de faire remarquer que Macron, pour recharger les batteries de son gouvernement, doit passer par la borne. En anglais, c’est le « Borne out » qui a eu le plus de succès. D’abord lancé en pâture par Fabien Roussel, ancien candidat du parti communiste : « Cette nouvelle première ministre, c’est le borne out immédiat pour tous les Français. »
Quasiment la même formulation de la part de Jean-Luc Mélenchon (comme quoi, parfois, communistes et Insoumis peuvent se trouver des points communs) « A la SNCF, ils l’appelaient madame burn-out. »
La misogynie a donc fait un retour en force, en France, ce lundi. Mais il y a deux ans, c’était la glottophobie (la haine des accents) qui s’imposait dans l’intelligentsia parisienne pour se moquer de l’arrivée de Jean Castex à Matignon.
Chronique parue en dernière page de l’Indépendant le mercredi 18 mai 2022
"Varsovie 83,une affaire d'État", film de Jan P. Matuszynski avec Tomasz Zietek, Sandra Korzeniak, Jacek Braciak
À ceux qui prétendent que nous vivons actuellement en France dans une dictature, on ne peut que conseiller d’aller voir en salle Varsovie 83, une affaire d’État. Ils prendront véritablement la mesure de ce qu’est qu’un État omnipotent, prêt à tout pour museler l’opposition et protéger ses sbires les plus violents et déviants.
En 1983, alors que le syndicat libre Solidarnosc bataille contre le régime du général Jaruzelski, la poétesse Barbara Sadowska (Sandra Korzeniak) est molestée par la police. Et les agents menacent de s’en prendre à son fils. Quelques jours après, il est arrêté en ville alors qu’il fête son bac avec un ami, Jurek (Tomasz Zietek). Violemment tabassé, il meurt deux jours plus tard. La mère va se lancer dans un long combat judiciaire pour faire condamner les policiers violents. Mais elle n’a qu’un atout dans son jeu : Jurek qui a tout vu.
Ce film magistral retrace avec minutie cette horrible machination. Car la machine à propagande se met en marche pour protéger les tueurs. Pressions économiques, intimidations indirectes, arrestations arbitraires, pots-de-vin : tout est mis en place pour permettre de prouver que la parole de Jurek n’a pas de valeur.
Un engrenage fatal pour le jeune homme dénigré et la mère qui n’a que ses mots à opposer à la morgue des autorités. Un grand film politique et historique.
Tourné dans l’Aude et les Pyrénées-Orientales, ce film de Philippe Guillard, à l'affiche à partir de ce mercredi 18 mai, fonctionne sur l’opposition entre Artus et Gérard Lanvin
Pour la première fois, Philippe Guillard, ancien rugbyman de haut niveau, signe un film qui ne tourne pas autour du sport. Une infidélité à son genre de prédilection pour ce qui a façonné sa seconde partie de vie : le cinéma. « J’adore ce que vous faites » fait partie des répliques entendues plusieurs fois par semaine par les stars du 7e art. Une sorte de porte d’entrée pour, dans la foulée, prendre un selfie avec l’artiste.
Gérard Lanvin, célèbre comédien qui a marqué le cinéma français de ces 40 dernières années, en croise des tonnes de ces admirateurs parfois un peu collants. Dans ce film, il joue son propre rôle et une fois arrivé dans le sud de la France pour tourner dans une grosse production américaine historique sur le débarquement, il va croiser un fan qui décroche le pompon de la lourdeur. Momo (Artus), est réparateur de piscine. Tôt le matin, il vient s’occuper de celle de la villa occupée par Gérard Lanvin durant le tournage. Momo, après quelques gaffes croustillantes, va reconnaître Gérard et tout faire pour s’immiscer dans sa vie.
Plus qu’un film sur les fans, c’est une histoire sur le quotidien des acteurs qui est présentée dans cette comédie très rythmée. S’il interprète son propre rôle, c’est cependant un Gérard Lanvin assez différent de la vraie vie qui est montré. On se doute que dans la vraie vie, sa bonhomie face à ce boulet qui s’accroche ne durerait pas tout le film. Pour les besoins du scénario, il va être très gentil avec ce grand gamin aux yeux écarquillés. Quand Momo demande l’autorisation de venir sur le tournage, Gérard accepte.
En lui recommandant de venir seul et d’être discret. Mais c’est avec toute la famille qu’il investit le plateau de tournage, en l’occurrence la place centrale du château de Salses dans les Pyrénées-Orientales. Momo qui reviendra tous les jours, devenant une sorte de porte-bonheur à l’équipe dirigée par un metteur en scène québécois (Antoine Bertrand), reprenant le film en catastrophe.
C’est l’autre intérêt du film de Philippe Guillard, montrant les rapports parfois tendus entre les comédiens et ces graines de dictateurs. Le choix de Gérard Lanvin dans le rôle est très judicieux. Il parvient à rendre crédible son « faux » personnage tiré du vrai. Mais la véritable révélation du film reste Artus. Il est de toutes les scènes, ses répliques font mouche et il parvient à imposer sa présence face à l’immense Gérard Lanvin.
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Gérard Lanvin : « Je n’ai pas de fans lourds »
Lors d’une conférence de presse au Méga Castillet pour l’avant-première, Philippe Guillard et Gérard Lanvin reviennent sur le tournage.
Le choix d’Artus a-t-il été évident ?
Philippe Guillard : Je connaissais l’humoriste. Je le trouvais drôle. J’ai vu le Bureau des légendes et là, je me suis dit « y’a un comédien, y’a du lourd ». Quand je l’ai rencontré j’ai tout de suite compris que c’était lui. D’abord il a joué au rugby, pour moi c’est essentiel. On a un truc en commun, forcément puisqu’on a bu huit bières en deux heures en parlant du scénario. Surtout je l’ai trouvé très attachant. Un mec talentueux et drôle comme lui, je n’ai cherché personne d’autre.
Gérard Lanvin : Je l’ai rencontré chez Philippe. Il y avait de l’humilité, ce n’est pas quelqu’un qui est arrivé avec de la suffisance. J’ai trouvé que l’idée était très exacte avec ce que l’on voulait faire c’est à dire un film générationnel.
Avez-vous vécu des situations gênantes comme dans le film lors de votre carrière ?
G. L. : Non, je n’ai pas de fans lourds. Du tout. J’ai beaucoup d’amitié qui vient de partout dans la rue, mais les gens ne me prennent pas du temps. En plus avec les selfies c’est plus facile qu’avant quand les mecs te demandaient un autographe. Ça, c’est tout ce qu’on attend quand on fait ces métiers-là, c’est-à-dire que les gens vous reconnaissent que les gens vous aiment bien. Ce n’est pas le cinéma qui m’a permis de faire ce parcours, c’est le public.
Pourquoi le choix de l’Aude et des Pyrénées-Orientales pour décor de tournage ?
P. G. : J’y ai beaucoup d’amis et je cherche toujours des coins où on va être super bien reçus pour le tournage et en dehors du tournage car j’ai une team assez festive. Et en même temps car je cherchais des décors car le film américain qui se tourne est un film d’époque des années 39-45. Et comme je n’ai pas l’argent des Américains ni le budget du soldat Ryan, je ne peux pas construire un village. Or, en Occitanie, il y a des villages, par exemple Lagrasse dans l’Aude ou le château de Salses dans les Pyrénées-Orientales, qui font des décors intemporels. Sans rien rajouter on peut faire croire qu’on est en 39-45. Voilà pourquoi le mélange de tout ça a fait que je suis venu tourner ici et d’avoir de très beaux décors pour pas cher.
Il a trouvé le temps long. Non, je ne parle pas de Jean Castex, enfin déchargé de la conduite des affaires de l’État, depuis lundi 18 heures, au profit d’Elisabeth Borne, mais d’un de ses ministres, Jean-Baptiste Djebbari. Lui aussi piaffait dans son ministère des Transports, désireux de passer à autre chose.
Et il ne s’en cachait pas dans les petites vidéos humoristiques qu’il publiait sur son compte TikTok. Ainsi, dès le début du mois de mai, il fait remarquer que « ça fait dix jours qu’on attend un nouveau gouvernement. Si ça continue, même Rihanna va sortir son album avant. »
Cet ancien pilote de jet privé aime aller vite. Un peu trop même, puisque lundi matin, alors qu’il est toujours officiellement membre du gouvernement français, la société Hopium, start-up spécialisée dans la construction de voitures de luxe roulant à l’hydrogène, annonçait sa nomination au conseil d’administration. Voilà un homme politique déterminé à tourner la page.
C’est certainement le premier qui aura quasiment cumulé deux postes totalement antinomiques : ministre des Transports et membre du conseil d’administration d’une entreprise privée de vente d’automobiles. Entre Jean-Baptiste Djebbari et Hopium c’est une vieille histoire d’amour. En septembre de l’an dernier, il a pu découvrir et tester - sur un circuit Alpha 0 - le premier prototype roulant de la marque Hopium.
Un petit reportage aux faux airs de publicité déguisée le montrait sortir tout tourneboulé de la voiture. Un peu plus de six mois plus tard, il va pouvoir consacrer toute son énergie à la finalisation commerciale de ce bolide du futur. Sauf si des esprits grincheux découvrent dans cette reconversion ultrarapide un quelconque risque de délit d’initié.
Chronique parue en dernière page de l’Indépendant le mardi 17 mai 2022
Cela fait donc trois semaines qu’Emmanuel Macron a été réélu président de la République et Jean Castex est toujours Premier ministre. Lui qui avait annoncé, sûr de son fait, qu’il démissionnerait quelques jours après le second tour, est toujours en train de gérer les affaires courantes entre deux cartons.
Une démission qui devrait intervenir aujourd’hui. Ou demain…
Ce Premier ministre est bien sympa puisqu’il devait pour sa dernière sortie officielle assister hier à la canonisation de Charles de Foucault. Une occasion de rencontrer une nouvelle fois le pape qu’il admire particulièrement. C’était sans compter avec les obsèques, ce même dimanche, du président des Émirats arabes unis décédé vendredi. Le président Macron se rendant au Moyen Orient, le Premier ministre se retrouve « d’astreinte » et ne peut plus quitter le territoire national.
On lui aura tout fait à notre Pradéen. Je le soupçonne d’être à l’origine du bug qui a annoncé, durant quelques minutes vendredi, sa démission sur le site de Matignon. Une plaisanterie. Ou un appel du pied, histoire de faire comprendre qu’il commence à être agacé par la situation.
La faute à son remplaçant. Sa remplaçante exactement puisqu’une femme devrait lui succéder. Selon toute probabilité, Catherine Vautrin qui comme Jean Castex vient des Républicains. Un proche, pour la présenter, parle d’une femme qui « aime les gens et a un fond profondément humaniste. » Même si ce n’est pas toujours évident (je peux citer des exceptions à tous les niveaux de l’échiquier politique français), c’est quand même le minimum quand on a la prétention de diriger un pays. Sinon on tombe dans la case dictateur sans même s’en rendre compte.
Chronique parue en dernière page de l’Indépendant le lundi 16 mai 2022
On passe trop de temps sur les réseaux sociaux. Du temps perdu. Sauf pour Fabrice Erre qui en tire d’excellents gags compilés dans cet album intitulé Réseau-boulot-dodo.
L’enseignant montpelliérain, né à Perpignan, distille ces gags depuis quelques mois dans le mensuel Fluide Glacial. Sur plus de 50 pages il va vous faire rire de vos addictions à tout ce qui passe par votre smartphone. Il imagine par exemple comment un troll s’invite à la table de deux grands bourgeois incapables de terminer leur menu dégustation gastronomique à cause des sentences définitives rendues par le malotru.
Ce même troll qui, dans un musée, hurle au fake en découvrant des tableaux d’époque, très certainement des mises en scène dignes de la pire propagande selon lui. On rit aussi de notre dépendance aux applications.
Comme cet homme, perdu depuis des années dans cette ville depuis que son GPS s’est déréglé.
C’est fin, marrant et souvent plus profond qu’il n’y paraît dans la dénonciation des dérives de notre société. A faire découvrir d’urgence (sur du vrai papier), à tous les millénials de notre entourage.
Chronique parue en dernière page de l’Indépendant le samedi 14 mai 2022