mercredi 2 février 2022

BD - Union féminine de plusieurs "Filles uniques"


Elles sont cinq à s’entraider dans la jungle du lycée. Ces Filles uniques racontées par Béka et dessinées par Méhu abordent avec intelligence les problèmes des adolescentes. 


Céleste, au centre su second épisode, est victime de harcèlement. Physique par des petits caïds, vite remis en place par Apolline, géante qui joue au rugby. Plus compliqué de découvrir qui envoie des sms en rafales à Céleste pour la rabaisser et lui faire perdre la rare confiance qu’elle a en elle. Une série qui plaira aux filles mais qu’il faut absolument aussi mettre entre les mains des garçons. 

« Filles uniques » (tome 2), Dargaud, 12 €

Polar - Dans un futur proche, les « Sens interdits » de la table

Entre polar et récit d’anticipation, le nouveau roman de Chantal Pelletier pose les jalons de ce que sera notre alimentation dans une vingtaine d’années. La romancière, experte en plaisirs de la table, imagine le pire pour nos assiettes. L’action se déroule en 2046 en Provence. La population française se compose de deux blocs antagonistes : ceux qui meurent de faim, se contentant de quelques épluchures, et les gourmets et autres privilégiés bénéficiant d’un permis de table. Pour faire respecter ces nouvelles règles draconiennes, une police alimentaire surveille les citoyens. 

Anna Janvier, bec gourmand qui ne manque jamais une occasion de profiter d’un repas savoureux fait équipe avec Ferdinand Pierraud, plus porté sur les compléments alimentaires sans saveur. Ils sont chargés de découvrir qui a tué une femme retrouvée dans sa cuisine ligotée et gavée d’un repas gargantuesque. Un roman alléchant, sur la bouffe, le réchauffement climatique et la meilleure façon de vieillir. Car on suit également un trio de vieillards assez iconoclaste. L’un d’eux a cette sentence éclairée : « Je ne sais pas quand la bascule s’est produite. En tout cas, j’étais déjà vieux et content de l’être. Je me disais je suis fâché avec ce monde, mais j’ai du bol, je suis vieux, ça ne durera pas longtemps. »

En refermant ce livre aux milles saveurs, on est tenté de faire un festin d’anthologie avant que tout ne soit interdit par les nouveaux gourous du goût. Voire, pour les plus audacieux, tenter l’expérience, au moins une fois, de la sitophilie.

« Sens interdits » de Chantal Pelletier, Série Noire, 19 €

De choses et d’autres - Défis pour les traducteurs

La semaine dernière, Joe Biden, en pleine conférence de presse, croyant que son micro était coupé, a lâché une appréciation peu reluisante à l’encontre d’un journaliste de Fox News. Une belle grosse insulte, de celles qui sont bipées dans les programmes de téléréalité. Certains s’offusquent, d’autres rigolent… Et puis, il y a les journalistes de l’Agence France Presse basés à Washington qui se posent des questions.

Dans un tweet, Sébastien Blanc, responsable du bureau américain de l’agence de presse française, résume le problème : « Gros débat au bureau de l’AFP, à Washington, sur comment traduire au mieux le dérapage de Joe Biden, qui a lancé à un journaliste de Fox News : « Stupid son of a bitch ». « Espèce d’enfoiré » ?, «Fils de pute » ?, «Gros connard » ?

Décision finale : « Espèce de connard » ! Voilà donc comment le mot « connard » s’est invité dans la diplomatie mondiale.

Mais ce n’était pas une première, car le dilemme inverse s’était présenté quelques jours auparavant. Cette fois c’était les journalistes anglo-saxons qui se sont arrachés les cheveux quand Emmanuel Macron a expliqué à des lecteurs du Parisien qu’il avait envie « d’emmerder les antivax ». Certains ont choisi la version light avec les verbes « to bug », plus proche d’embêter. D’autres ont bien compris l’intérêt du trash et le président français se retrouvait à scander du « piss off » à tire-larigot.

Bref, en « emmerdant les sons of a bitch », les plus hautes sphères parlent parfois aussi mal que dans les cours de récréation.

Chronique parue en dernière page de l’Indépendant le samedi 29 janvier 2022

mardi 1 février 2022

Cinéma - « Arthur Rambo », double maléfique de l’écrivain

La gloire pour Karim D. avant que les tweets d’Arthur Rambo ne le rattrapent. Memento Films Distribution

Karim D. (Rabah Naït Oufella), jeune écrivain originaire de banlieue rencontre le succès avec son livre racontant la vie de sa mère. Mais derrière ce bon fils, talentueux et exemplaire se cache un certain Arthur Rambo. Sur Twitter, Karim/Arthur est homophobe, antisémite et racistes. Le jeune prodige est descendu en flèche par la même presse qui l’adulait auparavant. Karim tente de se justifier : c’est la création d’un personnage de fiction symbolisant son « double maléfique ».

Laurent Cantet s’est inspiré d’une histoire vraie pour signer un film grave et édifiant sur les apparences et la folie engendrée par les réseaux sociaux. Le début du film, très lumineux, montre un Karim souriant, honoré de cette reconnaissance. Il devient une célébrité, passe à la télévision. Il reçoit même une proposition d’adapter son roman au cinéma et de le réaliser. Une belle histoire comme aime les raconter la presse. Il suffit de quelques messages expliquant que Karim D. est également présent sur les réseaux sociaux sous le pseudonyme d’Arthur Rambo pour que tout s’écroule. Car ce Rambo a la même violence que l’ancien soldat américain. 

Violence écrite avec des tweets d’un racisme ou d’un antisémitisme que rien ne peut excuser. Le film montre comment on peut se transformer de chouchou de la France d’en bas en véritable pestiféré. Presque filmé comme un documentaire, Arthur Rambo suit la dérive de Karim, prenant conscience, petit à petit, de la gravité de ces messages ignobles. Pourtant, il s’arc-boute sur son explication : Arthur Rambo est un personnage de fiction, jamais il ne pense ce qu’il écrit. Du moins tente-t-il de s’en persuader. C’est sa petite amie qui résume le mieux ce dilemme quand elle demande comment toute cette merde peut cohabiter dans une tête si intelligente. Le film ne l’explique pas. Ni Karim et encore moins Arthur.

Film français de Laurent Cantet avec Rabah Naït Oufella



De choses et d’autres - Test technique

Pour fabriquer ce quotidien, nous utilisons, journalistes et techniciens, un logiciel particulier. Mardi, nous sommes passés à la nouvelle version, la 7. Un transfert totalement transparent pour vous, lecteurs de l’Indépendant. Pourtant, il y a toujours des risques quand on mélange technique, test et mise en production.

Pour apprendre à maîtriser les nouvelles fonctionnalités offertes par la nouvelle version, on travaille dans des pages test. Et ces formations, parfois, ressemblent à des occasions inespérées de se décharger de toute la pression quotidienne. C’est la foire au mot d’esprit ou transgression qui, a priori, ne franchira jamais ces quatre murs.

Sauf quand on fait une fausse manœuvre. Je me souviens de cette grosse gaffe à Tahiti, un laborantin aigri, croyant que les clichés avaient déjà été utilisés, a gravé au cutter des insultes sur le visage du PDG apparaissant dans une soirée organisée par le journal. Photos qui ont été publiées avec les mots orduriers...

On ne compte plus les fois où un texte en latin a été imprimé. C’est en fait du texte de « remplissage » servant à en mesurer la longueur.

Des dérapages qui n’arrivent pas que dans les journaux. En début de semaine, tous les utilisateurs d’Air France (soit quelques millions de personnes) ont reçu un SMS assez abscons : « Test de Julien à nouveau. » Rien à voir avec les PCR qui nous bouffent la vie. Simplement un technicien travaillant sur l’appli de la compagnie aérienne a fait un test d’envoi de message. Mais au lieu de rester dans sa configuration de travail, il est passé en production et l’a envoyé à tous les clients.

C’est bon Julien, ça fonctionne !

Chronique parue en dernière page de l’Indépendant le vendredi 28 janvier 2022

samedi 29 janvier 2022

De choses et d’autres - Téléphone muet

Grand spécialiste de la statistique en tout genre, l’Insee vient de publier une étude sur les Français et leur téléphone. Une montagne de chiffres et quelques pratiques étonnantes.

Car, au détour des différents tableaux, on apprend que 20 % de la population qui a un téléphone (fixe ou mobile) est, en réalité, quasiment injoignable. Mais alors, ça sert à quoi d’avoir un téléphone ? A téléphoner, me répondez-vous, comme si j’étais un demeuré de première. Certes, mais si tout le monde fait pareil et ne répond pas… En réalité, sur ces 20 %, il n’y en a que 1 % qui ne décroche jamais. Les autres filtrent.


En clair, si la personne qui appelle est présente dans le répertoire et clairement identifiée (et n’est pas une casse-bonbons de première), on accepte de décrocher. Pour les numéros inconnus, ou pire, les masqués, la prudence ou le dédain s’imposent. Une attitude qui va en s’amplifiant, plus on est âgé.

Au-delà de 75 ans, ils sont un tiers à faire les sourds. Je ne peux pas les blâmer, car trop souvent, quand on croit que c’est un appel important, on se retrouve à batailler avec un télévendeur de mutuelle qui tente de placer, le plus vite possible, ses arguments de vente. Et là, on regrette d’avoir répondu à cet appel. Quel que soit notre âge.

Enfin, cette étude nous apprend que 94 % des 15-29 ans ont un smartphone en 2021. Mais, ils s’en servent de moins en moins pour téléphoner. La preuve, chaque fois que les parents appellent, ils ne répondent pas. A croire qu’ils ont déjà plus de 75 ans…

Chronique parue en dernière page de l’Indépendant le jeudi 27 janvier 2022

jeudi 27 janvier 2022

De choses et d’autres - Marketing illégal

Je ne suis pas un fan des bonbons. Contrairement à certaines (que je ne nommerai pas, ici, par crainte de me retrouver menacé d’un divorce pour des Crocos Pik) je ne trouve pas ce côté nostalgique à mâchouiller des sucreries bourrées de gélatine. Parmi toutes les marques, une semble avoir le monopole du cœur : Haribo.

Pour beaucoup d’adultes, prononcer le mot de Haribo, c’est provoquer une montée de salive, à l’idée de laisser fondre en bouche Fraise Tagada ou Dragibus, un de ces produits estampillé de la marque allemande. Au point que cela a inspiré des revendeurs de drogue. Les gendarmes du Vaucluse ont arrêté des dealers qui avaient conditionné leur cannabis dans des sachets joliment renommés « Haribeuh ».


Une réalisation marketing très professionnelle, au point que certains ont sans doute acheté du Haribeuh plus pour l’emballage que le produit lui-même. Alors que des voix s’élèvent pour réclamer la légalisation de la vente des dérivés du cannabis, avant même cette décision politique déjà prise au Canada et très prochainement en Allemagne, beaucoup anticipent en cherchant à appliquer les recettes marketing à un produit qui, pour eux, est tout à fait identique à des bonbons ou des pâtes.

On a ainsi déjà vu circuler des boulettes de shit dans des emballages Kinder Surprise et d’autres cachées dans des sachets d’images Dragon Ball Z.

Le meilleur reste ces pochons floqués du nom et de la photo d’Éric Dupond-Moretti. Mais, on ne sait pas si c’était en qualité de garde des Sceaux qui allait condamner les trafiquants ou en tant que futur défenseur de ces mêmes dealers.

Chronique parue en dernière page de l’Indépendant le mercredi 26 janvier 2022

mercredi 26 janvier 2022

De choses et d’autres - C’est quand le jour J ?

 

Les bruits de couloir se multiplient depuis une semaine : « Le jour J est imminent. » « Il va y aller. » Car cette campagne électorale de la présidentielle 2022 a beau être lancée depuis plusieurs mois, reste la principale inconnue du problème : Emmanuel Macron va-t-il se représenter ? Enfin la question exacte c’est : quand va-t-il annoncer sa candidature ?

 

Car il ne fait de doute pour personne que le président sortant va se lancer dans la conquête d’un second mandat. Alors en attendant, les « petits » candidats tentent d’occuper l’espace. Et force est de constater que plus le temps passe et plus ils sont petits. Notamment à gauche. Si dans les premiers sondages, quand on additionnait tous les scores des prétendants se réclamant du camp progressiste, on arrivait à un total qui laissait espérer la qualification au second tour d’une candidature unitaire, aujourd’hui même cet espoir s’est envolé.

Le problème de la gauche résolu (encore plus si François Hollande décide lui aussi d’y aller comme certains commentateurs bien informés le laissent entendre), le président Macron semble attendre que la droite se déchire un peu plus pour avancer ses pions. Reste à savoir quand et surtout comment il va se déclarer.

S’il continue sur sa lancée, il va passer par la très officielle allocution à 20 heures sur toutes les chaînes de télévision, pratique qu’il a multiplié durant la crise sanitaire. Un peu risqué dans le symbole. Mais ce qui est certain c’est que ce ne sera pas en direct et ni en face de journalistes. Ce sont des pratiques d’un autre âge. Du monde d’avant…

Chronique parue en dernière page de l’Indépendant le mardi 25 janvier 2022

mardi 25 janvier 2022

BD – Lucile, l'info rigolote à la mode Bamboo



Se moquer des chaînes d’info en continu, il fallait oser. Erroc, scénariste de la série vedette Les Profs, a passé pas mal de temps devant les canaux français pour imaginer KFMtv, caricature finale des déjà peu reluisantes CNews ou BFM. 

Pour adoucir son propos, il fait vire ces expériences ultimes à une jeune journaliste, Lucile, récemment embauchée. 



Elle va devoir aller faire des directs dans des conditions compliquées, notamment face à de nombreux manifestants protestants contre le manque de rigueur de KFMtv, mais si contents de passer à la télé… Lucile qui devra oublier sa déontologie et résister aux assauts de présentateurs vedettes qui se croient tout permis. Finalement, en comparaison à la réalité, la série est presque bienveillante.  

« Lucile & l’info » (tome 1), Bamboo, 10,50 €

lundi 24 janvier 2022

BD - Trésor liquide avec le premier tome de "Talion" de Sylvain Ferret chez Glénat


Très ambitieuse fresque futuro-écologique, Talion de Sylvain Ferret devrait donner matière à réflexion en ces temps de réchauffement climatique. Dans le futur décrit par l’auteur complet, dessinateur réaliste minutieux et virtuose, c’est la pollution qui réduit considérablement les ressources en eau. 

Les villes sont coupées en deux : les Racines, les pauvres, qui boivent une eau noirâtre qui les rend malades et les hautes sphères, bénéficiant de l’eau claire. 


Une jeune fille, Billie, va détourner des litres de ce nouvel or pour aider les enfants malades des Racines. Prévue en trois volets, Talion raconte aussi comment une famille, arrivée il y a longtemps au sommet de la société, voit les intrigues et complots devenir la seule préoccupation de ces obsédés du pouvoir. 

« Talion » (tome 1), Glénat, 15,50 €