samedi 25 décembre 2021

De choses et d’autres - De qui peut-on rêver de nos jours ?

Dans la série « Tous les sondages ne sont pas politiques », découvrons qu’un site de comparateur de matelas (oui, ça existe !), a commandé une étude sur le contenu des rêves des Français.

J’imagine la joie des sondeurs qui, pour une fois, n’ont pas été obligés de prononcer 18 fois les 20 noms des candidats à la présidentielle, mais de demander si votre dernier rêve était sexuel. Et si oui, avec qui faisiez-vous des galipettes ?

Résultat, ils sont très nombreux à avoir déjà folâtré durant leurs nuits de sommeil. Les hommes sont les plus enclins à passer à l’acte au repos, 78 % contre 61 % pour vous mesdames. Et, paradoxalement, ce n’est pas avec le conjoint régulier, mais plutôt avec un ami ou amie, voire un ou une collègue de travail.

Le vieux fantasme de la star qui vous attend alanguie dans le lit en prend un sacré coup. Visiblement, Marcel de la compta, celui qui paye un café à Maryse du service client à la pause de 10 heures, est plus présent dans les rêves de cette dernière que Pierre Niney ou Vincent Lacoste. Si Marcel le savait, il passerait à la vitesse supérieure. Même si, lui, en réalité, rêve plus souvent de Monica Bellucci que de Maryse… Mais, un sondage donne des tendances, pas la vérité incarnée.

Et, finalement, les sondeurs ont dû, là aussi, dérouler la liste des candidats à la présidentielle puisqu’une question portait sur qui serait le pire cauchemar des Français à l’Elysée, en 2022 ? Et encore une fois, c’est celui dont le nom débute par une lettre qui pourrait être associée au sommeil qui l’emporte largement. Faites de beaux rêves, avec qui vous voulez, et ZZZ bonne ZZZ nuit ZZZ !

Chronique parue en dernière page de l’Indépendant le jeudi 16 décembre 2021

vendredi 24 décembre 2021

BD - Le pouvoir des enfants


Les lecteurs fidèles de la série Seuls de Vehlmann et Gazzotti vont enfin connaître le dénouement du troisième cycle de cette BD entre aventure et fantastique. Un album où tous les protagonistes vont se retrouver, Dodji, Leïla, Terry et Yvan. Par contre Camille est toujours sous l’emprise du Mal. 


Le nouveau dans ce tome, c’est que comme on s’en doutait, chaque enfant a un pouvoir particulier. C’est le moment de découvrir lequel. Et de l’utiliser à bon escient. Il est aussi beaucoup question de bien et de mal dans ce 13e chapitre. Normalement, chacun doit choisir entre le noir et le banc. Mais les héros de Seuls seraient encore dans l’incertitude, ce qui explique ce surnom d’Ames tigrées qui donne son nom à l’album. Mais ce n’est pas la fin de la série, un 4e cycle est déjà annoncé. 

« Seuls » (tome 13), Dupuis, 12,50 €

De choses et d’autres - Amour, église et amitié

Démissionné par le pape François, Monseigneur Aupetit, ancien archevêque de Paris vient de porter plainte contre Paris Match. L’hebdomadaire, photos à l’appui, l’avait soupçonné d’entretenir une relation amoureuse avec une théologienne belge. Mais ce n’était que de l’amitié selon le responsable de l’Église catholique. Rien de plus. Et surtout pas sexuel.

D’ailleurs la femme en question, qui a 24 ans de moins que lui, est une vierge consacrée. En clair, elle s’est mariée avec Dieu. Monseigneur Aupetit serait dès lors l’amant qui aurait cocufié Dieu ? Je ne pense pas que cela soit dans les attributions des archevêques.

Cette séquence me rappelle le feuilleton des années 80, Les oiseaux se cachent pour mourir, où un bel évêque craquait pour une Australienne. Du romantisme torride qui finissait très mal.

Moins glamour cet autre scandale qui ébranle l’église espagnole. Le plus jeune évêque de la péninsule vient lui aussi de démissionner. Dans ce cas précis il reconnaît les faits car il s’est carrément marié en cachette. Monseigneur Xavier Novell i Goma, évêque émérite de Solsona, s’est marié civilement avec Silvia Caballol y Clemente le 22 novembre dans la ville de Suria, dans la province de Barcelone.

Là où l’histoire devient plus croquignolesque c’est quand on apprend que la mariée était romancière. Pas de la grande littérature, au contraire, elle est connue pour signer des romans « érotico-satanistes » dont « L’enfer dans la luxure de Gabriel » publié en 2017. On attend avec impatience l’autobiographie de son couple : « Les évêques se cachent pour jouir. »

Chronique parue en dernière page de l’Indépendant le mardi 15 décembre 2021

jeudi 23 décembre 2021

BD - Ode aux livres


Et si l’ultime danger pour la démocratie était tout simplement l’interdiction des livres ? Ce cauchemar, François Durpaire, écrivain et historien, l’a théorisé dans cette bande dessinée illustrée par Brice Bingono. Tout partirait de la prise de pouvoir par un certain Z. Pas le candidat, mais le patron d’un immense réseau social spécialisé dans la revente et l’utilisation sans limite des données personnelles. 


Devenu président des USA, il supprime l’éducation (tout est déjà présent sur le net) et sous prétexte de pacification de la société, interdit les textes subversifs. Puis, de fil en aiguille, tous les livres qui font de la concurrence à son modèle économique. C’est parfois un peu tiré par les cheveux, mais d’ici trois ou quatre siècles, il se pourrait fort que la réalité dépasse cette fiction.   

« Le dernier livre », Glénat, 16,50 €


De choses et d’autres - Pédalage mortel

Je vous ai déjà parlé des placements produits dans les films ou séries. Le dernier James Bond en est le parfait exemple : voitures, montres, offices du tourisme : la moindre scène est déjà rentable avant même d’être tournée. Et puis, il y a parfois de très mauvaises publicités involontaires pour des marques qui s’en seraient bien passé.

Exemple, la semaine dernière, pour la société Peloton, aux USA, qui fabrique et commercialise des vélos d’appartement de luxe. La marque, cotée en Bourse, a dévissé d’un coup d’un seul, de plus de 10 %, à l’ouverture. À la fin de la séance de vendredi, l’action Peloton avait perdu 5,37 %.

Tout ça à cause d’une série télé. Le premier épisode de And Just Like That avait été diffusé quelques heures auparavant sur HBO (série disponible, en France, sur la plateforme Salto). Cette série est la suite indirecte du très célèbre Sex in the City. Les fans retrouvaient une grande partie des personnages, dont un certain Mr Big, très populaire auprès des femmes. Or, dès l’entame de l’intrigue, Mr Big mourrait d’un infarctus en faisant du vélo d’appartement. Sur les images, on distinguait clairement que c’était un Peloton. Very bad buzz pour le coup.

Producteurs et fabricant ont essayé de rétropédaler de concert, ce week-end, expliquant que la mort de Mr Big était surtout due à sa mauvaise hygiène de vie : cigares, nourriture trop grasse, alcool à gogo… Et de souligner, qu’en fait, cette fin brutale a sans doute été retardée par sa pratique d’un exercice physique… sur un vélo Peloton.

Reste que le mal est fait. Le Peloton n’avance plus, comme s’il avait crevé. Et avant de réparer la roue crevée d’un vélo d’appartement, encore faut-il la trouver.

Chronique parue en dernière page de l’Indépendant le mardi 14 décembre 2021

mercredi 22 décembre 2021

BD - De monde en monde avec Pécau et Kordey


Ambitieuse série de science-fiction que ce Mobius écrit par Pécau et dessiné par Kordey. Loin de resservir les mêmes intrigues, elle innove dans le voyage entre divers mondes parallèles. Pour passer de l’un à l’autre, il suffit de mourir. Ce que feront à plusieurs reprises les deux personnages principaux : Berg, vaillant guerrier amnésique et Lee, combattante chargée de le guider. 


Quand ils arrivent à Kadath, la ville qui rêve, ils sont immédiatement aux prises avec les masques, des morts vivants possédés. Ils vont affronter les sept démons aux allures véritablement effrayantes grâce au talent de Kordey. Avec le risque de se retrouver dans les Limbes, cette zone où certains morts se retrouvent bloqués. Un sacré choc graphique visuellement et beaucoup de questions métaphysiques pour le lecteur un peu curieux.  

« Môbius » (tome 2), Delcourt, 14,95 €


De choses et d’autres - La primaire tombe allô

Si pendant longtemps la France était le pays de « la droite la plus bête du monde », on a basculé sans coup férir dans la catégorie encore moins enviable « de la gauche la plus pathétique de l’univers ». Si en son temps la gauche plurielle a donné la victoire à cette union de progrès, on a désormais des gauches fractionnées. L’impression qu’il y a autant de partis que de responsables politiques.

Le parti socialiste a fait des petits. Des petits scores surtout. Anne Hidalgo désignée, elle a vu sa candidature dézinguée par tout ce qui est à gauche et à droite de sa position. Et même certains, totalement dans sa ligne, ont préféré monter une muraille pour s’isoler de la maire de Paris.

Quand elle a décidé de proposer une primaire pour que cesse cet éparpillement de la gauche, ceux qui font plus qu’elle dans les sondages ont rejeté l’offre. Cela aurait pu s’arrêter là mais à gauche, il y a toujours quelqu’un pour oser le pire. Cette fois c’est Arnaud Montebourg, un autre candidat autodésigné, qui a décidé d’intervenir directement pour sortir son camp de l’ornière. Il a pris son plus beau téléphone portable et s’est filmé en train d’appeler tous les candidats se revendiquant de gauche. Aucun n’a répondu. Il a laissé des messages sur les répondeurs. Mais pas un seul n’a décroché. Pathétique. Ridicule…

La primaire mort-née devenait de fait la plus grosse plaisanterie de cette campagne déjà très atypique.

Et ce n’est pas mieux à droite, Valérie Pécresse vient de choisir pour slogan « Le courage de dire, la volonté de faire », formule déjà utilisée en 1986 par… le Front national. Comme c’est parti, le président sortant n’aura même pas besoin d’entrer en campagne pour l’emporter dès le premier tour.

Chronique parue en dernière page de l’Indépendant le lundi 13 décembre 2021

mardi 21 décembre 2021

Thriller - L’avenir de l’Humanité passe peut-être par les ours

Vaste roman d’aventures particulièrement dépaysant, Inestimable du Polonais Zygmunt Miloszewski permet de retrouver l’héroïne de son précédent thriller, Inavouable. Zofia est la renommée directrice d’un musée national en Pologne. Mais cette femme qui doit son poste à son aptitude à traquer les voleurs d’œuvres d’art est à l’étroit dans cette structure étatique. Quand elle décide de faire un peu bouger les lignes, elle est licenciée sur-le-champ par le gouvernement qui ne voit qu’une apologie de la pornographie. Il est vrai qu’une banane est très phallique. Surtout pour des religieux intégristes. 

Zofia qui a ainsi l’occasion d’accepter l’offre de Bogdan Smuga, un biologiste et aventurier qui lui propose de retrouver des artefacts d’une tribu aïnous vivant sur l’île de Sakhaline entre Sibérie et Japon. Le froid, la boue, les ours, les chamans : cette partie du roman est très agitée. Par contre pour le mari de Zofia, malade (il perd la mémoire), c’est très calme dans sa clinique retirée dans les Pyrénées. Et le lecteur découvre alors avec étonnement que l’auteur polonais place cet établissement près de Céret dans le Vallespir

L’occasion de parler aussi d’ours, c’est un peu la clé du roman, en racontant une des fêtes : « des autochtones en baskets, déguisés en ursidés, poursuivaient d’autres autochtones et les enduisaient d’une substance noirâtre. » Le roman se déroule aussi en partie à Paris, en Pologne évidemment et en plein océan dans un bateau servant de laboratoire secret ambulant. 

Une écriture brillante, un sens du rythme rarement atteint, des personnages tous complexes, une multitude de lieux dépaysants : ce roman est particulièrement addictif. Et totalement dans l’actualité car en filigrane, on découvre le risque pour l’Humanité de disparaître à cause de l’artefact ramené de Sakhaline, un siècle auparavant, par un Polonais qui l’avait légué à sa compatriote, double prix Nobel, Marie Curie.

« Inestimable » de Zygmunt Miloszewski, Fleuve Noir, 21,90 €


Beau livre - Luxe vigneron


Les amateurs de bon vin et d’architecture du Sud vont se délecter à feuilleter ce livre écrit par Laure Gasparotto sur des photos d’Aurelio Rodriguez. En 2000, Jean-Claude Mas a décidé de créer les Domaines Paul Mas. Des propriétés réparties dans ce Languedoc allant des Costières de Nîmes à Perpignan en passant Limoux, les Terrasses du Larzac et les Corbières. À travers ce livre, Jean-Claude Mas partage les passions qui l’animent au quotidien : les paysages à fort caractère ; des vins évidents, subtils ou complexes, issus de quarante-cinq cépages différents ; les plaisirs du goût au restaurant Côté Mas, établi avec une maison d’hôte à la cave de Montagnac, son fief ; le besoin des produits simples du potager, du verger, des ruches, de la mer, des causses et des prés, qu’il cuisine lui-même ; la science des belles mécaniques à réparer et à faire vrombir ; le sens des matières nobles, de l’art et de l’artisanat…

« Luxe rural en Languedoc », Glénat, 39 €

lundi 20 décembre 2021

Cinéma - “Chère Léa”, petit précis de fin d’histoire d’amour


Jonas (Grégory Montel) est amoureux fou de Léa (Anaïs  Demoustier). Une jeune artiste qu’il a quittée depuis un mois. Entrepreneur plongé dans les difficultés financières, il a presque quitté sa femme Harriet (Léa Drucker) pour Léa. Après une quasi nuit blanche, il décide de retourner chez Léa. Pour tenter de la récupérer. En vain. Alors, au lieu de retourner bosser, il s’installe dans le café au pied de l’immeuble de son ancienne maîtresse et décide de lui écrire une longue lettre d’explications. Il mettra une journée à la finaliser et à se rendre compte que finalement, cette belle histoire d’amour est effectivement terminée.  

Chère Léa, comédie de Jérôme Bonnell, est beaucoup plus sombre et réaliste que son dernier film A trois on y va, a parfois des airs de pièce de théâtre. Depuis le bar, Jonas surveille Léa et la faune locale qui fréquente le zinc. Le patron (Grégory Gadebois), intrigué par cet homme à l’air si fatigué et désespéré, va réussir à lire la lettre. Il va alors conseiller à Jonas de ne pas la donner à Léa. Parfaite ment maîtrisé, ce film semble couler de source. Tout s’en chaîne avec un brio porté par des comédiens investis, vrais,  authentiques. Une mention spéciale à Grégory Montel, passant par toutes les émotions dans une journée charnières de son existence.

Film français de  Jérôme Bonnell avec Grégory Montel, Grégory Gadebois, Anaïs Demoustier