vendredi 3 décembre 2021

De choses et d’autres - Patates et célébrités

Les Parisiens résidant dans le XXe arrondissement, s’ils ont une subite envie de frites ou de purée, ne seront jamais à court de patates. Pas grâce aux épiceries de nuit ni aux supermarchés mais tout simplement car ils sont à proximité du cimetière du Père-Lachaise.

Un lieu qui abrite la tombe d’Antoine Parmentier, le promoteur de la pomme de terre. Depuis ses obsèques, des fans de ces tubercules en déposent quotidiennement sur le rebord de la tombe de Parmentier. Avec des petits mots gentils, comme « Merci pour les frites ! », gravés dans la patate.

Cette habitude pourrait être étendue à d’autres tombes de personnalités inhumées au Père-Lachaise. Je me vois bien déposer mon vieux transistor sur la tombe de Pierre Bellemare que j’ai tant écouté, enfant, à la radio. Envie d’une petite douceur ? Il suffirait que les amateurs de littérature déposent sur la tombe de Marcel Proust des madeleines. Si possible emballées individuellement…

Une célébrité originaire des Pyrénées-Orientales, François Arago, pourrait voir sa tombe servir de réceptacle pour des lunettes, lui qui a tant fait pour les progrès de l’optique.

Moins utile, mais plus symbolique en ces temps peu riants, on pourrait recouvrir la tombe d’Achille Zavatta de milliers de nez rouge pour conserver une âme d’enfant. D’autres petits rigolos auront sans doute l’idée de fleurir la tombe de Maurice Thorez, célèbre responsable communiste, de bouquets confectionnés avec des faucilles et des marteaux.

Mais la plus utile des tombes restera celle de Jean-Pierre Bacri. En hommage au plus bougon des comédiens français, il suffira d’y déposer sa mauvaise humeur et repartir l’esprit léger.

Chronique parue en dernière page de l’Indépendant le vendredi 3 décembre 2021

jeudi 2 décembre 2021

BD - Ces gens vous feront rire


Best-seller surprise, ces gags de Reuzé reviennent pour une 3e fournée toujours aussi absurde et délirante. Les scènes semblent normales, mais les dialogues dérapent systématiquement. Exemple avec ce couple mécontent car l’arbre où ils abandonnent leur chien chaque année est déjà occupé.


Ou ce SDF qui refuse l’obole car il est en grève. Le plus incroyable : les Chinois ont acheté le second étage de la Tour Eiffel. Le plus marrant : le gigot intelligent qui vous donne des conseils pour sa cuisson…

« Faut pas prendre les cons pour des gens » (tome 3), Fluide Glacial, 12,90 €


De choses et d’autres - Le (presque) Tsar

Pour cette dernière semaine de chroniques de l’année 2021, pourquoi ne pas s’essayer à l’uchronie. Avec un postulat de départ : il y a cinq ans, un autre candidat a remporté la présidentielle. 

« Comme tous les sondages l’avaient annoncé, François Fillon a largement remporté le second tour avec 53 % des voix. Première mesure du candidat des Républicains, la nomination de son épouse, Pénélope, au poste de secrétaire générale de l’Élysée. Côté diplomatie, coup de théâtre. La première visite du président élu n’est pas pour la chancelière allemande mais pour Vladimir Poutine. Et dans la foulée, la France annonce qu’elle s’approvisionnera désormais en majorité avec du gaz russe. Quand les premiers cas de Covid sont apparus en 2020, toujours dans le cadre de cette collaboration de plus en plus active, France et Russie ont mis leurs moyens de recherche en commun pour trouver un vaccin. Depuis, 100 % de la population est vaccinée et protégée. Même si les derniers médias encore indépendants doutent de la réalité de cette propagande gouvernementale et diffusent des images d’hôpitaux débordés après la grande réforme du service public qui s’est soldée par la suppression de 180 000 postes de fonctionnaires. »

Dans notre réalité indéniable, François Fillon n’est plus homme politique, risque la prison ferme mais vient aussi d’intégrer le conseil d’administration du géant russe de la pétrochimie, Sibur.

Chronique parue en dernière page de l’Indépendant le lundi 27 décembre 2021

De choses et d’autres - Joue-t-on encore aux cowboys et aux Indiens ?

Quand l’information a fuité en début de semaine, tout le monde a cru à un vieux poisson d’avril : les restaurants Buffalo Grill vont changer de nom pour être renommés Napaqaro. Submergé de discours contre le wokisme, j’ai dans un premier temps pensé que ces restos qui ont fait du western et de la cuisine américaine une spécialité, montraient là une volonté de rendre hommage aux peuples indigènes massacrés par les colons.

Peut-être que Napaqaro est le nom original d’un chef indien puisqu’il y a des totems à l’entrée de tous les restaurants. N’oublions pas que le véritable nom de Sitting Bull est Tataka Iyotake et que Blueberry chez les Apaches répond au nom de Tsi-na-Pah, traduction de Nez-Cassé.

En fait j’avais tout faux, les propriétaires de la chaîne de restauration, qui détient également Courtepaille, ont simplement décidé de renommer non pas les restaurants mais le groupe de ce mot qui n’est que la traduction phonétique de « nappe à carreaux », tissu bien français présent sur toutes les tables. Il reste que Buffalo Grill va un peu s’éloigner de la culture américaine. Car, selon un des responsables du groupe, « Les cowboys et les Indiens, ça ne parle plus à mes enfants qui sont jeunes, il n’y a plus de westerns qui passent à la télé… »

Alors là je m’inscris en faux. Hier soir sur C8 les amateurs ont pu voir La rivière rouge avec John Wayne. Hier encore, Jane Campion a dévoilé son nouveau film sur Netflix, The power of the dog, un western, le premier de cette grande réalisatrice primée à Cannes.

Et toujours sur Netflix, le créateur de la série Son of Anarchy (sur les bisbilles dans des bandes de Hells Angels) a révélé travailler sur un projet se déroulant dans l’ouest américain vers 1850. Non, le western n’est pas mort. Au contraire, en ces temps où tout le monde se réfère avec beaucoup de nostalgie au passé, même si on ne l’a pas directement vécu, l’épopée de la conquête américaine n’est pas prête à cesser de faire rêver partout dans le monde, même dans nos assiettes.

Chronique parue (en partie) en dernière page de l’Indépendant le jeudi 2 décembre 2021

mercredi 1 décembre 2021

De choses et d’autres - La double peine des réveillons en prison

Claude Guéant « vit très mal » son incarcération à la prison de la Santé. Cette déclaration de son avocat est tout sauf étonnante. Vous pensez qu’ils sont nombreux les détenus qui se réjouissent de passer Noël et le Premier de l’an enfermés entre quatre murs ?

Pour l’ancien ministre de l’Intérieur de Nicolas Sarkozy, il y aura également dans le lot son anniversaire, 77 ans. Pourtant il avait tout fait pour ressortir rapidement. Sa mise en cellule découlait du non-paiement de fortes amendes. Du coup, le sursis a été transformé par les juges en prison ferme. Il pensait avoir fait le plus dur en versant 115 000 euros, soit, selon son avocat, l’intégralité de la somme due.

Mais la Justice, comme beaucoup d’administrations et d’entreprises durant les fêtes, n’assure qu’un service minimum puisque sa demande de remise en liberté ne sera examinée que le… 19 janvier.

En attendant, il devra se contenter du menu de Noël des prisonniers, qui, j’imagine, doit être un peu moins sélect et goûteux qu’au Fouquets. Mais qui sait, en sortant de cette expérience, il va peut-être se transformer en défenseur des libertés. Car lors de la primaire de son parti, les Républicains, ils ont été plusieurs à regretter ce laxisme qui ferait que désormais les séjours en prison sont comparables à des vacances à l’hôtel.

Certes, la télé est accrochée au mur, mais le confort de la salle de bains et des toilettes correspond plutôt à du « moins 4 étoiles ». Le seul spa proposé c’est quand les canalisations fuient. Du moins quand c’est l’eau chaude. Tiède exactement.

Claude Guéant est donc très éloigné d’un séjour dans un Palace. Mais c’est normal, une prison reste une prison.

Chronique parue en dernière page de l’Indépendant le jeudi 23 décembre 2021

BD - Paris en vert


Dans un futur proche, les plantes se sont rebellées. Une poussée forte d’un coup qui a submergé les villes. Quelques années plus tard, dans une ville de Paris recouverte d’une jungle sauvage, la société s’est écroulée. Les gens vivent dans des camps, sous la coupe d’une armée de plus en plus agressive. 


Dans ce monde compliqué, deux jeunes filles que tout oppose, vont devoir s’unir pour conserver un peu d’Humanité. Scénario très réussi de Sébastien Voizat illustré par Kmixe, dessinatrice de Montpellier au trait particulièrement lisible. 

« Jungle urbaine », Jungle, 12,95 €

De choses et d’autres - Suis-je un umarell ?

Depuis quelques semaines, je marche beaucoup. Je me promène, exactement, tôt le matin pour améliorer ma condition physique. Et parfois, je me surprends à progresser, pensif, les deux mains jointes dans le dos.

Exactement comme mon père qui, lui aussi, marchait beaucoup. Cette position, caractéristique des personnes âgées, m’est revenue à l’esprit, quand j’ai découvert le mot « umarell ». Dérivé d’un dialecte typique de Bologne, en Italie, il désigne « les hommes à l’âge de la retraite, qui passent le temps à regarder les chantiers de construction, en particulier les travaux routiers, leurs mains jointes dans le dos. » Même si je ne suis pas un fan de travaux, suis-je un umarell ?

Car il ne fait pas le moindre doute que j’aime avoir les mains jointes dans le dos. Cela me permet de repenser à mon père et je n’ai pas à me demander quoi faire de mes bras (mains dans les poches, simplement ballants…).

En prolongeant un peu les recherches sur les umarells de Bologne, je découvre qu’ils forment, presque, un clan et qu’il existe un titre de seigneur. Certains sont devenus tellement célèbres qu’ils ont fait de la pub et ont même eu droit à des BD racontant leurs exploits. Moins réjouissant, la véritable raison de leur présence quotidienne devant les chantiers : généralement, ils sont chassés de la maison par leurs femmes qui ne désirent pas les avoir, en permanence, dans leurs pieds.

Et, dans la région aussi, on a nos umarells. Ce ne sont pas les chantiers qu’ils squattent, mais les bancs des villages, les mains appuyées sur leur canne. De l’umarell au sénateur, il n’y a qu’un pas. 

Chronique parue en dernière page de l’Indépendant le mercredi 1er décembre 2021

mardi 30 novembre 2021

Jeunesse - Cent petits chats et un fil


Adorable album que ce « Cent petits chats » de la Japonaise Tomoko Ohmura. Ces petits chats vont faire frémir et rêver les plus petits. Tout commence par la découverte de ce fil rouge accroché à une branche. Mais d’où peut-il bien venir ? 

Pour le savoir, le petit chat qui l’a trouvé se met à le suivre. Bientôt, un autre chat lui emboîte le pas, puis un autre, et ainsi de suite. Ils traversent la ville, le lac, la forêt, le pont suspendu… et quand ils arrivent au but, au cœur de la montagne, dans la neige, ils sont cent petits chats épuisés et frigorifiés en train de pousser une énorme pelote de laine. Heureusement, une bonne surprise les attend !

« Cent petits chats », l’École des Loisirs, 12,50 €


lundi 29 novembre 2021

Beau livre - Le sud d’antan des époux Gaurenne


Fenêtres ouvertes sur le Maghreb et l’Égypte d’antan, les minutieuses peintures à l’huile d’Annie Gaurenne - près de 80 - aux scènes de vies pittoresques, accompagnées de commentaires et de réflexions, invitent au voyage dans les ruelles de la casbah d’Alger ou celles d’un village, au bord d’un oued, au Sahara, dans les gorges d’El Kantara ou encore dans la fascinante vallée du Nil… 

Avec Robert Gaurenne et ses dessins, on partage les expériences inoubliables de voyageurs : mirages dans le désert, tempête de sable, chasse au faucon, vie nomade, pain du désert des Touaregs… La galerie de tableaux composant cet ouvrage intitulé « Un été dans le Grand Sud », sert avec bonheur de trame à ce livre d’art richement illustré dans lequel, à chaque page, le soleil darde ses rayons d’or.

« Un été dans le Grand Sud », Annie et Robert Gaurenne, Edilivre, 29 € (edilivre.com)


dimanche 28 novembre 2021

Cinéma - “Si on s’aimait”, comédie sociale en chansons


Marre de la grisaille et des mauvaises nouvelles ? Prenez un grand bol d’air d’optimisme en allant voir Si on chantait, sorte de comédie musicale nordiste doublée d’un fonds social sur la difficile reconversion dans ces bassins d’emplois sinistrés. A Quiévrechain, une usine est sur le point de fermer. Les ouvriers en grève cherchent un moyen de s’y opposer. Franck (Jérémy Lopez), adore chanter et tente d’organiser un concert avec les employés volontaires. En vain. Deux ans plus tard, Franck est livreur. Il va avoir l’idée de proposer aux clients, au lieu d’une pizza, une chanson dédicacée. 

Il va recruter les meilleurs éléments de la chorale : Sophie (Alice Pol), sa meilleure amie depuis l’enfance qu’il aime secrètement, Jean-Claude (Clovis Cornillac), un cadre technique qui ne retrouve plus de travail et José (Artus), qui chante comme une casserole mais se révèle un roi de l’organisation. 

Leur petite entreprise va lentement mais sûrement décoller, donnant à chaque livraison un peu de frissons à un public réduit mais conquis. Le film raconte la création de cette belle équipe, la solidarité, l’envie de faire quelque chose d’utile et de bon pour la société. 

Un message qui aurait pu être trop gentillet s’il n’y avait pas cette bande-son extraordinaire avec les sublimes chansons que tout le monde aura envie de reprendre en chœur dans la salle. Dont le titre qui donne son titre au film, chantée par Julien Clerc et écrite par le regretté parolier catalan, Étienne Roda-Gil. 

Film de Fabrice Maruca avec Jeremy Lopez, Alice Pol, Artus