Dix ans déjà. Dix ans que le premier tweet a été envoyé sur le réseau social devenu le symbole de l'immédiateté de l'information.
Pour ceux qui ne pratiquent pas Twitter et ne se considèrent pas de la "génération Hashtag", petite leçon de rappel.
Contrainte initiale, le message ne doit pas dépasser les 140 signes. Court, mais cela permet d'aller à l'essentiel. Premier atout : le réseau est ouvert. Tout le monde peut suivre tout le monde, sans avoir à en demander l'autorisation contrairement à Facebook. Second atout : on peut twitter de partout si l'on dispose d'un smartphone.
Pour se convaincre de l'utilité de Twitter, il suffit d'établir un bref récapitulatif des grands événements de ces dernières années. A chaque fois, c'est le tweet d'un témoin qui le premier a alerté la presse puis la planète. Parfois même sans le savoir quand un anonyme signale des hélicoptères militaires près de chez lui, sans se douter qu'il s'agit de marines US en train de mettre fin à la traque de Ben Laden.
De même, le 13 novembre, avant l'ouverture d'éditions spéciales sur les chaînes d'infos, des passants parisiens twittent pour signaler des coups de feu ou des mouvements de panique. Sans imaginer l'ampleur de la tragédie en cours. Twitter semble rétrécir les dimensions de la planète. Il y en a toujours un parmi les millions de "twittos" actif, à lancer l'info. Ensuite, l'effet boule de neige se met en branle.
Une modification essentielle de notre société de l'information, avec l'apparition d'un autre type de journalisme. En plus du travail de terrain, la veille tient une place essentielle.
Les attentats d'hier à Bruxelles me touchent directement. Plus que ceux de Paris pour cause de famille. Mon épouse est belge, de ce fait mes liens, déjà étroits avec le pays (passion pour la BD), n'en sont que renforcés. Nous apprenons qu'une explosion s'est produite dans l'aéroport de Zaventem, nos premières pensées vont vers Thierry, beau-frère et pilote de ligne.
Et lorsque sur Twitter le mot métro revient en boucle, nous imaginons tous nos amis et proches susceptibles d'appartenir aux dizaines de blessés. Réseaux sociaux et SMS permettent de nous rassurer au compte-goutes.
Comme nous l'écrit Vincent qui travaille à la Commission européenne, "tout le monde est safe". Il en est quitte pour rentrer chez lui à pied. Cynthia, en formation à Bruxelles, a pris le métro avant l'explosion. Elle a pu rassurer sa mère qui durant de longues minutes n'a pu s'empêcher de penser au pire.
Margaux, au travail depuis 6 heures du matin dans un supermarché, se prépare à de longues heures d'embouteillages. En réunion toute la matinée, Marie-Hélène n'a pas du tout suivi les événements. Elle nous répond vers midi après avoir contacté mari et enfants : "Tout va bien. C'est très stressant mais personne à Bruxelles".
Isabelle (la sœur de ma femme) est la dernière à donner des nouvelles : Thierry n'était pas à Zaventem ce matin, ses enfants pas dans le métro.
Paradoxalement, l'épicentre des explosions est plus éloigné de notre région, mais nous nous sentons encore plus proches, plus concernés, plus menacés. Nous sommes si loin et si impuissants.
L'histoire débute dans un de ces bars à filles de La Jonquère. Virginie y est Bégonia Mars. Une vie de passes et de coups. Alors elle décide de faire le grand saut. Une cavale en compagnie d'un inconnu sur les routes du sud de la France. Anne Bourrel, originaire de Carcassonne, fait partie des nouvelles voix du polar. Elle vient de publier 'L'invention de la neige' à La Manufacture du Livre.
"Gran Madam's", Pocket, 5, 30 euros.
Condamné à mort pour un crime pédophile dont il est innocent, Donovan demande de l'aide à Douglas Brodie. Cet ancien flic, issu de l'imagination de Gordon Ferris, reconverti dans le journalisme, va enquêter dans les paysages sauvages d'Ecosse. Ce sera très violent... La seconde enquête de Brodie, "Les justiciers de Glasgow", vient de paraître au Seuil.
"La cabane des pendus", Points, 7,70 euros
La décapitation comme art suprême. Wolf et Silver, deux flics hors-normes, découvrent une jeune femme samouraï à côté de son "œuvre". Ce premier roman de Sébastien Raizer paru dans la Série Noire est à la frontière du polar et de la saga fantastique. Héros atypiques face à un montre de la pire espèce, "La Vipère", inquiétant et mystérieux. La suite, "Sagitarius", vient de sortir chez Gallimard.
"L'alignement des équinoxes", Folio, 8,70 euros
Dans le genre de bêtise particulièrement gratinée et consternante, le nouveau record du monde battu cette semaine par cinq jeunes Autrichiens. Le défi consistait à regarder la télévision durant 96 heures d'affilée dans un centre commercial. Les fesses au fond d'un canapé, au vu de tous dans cette galerie commerçante, ils ont réalisé l'"exploit" de rester 96 heures devant un écran qui retransmettait les programmes d'une chaîne de télévision, partenaire bien évidemment. Quatre garçons et une fille de 19 à 24 ans (comme quoi les garçons obtiennent la palme de l'idiotie) ont explosé les 91 heures franchies par des Canadiens en décembre 2014. Un marathon sur canapé sponsorisé par un magasin spécialisé en meubles et... télévisions. Pour éviter de sombrer dans le sommeil, les jeunes disposaient d'un vélo d'appartement, de café et de boissons énergisantes. Sans oublier les cinq minutes par heure pour se rendre aux toilettes.
Le Guiness Book des records inscrira le nom de Johannes, Markus, Zivan, Nadine et Dominik dans sa prochaine édition. A leur place, j'aurais honte en racontant à mes petits-enfants l'exploit international qui m'a valu cette reconnaissance. D'autant que le record ne tiendra pas longtemps. Sans aucun doute, cinq nouveaux "champions" atteindront un jour les 100 heures.
Difficile cependant de l'imaginer en France. Les émissions de Michel Drucker assurent un sommeil de plomb au bout de 10 minutes. Et la lobotomie menace les concurrents face à Cyril Hanouna.
Un publicitaire américain n'en peut plus de sa vie vaine. Une prise de conscience qui passe par la lecture de "1984" de George Orwell. Quand il décide de tout balancer et de prendre six mois de congés sans solde, il part sur l'île écossaise de Jura, dans la maison où l'écrivain anglais a écrit cette histoire de Big Brother. Loin de la civilisation, sans internet, ni chauffage, il vit en reclus, ne tenant qu'en buvant des litres de whisky, la spécialité locale.
Entre paranoïa, dépression et retour à la nature, il constate combien Orwell était éloigné du monde qu'il décrivait. Il doit d'abord lutter contre la météo. "Il ne se demandait plus s'il pleuvait ou non n la pluie était une constante, une donnée de départ. Ce n'était plus de la pluie, mais quelque chose d'immuable et permanent." Ensuite il tente d'amadouer les autochtones. Mais cette rédemption passera par bien des épreuves.
Andrew Ervin passionne le lecteur avec quelques moutons et un chef-d'œuvre de la littérature.
"L'incendie de la maison de George Orwell" d'Andrew Ervin, Editions Joelle Losfeld, 22 euros
Nadine Monfils agrandit sa galerie de monstres. Après Mémé Cornemuse, place à Elvis Cadillac Presque une parade de monstres. La distribution du nouveau roman de Nadine Monfils ne fait pas dans la dentelle en ce qui concerne les phénomènes de foire. Finalement, Elvis Cadillac, le personnage principal semble le plus « normal » dans cette histoire de sosie et d'héritage dans une grande famille belge.
Elvis ne ressemble pas spécialement au King, mais il l'admire tellement qu'il se confond avec lui. Voiture, habits, attitude : logiquement il devient sosie officiel belge du rocker décédé. Une fois le bonhomme présenté, place au délire made in Belgium. Abandonné par sa Môman, Elvis la voir débarquer chez lui et taper l'incruste. Une vieille folle, digne de Mémé Cornemuse, précédente création de cette romancière qui marche dans les pas de Frédéric Dard. Elvis va donner un récital privé dans une riche famille belge pour l'anniversaire de la doyenne. Elle s'accroche malgré l'envie de ses enfants et petits-enfants de la voir disparaître pour récupérer l'héritage.
Impossible de faire plus délirant que cette réunion de famille, avec meurtre à la clé, enlèvement de chat (prénommé Houellebecq...) et vol de bijoux. Elvis traverse ces événements avec indifférence. Pas très fini le héros : « S'il s'était donné corps et âmes à ce personnage de sosie, c'était d'abord par amour pour Elvis, bien sûr, mais aussi parce que se déguiser faisait partie de l'enfance, de l'insouciance; que quand on est môme, on croit au père Noël et lorsque quelqu'un meurt, on te raconte qu'il est parti en voyage. La mort, c'est rien que des grandes vacances d'où tu ne reviens jamais. » Un roman de Nadine Monfils c'est parfois cru, mais toujours un peu poétique.
"Elvis Cadillac, King from Charleroi", Fleuve éditions, 17,90 euros
Seconde partie de la série politico-fantastique 'Les Brillants' de l'Américain Marcus Sakey. À partir des années 80, 1 % des nouveau-nés sont différents. Ils bénéficient de nouveaux pouvoirs comme la télépathie, la télékinésie ou autre capacité à calculer plus vite que le commun des mortels. Ils passent inaperçus au début, mais dans les années 2000, ces hommes et femmes différents commencent à se faire remarquer. Les médias les baptisent du nom, un peu trompeur, de 'Brillants'. Ils pourraient être un atout, ils deviennent une menace. Identifiés, parqués, lobotomisés pour certains, ils deviennent presque des sous-hommes. La présentation de cet univers occupe le premier tome de la trilogie (parution en poche chez Folio Policier). 'Un monde meilleur' est la suite des péripéties de Cooper, un policier 'brillant', coopérant avec le gouvernement pour tenter d'offrir un avenir meilleur à sa fille, Brillante de niveau 1, soit dotée de capacités hors du commun.
Minorité vs majorité
Marcus Sakey décrit cette société repliée sur soi-même avec une noirceur extrême. Entre le peuple qui rejette ces 'anormaux' et le pouvoir qui y voit la crainte de l'émergence d'une nouvelle élite, tout se ligue contre les Brillants. Mais ces derniers ne sont pas non plus exempts de reproches. Certains ont pris les armes et mènent une rébellion violente. Quitte à terroriser la population des 'normaux'. Alors que Cooper se retrouve bombardé 'conseiller spécial' du Président des USA, le roman se déroule en grande partie dans la ville de Cleveland, lieu d'une attaque terroriste. Plus de courant ni de communication. Comme il y a un risque de contamination à grande échelle, l'armée boucle le périmètre. Des milliers de personnes sont bloquées, dans le froid, affamées et assoiffées. Cela tourne rapidement au carnage. Ethan, un chercheur, se retrouve involontairement au centre d'une chasse à l'homme infernale dans la ville assiégée. Il détient peut-être la solution à cet engrenage mortel. Dans ce roman, la science-fiction n'est qu'un prétexte pour dénoncer les travers de notre société. Comment une minorité, pour survivre, peut basculer dans la violence. Comment, aussi, les gouvernements, pour préserver leurs intérêts, abandonnent leurs concitoyens et les sacrifient sans hésitation. Le président résiste longtemps avant de réquisitionner l'armée. Et quand il semble ne plus avoir le choix, il se passe un événement qui va durablement bouleverser l'Histoire. Il ne restera plus qu'à Cooper et Ethan à se mettre en marche pour 'sauver le monde' Mais ce sera dans la troisième et dernière partie de ce qui a tout pour devenir une série télé ou des films à succès.
"Les Brillants, un monde meilleur", Marcus Sakey, Série Noire Gallimard, 20 euros
De la même façon qu'on ne choisit pas sa famille, on n'a aucun pouvoir sur ses voisins. On se demande souvent pourquoi ce quartier si agréable, cet immeuble cossu, idéaux pour couler des jours heureux, se transforment en véritable enfer par la seule présence d'un importun dont la principale mission sur terre semble être de vous pourrir la vie.
Bruits intempestifs, fuites d'eau, désagréments olfactifs... le voisin est sans limite dans ses trouvailles. Le mauvais voisinage est responsable de quelques dépressions ou déménagements intempestifs.
Au lieu de pleurer sur leur sort, Laurent Storck et Silvia Kahn préfèrent en rire. Ils compilent dans un petit livre toutes les situations dont on peut tirer cette constatation, titre de l'ouvrage : "Mon voisin est un gros naze". Une sorte de guide avec des solutions pour se venger ou choisir ses voisins, comprendre les gardiens et décrypter les réunions de copropriété.
Et si votre voisin est véritablement un gros naze, ne déménagez pas. Suivez le conseil de la page 126 : "Mettez en vente son appartement à un prix défiant toute concurrence. Et surtout, n'oubliez pas d'encaisser votre commission."
"Mon voisin est un gros naze", Jungle, 6 euros.
Ma bibliothèque est en deuil. Pas le contenu, aucune mort récente d'écrivain célèbre, mais le contenant. Exactement ce sont les quelques éléments Billy achetés chez Ikéa voilà bien longtemps qui pleurent leur créateur, Gillis Lundgren, un des pionniers de la société puisqu'il est le quatrième salarié embauché par cette petite menuiserie artisanale. Employé dans l'entreprise suédoise en 1953 en tant que graphiste et maquettiste pour le catalogue, il se lance dans la conception de meubles peu de temps après, avec la géniale idée de les vendre en kit.
Double avantage : gain de place dans les entrepôts et facilité de transport. Par contre le montage devient un cadeau empoisonné pour les clients, même si assembler une bibliothèque Billy semble à la portée de n'importe qui (pour preuve, j'en suis venu à bout !). Son prix très abordable et sa modularité permettent de se confectionner, au fil des années, une véritable bibliothèque évolutive.
Gros dévoreurs de livres, mon épouse et moi avons rapidement été débordés. La première Billy a fait des petits et maintenant la famille compte une bonne quinzaine de membres dispersés dans toutes les pièces de la maison, des chambres au salon en passant par les couloirs. Habitation devenue trop petite malgré un garage immense transformé en véritable bouquinerie.
Mais nous jouons petit bras quand on voit une vidéo d'Umberto Eco. L'écrivain italien, récemment décédé, y parcourt une bonne centaine de mètres de rayonnages installés partout dans son appartement labyrinthique pour retrouver un livre parmi les 50 000 de sa collection.
James Bond face à Spectre
Enorme succès de la fin d'année 2015, "Spectre" de Sam Mendes, nouvel opus de la saga James Bond, est normalement la dernière apparition de Daniel Craig dans le costume de l'espion anglais. Durant plus de deux heures, de Mexico à l'Autriche en passant par l'Italie et le Maghreb, Bond remue ciel et terre pour protéger sa dulcinée (Léa Seydoux) et tenter de mettre un terme aux agissements du chef de Spectre (Christoph Waltz). Du très grand spectacle qui doit obligatoirement se déguster en haute définition. Spectre, Fox, 20 euros Avril, quand Tardi s'anime
Injustement boudé par le public lors de sa sortie en salles, "Avril et le monde truqué" de Franck Ekinci et Christian Desmares est un film d'animation français directement inspiré par l'univers du dessinateur de BD Tardi. Pas de Poilus dans cette histoire de monstres et de mutants tentant de dominer le monde, mais de belles inventions comme ce train montgolfière entre France et Allemagne ou ce chat doté de la parole (voix de Philippe Katerine) apportant une touche espiègle qui séduira les plus jeunes. En bonus, l'explication de la fabrication d'un monde par Jacques Tardi en personne. Avril et le monde truqué, Studiocanal, 17,99 euros Adèle l'anarchiste
Compliqué de rebondir après un gros succès au cinéma. Adèle Exarchopoulos en fait l'expérience. Celle qui a rayonné dans "La vie d'Adèle", peine à retrouver des rôles forts. Dans les Anarchistes d'Elie Wajeman, elle interprète une jeune Française se découvrant une conscience politique au début du XXe siècle. Instructif, un peu romantique, mais bien plat au final. Les anarchistes, France Télévisions, 20 euros