lundi 19 octobre 2015

BD - Espion mignon

Certains héros sont immortels. Ceux qui ont cru enterrer Hubert Bonisseur de la Bath sous les décombres de la guerre froide en sont pour leur argent. Hubert, plus connu sous son nom de code de OSS 117, après le succès des romans de Jean Bruce, est revenu par grand écran interposé et son interprétation ironique de Jean Dujardin. Il revient une seconde fois, presque au premier degré cette fois, dans des aventures écrites par Gihef et dessinées par Rinaldi. Dans « Tequila Molotov pour OSS 117 », Hubert s'infiltre dans l'ambassade russe de Mexico pour découvrir qui se cache derrière les bandelettes portées par un mystérieux transfuge. Plaque tournante vers Cuba, le Mexique grouille d'agents troubles. OSS 117 aura fort à faire face à la belle et totalement nymphomane Anna Kousakova, au perfide Piotr Pogossian et au musculeux Chimichanga, catcheur mexicain au masque terrifiant. L'agent américain aux ascendances françaises pourra cependant bénéficier de la complicité de Pilar Tomez-Rojaz, aspirante espionne, bonne Mexicaine dans tous les sens du terme. On retrouve dans cette BD distrayante tous les ingrédients des romans : action, bagarre, humour et un soupçon d'érotisme. Vintage, mais très réussi.

« OSS 117 » (tome 1), Soleil, 11,95 €

dimanche 18 octobre 2015

BD : L'autre Amérique du "Capitaine Perdu" de Jacques Terpant


Durant de longues années, l'Amérique du Nord a parlé français. Du moins les colons étaient d'origine française. Du Canada, les coureurs des bois ont conquis tout le centre du continent en descendant le Mississippi. Mais les Anglais ont remporté la guerre de sept ans et en 1763 le roi de France cède ses colonies aux tuniques rouges. Jacques Terpant dans « Capitaine perdu », raconte comment les derniers soldats à la fleur de lys ont été abandonnés aux nouveaux maîtres de la contrée. Mais l'auteur met surtout en lumière la différence de traitement des autochtones par les deux pays colonisateurs. Là où les Français prônent l'intégration, multipliant les mariages mixtes et la bonne entente avec les tribus indiennes, les Anglais mènent une politique de terre brûlée, tuant et exterminant. Conséquence, quand les soldats français se retirent, plusieurs tribus indiennes récupèrent le drapeau français et poursuivent la guerre contre les envahisseurs. Si la BD (aux couleurs directes sublimes) raconte avec lyrisme cette résistance et fidélité sans faille, un cahier historique en fin d'album permet de mieux comprendre le contexte de l'époque.
« Capitaine Perdu » (tome 1), Glénat, 14,50 €

DE CHOSES ET D'AUTRES : Démarchage à table

Hier matin, au troisième coup de fil de téléprospecteurs décidés à nous vendre dans l'ordre, une mutuelle, des meubles et des panneaux solaires, mon épouse et moi jetons l'éponge.
Nous partons déjeuner à la terrasse d'une petite brasserie ouverte depuis quelques mois. Bondée, bruyante et les tables aussi rapprochées qu'à Paris. Nous ne pouvons nous empêcher d'entendre des bribes de la conversation de nos voisins. Des histoires de bureau d'étude, de contrats, de voitures et de prêts. Discussions professionnelles.
De professionnalisme, le serveur en manque désespérément. Seul, il semble un peu débordé. Lassée d'attendre la carafe d'eau, ma tendre moitié est obligée de l'interpeller très fort. Elle s'en excuse auprès de notre voisin de table, au téléphone (qui venait d'ailleurs de lui lancer un regard contrit). "Désolée, le serveur est un peu sourd". "Entre autres... » répond-il, un sourire en coin. Finalement le reste du repas se déroule sans heurt, le plat principal (des queues de lotte à la provençale) se révèle même délicieux.
Au moment de régler l'addition, notre voisin nous demande tout de go si nous sommes d'ici. Et si nous sommes propriétaires. L'acquiescement poli de mon épouse scelle notre sort. "Je suis commercial pour une entreprise de pose de panneaux solaires. Vous serez étonnée par les économies réalisées. Voici ma carte, mais laissez-moi vos coordonnées, je vous recontacterai." Et voilà comment, persuadés d'échapper aux importuns téléphoniques, on se retrouve à leur donner directement notre numéro après avoir presque mangé en leur compagnie.
Pauvres de nous.

samedi 17 octobre 2015

BD - Vacances en famille



Il est des histoires qui donnent du baume au cœur. Des récits simples comme le bonheur, celui des jours normaux et de la vie quotidienne. Trop souvent on ne se rend pas compte de cette joie de vivre, cette plénitude, cet équilibre. En refermant l'album de Zidrou et Lafèbre, on n'a plus d'excuses. Obligé de se souvenir des belles choses de son passé, de profiter du présent et d'envisager le futur avec sérénité. La faute à cette petite famille belge qui, en août 1973, est sur départ. Mado, la mère, a tout préparé. La 4L est pleine comme un œuf. Les quatre enfants, de l'ado au bébé, patientent dans l'entrée. Problème Pierre, le conducteur, n'est pas encore prêt. Il doit mettre les dernières touches de couleurs à sa bande dessinée. Cela fait trois jours qu'il travaille d'arrache-pied, courbé sur sa planche à dessin. Quand enfin il livre ses planches, c'est parti pour un mois de vacances au Sud de la France. Pique-nique au bord des routes et camping sauvage. Que du bonheur. Si l'on oublie que Pierre et Mado comptent divorcer à la rentrée... Entre nostalgie et réflexion sur l'amour qui fane comme les plus belles fleurs, cette histoire arrachera quelques larmes aux plus sensibles.

« Les beaux étés » (tome 1), Dargaud, 13,99 €

Livre : Lettres de Marcel Pagnol


Recueil de lettres adressées à des collègues et amis, ce livre coordonné par son petit-fils Nicolas permet de cerner l’extraordinaire professionnalisme de Marcel Pagnol. S’il débute au théâtre, très vite il se tourne vers le cinéma et invente le statut de scénariste-réalisateur-producteur. Une seule casquette pour être absolument maître de ses œuvres. Par contre il ne peut pas se passer de comédiens. Alors il choisit les meilleurs et leur offre des rôles de légende. De Fernandel à Raimu, il a permis à ces Provençaux de conquérir toute la France. Mais pas sans difficultés quand on découvre les rapports parfois houleux du réalisateur avec ces stars de l’époque. La première partie, la plus passionnante aussi, retrace les longues années de collaboration entre Pagnol et Raimu. Les deux hommes s’apprécient, mais leurs caractères entiers brouillent parfois les cartes. Les fâcheries sont récurrentes. Violentes parfois. Même les huissiers sont intervenus... Pourtant on retient surtout l’indéfectible amitié des deux hommes..


J’ai écrit le rôle de ta vie”, Robert Laffont, 21 euros.

DE CHOSES ET D'AUTRES : Hoquets de rire avec la version papier du Bilboquet Magazine


Plus c'est gros, plus on y croit. Certains sites internet, pour augmenter leur audience, mettent en avant des informations insolites et étonnantes. L'internaute de base, toujours à l'affût de nouvelles sensations, se laisse attraper par des titres racoleurs pour ne pas dire mensongers. Un boulevard pour les amateurs de pastiches. C'est ainsi que Bilboquet Magazine a vu le jour en 2012.
Des milliers de clics plus tard, les "ancêtres" vont pouvoir eux aussi se bidonner sans être obligés de taquiner le "mulot". Un livre, en papier, avec couverture en couleurs (illustrée par Vuillemin), doté d'une mise en page aussi criarde que bariolée digne des magazines people de la grande époque. En plus des articles réellement étayés comme "437 crises d'épilepsie lors du dernier défilé Desigual" ou "Le voleur des deuxièmes chaussettes enfin sous les verrous", quelques rubriques spécifiques dont ces tests pratiques sur les couverts en plastique ou le matelas à champagne (version luxe du matelas à eau).
Mais mon histoire préférée reste celle du "hipster qui s'étouffe à mort en boutonnant sa chemise jusqu'en haut". J'en ris encore !
"Bilboquet Magazine", Hugo Desinge, 14,95 euros

vendredi 16 octobre 2015

Cinéma : Famille et pierre, des valeurs sûres

rappeneau, amalric, belles familles, viard, lellouche, ARP
Jean-Paul Rappeneau signe son retour avec 'Belles familles', film sur l'héritage, le mensonge et la famille. Mais surtout la seconde chance après une erreur.

Depuis le succès phénoménal de 'La famille Bélier', le cinéma français semble de plus en plus intéressé par ces histoires de liens complexes entre les géniteurs et leur descendance. Ce n'est pas nouveau, mais ce qui paraissait désuet il y a peu encore, revient à la mode pour ne pas dire tendance. Jean-Paul Rappeneau (Le Sauvage, Tout feu tout flamme), à plus de 80 ans, signe un nouveau film dans cette veine. On y parle d'héritage (une belle maison convoitée par un promoteur et des politiques), d'amour caché, d'incompréhension entre deux frères et de père trop absent.
Jolie distribution
Pour planter ce décor un tantinet compliqué, le cinéaste a élaboré un casting très hétéroclite entre vieilles gloires (André Dussolier, Nicole Garcia), nouveaux talents (Marine Vacth) et comédiens incontournables du moment (Mathieu Amalric, Gilles Lellouche, Guillaume de Tonquedec et Karin Viard). D'excellents solistes qu'il fallait parfaitement coordonner pour que l'ensemble soit enlevé et convaincant. Même si parfois on éprouve une impression de 'trop prévisible', le tout forme une comédie qui se laisse gentiment regarder. Jérôme (Mathieu Amalric), vit à Shanghai. Il a coupé tout lien avec sa famille : sa mère et son frère. A l'occasion d'un voyage d'affaires à Londres, il fait un crochet à Paris. Leur présente sa fiancée chinoise et demande si leur maison d'enfance dans une petite ville de province a été aménagée depuis la vente. Il découvre effaré que la vente est bloquée depuis des années pour une histoire de préemption embrouillée de la mairie. Il file sur place et tente de dénouer les nœuds de l'affaire. Une plongée dans le passé qui lui fera ressortir les sombres souvenirs de son père, froid et austère, mais aussi rencontrer Louise (Marine Vacth), la fille de la seconde épouse de son père. Presque sa demi-sœur.
Une maison, deux familles
Elle aussi a longtemps vécu dans cette maison désormais sous scellés dans l'attente du résultat du procès. Louise, impétueuse, révoltée, persuadée que sa mère a été spoliée au moment de l'héritage. Pas mariée, sans testament, elle a été mise à la porte comme une malpropre par la femme légitime, partie depuis longtemps de son côté. Jérôme, exilé en Asie, n'a pas été informé de toutes ces péripéties. Il a au contraire voulu ne rien avoir à faire dans ces histoires d'héritage en renonçant à sa part. Une maison, deux familles aux intérêts différents : la tension va crescendo jusqu'au dénouement avec son retournement de dernière minute un peu téléphoné. Heureusement, l'amour... Jean-Paul Rappeneau, grand cinéaste français, a pourtant peu tourné. Il a peaufiné 'Belles Familles' des années avant de débuter le tournage. Il expliquait récemment qu'il voulait signer "un film 'mélan-comique'", mélange de comédie et de ton plus grave. Une volonté aussi de parler de la province et des souvenirs d'enfance. La France qu'il décrit semble un peu datée, avec notables sirupeux (André Dussolier en maire, Jean-Marie Winling en notaire) mais aussi en pleine mutation avec Jérôme, investisseur en Chine ou Grégoire (Gilles Lellouche), le fils de prolo devenu promoteur. Et puis le film se termine un peu comme un des grands films de Claude Lelouch. Comme un sentiment de travail bien accompli, de plénitude.

DE CHOSES ET D'AUTRES : Le poids du sport

Ils gagnent des millions à jouer à la baballe mais ne se distinguent pas toujours par leur discernement. Qui ? Les sportifs de haut niveau évidemment. Pour un Michel Platini qui allie parfaitement intelligence du jeu, conduite de la balle et reconversion sonnante et trébuchante, combien de Ribery et autres Griezmann ?
Prenons le cas de ce dernier. Sélectionné en équipe de France la semaine dernière, il joue (excellemment d'ailleurs), contre l'Albanie. Une victoire marquée par le retour de Benzema dans le rôle du serial-buteur. Du serial-blessé aussi, touché aux ischio-jambiers. Une blessure causée, d'après un quotidien espagnol, par la démonstration de joie de Griezmann. Benzema, après son second but, salue le public, cool, relâché, détendu. Griezmann, tout à sa joie, lui saute sur le dos sans prévenir. L'avant-centre du Real de Madrid s'écroule sous le poids, une grimace sur le visage. Blessé par son propre coéquipier, en dehors de toute action de jeu, difficile d'imaginer plus débile !
Par chance, les rugbymen sont moins démonstratifs. Imaginez, un essai inscrit par Morgan Parra. Il se faufile entre les « gros » et va aplatir entre les poteaux. Il se relève et un de ses coéquipiers, comme Griezmann, lui bondit sur le râble pour le féliciter. Pas de chance, c'est Uini Atonio. 145 kg lancés contre 78 à l'arrêt, bonjour les dégâts. A ce rythme, la Namibie arriverait en finale les doigts dans le nez. Pas au score, mais faute de combattants, l'équipe d'en face se décimant méthodiquement à chaque explosion de joie.

jeudi 15 octobre 2015

DE CHOSES ET D'AUTRES : La parité par l'arrêt sur image

parité, photoshop, femmes, hommes

parité, photoshop, femmes, hommes
La parité entre hommes et femmes progresse, mais lentement, très lentement. Mesdames vous avez beau nous surpasser en nombre, il vous est toujours honteusement difficile d'accéder aux postes à responsabilités. Ceux qui prétendent l'inverse déchanteront vite s'ils se penchent sur ce diaporama du Huffington Post. Le site a utilisé un logiciel de retouche photo pour prouver de visu l'évidence aux machos.
Il suffit de prendre n'importe quelle photo officielle d'un sommet international ou d'un hémicycle, puis de gommer tous les hommes pour constater la rareté des femmes. Une grande photo de famille de chefs d'états à Buckingham Palace (avec pas moins de 30 dirigeants en rang d'oignons) une fois expurgée des "mâles", se résume à trois femmes : Angela Merkel, l'Argentine Cristina Kirchner et la Reine elle-même. Réunion au sommet de l'État américain. Autour de Barack Obama, uniquement des hommes, exceptée Hillary Clinton quand elle était secrétaire d'État. L'Assemblée nationale semblerait bien vide si elle devait se contenter des 151 femmes élues pour 577 places disponibles.
parité, photoshop, femmes, hommes
parité, photoshop, femmes, hommes
Sans l'aide des nouvelles technologies on peut se rendre compte par soi-même de l'absence criante de parité dans notre société. Personnellement, dans mon service, je ne travaille souvent qu'avec des femmes. Mais à la réunion des chefs de service pour décider des titres de Une, que des hommes. Prenez n'importe quelle page de l'Indépendant dans la section des villages. Comptez le nombre de femmes sur les photos. Comparez avec le nombre d'hommes... Infaillible.

mercredi 14 octobre 2015

DVD : Manipulation du futur

Comment rendre notre avenir plus serein ? 'A la poursuite de demain', entre SF et utopie, tente de nous ouvrir les yeux.
De quoi demain sera-t-il fait ? Tout le monde se pose la question à un moment ou un autre. Rares sont ceux qui trouvent un embryon de réponse. Pourtant il existe quelques êtres sur cette planète qui ambitionnent de façonner ce futur en fonction de leurs rêves. 'A la poursuite de demain', grosse production Disney réalisée par Brad Bird et produite, entre autres, par Damon Lindelof qui a eu l'idée de base, s'intéresse à ces doux rêveurs, inventeurs ou grands optimistes, qui ont cette capacité à se projeter dans l'avenir.

clooney, lindelof, disney, demain, poursuite, tomorrowlandLe premier est Frank Walker. En 1962, il débarque de sa campagne pour participer à un concours d'inventions au sein d'un parc à thème Disney. Il n'est pas retenu, mais une petite fille, Athena (Raffey Cassidy), lui donne un pin's, porte d''entrée vers Tomorrowland, une ville du futur. Début très spectaculaire du film, avec des décors à couper le souffle. Suite de l'histoire de nos jours. Casey Newton (Britt Robertson) vit près de la base de Cap Canaveral. Elle rêve d'aller dans les étoiles. Mais la plateforme de lancement est en plein démontage. Le cosmos ne fait plus rêver. Elle aussi découvre un pin's dans ses affaires. Mais il est beaucoup plus compliqué de rejoindre la ville du futur. Elle devra emprunter un passage secret élaboré par Franck (George Clooney), devenu adulte.
Ce blockbuster est riche et inventif. Si l'héroïne semble un peu fade, le personnage de Franck est très réussi. Vieux bougon, il a perdu cet optimisme de l'enfance. La révélation reste la petite Athena, en réalité un robot chargé de recruter des rêveurs... Elle apporte humour et action à un film tout public. Mais la véritable bonne idée c'est la description de l'organisation ultrasecrète baptisée 'Nec Plus Ultra'. Ce club de visionnaires, avec Verne, Edison, Tesla et Eiffel en fondateurs, donne un côté vintage au film par ailleurs très futuriste. Dans les bonus du blu-ray, on peut en savoir plus grâce à un court-métrage spécifique. Des bonus très riches avec également des scènes coupées, des reportages sur le tournage et le journal de bord du réalisateur.
'A la poursuite de demain', Disney, 19,99 euros le DVD, 25 euros le blu-ray.