dimanche 6 septembre 2015

DE CHOSES ET D'AUTRES - Passé permanent

 Aux nostalgiques de certaines madeleines, je n'ai qu'un conseil : tombez malade !
Je ne vous souhaite pas un gros pépin de santé, juste une petite gêne occasionnelle histoire de consulter votre médecin. Il vous suffit alors d'arriver largement en avance pour découvrir une mine insoupçonnée de souvenirs oubliés. J'en ai fait l'expérience. Au lieu d'attendre mon tour en imaginant les pires conséquences de mes symptômes inexplicables, je décide de me changer les idées en me plongeant dans les revues étalées sur la table basse. Et là, tel H. G. Wells, j'enclenche un étonnant voyage dans le temps.
Un hebdomadaire bien informé publie le compte rendu du concert d'adieux de Charles Aznavour. Futur ? Non. Passé car le chanteur qui se "voyait en haut de l'affiche" ne parvient pas à la quitter. Pour preuve il sera en concert durant une semaine complète dans quelques jours au Palais des Sports de Paris.
Dans un autre magazine, EDF se glorifie de la prochaine mise en service de l'EPR, centrale nucléaire de la 3e génération. Dans moins d'un an promettent les ingénieurs. Problème c'était il y a trois ans. Et la centrale n'est toujours pas ouverte.
Gagné par le jeu, je creuse un peu plus profondément dans la pile : Kadhafi reçu avec les honneurs à l'Élysée, la construction du tunnel sous la Manche vient de débuter, Giscard reste en tête des sondages, Pompidou est en pleine forme, De Gaulle revient...
J'arrête, pris de vertige. En plus des milliards de microbes déposés par des générations de souffreteux, ces vieux journaux sont en réalité remplis d'informations largement périmées.

samedi 5 septembre 2015

DE CHOSES ET D'AUTRES - Mars, on repart...


Mars, encore. Mars toujours. La planète rouge semble de nouveau très à la mode. Elle inspire les écrivains, les cinéastes (sortie de Seul sur Mars de Ridley Scott le 21 octobre) et reste omniprésente dans les recherches des scientifiques, comme si elle représentait la dernière frontière à franchir avant de se lancer à la découverte de l'espace infini. Mais avant de fouler le sable ocre de la "Vastitas borealis", encore faut-il être certain que le long voyage et l'isolement ne seront pas sans conséquence pour le mental des membres d'équipage.

Alors la Nasa a lancé depuis vendredi une expérience unique en son genre. Sur une île volcanique déserte de l'archipel d'Hawaï, six volontaires resteront enfermés sous un dôme de 140 m2 durant un an. Bien évidemment tout sera filmé par une multitude de caméras, les cobayes porteront même des capteurs à même la peau. Mieux que Secret Story. Les douches en moins. Et les scaphandres en plus lors des rares sorties. Car il s'agit là d'une expérience scientifique, ne l'oublions pas. Pas d'élimination par le public à grand renfort de SMS surtaxés, mais de la nourriture déshydratée, une lourde combinaison de survie à porter presque en permanence et un seul passage à la salle de bain par semaine, restriction d'eau oblige.
Un Français a rejoint l'équipe de la Nasa. Il a 25 ans et sort d'une école d'ingénieur. On est loin du CV de Nabilla ou de Félicien, le Landais de Loft Story 2. Dommage, j'aurais bien aimé savoir à quoi peut ressembler l'électroencéphalogramme des candidats à ces émissions de téléréalité. Encore faut-il trouver un appareil suffisamment sensible...

vendredi 4 septembre 2015

DE CHOSES ET D'AUTRES - Histoires de Go Go

Il se passe toujours quelque chose sur internet. Impossible de rester plus d'une semaine sans qu'une nouveauté ne fasse parler d'elle. Pour cette rentrée, deux informations nous ont donné l'impression que les grands manipulateurs de la toile mondiale nous prennent quand même un peu pour des gogos. D'abord tout le tintouin fait autour du changement de logo de Google. Caractères plus "modernes", toujours aussi colorés, des centaines de commentaires saluent l'événement. On se calme les geeks !
Dans Google je ne vois qu'une grande fabrique de "gogols" incapables de prolonger leurs recherches au-delà de la première page de résultats, celle qui accueille tous les sites sous contrat publicitaire avec le géant américain.
Google omniprésent et au même moment un autre célèbre "Go" proclame abruptement sa disparition. "Le Gorafi, c'est fini. Merci de votre fidélité !" Émoi chez les amateurs de fausses nouvelles. Le site parodique quitte le net (sans avenir selon ces petits rigolos) pour se recentrer sur le papier... Quelques spécialistes en histoire des médias flairent le coup fourré. Le coup de pub exactement. En réalité, le Gorafi, dès le lendemain, opère une marche arrière et explique, le plus sérieusement du monde, que ce quiproquo résulte simplement d'une erreur de typo. Le véritable message aurait dû annoncer "Le Gorafi c'est fini, rendez-vous demain pour un tout nouveau site, merci pour votre fidélité."
Quand je vous dis qu'ils nous prennent tous pour des gogos...

jeudi 3 septembre 2015

Cinéma - Dans la famille divine, la fille...

Dieu habite Bruxelles et il a une fille. À dix ans, elle ne supporte plus la méchanceté de son père. Elle va rédiger 'Le tout nouveau testament' avec six apôtres.


Le surréalisme est belge. Ceux qui en doutent changeront d'avis en regardant le formidable film de Jaco van Dormael Le tout nouveau testament. Ce conte, entre loufoquerie et profonde réflexion sur la religion part d'un constat tout simple : "Dieu existe. Il habite Bruxelles". Pour corser le tout, Dieu (Benoît Poelvoorde) vit dans un trois pièces avec sa femme Déesse (Yolande Moreau) et sa fille Ea (Pili Groyne). Cette dernière a dix ans, des tendances gothiques et un sérieux problème relationnel avec son père. Il est vrai que ce dernier est le dernier des salauds. Il tyrannise sa femme, frappe sa fille et ne prend du plaisir qu'en inventant des lois contrariantes pour les humains. Un peu éméché, il décide par exemple que la tartine de confiture tombe toujours du côté confiture ou que la file d'attente d'à côté va toujours plus vite que celle où on est. La meilleure : "une contrariété en entraîne toujours une autre...»


Le début du film est un feu d'artifices de trouvailles et de gags. Benoît Poelvoorde fait un festival, campant un être imbuvable, foncièrement méchant, imbu de sa personne et tyrannique. Pourtant il n'a pas de pouvoir spécial. Il est simplement l'utilisateur du grand ordinateur qui crée et gère l'Humanité. Ea, la fameuse fille de Dieu dont personne n'a jamais entendu parler, décide de reprendre les choses en main. Elle va pirater l'ordinateur de son père et, histoire de bien l'énerver, rendre publique la date de décès de chaque humain. Ensuite elle bloque le système informatique et rejoint le monde réel (à travers un tunnel entre deux machines à laver...) pour recruter six apôtres chargés de rédiger le tout nouveau testament. Sur Terre, la connaissance du nombre d'années, de mois ou de jours qu'il reste à vivre à chacun va bousculer la société. Certains attendront comme si de rien n'était, d'autres vont vivre à 100 à l'heure. Dieu est fou de rage : il n'a plus son arme ultime pour faire marcher droit ses disciples.
La suite du récit se partage entre les rencontres entre Ea et ses apôtres, un assassin (François Damiens), une bourgeoise (Catherine Deneuve) ou un obsédé (Serge Larivière) et la découverte de la dure réalité du monde par un Dieu toujours aussi colérique mais sans le moindre pouvoir car privé de son précieux ordinateur. On plonge parfois dans des scènes d'une grande beauté, très poétiques, comme la danse de la main coupée ou les arabesques d'une nuée d'étourneaux.
Pour ce qui est de la morale de l'histoire (il y en a forcément une puisque le sujet est la religion), elle pourra en étonner certains. Mais elle peut se résumer par cet extrait du tout nouveau testament : "La vie c'est comme sur une patinoire, il y a beaucoup de gens qui tombent." Après avoir vu le film de Jaco Van Dormael, on se relève plus facilement.
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 Benoît Poelvoorde, bête et divin

Le personnage lui va comme un gant. Benoît Poelvoorde dans la peau de Dieu est une évidence. Du moins, celui du récit de Jaco Van Dormael, un Dieu bête et méchant. Dans son appartement misérable, il mène la vie dure à sa femme et sa fille. Elles n'ont pas le droit de sortir, doivent ne regarder que des compétitions sportives à la télévision et obéir au doigt et à l'œil. Le prototype du beauf intégral. Avec les pouvoirs de Dieu... Avant de martyriser les milliards d'hommes et de femmes, il a tenté quelques expériences comme remplir les rues de Bruxelles de girafes ou les salles de cinéma de poules. Mais rien ne vaut une contrariété pour énerver ses disciples. Clope au bec, bière sous la main, en peignoir et chaussons, Dieu ricane tout seul quand il décide, en tapant simplement sur son clavier, que les emmerdements vont toujours par paire... Benoît Poolvoerde dans sa démesure habituelle permet à tout en chacun de détester ce créateur abject, dénué d'empathie et hostile à tout changement.
Heureusement, sa fille...

mercredi 2 septembre 2015

BD - Grand forgeron


Petit nain deviendra grand. Redwin, encore adolescent, apprend le métier de forgeron auprès de son père. Mais au lieu de forger des haches, armures et autres épées redoutable, il fabrique des outils et des bijoux. Pour Redwin c'est insupportable. Il rêve de devenir un combattant, un fier guerrier qui affronte les autres seigneurs dans l'arène. Le premier tome de la nouvelle série de fantasy imaginée par Jean-Luc Istin et confiée (pour la partie scénario) à Nicolas Jarry est une jolie histoire d'apprentissage. 
Comment un enfant, élevé dans la paix et l'harmonie, rejette tout en bloc pour aller vers la violence et la mort. Redwin devient un seigneur des Runes, combat 1000 adversaires, verse le sang au quotidien mais y perd son âme. Si l'intrigue est classique, l'album, en plus de planter l'univers des Nains, permet à Pierre-Denis Goux de signer des planches d'une rare force. Par sa mise en page dynamique et ses cadrages, on se retrouve au cœur des duels. De plus, un cahier graphique en fin d'album permet de nous allécher avec la présentation des cinq autres héros du peuple des nains dont les aventures seront publiées tous les quatre mois jusqu'en août 2016.

« Nains » (tome 1), Soleil, 14,95 €

mardi 1 septembre 2015

DE CHOSES ET D'AUTRES - Dernier coup de griffe pour Wes Craven

Il a fait cauchemarder plusieurs générations d'adolescents. Wes Craven, mort ce week-end, n'a jamais été considéré comme un grand cinéaste. Son œuvre n'est que rarement étudiée en école de cinéma, pourtant elle restera dans la mémoire collective. Il a inventé deux figures majeures du monde de l'horreur : Freddy et le masque de Scream.


Quand "Freddy, les griffes de la nuit" sort sur grand écran, ce n'est pas un film d'horreur comme les autres. Le tueur sort directement de l'inconscient de l'adolescence américaine. Une matière première qui n'était que peu utilisée dans le genre horrifique. Wes Craven, en imaginant les pires cauchemars de ses jeunes acteurs (dont Johnny Deep dans un de ses premiers rôles), a mis en images toutes les questions existentielles d'une génération. Non seulement les jeunes spectateurs se font peur, mais ils se reconnaissent dans ces jeunes portant le fardeau des erreurs de leurs parents. Si aujourd'hui les effets spéciaux de Freddy font sourire (en 1984 tout était fait à la main par des artisans, pas d'utilisation du numérique), l'ambiance reste totalement terrifiante.
Wes Craven a imposé les règles du genre, portant son art au sommet avec la série de "Scream" où il invente la personnification finale de la peur avec ce masque blanc inspiré de la toile 'Le Cri' de Munch. Un film mis en abîme, qui pour le coup devrait être enseigné dans toutes les écoles de cinéma pour comprendre les multiples ressorts de la narration. Wes Craven n'est plus, mais ses films continueront longtemps à nous faire peur, très peur.

Roman - Insomnies brésiliennes


Un quartier dans une petite ville brésilienne. Une dizaine de maisons, des voisins qui se connaissent, s'apprécient, se soutiennent en cas de coup dur. Vanessa Barbara, dans ce premier roman s'affirme en excellente portraitiste des gens simples. Sans doute des restes de son premier métier, journaliste dans un quotidien de Sao Paulo où elle signe des chroniques du quotidien. L'essentiel de l'action tourne autour d'Otto. Un vieux monsieur à la retraite, très solitaire depuis la mort de son épouse, Ada. Une mort brutale, inattendue. Elle se lève un matin, comme tous les autres matins, s'assied sur le bord du lit et puis plus rien. Ada, son rire, sa curiosité, sa gentillesse ont définitivement disparu de l'univers d'Otto.
Otto et Ada ont mené une longue vie de couple en s'aimant tendrement. Plein d'imagination aussi. Par exemple pour fêter leur anniversaire de mariage, ils ont changé les appellations : « Si l'idée était, pour chaque année de mariage supplémentaire de trouver quelque chose de plus noble pour symboliser leur union, alors les tulipes et le chou-fleur étaient tout indiqués. Il y avait eu les noces de gâteau à la carotte et aussi une année où ils avaient décider de fêter leurs noces d'os, juste pour le plaisir de l'assonance, tout en reconnaissant volontiers que l'os n'était en rien supérieur à la turquoise, à l'argent ou au corail. L'année de la disparition d'Ada, ils auraient célébré leurs noces de couverture à carreaux» Otto croise aussi le chemin d'un pharmacien spécialiste des effets secondaires des médicaments, un ancien soldat japonais de la guerre du Pacifique et un facteur farceur.
Le roman n'aurait pu refléter que tristesse et nostalgie, mais l'esprit brésilien, résolument optimiste et farfelu le rend totalement imprévisible et attachant. Tout un petit monde réjouissant qui permet de relativiser les malheurs du quotidien.
« Les nuits de laitue », Vanessa Barbara, Zulma, 17,50 €

lundi 31 août 2015

Livres - Mère et fille, destin croisé et "Du même sang"

Lucy n'a quasiment pas connu sa mère, disparue quand elle était enfant. Dix ans plus tard, la jeune femme se retrouve confrontée à une autre disparition.

Premier roman de Lara McHugh, « Du même sang » est un thriller remarquablement construit, à l'ambiance trouble et aux nombreuses interrogations. Dans cette campagne reculée de l'Amérique profonde, il ne fait pas bon d'être une trop belle femme. Si en plus, on est une « étrangère » en l'occurrence originaire d'un autre état que le Missouri, on se retrouve rapidement avec toute la population à dos, accusée d'être une sorcière. Lila, quand elle arrive dans la petite ville d'Henbane au cœur des montagnes sauvages d'Ozark, est une jeune fille orpheline, un peu rebelle et à problèmes. Elle vient d'être placée comme employée dans la ferme de Crete Dane. Il a également une épicerie bar restaurant et plusieurs biens immobiliers. Il est riche et ambitieux. Lila va travailler pour lui, dans les champs puis au restaurant. Là elle rencontre Carl, le petit frère de Crete. Ouvrier dans le bâtiment, taciturne, il tombe amoureux de Lila. Elle aussi se jette dans ses bras. Rapidement une petite fille, Lucy, vient égayer le foyer.
Ce passé de Lucy, le lecteur ne le découvre que vers la moitié du roman. Un passé proche qui pèse encore sur les épaules de celle qui est devenue une adolescente. Lucy, indépendant, habituée à vivre seule depuis la disparition de sa mère et que son père, travaille loin et ne revient à la maison que pour noyer son chagrin dans l'alcool. Le roman de Lara McHugh alterne les points de vue. Lucy et Lila en priorité, puis quelques personnages secondaires. Les deux jeunes femmes semblent vivre les mêmes affres à dix années d'intervalle. La vie rêvée de Lila semble beaucoup moins heureuse qu'il n'en a l'air. Un terrible secret familial pèse sur ses épaules. Carl ne parle jamais de sa mère à Lucy. Mais quand Cheri, la meilleure amie de cette dernière disparaît, elle ne peut s'empêcher de mettre en relation ce fait divers avec sa propre histoire.

Récits parallèles
Quand le corps de Cheri est retrouvé démembré sommairement caché dans le tronc d'un immense arbre en bord de rivière, Lucy décide de faire toute la lumière sur ce meurtre. Et en remontant la piste, elle va croiser des hommes et des femmes qui dix ans plus tôt étaient également au centre de la vie de sa mère. Lila a-t-elle été victime du même tueur ? Mais pourquoi le corps n'a jamais été retrouvé ? En posant ces questions, Lucy comprend vite qu'elle met les pieds dans les plats. Jusqu'où peut elle aller sans subir le même sort que sa mère et son amie ? On suit avec anxiété sa progression, qui correspond au récit de Lila dix ans plus tôt. Jusqu'à ce dramatique dernier jour. Réflexion sur les liens familiaux, les secrets et l'entraide dans les petites communautés, ce roman pourrait facilement être adapté au cinéma ou en série, à la façon True Detective (saison 1), avec fausses pistes et véritables horreurs. D'ailleurs un projet existe avec Jennifer Garner en vedette.
« Du même sang » de Laura McHugh, Calmann-Lévy, 20,50 €

dimanche 30 août 2015

DE CHOSES ET D'AUTRES - L'attraction de la dépression


Les Anglais m'énervent. Trop brillants, trop originaux. Nous en France, quand on crée des parcs d'attraction, ils glorifient soit Disney, soit des pointures de la BD comme Astérix et prochainement Spirou près d'Avignon. Outre-Manche, vous pouvez visiter jusqu'à fin septembre Dismaland, parc d'attraction « lugubre et sinistre » tout droit sorti de l'imagination de Banksy, l'artiste de rue sans visage. Présenté comme ça, Dismaland ne semble pas particulièrement attractif (un comble pour un espace qui en porte le nom), pourtant je rêve de débourser les quatre euros demandés pour visiter la vingtaine d'animations. Loin du politiquement correct, Banksy dénonce avec violence les pires dérives de notre société. 
Aidé d'autres artistes aussi subversifs que lui, il propose par exemple une pêche aux canards dans une piscine remplie de pétrole avec en son centre un cormoran englué dans l'or noir. Sur le manège à cheval, un mannequin, en blouse de boucher, est assis sur une caisse de lasagnes. Les enfants peuvent faire du toboggan depuis le toit d'un fourgon de police et dans une petite rivière, des barques surchargées de mannequins-migrants tournent en rond sans jamais pouvoir rejoindre la terre ferme. 
C'est sale, glauque, monstrueux... et fascinant. Comme un amplificateur de notre monde en perdition. Le public répond présent, le parc ne désemplit pas. Le plus dingue en reste la localisation : une petite station balnéaire près de Bristol. Alors maintenant, quel homme politique de la région aura le courage de proposer la création d'un Port Banksy à demeure pour dynamiser le tourisme local ?

samedi 29 août 2015

DVD - Se relever, toujours se relever quand on est "En équilibre"

Deux êtres à vif se rencontrent, s'affrontent, se comprennent, s'aident et s'aiment dans "En équilibre" de Denis Dercourt. Victime d'un grave accident, Marc (Albert Dupontel), cascadeur équestre, se retrouve dans un fauteuil roulant. Les assurances vont tenter de minimiser ses indemnités. Pour faire baisser le montant, la grosse compagnie envoie sa meilleure arme, Florence (Cécile de France). Prototype de l'execute woman, elle sait manipuler les clients.


Après plusieurs mois d'hôpital, Marc rentre dans sa ferme où il n'a qu'un seul et unique bien de valeur : Othello, son cheval. Pourtant c'est lui qui l'a conduit au bord de la faillite. Lors du tournage d'un film historique, Marc traverse un champ de bataille, une bombe explose, le cheval se cabre et il chute. Un enfantillage pour le duo qui a réalisé cette cascade des centaines de fois. Mais un chien est le grain de sable dans les rouages, le cheval fait un écart et piétine Marc. Colonne vertébrale brisée, il se retrouve privé de ses jambes. De son métier aussi. Florence rend visite régulièrement à Marc. Pour négocier les termes définitifs de l'indemnisation. Mais Marc veut plus. Beaucoup plus.
De la haine à l'amour

Les premiers face à face sont tendus. Si la jeune femme tente la douceur dans un premier temps, sa hiérarchie la pousse à passer à la vitesse supérieure. Pression et intimidation. Acculé, Marc est sur le point d'accepter pour sauver le cheval en passe d'être saisi. Mais Florence, comme dégoûtée par son propre double jeu, l'en dissuade et lui donne des armes pour remporter son procès contre les assurances. Ce revirement est au centre du film. Outre une attirance physique pour le fier cavalier, Florence découvre une force dans cet homme cloué dans sa chaise roulante, force qui lui a fait défaut à un moment de sa vie. Avant de s'occuper de sinistres, de devenir une mère exemplaire et une épouse déçue, Florence se rêvait en pianiste professionnelle. Au premier échec elle a abandonné... Marc, malgré son handicap, n'a qu'un désir : remonter à cheval. Rien ne peut l'arrêter.

Albert Dupontel, cavalier émérite, a tourné toutes les scènes équestres. Cécile de France a pris des cours de piano pour se mettre dans la peau de cette musicienne aigrie, passionnée mais incertaine de son talent.
Reste les plus belles scènes, les regards entre ces deux êtres que normalement tout oppose. Langoureux, admiratifs, amoureux : ils transcendent cette relation, se fortifient l'un l'autre pour au final atteindre "leur quête, leur inaccessible étoile... »

"En équilibre", Studiocanal, 14,99 euros le DVD, 15,99 euros le blu-ray.