jeudi 22 janvier 2015

DE CHOSES ET D'AUTRES - Le jour des câlinous

Nous sommes tous des Câlinous. Hier, journée internationale des câlins, la planète tout entière s'est transformée en monde des Bisounours. En théorie seulement. Certains se montrent toujours très hostiles au moindre contact humain. Une explication scientifique : ils ont peur des décharges d'électricité statique. A moins que ce ne soit la crainte du coup de foudre. Car un câlin, on sait comment il commence, pas comment il finit.

Et entre câlin et lapin (espèce animale en bonne voie d'acquérir chez les Chrétiens la même connotation que le cochon chez les Musulmans) il n'y a qu'une lettre et un accent circonflexe de différence.
Pourtant, un câlin impromptu fait tellement de bien. Prenez François Hollande. Un dimanche matin, sur le perron de l'Elysée, en dehors de tout protocole officiel, il se fait câliner par Angela Merkel devant les caméras des télévisions du monde entier. Après l'horreur, la peur et l'indignation, ce petit moment de tendresse a finalement eu une force telle qu'il était impossible de ne pas reprendre foi en l'Humanité. Je suspecte d'ailleurs Hollande de lui devoir une grande partie de ses plus 21 % d'opinions favorables.

Alors hier j'espère que vous avez respecté à la lettre cette journée. Un câlin à maman, un câlin à papa, à ses enfants, ses amis... ses ennemis. Certes plus risqué, mais pourquoi ne pas essayer. Je rêve de ring de boxe transformé en ring de câlins (ce que font d'ailleurs les combattants à la fin), de champs de bataille de bisous... Franchement, on en a tous vraiment besoin depuis un certain 7 janvier.  
Chronique "De choses et d'autres" parue le 22 janvier en dernière page de l'Indépendant 

mercredi 21 janvier 2015

DE CHOSES ET D'AUTRES - Un nom sinon rien

Comment va-t-on l'appeler ? Tout créateur d'entreprise passe forcément par cette étape souvent plus compliquée qu'il n'y paraît. Rassurez-vous il existe des spécialistes en "naming" pour secourir ceux qui sont en mal d'inspiration.

La société Namae Concept, par exemple, a mis au point un logiciel en ligne pour trouver la meilleure dénomination à votre projet. Vous rentrez quelques données (secteur d'activité, localisation...) et il vous propose un nom. Le logiciel peut fonctionner pour tout. Par exemple, la fusion de plusieurs régions dans quelques mois aboutira aussi à un changement d'appellation. Chez nous, en Languedoc-Roussillon et Midi-Pyrénées, la décision s'annonce épique. On se souvient de la levée de bouclier quand Georges Frêche a voulu rebaptiser la région Septimanie. L'idéal serait de présenter plusieurs propositions et de les soumettre au vote populaire lors des Régionales. Mais ne rêvons pas, les candidats veulent qu'on vote pour eux, pas que l'on décide pour eux. Sinon, à quoi sert de se présenter ?
Autre secteur à qui l'aide de ce logiciel s'avérerait précieuse : la coiffure. En France, il semble inenvisageable de nommer un salon sans commettre un jeu de mot. Pour preuve le site "Nos amis les LOLcoiffeurs" recense les enseignes les plus farfelues. De "Planet'Hair" à "Attrac'Tif" ils se comptent par dizaines. La palme quand même à ce salon de Seine-Saint-Denis qui a de la suite dans les idées : "L'exp'Hair de la maison m'Hair à qui tu la feras pas à l'env'Hair". En voilà un qui ne manque pas d'Hair...

mardi 20 janvier 2015

DVD - "Hercule", le muscle mythologique

Dwayne Johnson est « Hercule » dans un péplum gonflé à la testostérone.

Les muscles de Dwayne The Rock Johnson sont-ils encore plus impressionnants en 3D ? On se pose légitimement la question après le visionnage de « Hercule », Péplum de Brett Ratner, valeur sûre d’Hollywood depuis les succès phénoménaux de la saga « Rush Hour ». La sortie en DVD du film qui a attiré plus de 700 000 spectateurs en France vous permet de vous faire une opinion car un blu-ray 3D fait partie du lot. Mais même en images 2D, le colosse, ancien catcheur reconverti dans le cinéma, a des arguments pour affoler les fans de musculation. Il a souvent répété lors de la promotion qu’interpréter Hercule était un rêve de gosse. Par contre, il ne s’est pas exprimé sur la véritable personnalité du héros de cette version beaucoup moins mythologique que les récits antiques.

Hercule, dans cette version, n’est pas un demi-dieu. Simplement un homme, plus fort que la moyenne, mais tout à fait mortel. Sa légende, il la fait prospérer. Devenu mercenaire, accompagné de quelques amis, il se vend au plus offrant. Son but : accumuler assez d’or pour se retirer dans une maison au bord d’une plage de la Mer Noire... 
Après une ouverture où il dégomme une quarantaine de pirates (clin d’œil à Astérix ?), il est embauché par le roi Cotys (machiavélique John Hurt) pour libérer son pays des assauts de tribus sauvages. Le dosage du film est assez déséquilibré. Avec plus de 70 % de combats et de batailles, les amateurs d’humour et d’intrigue restent sur leur faim. Les blagues se comptent sur les doigts d’une main et le retournement de situation est prévisible assez rapidement. Reste donc de l’action, des coups, des effets spéciaux et un monceau de cadavres. Les profs de sport apprécieront. Ceux d’Histoire un peu moins...

« Hercule », Paramount Video, 25 euros pour la pack DVD et blu-ray version longue, 20 euros le DVD, 30 euros le blu-ray 3D.




lundi 19 janvier 2015

DE CHOSES ET D'AUTRES - Manon, mais si…


Overdose de malheurs, de drames. Il faut savoir décrocher. Samedi, pour la première fois en dix jours, je coupe la radio et oublie les chaînes d'infos en continu pour des programmes moins anxiogènes. Une petite séance de rattrapage de "The Big Bang Theory" sur NRJ12, quelques épisodes de "Girls" de la géniale Lena Dunham sur OCS à la demande et final en apothéose avec de la variété. Un peu trop entendu la Marseillaise (avec un bout d'Internationale aux obsèques de Charb), place à la légèreté et l'insouciance.

Comme un peu plus de 7,5 millions de personnes, j'ai vu dans "The Voice", sur TF1, le premier passage à la télévision de Manon Palmer, celle qui, n'en doutons pas, remportera le concours, vendra des millions de disques et remplira les salles de spectacles. Normalement, ce jeu ne s'intéresse qu'aux prestations vocales des candidats. Dans le cas de Manon Palmer se contenter de cet atout serait bien dommage. Longue chevelure bouclée, lèvres carmin, sourire ravageur, si elle n'avait pas une voix d'exception, elle pourrait faire carrière dans le mannequinat.
Malgré ses 16 ans et demi, elle dépasse Jenifer de 20 bons centimètres. Pas étonnant, cette franco-américaine est la fille d'un ancien basketteur professionnel. Zazie, avant de lui demander de quelle planète elle venait, a lancé ce mot pour détendre l'atmosphère : "Comment tu t'appelles ?" "Manon." "Mah si… »
Voilà comment pendant quelques minutes, charmé par une voix, un sourire, un enthousiasme juvénile, j'ai pu oublier toute l'horreur du triste monde dans lequel nous vivons.
En bonus vidéo, sa prestation de samedi.



dimanche 18 janvier 2015

Roman - Gros tirages, énormes rires

Fioretto et Haudiquet imaginent les prochains best-sellers. Des pastiches beaucoup plus marrants que les originaux...

Habituellement, début janvier, je profite d'une baisse notable de l'actualité pour lire nombre de nouveaux romans. Cette année, quelques décérébrés armés ont bousculé mon train-train annuel. Résultat je passe à côté de best-sellers potentiels. Par chance, dans ma PAL (pile à lire) se trouve en tête la dernière production de Pascal Fioretto et Vincent Haudiquet « Concentré de best-sellers » paru chez Chiflet & Cie. 
Les deux humoristes, devenus des piliers de Fluide Glacial, ont imaginé pour les fainéants les quatrièmes de couverture des prochains romans de nos meilleurs (ou du moins les plus vendus...) écrivains. Du concentré de pastiche hilarant. Il y en a pour tous les goûts. Classés par thèmes, les auteurs brocardés vont des « difficiles » (Annie Ernaux fait les soldes chez But), aux « obligatoires » (Beigbeder fait la queue à la Poste pour expédier un Colissimo) en passant par « les auteurs pour dames ». Dans cette dernière catégorie, saluons le titre du prochain pavé de Katherine Pancol, « La tranquille audace des mouches bleues du jardin du Luxembourg », roman gigogne où « la valse trépidante des synonymes, des répétitions et des zeugmes peut commencer... »
Pour chaque auteur, on peut lire un résumé du roman ainsi qu'une biographie non politiquement correcte. Pour Bernard-Henri Lévy sa bio débute ainsi : « il nait en Algérie en 1948, puis s'installe à Neuilly qui a l'avantage d'être plus près du Flore. » On rit aussi en découvrant que Virginie Despentes, « capable d'écrire un livre en six jours, telle un Simenon sous Red Bull, ne se lasse jamais de nous surprendre par la noirceur de son style et de ses ongles. »

Le cas Houellebecq
S'ils sont presque tendres avec quelques écrivains épinglés, le duo a parfois la dent très dure. Patrick Poivre-d'Arvor en prend pour son grade. Son prochain best-seller, « Notre-Dame du côté de chez Swann » met en relief son goût prononcé pour les « emprunts » littéraires que les magistrats ont trop souvent tendance à renommer « plagiats » dans leurs jugements. D'ailleurs ce livre imaginaire est co-édité par le tribunal de commerce de Paris...
Quant à la vedette de la véritable rentrée littéraire de janvier, un certain Michel Houellebecq, il a droit à un chapitre complet à son nom. Pas étonnant pour cet ovni totalement inclassable. Dans son prochain roman, il raconte comment il charge Pascal et Vincent de lui écrire son prochain roman. Ces « écrivaillons fatigués » acceptent « de rédiger le prochain faux Houellebecq : l'histoire d'un type qui a vendu à Google un système de localisation par satellite du point G de toutes les femmes de la planète. » Un roman avec beaucoup de scènes de sexe et un final sanglant « Michel se fait assassiner par une Femen »...
Finalement, en un seul livre je peux rire de 80% de la production littéraire française. Fioretto et Haudiquet devraient entrer à l'Académie française, ça dériderait les cacochymes gâteux verdâtres qui ont un grand besoin de lifting.

« Concentré de best-sellers » de Pascal Fioretto et Vincent Haudiquet, Chiflet & Cie, 14,50 euros

samedi 17 janvier 2015

BD - Spirou est Charlie


L'attentat contre Charlie Hebdo a été un véritable tsunami dans le milieu des dessinateurs de BD. Parmi les victimes, Cabu et Wolinski ont donné envie de faire ce métier à plusieurs générations de créateurs. Pour leur rendre hommage, Spirou a été un des plus réactif. L'hebdomadaire a sorti un numéro hors série, uniquement disponible en kiosque depuis ce vendredi. Ce sont 150 dessinateurs qui rendent hommage à Charlie et qui clament leur volonté de continuer à utiliser leur liberté de dessiner. 
L'éditeur présente son initiative dans un court texte très explicite. « SPIROU n’est pas un journal politique. SPIROU est un journal de divertissement. Mais depuis toujours, SPIROU défend la liberté, la solidarité, la tolérance, l’amitié, l’intelligence et l’humour. Sans liberté de la presse, pas de démocratie. Sans liberté de création, pas d’édition, et les bandes dessinées que vous lisez ici n’existeraient pas. Sans liberté, pas d'humanité. » 
On retrouve dans ces 52 pages les signatures habituelles du journal, de Yoann à Lambil ou Bercovici mais également des auteurs d'autres horizons, preuve que l'émotion est véritablement totale et sans limite. Toutes les recettes seront bien évidemment reversées à Charlie et aux familles endeuillées.
« Spirou spécial Charlie », 2,30 euros, en kiosque uniquement.


vendredi 16 janvier 2015

DE CHOSES ET D'AUTRES - Camembert-de alors !

Voilà un nouveau sujet susceptible de mobiliser le peuple de France dans un bel élan d'unité nationale : le dernier fabriquant indépendant de camembert, une ferme sise dans le village du même nom, risque d'être racheté par des capitaux étrangers. Vous ne rêvez pas, le symbole de la gastronomie française et des fromages qui puent pourrait passer à l'ennemi. Quand les époux Durand qui depuis 30 ans produisent du camembert artisanal (moulé à la louche) issu du lait de leurs 70 vaches décide de passer la main et de vendre leur exploitation agricole, ils ne se doutent pas que les candidats à la reprise seront si nombreux. Pas moins de 300 candidatures en quelques mois. Les unes sérieuses, certaines farfelues et d'autres venues de très loin. Comme pour les grands crus girondins, un Chinois a fait une offre. Il y a même un acheteur potentiel originaire des Emirats arabes unis. Alors, un camembert aura-t-il un jour le goût des nems ou sera-t-il coupé au lait de chamelle ? Voilà de quoi battre le rappel dans les hautes sphères intellectuelles et culinaires françaises. Je vois déjà Jean-Pierrre Coffe s'offusquer « C'est de la merde ! » ou Jean-Luc Petitrenaud grimacer en engloutissant un demi-claquos bien coulant. Heureusement, aucune candidature ne provient des USA. Normal, leur guerre aux fromages au lait cru est totale et sans pitié. Ils seraient capables de raser le village de Camembert avec leur armée de drones. Mais le pire serait une reprise par des capitaux de Hollande. Pas notre président, mais la nation qui se prétend l'autre pays du fromage. Imposteurs !

Chronique "De choses et d'autres" parue le 16 janvier en dernière page de l'Indépendant. 

BD - Aviateurs et soldats dans la nouvelle aventure des "Godillots" d'Olier et Marko


Olier et Marko n'ont pas attendu les commémorations de la première guerre mondiale pour aborder le sujet. « Les Godillots » raconte comment trois poilus, venus d'horizons très différents, deviennent amis et inséparables. Un intello, une force de la nature et un gamin au mystérieux passé. Affectés sur un aérodrome, en cette année 1918, ils aident les aviateurs à lancer des raids aux commandes de leurs Spads. 
L'as des as, Alexandre d'Estretat, vexé par la question d'une journaliste, décolle en urgence pour enrichir son palmarès. Problème : le mitrailleur habituel, son frère, a laissé la place au jeune Bichette totalement inexpérimenté. Le raid va être beaucoup plus dangereux que prévu. Les Godillots donnent une image beaucoup moins noire de la guerre que les récits plus classiques de Tardi. Ces poilus n'ont pas perdu leur humanité, même s'ils ont traversé de rudes épreuves. 
Entre histoire et comédie, l'album permet à Marko de dessiner de superbes ciels bleus dans lesquels les aviateurs se livrent à des combats à mort. Une série qui se bonifie de titre en titre.

« Les Godillots » (tome 3), Bamboo, 13,90 €

jeudi 15 janvier 2015

DE CHOSES ET D'AUTRES - Spéculer sur des cadavres

Parmi les milliers d'acheteurs du Charlie Hebdo des survivants paru hier, combien n'ont pas fait le déplacement par militantisme ou soutien mais juste pour tenter de réaliser une «affaire » ? Déjà, au lendemain de l'attentat, certains vendaient sur ebay l'exemplaire des caricatures ou le dernier sorti (Houellebecq en couverture) à des sommes astronomiques. Ce sont sans doute les mêmes qui ont raisonné en bon petits spéculateurs prêts à se faire du fric sur des cadavres encore chauds. Si tout le monde veut l'acheter, la demande va forcément dépasser l'offre. Donc, selon un principe économique inéluctable, les rares vendeurs pourront faire monter les enchères et céder 30 ou 300 euros un journal qui normalement en vaut 3. 
Du capitalisme primaire, comme celui qu'exécrait Bernard Maris, chroniqueur économique de l'hebdo, lui aussi tombé sous les balles des fondamentalistes. « Mais c'est la loi du marché » répliquent les spéculateurs (personnes, selon moi, aussi répugnantes que les charognards). Peut-être. Mais là, on parle d'un journal satirique, la création d'humoristes, d'artistes, de journalistes. Même si « Je suis Charlie » a failli devenir une marque déposée, ce journal ne sera jamais un bien de consommation comme les autres. Et puis de toute manière, il en arrivera d'autres ce matin dans les kiosques. Et après-demain aussi. 7 millions au total. Non seulement les terroristes n'ont pas tué Charlie, mais ils lui ont permis d'être lu dans le monde entier.
Chronique "De choses et d'autres" parue le 15 janvier en dernière page de l'Indépendant. 

BD - La France à l'attaque le "Jour J"


A un rythme soutenu, les auteurs de la série « Jour J » (Pécau et Duval), imaginent comment notre monde aurait pu évoluer si quelques petits événements avaient changé la face de l'histoire. De la découverte de l'Amérique par les Arabes (ne dites pas au président turc que c'est faux, il croit dur comme fer que c'est la réalité) à la conquête de la Lune par les soviétiques, ces uchronies sont captivantes. Le tome 14 « Oméga » (Maza au dessin), montrait comment la France fasciste remplaçait l'Allemagne défaite. 
Suite directe de cette histoire, « Opération Charlemagne » prolonge cet étonnant concept. Laval est au pouvoir, il terrorise la population avec sa police spéciale, l'Oméga. Heureusement la résistance intérieure existe, aidée par l'Angleterre qui n'a pas abdiqué. Mais les Britanniques sont bien seuls pour défendre la démocratie, les USA et la Russie préférant rester en dehors de cette querelle européenne. Il y est question de plans secrets de sous-marins, de missiles destructeurs et d'espionnage. Le héros, le capitaine Léo Berger, aviateur, est un des rares à avoir choisi l'exil avec un certain Mendès-France. De l'autre côté, chez les « méchants », il y a De Gaulle, Simone de Beauvoir et même le jeune Georges Marchais. Déconcertant...

« Jour J » (tome 18), Delcourt, 14,95 €