jeudi 25 octobre 2012

Billet - Lourdes, son eau, sa boue

L'eau de Lourdes possède nombre de vertus. Depuis la vision de Bernadette Soubirous, elle est très recherchée car réputée miraculeuse. Mais trop, c'est trop ! Ce week-end, des trombes se sont déversées sur la région. Le gave de Pau sort de son lit et inonde la grotte. L'eau, de miraculeuse, se transforme en catastrophe. Les dégâts sont estimés à 2 millions d'euros. Devant l'urgence, le site internet des Sanctuaires de Notre Dame de Lourdes lance une grande opération de solidarité. Vous pouvez faire un don en ligne. Pour vous convaincre, un diaporama photo montre l'état de la grotte. Des tonnes de boue recouvrent l'esplanade où les fidèles se regroupent. Les pompiers ont nettoyé le plus gros des dégâts, mais il reste encore des stigmates...
A Lourdes, l'eau représente un peu le pétrole de la région. A la différence près qu'elle est gratuite ! Par contre, il est fortement conseillé d'acheter les récipients sur place. Si vous ne pouvez pas vous déplacer, commandez en ligne. Sur la « Boutique des Moines » la bouteille d'un litre est facturée 11,90 €. Argument commercial imparable : « Vous avez la garantie que l’eau que nous vous offrons provient directement de la source de la grotte miraculeuse. » Vous ne payez que le prix du récipient, l'eau est « offerte » et authentifiée par « un certificat d’huissier de Lourdes. » Comme c'est parti, un charlatan va bientôt revendre en ligne la boue récupérée des récentes inondations. Rien de tel qu'un bon bain de boue...

Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue mercredi en dernière page de l'Indépendant.

BD - Exode enfantin grâce au "Train des orphelins"


La conquête des terres vierges de l'Ouest américain ne s'est pas toujours déroulée sans quelques bévues. Après avoir « pacifié » les Indiens (exterminé pour certains historiens), le problème du peuplement de ces vastes terres s'est posé. De la main d’œuvre aussi. Constatant que les orphelins étaient de plus en plus nombreux dans les grandes villes, des organisation charitables ont affrété des trains d'adoption. Des dizaines d'enfants étaient proposés aux colons esseulés au long d'un périple vers le Pacifique, sur ces toutes nouvelles voies ferrées. C'est le sujet de cette série écrite par Philippe Charlot et dessinée par Xavier Fourquemin. On suit le périple de deux frères et une sœur, trimbalé comme du bétail, proposé aux plus offrants. Une histoire basée sur des faits réels expliqués dans un dossier proposé en fin de volume.
« Le train des orphelins » (tome 1), Bamboo Grand Angle, 13,90 €


mercredi 24 octobre 2012

BD - A la recherche du bison blanc avec Loup de pluie



Un dessinateur, pour pleinement exprimer son talent et faire briller son univers graphique, a parfois besoin d'un scénariste inspiré. Ruben Pellejero a changé de stature quand il rencontré Jean Dufaux. Son trait épais, fort et sombre est parfaitement adapté à ces histoires dramatiques, de véritables romans graphiques. 
L'histoire de « Loup de pluie » se déroule dans cette Amérique de la fin du XIXe siècle. Le temps héroïque du western est loin. Mais il reste encore par endroit des poches de violence absolue. 
Les Indiens, entre intégration et vaine résistance, n'ont déjà plus de place dans une société trop moderne pour leur traditions. Reste l'amour. Cette histore de vendetta familiale se heurte à plusieurs romances croisées. Entre mariages arrangés, différences de classes sociales et coup de foudre, le mélange est détonnant. Passionnant aussi !
« Loup de pluie » (tome 1), Dargaud, 13,99 €


mardi 23 octobre 2012

BD - Passions indiennes chez Casterman


Le Taj Mahal, merveille du monde, irradie de sa beauté cet album de Maryse et Jean-François Charles. Autour de ce temple indien, les drames vont se nouer. Passion, indépendance, violence... le décor est propice à tous les excès. Avec une constance : l'extraordinaire beauté des planches de Jean-François Charles. Il maîtrise la couleur directe comme personne d'autre. 
Chaque case pourrait être agrandie et transformée en tableau. N'hésitez pas à longuement détailler tous les décors ou attitudes des protagonistes. Vos yeux vous en seront reconnaissants. Alors qu'en Angleterre un lord cherche toujours la meurtrière de son fils, cette dernière, incognito, chevauche un éléphant et s'approche de la région d'Agra en compagnie d'une compagnie de Sikhs, eux aussi très discrets avant de passer à l'attaque.
Avec un peu de chance, vous pourrez prolonger ce voyage graphique dans la vie réelle grâce à un concours (sur Casterman.com) dont le premier prix est un périple de 10 jours en Inde.
« India Dreams » (tome 7), Casterman, 13,25 €

Billet - Piques entre voisins par l'intermédiaire du réseau wi-fi

Une nouvelle distraction se développe dans les centres urbains : renommer son réseau wi-fi. Par défaut, votre fournisseur d'accès lui donne la marque de votre box suivi de chiffres et lettres aléatoires. En le personnalisant, vous pouvez lui donner un nom qui sera visible par vos voisins. Idéal pour faire passer un message aux malotrus. Ce petit jeu est en pleine expansion en Angleterre. On trouve ainsi de plus en plus de « Shut up ! » (Fermez-la), « Stop slamming the door ! » (Arrêtez de claquer la porte!) ou le grivois et très gênant « We can hear you having sex » (Nous vous entendons faire l'amour).

D'autres donnent des identités particulièrement révélatrices à leur réseau : le truc, le confondre avec un pseudonyme. Si vous arrivez à capter le signal d'un « bogossdu66 » ou d'une « Sexygirl11 », le petit jeu sera de deviner qui dans l'immeuble ou le quartier se promène sur le net sous cet avatar on ne peut plus explicite. 

Et puis il y a ceux qui ne sécurisent pas leur réseau. Il y en a plus qu'on ne le croit. Mais ne faites pas comme cette jeune femme de Menton. Les pompiers l'ont retrouvée inconsciente au pied de son appartement. Tentative de suicide ? Alors pourquoi a-t-elle sauté du premier étage avec son ordinateur portable ? C'est à l'hôpital (elle souffre de multiples fractures) qu'elle a expliqué sa mésaventure. Elle n'arrivait pas à se connecter dans son salon, du coup elle s'est penchée par la fenêtre pour tenter de capter la wi-fi. Un peu trop... L'histoire ne dit pas si l'ordinateur est blessé.

Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce mardi en dernière page de l'Indépendant. 

lundi 22 octobre 2012

Billet - Après la lutte, les injures des classes

La lutte des classes est toujours d'actualité. Elle a simplement changé de forme. La semaine dernière elle s'est exprimée par le biais d'une altercation entre un responsable d'Orange et une fonctionnaire de la SNCF.
La scène, enregistrée par un témoin, se déroule dans une gare de la banlieue parisienne. L'agent commerciale de la SNCF a l'outrecuidance de faire remarquer au cadre de la société de téléphonie qu'il parle un peu trop fort  dans son portable. Il sort immédiatement de ses gonds : « Moi je ne respecte pas les fonctionnaires français. Je gagne 70 K-euros (70 000 euros par an), vous gagnez le smic alors vous fermez votre gueule. » Durant de longues minutes il agonit d'insultes la pauvre femme qui garde son calme. Publiée sur Youtube, la vidéo est vue plus d'un million de fois et déclenche la polémique. Dans un premier temps les deux entreprises se montrent très prudentes. Pas de confirmation, juste l'annonce d'enquêtes internes. La SNCF dégaine la première et via un tweet apporte « son soutien à son agent agressée verbalement. »
Vendredi, c'est Orange qui annonce avoir identifié l'irascible : « Il nous a fait part de lourdes difficultés personnelles et de sa volonté de s'excuser auprès de l'intéressée et de son entreprise. » Il semble se repentir après coup mais le mal est fait. Preuve par A plus B que certains prétendus « pigeons » ne sont pas si gentils et que les fonctionnaires ont parfois de bonnes raisons de faire grève... 

Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce lundi en dernière page de l'Indépendant.

BD - Mauvaise raison d'Etat pour Lady S de Van Hamme et Aymond


Héroïne imaginée par Jean Van Hamme, Lady S se retrouve en bien mauvaise posture dans ce 8e épisode de la série. Emprisonnée dans le sud de la France, elle doit subir les brimades incessantes d'autres détenues. Pourtant elle n'a pas encore été jugée et a de fortes chances d'être acquittée. Qui essaie de la faire craquer ? Pourquoi ce traitement de « défaveur » ? Finalement, elle est libérée au cours d'un transfert. Contre son gré. 
La voilà en cavale et même morte, les mystérieux commanditaires de l'évasion n'hésitant pas à tuer une autre détenue et la faire passer pour Lady S. La belle espionne va être embauchée dans une officine secrète chargée de « nettoyer » certaines relations de l'Etat français en dehors de toute légalité. 
Un rebondissement de plus dans l'existence très mouvementée de cette jeune femme, toujours aussi ravissante sous la plume de Philippe Aymond.
« Lady S » (tome 8), Dupuis, 12 €


dimanche 21 octobre 2012

Billet - Coup de vieux à génération variable


Pas toujours facile de faire jeune quand on a allègrement passé le demi-siècle. Surfer sur internet, twitter, sélectionner les sites les plus à la mode, se prétendre branché ne trompe personne. L'imposture nous saute aux yeux quand on tombe par hasard sur le désespérant « Coup de vieux ». Un site vérité, où il n'est question que de ces produits, marques, chanteurs ou émissions de télé d'un « temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître » selon l'expression de l'ancêtre Aznavour.

La nostalgie se partage à tire-larigot dans ce site participatif. Chacun peut proposer un souvenir au vote des visiteurs. Classés par catégories, ils vont des céréales multicolores aux chanteurs les Musclés en passant par la série télé Manimal ou la première console de jeu nomade, la Gameboy. Une excellente occasion de retrouver un pan de son enfance à jamais révolue. Quel que soit son âge (enfin sauf si on a moins de 17 ans...) on se laisse happer par cette multitude de bons souvenirs qui permettent également de se situer dans l'échelle des générations. Si le petit canard Saturnin vous parle et que Goldorak c'est du Chinois, pas de doute, vous êtes des années 70.
Le succès du site tient aussi au fait des nombreux jeunes qui s'y baladent pour se moquer des goûts douteux de l'époque. Mais sachez, jeunes écervelés, que notre Sabrina (Boys, boys, boys 1987) vaut largement vos Lady Gaga et autres Nicki Minaj. Vous verrez dans 20 ans !  


(Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce samedi en dernière page de l'Indépendant.

BD - Shelly de "White crows" est-elle humaine ou robot ?


Certaines mauvaises langues ont accusé Tessa (Louis et Mitric) de n'être qu'un pastiche de Sillage. Erreur, la vraie série de SF la plus proche est White Crows de Djief. Les très mauvaises langues diront également que c'est un mélange de Sillage et de Tessa... Si cela avait été réalisé par un tâcheron peu talentueux, la série n'aurait même pas vu le jour. Mais cet auteur canadien est talentueux. Le second tome de White Crows se déroule sur fond d'émeutes raciales. Les aliens rejettent les Humains sur le point d'entrer dans la grande ConstelNations. Shelly, l'ado bionique, découvre l'amour... et la trahison. Un parfait divertissement pour s'éloigner à des milliards d'années lumière de nos soucis du quotidien.
« White Crows » (tome 2), Soleil, 13,95 €


samedi 20 octobre 2012

BD - Une chasseuse sachant chasser dans Sillage


La crise frappe aussi dans le monde de la science-fiction. Navïs, l'héroïne de la série Sillage de Morvan et Buchet, se retrouve acculée par les dettes. Elle accepte n'importe quel job un peu rémunérateur. Elle se retrouve donc sélectionnée pour « nettoyer » un astéroïde peuplé de grosses bébêtes toutes plus dangereuse les unes que les autres. La jeune humaine n'en oublie quand même pas ses principes et plutôt que d'exterminer les monstres, elle les capture pour les réimplanter dans un autre monde, plus vaste et réservé. Mais la chasseuse se retrouve transformée en gibier par des nemrods ayant moins de scrupules. 
Récit complet à part dans la saga, cet album permet aux auteurs de rendre plusieurs hommages (notamment la tenue de Navïs directement inspirée de celle du Major Fatal) à un maître récemment disparu : Moëbius.
« Sillage » (tome 15), Delcourt, 13,95 €