mardi 22 mai 2012

BD - Un psychopathe sur la route d'Aria


Épisode familial pour Aria. L'aventurière lancée par Michel Weyland dans le grand monde de l'Héroïc Fantasy il y a 33 ans déjà, abandonne sa vie d'errance et de combats pour une vie plus sereine auprès de son fils et de ses parents. Mais un soir, elle est attaquée par un psychopathe. Cet ancien enfant battu, devenu avocat de renom, se défoule en tabassant les femmes croisées dans la rue. Heureusement Aria s'extirpe de ses griffes. Elle va tout faire pour démasquer ce dangereux individu qui se révèle également être lié à sa tante. 

Un récit sombre, avec en exergue ce fou, serial killer avant l'heure, notable déviant, protégé par la police. La belle héroïne devra faire appel à toute sa famille pour le vaincre.

« Aria » (tome 34), Dupuis, 10,60 € 

lundi 21 mai 2012

Billet - Duflot, Hollande, Morano et Obama face aux codes de la mode

Sérieux la politique ? Pas toujours. La semaine marquée par la passation de pouvoir et la nomination du gouvernement a dérapé sur des questions de mode. Ces points de détail ont pris des dimensions dantesques sur internet. Première escarmouche, Nadine Morano taille un costard de première à Cécile Duflot. La ministre écolo est allée à l'Elysée en jeans ! L'ancienne porte-flingue de Nicolas Sarkozy s'indigne face à ce « dilettantisme ». Sur le site de l'Indépendant, cette info est énormément lue, partagée et commentée. Et plus le sujet est futile, moins les internautes sont tendres. Certains s'offusquent du niveau actuel de l'UMP : « au ras de l'ourlet d'un jean, proche des talonnettes. » « Nadine sort de ton 19e siècle! » s'exclame un autre. Avec humour, certains font dans la surenchère : « Quand je serai ministre des Vacances j'irai en bermuda et débardeur. »

Et quand on croit que ces chamailleries de cour d'école sont terminées, cela reprend de plus belle pour une histoire de cravate. François Hollande, au sommet du G8 aux USA, est le seul chef de gouvernement à porter une cravate. Barack Obama le chambre un peu. Ce qui ressemble à un gentil bizutage devient une affaire d'État sur Twitter. Les mêmes qui critiquent la tenue négligée de Cécile Duflot dénoncent le lendemain le manque de souplesse vestimentaire de François Hollande... Je leur propose comme prochain débat de fond : slip ou caleçon ?

(Chronique "ça bruisse sur le net" parue lundi 21 mai en dernière page de l'Indépendant)

BD - Rani, une esclave indomptable imaginée par Van Hamme, Alcante et Vallès


Rani
, série imaginée par Van Hamme et dessinée par Vallès, a fait une pause. Le temps de diffuser à la télévision l'adaptation de ce feuilleton de cape et d'épée. Revoici donc la belle Jolanne dont les péripéties sont écrites également par Alcante. Condamnée à mort, elle parvient à se sauver en endossant l'identité de Jeanne Dubois, une prostituée condamnée à l'exil en Inde. 

L'album débute par son arrivée à Mahé. Immédiatement mise en vente, elle devient pensionnaire de la maison close de Mme Rose. Une nouvelle vie commence pour Jolanne, toujours aussi belle et sauvage et surtout éprise de liberté. Un chapitre exotique idéal pour relancer l'intérêt des lecteurs pour une série populaire par excellence.

« Rani » (tome 3), Le Lombard, 14,45 €

dimanche 20 mai 2012

BD - Huis-clos végétal pour Bois-Maury au Yucatan


« El senor » Bois-Maury n'en finit plus de saluer ses lecteurs. Cette saga historique imaginée par Hermann s'est arrêtée une première fois. Quelques années plus tard, le dessinateur belge la reprenait avec son fils, Yves H. au scénario. 

Nouveaux décors, plus de tension et de violence : ce classique de la BD moyenâgeuse a bien évolué depuis les premières planches parues dans le mensuel Vécu. Ce 15e titre voit Bois-Maury au cœur de la forêt vierge du Yucatan. Il accompagne des conquistadores poursuivis par de féroces indiens. Dans cet enfer vert, sur la durée de deux jours, les occidentaux et les « sauvages » vont s'affronter. Bois-Maury est obligé de composer avec les deux camps pour avancer dans sa quête de l'or de la cité perdue. 

Formidables couleurs, planches muettes où l'action fusent : Hermann, malgré ses « septante » ans révolus, reste un des maîtres du genre.

« Bois-Maury », (tome 15), Glénat, 11,50 € 

samedi 19 mai 2012

BD - Avec Revanche, mauvais temps pour les voyous sociaux


Vous en avez marre de la crise économique et de ses conséquences ? Vous êtes directement concerné par un plan social, un patron voyou, un petit chef adepte du harcèlement ? Vous avez peut-être envie de prendre votre revanche ? Allez donc chez ce bouquiniste, vous y rencontrerez l'homme de la situation. M. Revanche ne fait pas dans la dentelle. Il adopte la méthode dure pour faire comprendre aux exploiteurs des classes populaires que le libéralisme ne permet pas tout. Revanche n'est justicier qu'en dehors de ses heures de travail. Là, il retrouve alors le costume et l'attitude stricte d'assistant de la présidente de la plus grande organisation patronale du pays...

Sous forme d'histoires courtes, détaillant à chaque fois un cas particulier, les auteurs font plaisir à tous les opprimés de la terre. Nicolas Pothier (lui-même touché par un plan social il y a quelques années) signe des scénarios où l'humour est prépondérant. Chauzy, au dessin, donne corps à ces « méchants » d'un genre nouveau, mais de plus en plus nombreux.

« Revanche », Treize Étrange, 13,90 € 

vendredi 18 mai 2012

BD - L'élève Ducobu sur tous les fronts


Le cancre le plus sympathique de France et de Navarre (de Belgique aussi, ses auteurs Godi et Zidrou étant originaires du Plat Pays) est de retour. Pour la 18e fois retrouvez Ducobu dans un album truffé de gags et de malice. Zidrou maîtrise parfaitement ses personnages. Chaque page est une merveille d'ingéniosité pour magnifier les défauts des uns et des autres.

 Ducobu en premier, toujours aussi retors pour tricher et embrouiller l'instituteur. Le fameux Latouche, parfois dindon de la farce, mais souvent vainqueur dans l'affrontement avec son élève détesté. Latouche redeviendra un enfant timide face à sa collègue Mademoiselle Rateau. Dans cet album, Ducobu participera à des jeux olympiques des cancres. Et ce sera enfin la gloire pour le meilleur d'entre eux.

Ducobu, un succès de librairie mais également sur grand écran. Le second volet de ses aventures, « Les vacances de Ducobu » (avec Elie Semoun en vedette) est toujours à  l'affiche et a dépassé le million d'entrées au niveau national.

« L'élève Ducobu » (tome 18), Le Lombard, 10,60 € 

jeudi 17 mai 2012

BD - Aliénor d'Aquitaine, jeune Reine ambitieuse


Aliénor n'est qu'une adolescente quand elle est mariée avec Louis, le futur roi de France. Lui aussi est très jeune. Le mariage à peine consommé, il doit succéder à son père. Porté sur le trône, ce gamin qui préfère la prière aux intrigues de la cour est sous la coupe de sa mère et de l'abbé Sauger. Ce sont eux les véritables maîtres du royaume. Mais Aliénor veut elle aussi avoir son mot à dire. L'ex-duchesse d'Aquitaine va jouer de ses charmes pour orienter les choix du roi. La première partie de cette série inaugurant la collection « Les reines de sang » nous fait découvrir une maîtresse femme, prête à tout pour assoir son pouvoir. 

Le scénario de Simona Mogavino et Arnaud Delalande mêle habilement grandes dates historiques et petits faits du quotidien. Les auteurs apportent un peu de romance avec le jeu trouble d'un troubadour et d'un chevalier italien, sans terre mais beau garçon et fougueux au lit. Car l'histoire d'Aliénor c'est aussi celui d'une femme maniant parfaitement l'art de la séduction pour arriver à ses fins. Et sous la plume de Carlos Gomez, elle est d'une éclatante beauté.

« Aliénor, la légende noire » (tome 1), Delcourt, 14,30 €

mercredi 16 mai 2012

Roman - Sur la route de la vie en compagnie de Maryline Desbiolles

Maryline Desbiolles observe les travaux de rénovation de la route passant près de chez elle. Un prétexte pour explorer passé et présent de ce lieu de passage.

La Fontaine de Jarrier est la route reliant Nice à Turin. La route de la montagne. Celle, tortueuse, qu'empruntaient jadis marchands, nobles et brigands. Aujourd'hui, elle est délaissée au profit de la celle du littoral. Mais elle est quand même utilisée. Et toujours dangereuse. Ces travaux font suite à un accident mortel. Et des morts, il y en a eu beaucoup au fil des siècles. Ce court roman de Maryline Desbiolles, écrit dans un style saccadé, au prétexte de raconter des travaux routiers, se penche sur des existences. Les habitants actuels, derniers des Mohicans d'une province en déshérence, et ceux du passé. Car une route n'est rien sans les hommes. Ceux qui ont décidé de la construire et ceux qui l'empruntent.

Cela commence par un face-à-face détonnant. L'auteur raconte. Sur le trottoir, Sasso, sur le chantier Mana. Le premier habite là depuis des décennies. Le vieillard, récemment veuf, est « assis sur une chaise qu'il a sortie de chez lui, et qui depuis ce qui reste de trottoir assiste sans bouger à ce qui est somme toute un spectacle faramineux. » Dans ce vacarme, Mana, « un vieux type buriné dont le bonnet cache les cheveux blancs. » Mana « a pris sa retraite de l'entreprise à 74 ans, il y a quatre ans. Il y travaille toujours, mais comme intérimaire, sa retraite est trop maigre. »

La mort au tournant

Sur cette route en réfection, recouverte de goudron frais, d'enrobé exactement, Maryline Desbiolles va y découvrir des secrets, des vies cachées, des destins. De sa création, du temps de la gabelle, à son utilisation intensive par les brigands, elle dresse le portrait historique de cette région des hauteurs de Nice. On croise donc les brigands, déguisés comme au carnaval, dérobant bijoux et vêtements de luxe aux nobles. Plus tard, dans ce virage, un jeune résistant sera abattu par des Allemands. Pas loin de l'endroit où des jeunes à scooters vont aussi perdre la vie. Mais cette fois, l'armée d'occupation n'y sera pour rien.

La vie, la mort dans les maisons aussi. Gaby par exemple a acheté cette belle et grande demeure. Elle s'y est installée avec un fiancé musclé, trop influencé par les émissions de décoration. Il va tout casser dans la maison, jetant les gravats par la fenêtre dans la cour. Et puis il disparaît. Gaby se retrouve avec une coquille vide, seule, cherchant à revendre cette ruine, par tous les moyens...

Chaussée étrillée

Et puis tout en revenant sur les vies qui jalonnent cette route, l'auteur poursuit sa description des travaux qu'elle observe, fascinée. Les travailleurs de la nuit « rabotent la chaussée, lui ôtent sa vieillerie, les couches d'asphalte ancien que la raboteuse crache dans le camion qui l'accompagne, on voit les traces des dents de la raboteuse sur la route ainsi mise à nu, la route est écorchée puis violemment lavée, la chaussée est écorchée puis étrillée par les brosses du camion avec un vacarme d'avion qui décolle. »

Ce roman sur un petit coin de France, tel un long poème en prose, fera que jamais plus vous ne regarderez un chantier routier de la même façon.

« Dans la route », Maryline Desbiolles, Seuil, 16,50 €

mardi 15 mai 2012

Billet - Les lolcats peuvent nous rendre plus intelligents !

Telle une invasion d'extraterrestres ou de sauterelles, on les trouve partout sur la toile. Les lolcats prolifèrent dans vos boîtes mail, sur les forums et ont de plus en plus de sites dédiés. Ces photos mettent en scène des chats dans des postures inhabituelles, comme s'ils singeaient des humains. Avec ou sans trucage, elles font sourire. Finissent par exaspérer aussi. Pour beaucoup elles représentent la preuve irréfutable de la futilité - voire inutilité ou nuisance - d'internet. Une théorie empirique battue en brèche par une récente étude de Kate Miltner, étudiante à la London School of Economics (LSE). Dans un mémoire de 100 pages mis en ligne, elle constate que les lolcats ont au moins une vertu : ils permettent aux internautes d'entrer en contact, de se socialiser et participent ainsi au fonctionnement d'une intelligence collective.

Oui, les lolcats rendent plus intelligents ! Certains artistes l'ont déjà compris. Ainsi des cinéastes américains ont lancé une souscription pour financer un long métrage participatif. Des scènes lolcats puisées sur la toile seront insérées dans l'intrigue.

A Lyon, un étudiant aux Beaux-Arts a mis en scène deux chats noirs au milieu de bougies et de jouets pour réinterpréter certaines oeuvres de Gilbert et Georges, les artistes anglais iconoclastes.

Dans ces deux cas, les lolcats non seulement rendent plus intelligents, mais participent à l'évolution de l'art contemporain... Enfin pas si contemporain, les premières photos amusantes de chats seraient l'oeuvre de l'Anglais Harry Pointer... en 1870.

(Chronique "ça bruisse sur le net" parue ce lundi 14 mai 2012 en dernière page de l'Indépendant) 

BD - Éducation simiesque pour le "Roi des Singes"


Un homme parmi les singes. Un homme roi des singes. Ce thème cher à la littérature populaire est au centre des aventures de John Arthur Livingstone, écrites par Bonifay, dessinées par Meddour et mises en couleur par Paitreau. Une BD librement inspirée de la véritable vie de Saturnin Farandoul. Dans l'océan Indien, un radeau de fortune s'échoue sur une plage. Un bébé crie. Une femelle orang-outan le recueille l' humain et l'élève avec ses propres petits. Des années plus tard, des Européens découvrent cet enfant-singe. 

Capturé, il est placé dans une pension en Afrique. Saturnin, rebaptisé John Arthur, découvre une nouvelle race : les bonobos. A l'âge adulte, John Arthur est exhibé à Londres. Il fait des conférences sur son expérience et tombe amoureux d'une belle rousse. Mais au même moment, une série de meurtres de femmes aux mœurs légères met la capitale anglaise en émoi. Qui est ce monstre sanguinaire ? A-t-il un rapport avec le roi des singes ? 

Un album éclatant de couleurs, des verts de la jungle aux noirs des bas-fonds britanniques.

« John Arthur Livingstone » (tome 1), Vents d'Ouest, 13,90 €