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lundi 18 mars 2024

BD - Quand la violence déborde des cases

 Beaucoup de noir, un peu de rouge sang : Quelque chose de froid et Brigantus sont deux albums de BD particulièrement violents. Le premier se déroule aux USA durant les années 30, chez les gangsters, le second raconte le périple sanglant de légionnaires romains à la conquête de l’Écosse. 

Froid comme un cadavre

Parmi les nombreuses sorties signées de Philippe Pelaez, Quelque chose de froid sort de l’ordinaire. Il est vrai que le scénariste le plus recherché du moment aborde un genre qu’il connaît particulièrement et aime par-dessus tout : le polar hommage aux films noirs américains.

Et pour illustrer cette histoire de vengeance implacable, il s’est adjugé le concours d’Hugues Labiano, dessinateur toulousain très à l’aise pour rendre ces ambiances sombres et inquiétantes.

En 1936, Ethan Hedgeway revient à Cleveland après un long séjour en prison. Ancien comptable, suspecté d’avoir trahi son patron, Frank Milano, parrain de la pègre de cette ville du nord des USA, Ethan sait qu’il est en sursis. Récemment, les sbires de Milano ont enlevé sa femme puis l’ont libérée… en morceaux. Bien décidé à se venger, Ethan trouve refuge dans un petit hôtel et parvient à déjouer plusieurs tentatives d’assassinats. Il tente de comprendre qui est le plus dangereux entre la police corrompue, la mafia omniprésente et Victoria, ravissante unijambiste qui lui fait du charme.

L’intrigue est sombre, les événements dramatiques. Mais cela ne suffisait pas à Philippe Pelaez qui y a rajouté une angoissante série de crimes dans les bidonvilles de Cleveland. Un fou qui après avoir assassiné ses victimes, les démembre et les décapite. Un album magistral, premier d’une trilogie autour du noir. Les deux auteurs seront aux Rencontres autour de la BD de Gruissan le week-end du 13 et 14 avril. L’occasion de se faire dédicacer le tirage de luxe en noir et blanc proposé en plus de l’édition classique, en couleurs.

Légionnaire ou bête à massacrer

Hermann n’en a pas terminé de nous surprendre. Le dessinateur de Bernard Prince ou Jeremiah, rajoute un univers à sa palette graphique : le péplum. Il a déjà fait du western (Comanche, Duke), des récits historiques (les Tours de Bois-Maury), mais avec Brigantus il plonge ses pinceaux dans l’empire roman.

Sur un scénario de son fils, Yves H., il raconte les déboires de Brigantus, légionnaire romain. Avec ses camarades qui le détestent, Brigantus participe à la conquête de l’île de Bretagne. Ils s’enfoncent de plus en plus au Nord, vers ce qui deviendra l’Écosse.

Mais la résistance des autochtones est de plus en plus farouche. En quelques planches d’une extraordinaire violence, Hermann dessine un Brigantus, féroce colosse sans pitié, tuant des dizaines d’assaillants dans des torrents de sang. Il sera presque le seul survivant. Et une fois à l’abri, dans une caserne romaine, il sera accusé de trahison. Brigantus, héros et banni. La trame ressemble à un western. Mais les décors, landes désolées recouvertes de brouillard, marécages fétides, modifient la donne.

Pas de soleil éclatant, juste du froid et de l’humidité rendant la survie encore plus compliquée. Un premier tome efficace, avec un Hermann qui a un peu modifié son trait en perdant un peu de précision, mais conserve toujours cette force et puissance rarement atteintes par d’autres dessinateurs.

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« Quelque chose de froid », Glénat, 64 pages, 15,50 € (Édition noir et blanc, 29,50 €)

« Brigantus » (tome 1), Le Lombard, 56 pages, 15,95 €

mardi 27 décembre 2016

BD : Un «faux» Jeremiah... sans Jeremiah

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Fin janvier, le festival d’Angoulême rend hommage à Hermann couronné Grand Prix en 2016. En plus de la réédition de ses plus grands succès (Bernard Prince, Comanche), le dessinateur belge continue à produire deux albums par an. Infatigable, même s’il n’a plus toute la dextérité de ses meilleures années. S’il poursuit les aventures de Jeremiah en solitaire, ses autres albums « one shot » sont souvent signés de son fils, Yves H. C’est le cas du « Passeur » qui se déroule dans un monde postapocalyptique, très semblable à celui traversé par Jeremiah et Kurdy (ils font même une apparition en début d’histoire). Un couple s’arrête dans une petite ville. Ils ont un plan et de l’argent. Trouvés sur un cadavre. Avec l’espoir de rejoindre le « Paradize », promesse de vie plus douce. Quand ils trouvent enfin le Passeur, ce dernier retient la femme en otage et réclame deux fois plus d’argent. L’homme va se maudire, la femme perdre gros et le Passeur voir la possibilité d’une rédemption. C’est très sombre, pas optimiste pour un sou, parfois un peu compliqué et trop basique dans l’intrigue mais cela reste de la très grande BD par un maître de la couleur directe qui profite de cet album pour faire des expériences entre aquarelle et acrylique.
➤ « Le passeur », Dupuis, 15,50 €

jeudi 30 janvier 2014

BD - Expérience temporelle dans la Station 16 de Hermann et Yves H.


L'île de Zemble, entre Russie et pôle Nord, est un territoire désert et gelé. Les Soviétiques ont longtemps utilisé ce bout de terre immense comme site pour leurs essais atomiques. C'est là que le 30 octobre 1961 a explosé la Tsar Bomba, la plus puissante jamais conçue, d'une puissance équivalente à 1400 Hiroshima. La BD écrite par Yves H pour son père Hermann débute en 1997. Les sites sont désertés. Il ne reste que quelques soldats pour surveiller les déambulations des ours polaires. Quand ils reçoivent un appel à l'aide d'une station météo désaffectée, ils s'y rendent en hélicoptère. Ils vont alors être pris dans une faille spatio-temporelle causée par les expérimentations nucléaires. 
Il y a un petit air de « Lost » (3e saison) dans cette histoire complète. Hermann y manie les couleurs avec virtuosité, notamment quand il s'agit de peindre toutes les nuances de la neige.

« Station 16 », Le Lombard, 14,45 €


samedi 26 octobre 2013

BD : R. G. de retour au Congo avec Hermann et Yves H.


Rémy Georget, le R. G. de la BD, est un jeune journaliste au Matin, journal de Bruxelles. Georget, timide et effacé, découvre par hasard qu'il a un oncle, Célestin, au Congo. On est en 1928 et l'immense pays africain fait rêver toute la Belgique. Il est engagé comme secrétaire par le conservateur d'un musée faisant partie du voyage du roi sur ses terres équatoriales. Rémy, accusé à tort de l'avoir assassiné durant la traversée, va devoir fuir durant les 56 pages de cet album dessiné par Hermann sur un scénario de Yves H, son fils. 

L'intrigue n'a rien d'exceptionnelle (une histoire de vengeance) mais vaut surtout par les clins d'œil, allusions et autres private joke cachées à chaque coin de page. L'oncle Célestin ressemble à un Tintin ayant mal tourné, un marin écossais est aussi barbu que le capitaine Haddock, on a même droit à une Castafiore en puissance. Mais comme c'est Hermann qui dessine, elle est belle à couper le souffle. Dans un registre radicalement différent, le dessinateur de Jeremiah et de Bernard Prince prouve qu'il arrive encore à s'amuser devant sa planche à dessin. Nous aussi !

« Retour au Congo », Glénat, 13,90 €

dimanche 20 mai 2012

BD - Huis-clos végétal pour Bois-Maury au Yucatan


« El senor » Bois-Maury n'en finit plus de saluer ses lecteurs. Cette saga historique imaginée par Hermann s'est arrêtée une première fois. Quelques années plus tard, le dessinateur belge la reprenait avec son fils, Yves H. au scénario. 

Nouveaux décors, plus de tension et de violence : ce classique de la BD moyenâgeuse a bien évolué depuis les premières planches parues dans le mensuel Vécu. Ce 15e titre voit Bois-Maury au cœur de la forêt vierge du Yucatan. Il accompagne des conquistadores poursuivis par de féroces indiens. Dans cet enfer vert, sur la durée de deux jours, les occidentaux et les « sauvages » vont s'affronter. Bois-Maury est obligé de composer avec les deux camps pour avancer dans sa quête de l'or de la cité perdue. 

Formidables couleurs, planches muettes où l'action fusent : Hermann, malgré ses « septante » ans révolus, reste un des maîtres du genre.

« Bois-Maury », (tome 15), Glénat, 11,50 € 

lundi 10 octobre 2011

BD - Mauvaise nuit pour des cambrioleurs malchanceux

Hermann, 73 ans, n'a plus la même souplesse de trait qu'avant, mais reste quand même un des meilleurs dessinateurs réalistes. Le plus typé, certainement. A côté de ses séries régulières (Jeremiah, Bois-Maury...) il a toujours aimé s'accorder des espaces de respiration, des « one-shot » souvent violents et sombres. Depuis quelques années, ces récits sont signés Yves H. , son fils. Avec « Une nuit de pleine lune », Hermann réussit l'exploit de rendre passionnant un scénario tenant en deux lignes : des cambrioleurs s'attaquent à un psychopathe à la retraite. Ce dernier les élimine tous en une nuit... 

Délaissant la couleur directe, le dessinateur belge a retrouvé toute la puissance du trait noir, au pinceau, pour planter cette ambiance de plus en plus pesante, menaçante, massacrante... Les scènes de nuit, dans la cave, sont les plus noires, dans tous les sens du terme. Pourtant l'horreur finale se déroulera au petit matin, en plein jour, alors qu'un gai soleil semble annoncer une riante journée. Perdu !

« Une nuit de pleine lune », Glénat, 13,50 € (Il existe une édition luxe en noir et blanc à 25 euros) 

vendredi 26 septembre 2008

BD - Hermann navigue avec des pirates à la dérive


Les histoires de pirates sont de nouveau à la mode. Mais ce n'est pas pour surfer sur le phénomène que Hermann et son fils, Yves H, se sont lancés dans la relation des aventures du « diable des sept mers ». Le scénariste avait la volonté de pousser le dessinateur de Jeremiah et de Bernard Prince sur les flots de la mer des Caraïbes depuis qu'il a vu le début du story-board du film « Pirates » de Roman Polanski. Il est vrai que les excès de la piraterie ne pouvaient qu'être magnifiés par le trait d'Hermann. Le premier tome, toujours en couleurs directes, est d'une grande beauté. 

La couverture suffira pour vous donner envie d'acheter l'album. Et à choisir, ne ratez pas l'édition spéciale (elle vaut 18 euros), avec un cahier graphique d'illustrations inédites. L'histoire débute en Caroline du Sud. Harriett, la fille d'un riche planteur, se marie en cachette avec un petit malfrat, Conrad. Un mariage qui ne durera pas. La colère du patriarche sera tonitruante. En parallèle à ces événements, le fameux pirate surnommé le diable des sept mers terrorise la région. 

Un album foisonnant, qui se permet même de mélanger les genres avec un soupçon de fantastique.

« Le diable des sept mers » (tome 1), Dupuis, 14 €