vendredi 17 février 2012

BD - Harry Octane, le pilote perdu de Papazoglakis



Le lancement de la collection « Plein gaz » de chez Glénat va faire du bruit. Des « Vraoummm » et des « Bwhaaar », comme au grand temps de Michel Vaillant. Il est vrai que les dessinateurs signant les premiers titres sont issus des studios Graton. Ils obtiennent une autonomie, mais ne perdent pas les bonnes habitudes. Papazoglakis par exemple est au générique de Chapman, mais est seul auteur de « Harry Octane ». 
Cette dernière série mêle milieu de la course automobile et ambiance roman policier. Harry Octane, pilote américain, fait des prouesses en rallye. Jusqu'au jour où il quitte la route, en Sicile, et fauche les spectateurs. Plus de 20 morts, fin de carrière. Il se retrouve professeur dans une minable école de conduite. 
Pour s'en sortir, il accepte même un boulot presque en dehors de la légalité. Il doit convoyer une héritière rebelle de la côte est aux bords du Pacifique. Trois jours pour traverser le continent, avec quelques méchants aux trousses. 
Un premier tome sympathique, qui finalement ne laisse pas tant que cela de place aux belles mécaniques. Comme si l'auteur cherchait un alibi pour délaisser les carrosseries métalliques pour celles, plus arrondies, de la belle héritière.

« Harry Octane » (tome 1), Glénat, 13,90 €


jeudi 16 février 2012

Billet - La Saint-Valentin sur les réseaux sociaux : une orgie d'amour


Ils ont bien réussi leur coup les publicitaires. La Saint-Valentin, la fête des amoureux, connaît un regain de vitalité grâce à internet. Depuis une semaine, on percevait un frémissement, hier c'était l'apothéose, l'overdose même. Partout et à propos de tout, on ne parlait que de ça. Les moutons de la toile avaient les yeux en forme de cœur, les bisous contaminaient tout...

Même des virus ont pris la sympathique forme d'une application à partager sur Facebook pour mettre votre profil aux couleurs de la Saint-Valentin (à dominante rose !). Ne succombez pas à ce bête excès de romantisme, vous le regretteriez...
Qui dit Saint-Valentin dit ébats amoureux. Une étude américaine nous apprend que chez les moins de 35 ans, la classique cigarette d'après l'amour est en train d'être détrônée par les réseaux sociaux. Ils sont 35 % à aller raconter leurs exploits, essentiellement depuis des smartphones. Saluons au passage le format de Twitter (140 signes maximum), idéal pour les éjaculateurs précoces.
Sur Twitter justement, le nouveau jeu à la mode est une petite application qui se charge de trouver votre âme sœur sur le réseau. Je l'ai testé et il ressort que @litout (moi, en l'occurrence) serait amoureux de... @lindependant (le compte du journal, mon boulot quoi). Ça semble complètement idiot, mais finalement mon épouse n'est pas loin de confirmer. A son grand regret, je passe beaucoup trop de temps à travailler.
Sur ce, je met un point final à cette chronique. J'ai un cadeau à trouver moi...
(Chronique "Ça bruisse sur le net" parue dans l'Indépendant du mercredi 15 février)

Roman - Grégoire Delacourt raconte les envies de son héroïne

Une vie tranquille, de l'ambition, un foyer, un mari aimant, de l'argent... Quels sont les ingrédients du bonheur ? Tentative de réponse dans ce roman de Grégoire Delacourt.



Jocelyne Guerbette est mercière à Arras. Un drôle de CV pour être héroïne de roman. Mais Jocelyne, sous la plume de son créateur, Grégoire Delacourt, va vite devenir un de ces personnages de roman qui vont longtemps vous revenir en mémoire. Ces êtres de papier qui pourtant vous semblent plus réels que la voisine ou le collègue avec qui vous parlez tous les jours de choses et d'autres.

Jocelyne est mariée à Jo. C'est le diminutif de Jocelyn. Jocelyn et Jocelyne. Une histoire d'amour simple. La jeune femme, encore apprentie dans la mercerie de son ancien patron, a vite été séduite par ce Nordiste pure souche qui travaille à l'usine Häagen-Dazs. Ils ont eu deux enfants, Romain et Nadine. Et un petit ange, Nadège, morte à la naissance. Depuis cette date Jo a changé. Jocelyne se contente alors du souvenir de cet homme aimant et attentionné.



Porsche Cayenne contre économe

Vingt ans plus tard, Jo va mieux. Il a même des envies. Un écran plat, une Porsche Cayenne, la collection complète des James Bond en DVD. Jocelyne de son côté vivote avec sa mercerie. Pour s'occuper, elle ouvre un blog pour y raconter les trucs de couture d'antan. Elle va réveiller les souvenirs de nombreuses femmes et rapidement, son entreprise virtuelle va permettre de relancer son commerce. Jocelyne, qui est la narratrice du roman, nous raconte aussi comment elle a perdu sa mère, la maladie d'Alzheimer de son père, ses repas avec Danièle et Françoise, les jumelles qui tiennent le salon Coiff'Esthétique, leurs rêves de richesse et de princes charmants. Alors c'est aussi le tour de Jocelyne de faire la liste de ses envies. Et les circonstances vont lui permettre de placer la barre beaucoup plus haut que son mari. Elle sera modeste dans un premier temps, « Un nouveau micro-ondes, un économe, un couteau pour le pain, des boule Quiès (à cause du ronfleur !) » Et puis petit à petit elle changera de braquet, s'intéressera à des objets ou choses dont elle n'a connaissance qu'à travers ses discussions avec les jumelles ou dans les magazines féminins : « Plein de trucs chez Chanel, des sous de côté pour Romain (il finira mal) » Dans sa dernière liste, elle écrira « Acheter une maison avec un grand jardin et une terrasse d'où l'on voit la mer, le Cap Ferrat, où papa sera bien, surtout ne pas demander le prix, juste faire le chèque avec désinvolture. »

Avec « La liste de mes envies », Grégoire Delacourt transforme l'essai de son premier roman, « L'écrivain de la famille ». Il a remporté une multitude de prix en plus d'un beau succès public. Jocelyne, la mercière d'Arras, devrait elle aussi plaire à un important lectorat.

« La liste de mes envies », Grégoire Delacourt, Lattès, 16 €


mercredi 15 février 2012

Billet - Les vraies et fausses morts annoncées sur internet

Dimanche matin, au réveil, mon fil twitter était rempli des ultimes trémolos de Whitney Houston et de ses fans inconsolables. On aurait pu se douter en voyant sa dernière apparition publique dans une discothèque que tout cela allait mal finir. Titubante, elle monte sur scène, prend le micro et tente de chanter de sa voix éraillée par les excès.

 
Il y a eu beaucoup de « RIP Whitney » et des rigolos qui ont parodié la NASA avec « Allo Whitney, on a un problème... »
J'avais déjà trois refrains de ses tubes en tête et ne savait plus quoi faire pour m'en défaire quand le salut est venu de Facebook. Une amie me prévenait : « Whitney se défonçait, Keanu faisait du sport. La vie est décidément une maladie mortelle. » Et un lien renvoyait sur la page d'un site américain annonçant la mort de Keanu Reeves dans un accident de snowboard... Je découvrais rapidement que c'était une fausse information, un fake. J'aurais dû me souvenir que Keanu Reeves est déjà mort sur internet il y a cinq ans... Son « avis de décès » sur les pistes suisses de la station de Zermatt est issu d'un site spécialisé dans ces mauvaises blagues. Un générateur de fake. Il suffit de rajouter le nom du prétendu mort.
Je n'ai pas résisté à la tentation. Je me suis tué. J'avais le choix entre le naufrage de mon yacht au large de Saint-Tropez ou l'accident de voiture en Australie. J'ai finalement opté pour la disparition dans la forêt au Congo. Ce sera plus simple pour les obsèques...
(Chronique "Ça bruisse sur le net" parue dans l'Indépendant du mardi 14 février)

BD - Hamster drame ou la vie d'une sale bête




Amis des animaux, passez votre chemin. Dans cette série écrite par Mazaurette et dessinée par Krassinsky, le héros est un hamster génétiquement modifié. Dans ce futur proche, vous pouvez commander sur internet votre animal de compagnie, en définir sa couleur, son tempérament et même prendre une option comme « fait la vaisselle »... Pour le cadeau d'anniversaire de la cadette, un couple d'horribles bobos achète un hamster, comme celui de Britney Spears. En cours de fabrication, la chaîne se dérègle et le hamster se transforme en sale bestiole, laide et méchante. Cette BD, c'est comme la Bestiole, on l'aime ou on la déteste. Si vous riez à son mauvais esprit, sa duplicité et ses mauvais coups vous allez l'adorer.

« Sale bête » (tome 1), Dupuis, 10,45 €

mardi 14 février 2012

Billet - Timeline sélective sur Facebook pour l'ami Nicolas...



Chouette, j'ai un nouvel ami sur Facebook. Nicolas. Il habite Paris, a quatre enfants et travaille à la... présidence de la République. Il est même président, Nicolas. Pas encore candidat, mais je sens qu'il va bientôt le devenir en changeant son statut. Il devrait l'annoncer en modifiant le bandeau de sa timeline.

Car c'est un nouveau profil personnel que Nicolas vient d'ouvrir. Il prend l'apparence du journal, tant décrié par les habitués du réseau social. On peut retrouver toutes les dates charnières de mon nouvel ami depuis sa naissance. Ainsi il obtient son bac en 1973, il passe pour la première fois à la télé en 1975. En 1976, les mains dans les poches d'un pantalon très serré, il défile pour demander la reprise des cours à Nanterre et Dauphine.
Ensuite ce sont les premières élections gagnées, la montée des marches du pouvoir jusqu'au poste suprême.
Une timeline sélective comme l'a fait remarquer Guy Birenbaum sur son blog. Nicolas n'a rien retenu de 1995, année de l'élection de Jacques Chirac face à Edouard Balladur. 1999 aurait pu être aussi une année blanche. Mais il a quand même noté le résultat des européennes : 12,82 %, le plus mauvais score de son parti.
A partir de 2002, le journal est très actif. Mais n'y cherchez pas de photos de Cécilia. Par contre Carla est très présente dès 2008. Et très belle comme sur cette photo en noir et blanc de janvier 2009, main dans la main avec son amoureux, dans une rue de Paris. Il a l'air sympa mon nouvel ami. Du moins sur Facebook.
(Chronique "Ça bruisse sur le net" parue en dernière page de l'Indépendant le lundi 13 février)

lundi 13 février 2012

BD - Aglaëe Aglaé : enquêtrice de charme des Maîtres de l'étrange de Li-An



Aglaëe Aglaé. Qu'il est adorable le nom de l'héroïne de cette nouvelle série de Li-An. Et son joli minois devrait en faire fondre plus d'un. Aglaëe est une sorte d'Adèle Blanc-Sec, sans la liberté d'esprit de la créature de Tardi. Elle rêve de participer aux enquêtes du club des Maîtres de l'étrange. Son oncle va lui permettre de participer à l'éclaircissement de l'affaire de l'Ange tombé du ciel. Une jeune femme, les cheveux très courts, est retrouvée la nuque brisée à 100 mètres d'une voie ferrée. Son corps semble tombé du ciel dans la neige fraîche car il n'y a pas une seule trace de pas autour d'elle. Aglaëe, grâce à sa perspicacité, va se mettre sur la piste d'un cirque, d'un singe blanc et de drôles de bonnes sœurs.
Un superbe hommage aux feuilletons populaires du début du 20e siècle.


« Les maîtres de l'étrange » (tome 1), Vents d'Ouest, 13,90 €

dimanche 12 février 2012

BD - Zaya : artiste et tueuse imaginée par Morvan et Huangjiawei



Jean-David Morvan
, scénariste de BD très actif, a depuis longtemps franchi les frontières de la France et de l'Europe. Fasciné par le Japon, il a également mis en lumière plusieurs dessinateurs asiatiques. Pour Zaya, il fait découvrir au public français Huangjiawei, un auteur chinois à l'univers graphique incroyablement riche. Zaya est une artiste. Mais avant c'était une tueuse au service de la Spirale, une organisation secrète. Elle va devoir reprendre du service pour éliminer un mystérieux assassin s'attaquant aux pontes de la Spirale.
Violent et beau, ce premier tome de 80 pages vous en met plein la vue. Pourtant il n'y a pas grand chose de lisse (hormis le corps de Zaya) dans ce monde futuriste, un peu comme les BD de Philippe Marcelé, auteur français malheureusement oublié aujourd'hui.

« Zaya » (tome 1), Dargaud, 14,95 €

samedi 11 février 2012

Nadine for ever...

Désolé, une nouvelle fois, je suis obligé de vous parler de Nadine Morano. Quand on suit attentivement les soubresauts des réseaux sociaux, Nadine  Morano est incontournable. Ses interventions à la radio, en télé et même en presse écrite font le buzz. Alors quand elle se lâche sur Twitter, ce sont des milliers de personnes qui sourient, ricanent, se lamentent ou se désespèrent. Car Nadine Morano et le Net c'est un peu comme le PSG et le foot ou Michaël Schumacher et la Formule 1. On est obligé d'en parler, mais rarement avec plaisir.
Notre ministre chargée de l'Apprentissage et de la Formation professionnelle et, ne l'oublions pas, déléguée générale UMP en charge des élections, est triplement à la Une, si l'on oublie sa sortie : « Le problème d'Eva Joly c'est son physique », vieux déjà de trois jours... Elle a diffusé ce tweet adressé à Eric Besson, autre ministre très connecté, relevant plus du domaine de la vie privée que de l'action politique : « Je bulle dans un spa avec des copines et toi tu tweet. Occupe-toi de ta femme un peu. »
Sur Twitter, il semble que de nombreux abonnés au compte de Nadine Morano soient totalement virtuels. Il se pourrait qu'elle « achète » des profils fabriqués par des robots pour faire gonfler son audience.
Enfin elle doit affronter un vent de révolte de quelques twittos qui ont lancé une opération « unfollowMorano ». Il est demandé de se désabonner de son compte... Il va sans dire que cette dernière opération est un échec cuisant. Sur internet aussi l'excès fascine...

(Chronique parue en dernière page de l'Indépendant du Midi le vendredi 10 février)

vendredi 10 février 2012

Billet - Kissenger, Mobileryder : des amours de sextoys et de robots


La sortie mercredi de la Guerre des étoiles en 3D remet en vedette les robots. R2-D2 et C-3PO, les deux héros électromécaniques de la saga de George Lucas ont un rôle central, mais complètement asexué. Dans la réalité, des robots au service de la sexualité de leurs utilisateurs ont vu le jour.

Connaissez vous le Kissenger ? Ce petit robot a la forme d'un lapin (plutôt version crétin que Bugs Bunny) et est doté d'une grosse paire de lèvres en mousse de silicone. Vous le branchez à votre ordinateur, votre chéri(e) en fait de même de son côté avec son exemplaire. Embrassez Kissenger, les lèvres de l'autre lapin reproduiront vos mouvements. Si la maxime affirme que le ridicule ne tue pas, Kissenger démontre le contraire...
Beaucoup plus osé ce sextoy à brancher sur votre iPod ou iPhone. Plutôt destiné à madame, il vibre au rythme de votre musique préférée. Rien de bien révolutionnaire, encore fallait-il y penser...
Par contre le Mobileryder est réservé aux iPhone. C'est une coque dans laquelle vous glissez le smartphone. Mais il est doté d'une extension criante de vérité qui pourrait en faire rougir plus d'une. Le fabricant, malin, n'a pas occulté la caméra et il conseille de l’utiliser en liaison avec la plateforme de discussion FaceTime permettant de faire des appels vidéo. Virtuellement, l'interlocuteur se retrouve au cœur de l'action. Une idée de cadeau de Saint-Valentin franchement plus « glam » qu'un robot... aspirateur.