samedi 10 octobre 2009

BD - "Les vents de Gath", premier album de Dumarest, l'aventurier des étoiles


La collection « Soleil cherche futurs » a pris le parti de remettre en lumière des sagas de science-fiction ayant enchanté des générations de lecteurs avides de voyages stellaires et de découvertes de civilisations aliens. 

Cette nouvelle adaptation, signée Nolane et dessinée par Chris Millien, permet au lecteur des années 2000 de faire connaissance avec Dumarest, l'aventurier des étoiles ayant débuté son périple intergalactique à la fin des années 60 sous la plume de l'auteur anglais E. C. Tubb. Dans un space opéra classique, Dumarest, à la gueule très inspirée par Clint Eastwood, va de planète en planète gagnant le prix de ses billets dans des combats à mort. Il est engagé comme garde du corps d'une dignitaire religieuse désirant se rendre sur la planète de Gath. Un monde hostile mais qui a la particularité de permettre aux vivants de converser avec les morts... 

Très plaisante et pleine de rebondissements, cette série n'a d'autre but que de nous divertir et rêver, le temps de la lecture de ces 48 pages.

« Dumarest, l'aventurier des étoiles » (tome 1), Soleil, 12,90 € 

vendredi 9 octobre 2009

BD - Kaplan et Masson, un petit air de Blake et Mortimer à la française


Kaplan et Masson ont un petit air de Blake et Mortimer, à la sauce frenchie. Ecrit par Didier Convard, le scénario se déroule dans les années 50 sur fond de prolifération d'armes nucléaires. Les savants atomistes ayant participé à la mise au point de la première bombe H, pris de remords, décident de lancer un mouvement de la paix pour que plus jamais les gouvernements n'aient à utiliser cette arme de destruction massive. A sa tête Albert Bernstein, de plus en plus torturé. Chaque nuit, un cauchemar vient le réveiller, celui de cet enfant en guenilles dans les ruines d'Hiroshima. 

Dans l'ombre, une mystérieuse organisation a décidé de faire le ménage par le vide dans cette communauté scientifique. Après Bernstein, c'est Purcell puis une physicienne suisse qui sont assassinés. 

Le prochain sur la liste semble être Nathan Masson, jeune scientifique français. Il bénéficiera de la protection de son ami, Etienne Kaplan, membre des services secrets français. 

Un petit côté classique et nostalgique renforcé par le dessin de Thubert, maître incontesté de la ligne claire.

« Kaplan & Masson » (tome 1), Glénat, 13 € 

jeudi 8 octobre 2009

Jeunesse - Georges et les trésors du cosmos


Stephen Hawking, professeur de mathématiques et de physique à l'université de Cambridge est considéré comme l'un des physiciens théoriques les plus brillants au monde depuis Einstein. Il s'est de nouveau associé à sa fille, Lucy, écrivain, pour faire découvrir la science aux plus jeunes dans un roman mélangeant divertissement et connaissance. Georges, son héros, part cette fois à la découverte des trésors du cosmos. 

Annie, la meilleure amie de Georges, a besoin d’aide. Son père, Éric, un grand scientifique, travaille sur un projet spatial important. Mais tout va de travers : son robot, qui s’est posé sur Mars, a un comportement bizarre. Et voilà qu’Annie a découvert un message étrange sur son super-ordinateur… 

En parallèle à cette histoire simple et passionnante, les jeunes lecteurs trouveront des passages plus techniques sur, par exemple, les explorations spatiales robotisées, les satellites dans l'espace ou Alpha du Centaure. Un livre agrémenté de très nombreux dessins de Gary Parsons et d'un cahier de photographies en couleur de l'espace et ses plus lointaines galaxies.

Georges et les trésors du cosmos, Pocket Jeunesse, 18,50 € 

mercredi 7 octobre 2009

Roman - Lettres d'oubli écrites par Jean-François Chabas

Roman crépusculaire de Jean-François Chabas, « Les ivresses » raconte la rencontre, mortelle, entre un quadra et une jeune femme.


Une lettre par jour. Jonas, le narrateur, s'impose cette contrainte pour raconter ses derniers moments à une jeune fille, Ava, rencontrée quelques temps plus tôt dans des circonstances qui resteront longtemps mystérieuses pour le lecteur. Une lettre chaque jour, mais que Jonas ne poste pas. Il garde tout soigneusement, préférant léguer le tout, en lot, à sa correspondante quand il sera mort. Il sait que c'est dans peu de temps. Condamné par la maladie, il va se retirer dans une petite maison à Saint-Pierre et Miquelon, archipel français loin de tout, perdu en Atlantique Nord.

A travers ces lettres, il va raconter sa vie dans cette nouvelle maison, ses relations avec ses voisins, se remémorer cette rencontre cruciale avec Ava et surtout faire le point sur son existence à quelques jours de l'échéance finale. C'est la partie la plus copieuse du roman de Jean-François Chabas, mais pas forcément la plus passionnante, ses relations avec le jeune couple d'épiciers installé près de chez lui devenant, au fil des jours et de sa déchéance physique, de plus en plus étrange, voire mystique.

Souvenirs de jeunesse

Par petites touches quotidiennes, comme ses peintures qui lui ont procuré une grande liberté financière, Jonas se raconte. Son enfance, la mort de ses parents naturels dans un accident, son placement dans des orphelinats puis son adoption par des Polonais, propriétaires d'une salle de sport, de boxe exactement. La boxe, la première ivresse du jeune Jonas. Les autres ivresses ce sont « la nature, les femmes et leur plaisir, le dessin, la peinture. Je compte sur mes doigts, par ordre d'apparition. Elles sont toutes là. Mes ivresses. Quelles sont, ou quelles seront les vôtres ? » questionne Jonas dans cette nouvelle lettre à Ava. La boxe, il l'a pratiquée avec passion, méthodiquement : « travailler des heures à en baver comme une limace sur des combinaisons compliquées, à prendre mes premiers marrons à travers le casque, et puis petit à petit, vous sentez votre corps qui comprend ce qu'on lui demande, et qui obéit. Ce n'est pas comme on imagine, une sorte de rage brute, une explosion. C'est un rouage d'horloge suisse. » La salle de boxe dans laquelle il verra ses deux parents adoptifs se faire assassiner.

Nouveau placement en institution. Mais il se rebelle, fugue, découvre la rue et finalement la nature sauvage, réfugié dans un chalet isolé en montagne. C'est peut-être un peu de ce sentiment qu'il tente de retrouver en décidant de mourir à Saint-Pierre. Affaibli physiquement, il profite pourtant au maximum d'une tempête, en plein mois de décembre. « Le paysage s'est modifié, les congères ont changé de place, c'est une mer ici, une mer de neige, avec les vagues presque aussi mouvantes. » Seul un fou pourrait prendre plaisir à vivre dans de telles conditions. C'est pourtant le choix de Jonas : « Au moins, le climat ne nous laisse-t-il pas de loisir. Il s'impose, et tant pis pour nos préoccupations humaines. »

Ce roman, entre rage humaine et désespérance de la maladie, est une ode à la vie, à la jeunesse et au besoin d'oubli face à l'éternité.

« Les ivresses », Jean-François Chabas, Calmann-Lévy, 14,90 € 

mardi 6 octobre 2009

BD - Anne, la bonne du Royaume imaginé par Feroumont


Dans ce Royaume, digne des plus beaux contes de fée, le roi a deux fils, une fille et une femme acariâtre. Le roi qui aime qu'on lui dise chaque matin que la nuit a été calme. « J'adore ce pays, il ne se passe jamais rien ! » avoue-t-il à son valet, Thibault. Mais ce que le roi préfère en ce royaume, c'est sa bonne. Anne, jeune, fraîche et peureuse. Elle redoute le cri des chouettes la nuit. Résultat, elle passe la nuit dans le lit du Roi... 

Cela aurait pu dévier vers une BD érotique, vaudeville version lutte des classes. Mais Benoit Feroumont, l'auteur, a créé cette série pour les pages de Spirou, magazine destiné aux jeunes. Donc Anne est chassée du château par la reine et devra tenir une taverne en ville. On rajoute un peu de fantastique, des oiseaux qui parlent et n'ont pas leur langue dans la poche, et au final on se retrouve avec un drôle de livre entre les mains, très séduisant car totalement inclassable. 

Situations farfelues, longs dialogues hilarants, qui propos explosifs, dessins expressifs : les atouts de cette BD ne manquent pas. Reste à trouver un public...

« Le Royaume » (tome 1), Dupuis, 9,45 € 

lundi 5 octobre 2009

BD - "L'antistase de l'héritier", second épisode de Mégaron


Quand Mathieu Sapin, auteur complet s'illustrant plutôt dans la BD intellectuelle, décide de pondre un scénario d'héroic-fantasy, cela décoiffe. Tel un Sfar libéré de ses chaînes mystico-religieuses, il imagine monstres, dieux et héros se mélangeant dans une grande marmite bouillonnante de légendes, malédictions et autres quêtes, complexes pour ne pas dire incompréhensibles. Le tout est illustré par Patrick Pion, dessinateur appliqué de ce délire plein de bruit et de fureur. 

Le second et ultime tome des aventures de Mégaron parle essentiellement de descendance. Le fils du héros (qui est grand, musclé, velu et doté d'une tête de phacochère) est sur le point de naître. Pour que le papa soit présent à l'accouchement, il doit se débarrasser d'une tribu de coupeurs de têtes, d'un dieu mineur à tête de lapin, d'une armée de squelettes et Arrak, Dieu du premier cercle. 

Les amateurs de réalisme social en seront pour leur argent. Les autres, à condition de bien vouloir jouer le jeu, découvriront un univers imaginaire riche et foisonnant.

« Mégaron » (tome 2), Dargaud, 13,50 € 

dimanche 4 octobre 2009

BD - Carmilla découvre les joies du camping


C'est toujours un plaisir de redécouvrir le trait rond et charnel de Laurel. Cette jeune dessinatrice, qui s'est faite connaître en dévoilant ses états d'âme dessinés sur le blog « Un crayon dans le cœur », signe le quatrième album des aventures de Carmilla. 

Cette adolescente, dont les péripéties sont écrites par Loris Murail, est très actuelle. Elle confie à son journal intime les bons et mauvais moments de sa vie. Les bons c'est quand elle pense à son fiancé, Jo, les mauvais c'est dès que sa petite sœur, Mina, s'immisce dans sa vie privée. Dans ce nouveau récit, la petite famille de Carmilla part en vacances au camping les « Verts pins ». 

L'ennui est mortel, jusqu'au jour où Carmilla croise la route d'un mystérieux et jeune vacancier. Elle tombe amoureuse, mais lui reste étrangement atone, comme absent de notre réalité. Une histoire un peu à l'eau de rose (mais le public visé est clairement adolescent et de sexe féminin...) qui aborde pourtant nombre de problèmes plus sérieux comme le phénomène des locavores ou des médecines alternatives.

« Le journal de Carmilla » (tome 4), Vents d'Ouest, 9,40 € 

samedi 3 octobre 2009

Roman - Moiteur sénégalaise durant l'hivernage

L'hivernage, ou saison des pluies au Sénégal, s'accompagne d'une ambiance particulière, propice aux dérapages. Un polar de Laurence Gavron.


Il y a quatre personnages principaux dans ce livre. Deux hommes et deux femmes. Mais le véritable héros de ce roman policier signé Laurence Gavron c'est cette saison des pluies, l'hivernage, aux ambiances si particulières. Quatre à cinq mois ou la chaleur suffocante alterne avec de puissantes averses. L'auteur, Française vivant à Dakar, réalisatrice de documentaires sur des artistes africains, est également journaliste et photographe pour la presse locale.

Elle connaît parfaitement la région et décrit avec force de détails les effets de cette particularité climatique. « L'hivernage, au Sénégal, était puissant, passionné, surprenant. Il pouvait vous laisser tranquille pendant des jours, voire des semaines, et réapparaître soudain avec une force décuplée, tout envahir, abîmer, noyer, gâcher comme on disait volontiers ici. Il laissait des traces pendant des mois. L'eau arrivait en trombes, renversait tout. Mais aussi rapidement qu'elle était apparue, la pluie disparaissait, le ciel réapparaissait sous les couches de nuages désormais d'un gris bleuté, les traces blanches s'évaporant pour faire place à un horizon sans tache. Et aussitôt, la chaleur revenait, imperturbable. » Ce long extrait donne une bonne idée de l'importance de la météo tout au long de ce roman. Elle influe directement sur les humeurs des protagonistes.

Le flic, le journaliste, la photographe et le modèle

Ils sont donc quatre à graviter autour de la découverte du cadavre d'un retraité, le sexe coupé, mort saigné dans son lit du quartier de la Médina. Le flic qui est chargé de l'enquête : Souleymane/Jules Faye. Bon vivant, heureux aux côtés de sa femme aux formes rebondies. Il est devenu quelqu'un d'important, presque malgré lui.

Important aussi Bokar, rédacteur en chef d'un quotidien de Dakar. Encore jeune, provincial, bon musulman, il est fier de sa réussite. Et découvre également un monde nouveau. Notamment par l'entremise de Leocady, sa jeune maîtresse. Cette métisse, ayant passé toute son enfance en France, est revenue à ses racines, cherchant à mieux connaître son père. Elle est tombée amoureuse de ce pays, de ses habitants. Elle aime l'art et en vit, signant des photos présentées dans des expositions ou des livres.

C'est dans le cadre de son travail qu'elle va rencontrer, Mariama, dernier personnage clé du roman. Cette jeune femme a été mariée, sur photo, à un Sénégalais immigré. Son mari l'a choisie dans un classeur, un book. Il vit en Italie, travaillant dur pour faire vivre toute sa famille résidant à Louga, dans le nord du pays. Mariama n'a passé qu'un mois avec lui, pendant ses vacances. Après les noces. Il est reparti en Europe. Elle attend, résignée, patiente.

Le roman est aussi un prétexte pour décrire la vie de ces petites gens, nouveaux bourgeois ou jeunes intellectuels de ce pays d'Afrique baignant dans une civilisation très marquée par l'islam. Un voyage loin des clichés du Sénégal touristique, d'autant plus à vif qu'on est en plein hivernage.

« Hivernage » de Laurence Gavron. Editions du Masque. 265 pages. 16 € 

vendredi 2 octobre 2009

BD - Tueur schizophrène dans la "Primal Zone"


Gabrion est un explorateur de BD. Dessinateur et scénariste doué, il n'a de cesse d'expérimenter, d'oser, de changer de style ou d'univers. Après des séries comiques (Les Pensionnaires), des sagas au long cours (L'homme de Java) et de l'humour au second degré (Phil Koton), il signe une BD en noir et blanc, au réalisme photographique bonifié de représentations de monstres fantasmagoriques. 

« Primal Zone » est, selon son auteur, « la découverte du monde intérieur d'un malade psychotique ». Le héros, ayant tué sa mère alors qu'il était âgé de 10 ans, a vécu 15 ans en hôpital psychiatrique. Il en sort guéri. C'est du moins ce qu'il fait croire aux médecins. Libre, il lâche son monstre intérieur, Ortog, et devient un tueur en série. Une BD parfois déroutante mais magistralement réalisée.

« Primal zone » (tome 1), Delcourt, 12,90 € 

jeudi 1 octobre 2009

BD - Duel de belles


« Les Nombrils », série comique des auteurs canadiens Delaf et Dubuc, est la grande révélation des éditions Dupuis de ces dernières années. Des gags ayant pour héroïnes trois jeunes filles, amies mais très différentes. Si Jenny et Vicky, belles et aguicheuses, nombrils à l'air et ficelles du string apparentes, jouent avec les garçons comme des chats avec des souris, Karine est une grande saucisse ne sachant pas se mettre en valeur et horriblement romantique. Karine est désespérée après la trahison de son amoureux, Dan. Il a rejoint Mélanie, une blonde faisant dans l'humanitaire. 

Ce quatrième album raconte comment Karine va déjouer les manigances de Mélanie qui se révèlera encore plus retorse que Jenny et Vicky...

« Les Nombrils » (tome 4), Dupuis, 9,45 €