samedi 29 août 2009

BD - Les dieux du Mont Saint-Michel


Ce gros album de près de 100 pages se déroule presque exclusivement au Mont Saint-Michel, en 1508. La construction de l'abbaye est arrêtée car le moine chargé des travaux est mort dans un accident. Le sauveur pourrait être le frère Tiburce de Trévezel. 

Il sort de sa retraite pour mettre sa science au service des bâtisseurs. Rapidement le chantier reprend, mais ce ténébreux religieux semble plus intéressé par les archives du Mont que par les travaux. En fait, sous la défroque du moine se cache un druide à la recherche du trésor de l'ancienne religion, celle qui honorait Lug, Tanaris et autres dieux des contrées celtes. 

Le scénario, écrit par Armand Guérin, est illustré par Fabien Lacaf. Ce dessinateur s'était fait un peu rare dans la BD ces dernières années. Il a en effet réalisé de nombreux story-boards pour le cinéma. On retrouve cette science du cadrage dans des planches très dynamiques qui mettent en valeur ce décor exceptionnel qu'est le Mont Saint-Michel. Mélangeant quête du trésor et guerre de religions, cet album de BD devrait passionner les amateurs d'Histoire et donner envie d'aller découvrir ce monument extraordinaire.

« Les flammes de l'Archange », Glénat, 14,99 € 

vendredi 28 août 2009

Bd - "Inversion" et vies parallèles


Schizophrénie mon amour ! Tel pourrait être le résumé de cette nouvelle série où on retrouve, ce n'est pas une surprise, Makyo au scénario et Jerry au dessin. Makyo s'est fait une spécialité des mondes parallèles. Souvent ses histoires fonctionnent sur la confrontation entre un événement fantastique, merveilleux et une vie simple et cartésienne. 

Jehn Zalko est écrivain. Insomniaque, il tente de profiter de ces nuits blanches pour avancer sur son roman. Mais c'est la panne. Il entretient une relation torride avec Lola, sa voisine, prof de littérature. Parmi ses hobbies, le tir à l'arc. Une nuit, épuisé, il bascule dans un autre monde. Dans cette civilisation complexe et très structurée, il est le prince. Un homme de pouvoir. Mais Jehn ne sait rien de lui. Au petit matin, l'écrivain se réveille dans sa chambre, comme si ce n'était qu'un mauvais rêve. Il constate que durant son « absence », un autre a pris sa place dans la vraie vie. 

Deux mondes, deux personnages se ressemblant et s'échangeant leurs vies : « Inversion » s'annonce pleine de rebondissements. Jerry, au dessin, est fidèle à notre réalité et plein d'invention pour le monde parallèle.

« Inversion » (tome 1), Dupuis, 13,50 € 

jeudi 27 août 2009

BD - Taniguchi se raconte dans "Un zoo en hiver"

Maître incontesté du manga au Japon, auteur reconnu à l'étranger, Jiro Taniguchi a pourtant débuté sa carrière comme simple assistant dans un studio qui produisait une vingtaine de planches chaque semaine. Ces débuts, le mangaka les raconte dans cet album avec sensibilité et finesse. 

Même pas âgé de 18 ans, il quitte un travail sûr, mais pas passionnant, dans une société de textile, pour intégrer une équipe de dessinateurs. Il va dans un premier temps gommer les planches, rajouter un bout de décor, encrer certains personnages. Des mois et des mois d'apprentissage avant d'oser de dessiner, seul, une histoire complète. Taniguchi, provincial, découvre également la vie culturelle à Tokyo. Les nuits sont longues au studio et au petit matin, tous se retrouvent dans des bars qui fonctionnent en continu. 

Cette histoire, entre documentaire sur le milieu de la BD japonaise et l'éveil à la vie d'un jeune homme, prend aux tripes quand le héros rencontre une jeune fille malade. Il l'accompagne dans ses balades et ensemble imaginent des histoires. C'est pour elle qu'il a osé se lancer en solo. Un amour impossible, poignant et douloureux.

« Un zoo en hiver », Casterman, 15 € 

mercredi 26 août 2009

BD - Nouveau départ pour la série Carmen McCallum


Nouveau départ pour la série Carmen McCallum. Si Fred Duval reste aux commandes du scénario, Gess cède le dessin à Emem. Ce jeune dessinateur a accepté un sacré défi. Le résultat est encore un peu brouillon et figé, mais les progrès en cours d'album sont réels, les dernières scènes, dans le maquis corse, étant assez réussies. 

Reste l'histoire. Fidèle aux premiers titres. Carmen, une fois son visage reconstitué (et modifié, ce qui facilite le travail à Emem), n'a qu'une idée en tête : se venger. Elle va infiltrer la sécurité d'un palace pour atteindre son but et assassiner son tourmenteur, Dario Fulci. Un exploit qui ne plait pas à tout le monde. Carmen devra payer pour son geste. Si elle désire se retirer des affaires, elle devra honorer un ultime contrat : dérober des documents à son ancien patron, Pascal de Cambre, un riche industriel pour qui les vies humaines n'ont que peu de poids face à la possibilité de faire progresser son chiffre d'affaires de quelques points. 

Carmen va donc tenter de le déloger de sa villa corse. Une Corse modernisée, l'action se situe en 2056, mais qui a gardé ses vieilles traditions d'omerta et de vendetta.

« Carmen McCallum » (tome 9), Delcourt, 12,90 € 

mardi 25 août 2009

Roman - Amélie Nothomb décolle

Court, incisif, étonnant : le nouveau roman d'Amélie Nothomb devrait contenter ses admirateurs.


A chaque rentrée littéraire, Amélie Nothomb propose une nouvelle pierre de son oeuvre littéraire. Inclassable à ses débuts, aujourd'hui c'est du Nothomb, tout simplement. « Le voyage d'hiver » est la rencontre de trois personnages. Le narrateur, Zoïle, employé d'EDF, une romancière à succès, Aliénor et sa préceptrice, Astrolabe.

Premier choc, les prénoms des personnages. Rien n'est banal dans les histoires d'Amélie Nothomb. Les situations sont aussi déjantées que les patronymes du trio. Zoïle est sur le point de détourner un avion avec la ferme intention de provoquer un second 11 septembre, sur Paris cette fois. Comment en est-il arrivé là ? Il raconte sa première rencontre avec Aliénor et Astrolabe. Chargé de vérifier la conformité des isolations de certains appartements, il découvre, sous les toits du quartier Montorgueil, un logement qui aurait pu aisément servir de chambre froide. Les locataires en sont deux femmes. « L'une était une anormale légère », « l'autre charmante et vive. » « Les deux filles portaient une quinzaine de pulls de laine recouverts d'autant de manteaux, écharpes et bonnets. L'anormale avait l'air d'une version demeurée du yéti. La jolie conservait dans cette tenue une allure gracieuse. » Zoïle va rapidement tomber amoureux de la jolie, Astrolabe. Mais cette dernière ne peut lui consacrer la moindre minute. Elle est entièrement au service d'Aliénor, la débile. Incapable d'écrire, elle se contente de dicter des textes que la belle transforme en romans forts et prenants. Zoïle, pour être exact, dans un premier temps, s'extasie devant les textes d'Aliénor avant de succomber à la beauté d'Astrolabe.

Macarons et champignons

Il va donc faire une cour assidue aux deux femmes, constatant que l'une ne peut se passer de l'autre. Amélie Nothomb semble prendre un malin plaisir à décrire son double romancière. Ainsi, quand Zoïle apporte des macarons à Aliénor, cette dernière les dévore : « après avoir grogné d'extase à plusieurs reprises, elle se mit à enfourner les macarons les uns après les autres. J'avais choisi un assortiment d'une vingtaine de pièces de saveurs différentes : à chaque goût nouveau, Aliénor barrissait, attrapait le bras d'Astrolabe pour attirer son attention et ouvrait grand la bouche afin de lui montrer la couleur du gâteau responsable d'une telle transe. » Le roman prend une tournure encore plus délirante après un repas à base de champignons hallucinogènes. Le trip, décrit avec minutie, va changer la vie des deux femmes et le destin du narrateur, sur le point d'embarquer dans un avion de ligne...

« Le voyage d'hiver », Albin Michel, 15 € 

lundi 24 août 2009

Roman - Frédéric Beigbeder devient adulte

Quand Frédéric Beigbeder se souvient de son enfance, cela donne un roman hommage aux années 70 et à la bourgeoisie française.

Frédéric Beigbeder est-il à plaindre ? Ce roman, largement autobiographique, est né d'une épreuve qui l'a profondément marqué. Une nuit de janvier 2008, avec un de ses amis poètes, il est surpris par une patrouille de police en train de sniffer de la cocaïne sur un capot de voiture, en pleine rue. Interpellé, il est placé en garde à vue. Une longue période d'isolement qui réveille dans l'esprit du romancier ses souvenirs d'enfance. 

Dans ce cachot, il va imaginer le texte qui va le faire passer de romancier à la mode au statut d'écrivain français. Un bien pour un mal. Finalement, Frédéric Beigbeder ne devrait pas se plaindre, cette garde à vue lui aura permis de prouver ce qu'il a dans le ventre et la plume.

L'auteur raconte donc ces 48 heures d'enfermement en fil rouge de ses souvenirs d'enfance. Avec une grande pudeur mais sans détours, il parle de ses parents. Un couple qui ne durera pas longtemps. Le bonheur de la famille unie sera bref. Frédéric vivra avec sa mère et son frère aîné. Il tentera de dénouer les liens compliqués entre les différents membres de sa famille. 

Il décrit avec minutie les mœurs et pratiques de la grande bourgeoisie française qui vivait ses derniers jours sans s'en rendre compte. L'auteur, surtout, réalise l'importance de cette notion de famille : « Privés de nos liens familiaux, nous sommes des numéros interchangeables comme les « amis » de Facebook, les demandeurs d'emploi de l'ANPE ou les prisonniers du Dépôt ». En exorcisant son enfance sur le papier, Frédéric Beigbeder est enfin devenu adulte. L'amateur de bonne littérature apprécie.

« Un roman français », Frédéric Beigbeder, Grasset, 18 € 

dimanche 23 août 2009

BD - Romance et piraterie


Par une nuit d’avril 1812, un navire corsaire cingle vers les côtes d’Amérique. A son bord des passagers discrets qui ont payé cher leur traversée pour cela. Leurs noms : Artemis Delambre, mystérieuse et superbe jeune française contrainte de quitter son pays pour une raison inconnue, et Roustam, colosse égyptien, prêt à donner la mort à quiconque s’approchera de sa maîtresse. Entre eux : un secret. A leurs trousses : des tueurs de toutes nationalités, et qui tous vont se retrouver sur les terres de Louisiane, enclave romanesque et cosmopolite, où luttes de pouvoir, d’amour et d’influence vont très vite se révéler au grand jour… 

Cette nouvelle série de pirates (décidément à la mode en cette année, de Hermann à Delitte en passant par Brrémaud et Lematou...) est due aux talents conjugués de Marc Bourgne et Frank Bonnet. Le premier, bien que dessinateur de Barbe Rouge, en signe le scénario. C'est Bonnet qui se charge du dessin. Il n'a pas la précision d'un Pellerin ni le classicisme d'un Hubinon, mais il s'en tire plus que honorablement. Un bon début pour une série pleine de violence, d’amour et de sensations fortes dans les odeurs d’embruns et les claquements de pavillon pirate...

« Les pirates de Barataria » (tome 1), Glénat, 13 €


BD - La fille sans visage


Un nouveau Canardo c'est avant tout une ambiance. Sokal, malgré un dessin animalier en décalage complet (son héros est un canard !) parvient à planter une atmosphère de polar, noir et sans espoir. Notre détective privé, toujours fauché, légèrement alcoolisé, raccompagne ce soir-là la belle Galina. Cette prostituée slave qui n'a pas trouvé de client, tente de vendre ses charmes au rabais au héros. Mais c'est encore trop... Et au prochain croisement, c'est l'accident. La belle Cadillac Eldorado Biarritz 1956 de Canardo est percutée par une Porsche lancée à toute allure. Fin de la course dans un canal. Une jambe cassée pour Canardo, le visage en bouillie pour Galina. Le chauffard, Norbert de Cludezaque, dit Nono le pervers, est le riche héritier du grand-duché du Belgambourg. Pour étoffer le scandale, il paye la convalescence des accidentés et s'emmourache de Galina. Il lui paiera même une reconstruction complète du visage. Cette histoire permet à Sokal de brocarder, dans le désordre, les héritiers, les paparazzi et la chirurgie esthétique. L'intrigue est pleine de rebondissements et parfois, on se croirait dans un Simenon...

« Canardo » (tome 18), Casterman, 10 € 

samedi 22 août 2009

BD - Pirates et zombies à la mode Hermann


Suite et fin de cette histoire de pirates signée Hermann, père et fils. L'Iguane est toujours à la recherche du coffre au trésor de Murdoch, le cruel pirate. Il croit toucher au but mais ne trouve que des papiers sans valeur. Ses hommes l'abandonnent sur une île déserte. 

L'Iguane qui ressemble de plus ne plus à un mort-vivant. Sa peau, de plus en plus cadavérique, a le don de filer la frousse à tous ceux qui le croisent. En parallèle, les soldats anglais tentent eux aussi de mettre un terme aux exactions de Murdoch. Le final de cette seconde partie se déroule sur une île encore sauvage. D'un côté le camp de Murdoch, lourdement armé, de l'autre les Indiens Caraïbe et au centre un volcan qui fait des siennes. Hermann anime ce petit monde de mort et de souffrance avec son brio habituel. 

Toujours en couleurs directes (de l'aquarelle passée sur de simples crayonnés), le récit vous plonge au cœur de ces mers trop bleues et le vert de cette végétation luxuriante, envahissante et oppressante. Sans oublier le noir des âmes et le gris des cendres du volcan qui aura le dernier mot.

« Le diable des sept mers » (tome 2), Dupuis, 14,50 € 

vendredi 21 août 2009

BD - Dangereux orphelins


Envie d'une bonne tranche de rire ? Pas de problème, Arleston est là pour fournir jeux de mots foireux et situations cocasses. Le scénariste de Lanfeust de Troy semble prendre un plaisir immense à scénariser les aventures des personnages secondaires de sa série vedette : les Trolls. Comme le dessinateur, Mourier, se révèle d'album en album un dessinateur comique hors-pair, l'ensemble remporte logiquement un succès de plus en plus important. Et ce n'est pas ce 12e album qui devrait inverser la tendance tant les gags sont nombreux et savoureux. 

Pour une fois, ce ne sont pas Tétram et Waha qui sont en vedette mais deux enfants trolls, Tyneth et Gnondpom. En balade dans la forêt, ils sont capturés par une certaine Lady Romande. Sous des airs de bienfaitrice (elle recueille de jeunes orphelins), elle transforme les enfants en bêtes de somme qu'elle revend sans scrupule à de riches bourgeois. Mais s'il est facile de « dresser » des va-nu-pieds, il n'en va pas de même pour des trolls. 

Les deux petites créatures velues vont mettre une belle pagaille dans cet orphelinat. Une première partie hilarante. Vivement la suite...

« Trolls de Troy » (tome 12), Soleil, 12,90 €