vendredi 20 février 2009

BD - Vieillesse trash


Laetitia Coryn a 25 ans et sait parfaitement dessiner les petites filles déguisées en princesses. Mais Laetitia Coryn s'intéresse plus aux personnes âges, les vieux. Car Laetitia Coryn ne fait pas dans le politiquement correct. Les papis et mamies qui évoluent dans ses gags en une planche sont incroyables. 

Toujours portés sur le sexe (plutôt tendance sado-maso...), ils ont également la fâcheuse habitude de jouer avec leurs excréments, de martyriser leurs animaux de compagnie et se moquer des jeunes. Certains gags sont carrément immondes. Mais pour connaître ses limites, ne faut-il pas les franchir parfois ? Pervers Pépère à côté fait figure de boy-scout. 

Exemple le fibrome utérin (de la taille d'une balle de tennis) de grand-mère, transformé en jokari par un papi joueur, bien content de faire plaisir à moindre coût à son petit-fils. Si Laetitia Coryn dessine les enfants et adultes sans trop les caricaturer, il n'en est pas de même pour ses personnages favoris, surchargés de rides, plis et autres horreurs physiques habituelles dès que l'on passe les 70 printemps. 

Un album à ne pas mettre entre toutes les mains à base d'humour noir porté à son plus haut niveau.

« Le monde merveilleux des vieux » (tome 2), Drugstore, 10 € 

jeudi 19 février 2009

Roman jeunesse - Quand un autiste enquête après "Le bizarre incident du chien pendant la nuit"


Christopher Boone vit dans une petite ville anglaise en compagnie de son père. Agé de 15 ans, Christopher est différent des autres adolescents. Il est autiste. Pas mongolien, loin de là, mais il n'arrive pas à intégrer une vie sociale normale. Par exemple il adore les maths. Résoudre des problèmes est un jeu d'enfant pour Christopher. Et compter le calme. Mais Christopher ne supporte pas qu'on le touche. Dès qu'il est contrarié il grogne ou se met à crier. Il est parfaitement conscient de ses problèmes comportementaux. 

Vers le milieu de ce roman de Mark Haddon, Christopher liste ces actions qui le desservent. Il relève notamment : "Crier quand je suis fâché ou déconcerté, ne pas aimer ce qui est jaune ou brun, refuser de manger si différentes sortes d'aliments se touchent, frapper les autres, détester la France..." Bref la vie avec Christopher n'est pas toujours facile. Son père qui l'élève seul est souvent sur le point de craquer.

Qui a tué le chien ?

Un événement dans le quartier va faire basculer la vie de Christopher. Un jour, il découvre le corps du chien de la voisine, transpercé par une fourche. L'adolescent, qui aime lire les romans policiers, se met en tête de découvrir le meurtrier du pauvre animal. Il va se lancer dans une enquête, et raconter dans un cahier la progression de ses recherches. C'est ce livre que le lecteur découvre, la prose d'un autiste qui raconte sa vie comme il pense. Parfois c'est très clair, d'autre fois c'est particulièrement tordu et emberlificoté.

Son enquête va conduire Christopher loin de son monde quotidien. Il va devoir prendre le train puis le métro et se déplacer seul à Londres. Or, Christopher a peur de la foule. Il compare son esprit à un disque dur d'ordinateur. Il a des difficultés à faire plusieurs choses en même temps et quand il est sollicité par trop de nouveautés à la fois, il se met en vrille et se déconnecte.

De l'évolution de l'espèce humaine.

Quand il est en train par exemple, le simple fait de regarder le paysage le trouble au plus haut point car il ne peut s'empêcher de tout observer et de tout enregistrer, avec les possibles conséquences : " Ça m'a fait penser qu'il devait y avoir des millions de kilomètres de voies ferrées et qu'elles passaient toutes devant des maisons, des routes, des rivières et des champs, et ça m'a fait penser au nombre incroyable de gens qu'il y a dans le monde et ils ont tous des maisons, des routes pour y rouler dessus, des voitures, des animaux domestiques et des habits et ils déjeunent tous, ils vont au lit et ils ont des noms et ça m'a fait mal à la tête aussi, alors j'ai refermé les yeux, j'ai compté et j'ai grogné." Durant son périple, Christopher aura quelques blancs du même type. A côté de ces situations extrêmes il est doté d'une intelligence réellement supérieure à la moyenne, parvenant parfois à analyser la situation avec une justesse extrême. A propos de l'évolution des humains et des religions, il a une théorie imparable : "Les gens qui croient en Dieu pensent que Dieu a mis l'être humain sur terre parce qu'ils s'imaginer que l'être humain est le meilleur animal du monde.

Mais l'être humain n'est qu'un animal et il évoluera pour produire un autre animal, et cet animal sera plus intelligent que l'être humain et il enfermera les hommes dans un zoo, comme nous enfermons les chimpanzés et les gorilles."

Laissez-vous emporter au pays des chiffres, des listes et de la logique imparable par Christopher Boone. Vous ne le regretterez pas et ne regarderez jamais plus les autistes avec les mêmes yeux...

"Le bizarre incident du chien pendant la nuit", Mark Haddon, Pocket Jeunesse, 19 euros 

mardi 17 février 2009

BD - Affaires à suivre


Denis Robert, en enquêtant sur les « affaires » et plus spécialement celles transitant par la société Clearstream au Luxembourg, a donné un grand coup de pied dans la fourmilière. 

Mais de justicier blanc dénonçant des exactions, il s'est retrouvé dans le costume de l'accusé, ruiné de procès en procès. Comment en est-il arrivé là ? Il le raconte dans cette BD (prévue en trois tomes) dont il assure le scénario, Yan Lindingre s'occupant du découpage et Laurent Astier des dessins. 

Denis Robert revient sur ses débuts dans le journalisme, ses désillusions dans un groupe de presse et ses premiers succès de librairie. Il fut célèbre, il est acculé. Cela se lit comme un polar. Mais la fin est toujours à l'écriture...

« L'affaire des affaires », Dargaud, 22 € 

lundi 16 février 2009

BD - Mère et mer


Histoire de famille chaotique, femme seule, mer omniprésente : cet album de 150 pages en noir et blanc est portée par les mots poétiques de Lætitia Villemin et le dessin précis et énergique de Guillaume Sorel. Ephémère est le nom de cette femme que les auteurs suivent durant toute une vie. 

Fillette ayant perdu ses parents, elle se raccroche à ce qu'il y a de plus rude dans cette Bretagne éternelle : l'océan. Une femme séduisante, séduite, abandonnée. Elle aura un enfant d'un photographe de passage. Un fils qui lui aussi la laissera seule face à cette mer, mangeuse de mère. 

Un album à lire face aux embruns, avec en bruit de fond ces vagues incessantes, si puissantes, immortelles.

« Mâle de mer », Casterman, 14 € 

dimanche 15 février 2009

BD - Ne tombez jamais malade


Voilà l'une des plus anciennes séries du catalogue Dupuis et malgré les décennies, elle n'a pas pris une ride, le ressort humoristique étant toujours aussi fort. La légende prétend que c'est lors d'un séjour à l'hôpital que Cauvin a imaginé ces "Femmes en blanc", essentielles pour la bonne guérison des patients. 

Il a confié le dessin de ces gags et récits complets à un jeune illustrateur, grand spécialiste des gros nez et capable de dessiner dix planches en une seule journée : Bercovici. A croire que Cauvin fait exprès d'être malade pour s'imprégner du milieu et trouver de nouvelles idées. 

Ce 31e tome intitulé "Rentabilité maximum" est désopilant, tout en tirant de plus en plus vers un humour noir, voire macabre. Comme cette histoire sur la meilleure façon de persuader une veuve de donner les organes de son mari fraîchement décédé. Autre moment d'anthologie, la visite d'un ministre, impromptue mais annoncée la veille, pour laisser le temps à la direction de remettre l'hôpital en état et de "trier" les patients. 

Une BD d'une redoutable efficacité qui donne envie de ne jamais tomber malade...

"Les femmes en blanc" (tome 31), Dupuis, 9,45 € 

samedi 14 février 2009

BD - Mémé en momie


Série destinée aux plus jeunes mais pouvant intéresser les plus grands, "Khéti, fils du Nil" est lancé pour la première fois dans une grande aventure en plusieurs parties. Dans cette Égypte des pharaons, Khéti décide d'aider sa jeune fiancée Mayt dans l'épreuve quelle traverse. Sa grand-mère, la doyenne du village, est morte. 

Les obsèques sont prévues dans la soirée. Mais pour que son âme n'erre pas sans fin, il faut dessiner sur le modeste sarcophage en bois les formules magiques qui lui ouvriront le chemin du paradis. Khéti va donc recopier les formules sur des bandes de lin et les retranscrire une fois la cérémonie terminée.

 Problème, quand les deux enfants et leur chat, Miaou, pénètrent dans la tombe, il sont entraînés avec Mémé dans l'au-delà. 

Cette histoire, très instructive sur les rites mortuaires de l'Égypte, est écrite par Isabelle Dethan, passionnée par ce pays et cette période. Au dessin, Mazan, de plus en plus perfectionniste, maniant la couleur comme personne.

"Khéti, fils du Nil" (tome 3), Delcourt, 9,95 €

vendredi 13 février 2009

BD - Les quatre de Baker Street dans l'affaire du rideau bleu


Une nouvelle fois, l'Angleterre Victorienne et les personnages de Sherlock Holmes inspirent des auteurs français. Djian et Legrand se sont associés au scénario pour imaginer la vie mouvementée de certains « auxiliaires » du grand détective imaginé par Conan Doyle. Billie, Charly et Black Tom sont des gamins des rues, utilisés parfois comme guetteurs ou suiveurs par Holmes. 

Dans cette première aventure, ils vont se lancer, seuls, sur les traces d'un proxénète ayant enlevé une adolescente, Betty, la fiancée de Black Tom. Leur enquête (assez mouvementée) dans les bas-fonds de Londres va les conduire dans une maison close, le Rideau bleu, qui a décidé de vendre aux enchères à ses riches clients une « authentique jeune fille » selon les termes de la patronne du lieu. 

Les trois gamins, aidés par un quatrième membre de la bande, vont tout faire pour libérer Betty. 

L'histoire mêlant déduction et humour, est dessinée par Etien, un auteur au trait vigoureux et expressif, appelé à un bel avenir.

« Les quatre de Baker Street » (tome 1), Vents d'Ouest, 13 € 

jeudi 12 février 2009

BD - Fuite majeure


Attention, en lisant ce roman graphique de Cati Baur, toute femme vivant difficilement son statut de « ménagère de moins de 50 ans » pourrait être tentée de faire comme l'héroïne, Marie. 

Cette mère de famille, un soir, en rentrant de vacances avec mari et enfant, se dit, lors d'un arrêt sur une aire d'autoroute : « C'est maintenant ou jamais ! ». Un peu de rouge à lèvres et elle monte dans la cabine d'un camionneur, cap au sud. Marie s'invente une autre vie, loin de son train train, se faisant des amis, des amants dans des endroits où seule l'apparence compte. 

Une fuite en avant, comme si elle n'avait plus que quelques semaines à vivre. 

Récit intimiste, léger et grave à la fois, par une dessinatrice qui sait donner du sens à son récit.

« Vacance », Delcourt, 14,95 € 

BD - Le grimoire des souhaits avec Talisman de Debois et Martin


Pour leur 40e anniversaire, les éditions Glénat lancent de nombreuses séries et les présentent sous un double rabat reprenant la couverture d'un côté et une image-poster de l'autre. Parmi ces nouveautés, Talisman de Debois et Martin devrait plaire aux plus jeunes. 

Une histoire fantastique prometteuse, écrite par un maître du genre et dessinée par une illustratrice espagnole ayant fait ses gammes auprès de Guarnido. Edwin McGill, écrivain à succès, est en panne d'inspiration. Un état qui nuit à ses relations avec sa femme et sa fille, Tara, préadolescente à l'imagination débordante. 

Quand il tombe malade puis sombre dans le coma, les finances de la famille passent au rouge et la vie de Tara devient encore plus difficile. Jusqu'à ce qu'elle découvre dans un coffre, au grenier, une cape magique lui permettant de réaliser ses souhaits. Une cape ayant appartenu à son père et qui pourrait être la cause de sa maladie. 

Un conte prenant avec des personnages très attachants.

« Talisman » (tome 1), Glénat, 13 € 

mercredi 11 février 2009

BD - La captive de Wild River


L'Amérique sauvage, celle des grands espaces, du gibier à profusion et des Indiens, est au centre de cette série écrite par Seiter et dessinée par Wagner. Le souffle de l'aventure balaie cet album qui donne une parfaite idée de la difficulté de vivre et survivre en ces temps rudes et sans loi. 

Robert Frazer, un de ces pionniers, a vu sa vie basculer quand des Indiens Crows ont enlevé sa femme et son fils de six ans. Le lecteur va suivre en parallèle les efforts de Robert pour monter une expédition afin de retrouver sa famille et la vie de la mère et de son enfant dans une tribu indienne de plus en plus belliqueuse face à l'arrogance des Blancs colonisateurs. 

Dans ce déchaînement de violence, le frère de Robert va tenter de calmer le jeu. Mais ce n'est pas évident quand des fanatiques religieux entrent en scène et crucifient des Indiens pour l'exemple. 

Un western des temps anciens, âpre et sanglant, dans des décors grandioses superbement dessinés par Wagner.

« Wild River » (tome 2), Casterman, 11,50 €