mercredi 28 janvier 2009

BD - Explorateurs intersidérants


Rien de meilleur pour réussir une bonne série comique que de choisir des héros crétins. Et dans le genre, Spoot et Nik, les explorateurs spatiaux imaginés par Mo/CDM sont particulièrement gratinés. 

Le premier album de leurs aventures, tout en étant composés de gags en une planche, est construit sous forme de trois grands chapitres chronologiques. Une première partie nous montre leur apprentissage à terre, la seconde intitulée « C'est parti mon kiki ! » relate les explorations et la dernière conte le retour sur terre. 

La plus importante est bien évidemment celle du milieu. Les deux lascars vont aller à la rencontre des différentes races d'extraterrestres peuplant les galaxies. Généralement ce premier contact se passe mal. Il est vrai que Spoot et Nik sont les spécialistes des bourdes et autres impairs vexants et blessants. 

Ces multiples rencontres donnent également à Mo/CDM l'occasion de montrer toute la palette de son imagination en matière de monstres intergalactiques. I

l y a parfois du Moebius teinté d'un peu de Edika. C'est le seul intérêt pour les amateurs de SF car c'est avant tout de la grosse rigolade, entre absurde et non-sens.

« Spoot & Nik », Le Lombard, 10,40 € 

mardi 27 janvier 2009

BD - Secrets enfouis


Depuis toujours, les familles ont été un lieu propice aux secrets. Parfois ils restent cachés, d'autres fois ils éclatent au grand jour, bouleversant un précaire équilibre. Cet album écrit par Brigitte Luciani et dessiné par Colonel Moutarde (pseudonyme d'une jeune dessinatrice au trait fin, élégant et coloré) propose au lecteur deux versions de l'histoire. 

La partie apparente, puis la partie cachée. Toute l'originalité réside dans ces séquences cachées, que le lecteur ne découvre qu'à la seconde lecture, après avoir descellées les pages secrètes. La famille se retrouve donc pour l'enterrement du grand-père. Dans la grande maison à la campagne, les enfants devenus adultes se retrouvent, les petits-enfants jouent dans cet espace ouvert. La veuve s'active pour oublier son malheur. 

Mais très vite des tensions vont resurgir. Jalousie, mensonges, avarice : quelques défauts vont prendre le dessus. Heureusement certains secrets vont rester bien enfouis. 

Un album de femmes, avec une bonne dose d'humanité, cette denrée si rare dans les albums... d'hommes.

« Histoires cachées », Delcourt, 13,95 €  

lundi 26 janvier 2009

Roman - Star miniature dans L'usine à rêve de Hollywood racontée par François Rivière

François Rivière joue la nostalgie à fond dans ce roman relatant l'éphémère carrière d'un enfant-acteur dans « L'usine à rêves » du Hollywood des années 50.


En juin 1955, Charles Dulac est un gamin de 11 ans tout ce qu'il y a de plus mignon : « une chevelure blond châtain bouclant en désordre, un petit nez mutin et de bonnes joues dorées par l'éclat du soleil printanier ». Un gentil garçon, élevé par sa grand-mère, qui va voir le cours de son existence modifié quand il croise, sur les plages de Biarritz, la route d'un couple d'Anglais, Alex et Donnie Bliss. Charles va devenir Little Charlie et partir à la conquête d'Hollywood en compagnie de Donnie, la scénariste de cette série policière télévisée devenant rapidement un succès d'audience. Charles se souvient encore parfaitement de ces moments où il découvre le 7e art, la gloire, la vie. Une certaine vie. Pas simple et pleine d'excès.

Dans ce roman de François Rivière, c'est Charles le narrateur. De nos jours, il vit reclus dans sa grande villa en France sur la côte Atlantique. Il lit beaucoup et, régulièrement, se passe les bobines des aventures de Little Charlie. Il vit dans le passé mais pourtant n'ose pas affronter une certaine partie de son existence. Quand le petit Charlie a du interrompre sa carrière brutalement et trouver refuge à Bruxelles. Bruxelles où il décide aujourd'hui de se rendre, à la demande de Nico Pharrel, impresario belge qu'il a connu à Los Angeles et qui vit ses derniers jours, rongé par une longue maladie. Charles est réticent car Pharrel est l'homme qui lui a enlevé son plus grand amour, Teddy.

Apprenti acteur

Le roman alterne souvenirs très nostalgiques et redécouverte de Bruxelles par un Charles hésitant de plus en plus à affronter un Pharrel qui semble en savoir plus qu'il n'y paraît sur les secrets de Little Charlie. On se délecte de la découverte du métier de comédien par ce gamin de 12 ans, s'ouvrant à la vie après avoir vécu dans le giron d'une grand-mère possessive. Avant de traverser l'Atlantique, Charles prend des cours de comédie en Angleterre avec une certaine Binkie. « Nous nous enfermions dans le bureau de Binkie où elle déclamait des textes dont je devais ensuite apprendre par cœur certains passages. J'adorais ça. Pour la première fois de ma vie je m'amusais. Être un apprenti acteur était mille fois plus excitant que tout ce que j'avais connu jusqu'alors. »

Sous le charme de Teddy

Une fois à Hollywood, Little Charlie fait un carton. Le gamin, très entouré, va découvrir, en accéléré, tous les travers de la célébrité. A peine adolescent, il prend conscience de son homosexualité en tombant sous le charme d'un de ses partenaires, guère plus âgé que lui. Mais ce dernier l'ignore. Cruelle déception. « Il me fallut les trois semaines de tournage pour admettre que j'avais vécu tout seul mon premier coup de foudre. »

Peu de temps après, Teddy fera son apparition. Teddy, le playboy, toujours entouré de jolies filles, des starlettes en général. Teddy encore présent à l'esprit de Charles et qui va le hanter durant son voyage à Bruxelles.

Ce roman de François Rivière, par ailleurs spécialiste de littérature policière et scénariste de bande dessinée, décrit minutieusement le Hollywood des années 50 et le Bruxelles de nos jours. Avec en lien, le petit Charlie, enfant-acteur ayant oublié de grandir.

« L'usine à rêves » de François Rivière, Robert Laffont, 18 € 

dimanche 25 janvier 2009

BD - Lascive et sensuelle sweet Loreena

Jolies femmes, fantômes et héritage : tel est le menu de cet album de la série Halloween Blues de Mythic (scénario) et Kas (dessin). Les jolies femmes ce sont Loreena Sunbury, jeune orpheline de 20 ans, et Dana Anderson, actrice américaine, au firmament de sa gloire. 

Cette dernière est également le fantôme de cette histoire fantastico-policière se déroulant dans une ville moyenne des USA dans les années 50. Dana, tout de rouge vêtue, hante son mari, l'inspecteur Forester Hill, suspecté en son temps du meurtre de son épouse. Et parfois l'aide dans ses enquêtes. 

Loreena est persuadée d'avoir été attaquée par une statue dans la bibliothèque de la grande demeure de son oncle, son tuteur après la mort de ses parents. La jeune fille a l'impression de devenir folle car Forester Hill lui prouve que cette agression ne peut pas avoir eu lieu. Mais ce dernier, habitué aux phénomènes étranges et aux esprits tordus avides de dollars, ne lâche pas l'affaire. La machination est plus compliquée qu'il n'y paraît et sera résolue le jour d'Halloween. 


Un sixième épisode d'une série délicieusement rétro, servie par le dessin du Polonais Kas, élève de Rosinski ayant trouvé son style personnel, aux airs parfois alambiqués mais très efficace.

« Halloween Blues » (tome 6), Le Lombard, 13 € 

samedi 24 janvier 2009

BD - Manipulation à l'antenne dans les émissions te télé réalité


On a beaucoup critiqué la télé-réalité sur son côté scénarisé. La réalité présentée à l'antenne ne serait que la transposition d'un scénario écrit à l'avance et interprété dans des candidats-pions manipulés ou consentants. 

Jean-David Morvan, dans cette série dessinée par Porcel, abonde dans ce sens. Dans un futur proche, les abonnés peuvent suivre au quotidien l'action des forces de l'ordre. Plus spécialement un flic, beau, téméraire et charmeur. Pour relancer l'intérêt, une nouvelle partenaire fait son apparition : Oshii. 

Le programme prend une toute autre ampleur quand des terroristes enlèvent la fille du président et diffusent des scènes de torture. Oshii va tenter de retrouver la jeune fille. Ce qu'elle ne sait pas, c'est que tout est truqué par le machiavélique patron de la chaîne Médiacop. 

Le dénouement de cette série, c'est lui qui le raconte par le menu à une amie, avant même que tout ne se réalise. Fiction, réalité, anticipation, le lecteur ne sait plus et s'interroge d'autant plus sur le genre.

« Reality show » (tome 5), Dargaud, 13,50 €

vendredi 23 janvier 2009

BD - Terrible maladie mortelle


La confrérie du crabe est une parabole très poétique sur la maladie. Ce crabe, on devine qui il est exactement. Il grignote de l'intérieur cinq enfants qui se sont connus dans un hôpital. Cinq gamins qui veulent croire à leur guérison. 

Mais qui dans le premier tome se retrouvaient dans un étrange lieu, poursuivi par un vampire affamé, peu de temps après une opération chirurgicale délicate. Dans ce second tome, ils se réveillent dans une cellule, prisonnier d'un savant fou, réincarnation de Frankenstein. Il vient de donner la vie à une créature, petite fille curieuse persuadée que les garçons sont ses frères. L'arrivée de Dracula réclamant ses proies échappées, va provoquer un bouleversement des choses à priori inéluctables. 

Cette histoire de Mathieu Gallié dénote par son côté fantastique et poétique. Il rend hommage aux grandes peurs de l'Humanité. Andreae, le dessinateur, fait exploser son talent dans ces planches en couleurs directes.

« La confrérie du crabe » (tome 2), Delcourt, 12,90 € 

jeudi 22 janvier 2009

BD - Ancienne religion


La nuit de Noël, de nos jours, dans une église du Proche-Orient, un groupe d'homme armés fait irruption dans l'enceinte sacrée et sème la terreur. Ils tuent le prêtre, prennent les enfants en otages et font exploser l'édifice vieux de plusieurs siècles. 

La police secrète du Vatican envoie sur place un enquêteur et un jeune curé, spécialiste de l'histoire religieuse de cette région. Les deux hommes, que tout oppose, se révèlent complémentaires dans cette enquête qui remonte jusqu'à des temps anciens, avant le christianisme. Les ravisseurs, adorateurs de Baal, veulent échanger les enfants contre Lazare. Il aurait survécu jusqu'à aujourd'hui et serait ainsi la preuve vivante de l'existence du Christ. 

Cet album, le troisième de la série, fait alterner scènes savantes sur la genèse des religions et action pure. Novy et Queyssi, les scénaristes, maîtrisent leur sujet, tout comme Antonio Marinetti, le dessinateur italien de cette fiction religieuse.

« Les carnets secrets du Vatican » (tome 3), Soleil, 12,90 €

mercredi 21 janvier 2009

BD - Tuerie en campagne profonde


Mortagne, petite ville comme il en existe tant. Un peu plus de 1000 habitants, deux pôles économiques (vigne et bois), et Martial, jeune adulte qui tente de s'extraire de ce milieu qui l'étouffe. Il a décidé d'étudier la mécanique. C'est considéré comme une trahison par sa famille qui est employée dans la scierie de M. Listrac. 

Martial, héros en négatif de cet album de 112 pages d'Alfred d'après un roman de Guillaume Guéraud. Le jour du mariage de son frère, Martial a basculé de l'autre côté. Un événement a fait déborder la coupe. Armé du fusil de son père, il va tenter de vider l'abcès, "nettoyer" un petit peu le village. 

Une adaptation très forte d'un roman qui ne l'est pas moins. La violence est partout, tapie au fond de nos gènes.

"Je mourrai pas gibier", Delcourt, 14,95 euros 

mardi 20 janvier 2009

BD - Des rivières de sang sur Barcelone


Régulièrement, des auteurs espagnols ou catalans débarquent sur le marché francophone et prouvent que la BD est toujours aussi innovante de l'autre côté des Pyrénées. Dernière trouvaille des éditions Dargaud : "Jazz Maynard" de Raule (scénario) et Roger (dessin). 

Le dernier tome de ce triptyque met un point final à ce polar social et violent ayant pour cadre Barcelone. Dans cette ville entre modernité et tradition, Jazz Maynard, musicien de jazz, est venu faire une pige de son ancien métier : cambrioleur. 

Mais il découvre qu'il n'est qu'un pion dans une machination plus compliquée entre triade chinoise et politiciens corrompus. Le final, dans une tour, est inoubliable.

"Jazz Maynard" (tome 3), Dargaud, 13,50 euros 

lundi 19 janvier 2009

BD - Célibataire, mais jusqu'à quand ?


Cécily est une jeune femme moderne. Quand son mec devient trop lourd (accro aux jeux vidéo) elle décide de loger chez sa meilleure amie. 

Une bouffée de liberté, le temps de trouver un autre mec. Ou plus simplement de profiter un peu de la vie et de tester les différents produits sur le marché. Ce recueil de gags, entre tendresse et détresse, est avant tout un portrait acidulé de la vie des trentenaires d'aujourd'hui. Cécily puise dans son quotidien pour caricaturer toute une génération. 

Cela sonne souvent juste, les personnages étant très crédibles, de l'homme marié hésitant entre épouse et maîtresse à l'intellectuel déchiré à l'idée d'hypothéquer son indépendance par amour.

"Sans les mecs… ou presque !", Vent des Savanes, 12,50 euros