mercredi 23 juillet 2008

BD - Kid Ordinn et le secret du géant Flure

Qui aurait imaginé que Kid Ordinn, l'adjoint un peu simplet du shérif Dog Bull, avait du sang royal ? Tibet n'a pas hésité une minute à élaborer une intrigue pleine de rebondissements et de secrets, comme il le fait depuis plus d'un demi-siècle et qu'il anime les personnages de cette série indémodable. 

Wood City, étrangement calme, (mais Dog Bull est absent, c'est donc normal) voit arriver un géant répondant au nom de Flure. Il cherche un enfant qui aurait été abandonné dans des ballots sur un quai de gare à Phoenix. Il a un secret à révéler à cet enfant, un secret sur ses origines. Le shérif quand il a vent de l'affaire, se précipite. Cet enfant ce ne peut être que Kid Ordinn. Le géant Flure va alors lui révéler ce secret qui se révélera être mortel car qui le connaît est immédiatement pris en chasse par des tueurs. Mais le plus important reste que ce secret est synonyme de trésor, caché au fond d'un canyon. 

Le géant, Kid et Dog Bull vont aller à sa recherche, avec un Chick Bill aux aguets surveillant leurs arrières. Cette histoire, à l'intrigue assez mince, est surtout l'occasion pour Tibet de ridiculiser une fois de plus Dog Bull, véritable héros comique inépuisable de cette série.

"Chick Bill" (tome 69), Le Lombard, 9,25 € 

mardi 22 juillet 2008

BD - Les mille histoires d'un simple billet de banque


Un billet de banque, une fois sorti de l'imprimerie, va passer de mains en mains. Toutes sortes de mains, propres, sales, honnêtes, de voleurs ou d'avares. Emilio Ruiz a donc imaginé le parcours d'un billet de 20 euros à Barcelone et c'est Ana Mirallès qui s'est chargée d'illustrer ce périple heurté. 

Le premier utilisateur c'est un gardien de banque. Paradoxalement, il surveille toute la journée des montagnes de billets, mais quand il veut acheter un médicament pour soigner un début de rhume, il doit, comme tout le monde, utiliser sa carte bancaire. Le billet, ensuite, atterrira dans le sac d'une vieille dame qui se le fera subtiliser par un pickpocket. Suite de l'aventure dans un bar. 

C'est là qu'il subira ses premières dégradations. Un amoureux éconduit y inscrira le nom de son ex et son numéro de téléphone en précisant bien tout le mal qu'il pense d'elle. Le billet sera ensuite imbibé de la transpiration d'un cycliste et même déchiré par deux enfants se le disputant. Il sera donné à un curé qui l'utilisera pour payer son sacristain qui s'empressera de le dépenser chez une prostituée... 

Un récit complet édifiant, sur l'importance toute relative de l'argent, dessiné et mis en couleurs par une illustratrice au sommet de son art.

"Mano en mano", Dargaud, 13 € 

lundi 21 juillet 2008

BD - Préparez vos dérailleurs


Alors que le Tour de France vient de passer les Pyrénées et s'attaque à l'Alpe d'Huez, le quatrième recueil des gags des "Vélomaniacs" de Julié (dessin) et Garréra (scénario) nous rappelle que tous les cyclistes ne sont pas des professionnels surentraînés. Ce sont aussi des passionnés, se donnant à fond dans des courses locales tout en rechignant à s'entraîner. Surtout quand la télévision retransmet une de ces fameuses étapes de montagne. Des gags qui font souvent mouche et qui accueillent, en fin de volume, un invité prestigieux qui joue le jeu de l'autodérision : Richard Virenque. 

L'ancien détenteur du maillot à pois, actuellement consultant à Eurosport, décide de s'installer dans la petite ville de Pignon-sur-Rut. Pour la discrétion, c'est raté, les nombreux cyclistes amateurs vont rapidement lui rendre la vie assez compliquée. Sans oublier les sollicitations du club local, le Guidon's Club, qui fait des pieds et des mains pour obtenir la signature de cette ancienne gloire du cyclisme tricolore. Cette série de la collection des sports de chez Bamboo est très réussie. Julié, dessinateur de la région (il habite dans l'Aude) a fait évoluer son trait vers plus de spontanéité et de nervosité.

"Les Vélomaniacs" (tome 4), Bamboo, 9,45 € 

dimanche 20 juillet 2008

BD - Pauvres petits puceaux...


L'édition des Puceaux en album fait partie de ces belles histoires de la Toile. A la base, ce sont deux personnages créés par Chammas et Nicolin pour un blog. Ils racontaient les pitoyables tentatives de deux ados, Jo et Kinchouka, pour « pécho» une « bombasse ». Des gags qui se terminaient presque toujours par un retentissant « Puceaux ! » lancé par la jeune femme. 

Le blog remportant un beau succès, ils ont décidé de proposer ces personnages à un éditeur. Les éditions Bamboo (qui avaient déjà publié « Le blog du petit Nicolin ») se lancent dans l'aventure et les Puceaux sont lâchés dans la nature pour une quarantaine de gags désopilants. Si les deux nabots sont repoussants (Jo a un appareil dentaire et le visage recouvert d'acné, Kinchouka des lunettes carrés triple foyer, un bonnet vert sur la tête), Chammas, le dessinateur, s'applique pour rendre très désirables les nombreuses filles, toujours court vêtue et souvent dotées d'une forte poitrine et d'un « string de guerre». 

Des gravures sexy qui font un peu penser aux créatures peuplant les histoires déjantées d'Edika. On remarquera, en explorant le blog, que la version papier de certains gags est plus prude que les originaux mis en ligne (l'épisode de la douche de la sœur de Kinchouka, par exemple). 

L'aventure des puceaux ne semble être qu'à son début. Un deuxième album est déjà programmé et les deux auteurs ont mis en ligne l'épisode pilote d'un dessin animé qui aurait parfaitement sa place sur une chaîne « djeuns » du câble ou de la TNT. A n'en pas douter, tant que Jo et Kinchouka resteront puceaux, ils nous feront nous écrouler de rire...

« Les Puceaux » (tome 1), Bamboo, 9,45 € 

samedi 19 juillet 2008

BD - Découvrez Léo et Lola en vacances


La BD pour les tout petits, ceux qui sont en plein apprentissage de la lecture, est de plus en plus présente dans les bacs des libraires. Au Lombard, Léo et Lola seront les héros de ces vacances. Les deux premiers recueils de leurs gags sont réédités avec des couvertures cartonnées et surtout deux nouveautés sortent en même temps. Le premier se déroule durant les vacances, le suivant à la rentrée des classes. Marc Cantin, auteur de littérature jeunesse, a imaginé frère et sœur aimant se chamailler tout en ayant une grande complicité dans les coups durs. 

Thierry Nouveau, au dessin, a simplifié son trait au maximum pour avoir une lisibilité sans faille. Léo et Lola vivent en alternance chez leur maman et leur papa, séparés. En vacances, au camping avec leur mère, ils feront la rencontre d'un papa seul avec sa petite fille, Juliette. Une chipie mais son père plait beaucoup à la maman de Léo et Lola.

Dans l'album de la rentrée scolaire, c'est un peu l'inverse. Le père des garnements, en allant les chercher à la fin des cours, tombe sous le charme de leur jeune maîtresse. Une série très fraîche, où les enfants sont rêveurs et turbulents. Une série à découvrir et faire découvrir aux plus jeunes.

« Léo et Lola », Le Lombard, 6,90 euros chaque volume 

vendredi 18 juillet 2008

Thriller - Lourds secrets américains révélés par Alexis Aubenque

La ville de River Falls dans les Rocheuses va vivre une semaine pénible. Meurtres, tueur en série et secrets honteux vont rythmer ces sept jours.

Ce thriller américain est signé d'un écrivain français. Alexis Aubenque, libraire de formation, est un passionné de littérature de genre. Au Fleuve Noir il a lancé la saga « L'empire des étoiles », feuilleton de science-fiction rendant hommage aux grands récits populaires, du Seigneur des anneaux à, Star Wars. Avec « Sept jours à River Falls », il tâte du thriller US, avec un certain brio, on se laisserait presque prendre. En fait le bat blesse un peu dans les premières pages. Les personnages mettent du temps à s'imposer et certaines allusions, trop typiquement européennes, laissent un arrière-goût de boisson non alcoolisée voulant rivaliser avec un bon whisky. Heureusement cela s'arrange rapidement et l'auteur, comme s'il maîtrisait de plus en plus son sujet, abandonnant ses références françaises, se coulant dans la peau d'un écrivain américain, nous embarque dans une semaine pleine de sang, de violence et de rebondissements.

Violées et torturées

Durant le prologue, deux jeunes frères intrépides, voient un homme jeter dans un lac proche de River Falls, les corps de deux jeunes femmes, violées et torturées. Les gamins paniquent. Prennent la fuite. Le plus âgé des deux frères est assassiné par le tueur, l'autre laissé pour mort dans un trou dans la forêt. C'est en cherchant les enfants que le shérif Mike Logan tombe sur les corps des deux jeunes femmes. Cette découverte, le lundi, jette l'effroi dans cette petite ville des Rocheuses située à plusieurs dizaines de kilomètres de Seattle. Mike Logan va lancer tous ses hommes à la recherche de ce tueur en série qui n'a pas hésité à assassiner froidement un garçonnet pour protéger son secret. Il recevra le renfort de Jessica Hurley, profileuse de son état et ancienne petite amie de Logan.

En parallèle de l'enquête classique, l'auteur nous plonge dans l'intimité de Sarah Kent, étudiante d'une vingtaine d'années de River Falls. Elle connaissait bien les deux victimes. Elles viennent de la même ville. Elles s'étaient perdues de vue depuis leur arrivée à River Falls, il y a deux ans. Mais Sarah venait de recevoir une lettre de ses anciennes copines. Elles voulaient la revoir. Un rendez-vous était même proposé. Dans un bar. Le dernier endroit où les deux jeunes filles ont été vues vivantes.

Mystérieux Donald

Alexis Aubenque dans ce thriller multipliant les fausses pistes, pimente son intrigue de plusieurs secrets qu'on devine mais dont il réserve la découverte pour le final. Quelles étaient les relations entre Sarah et ses deux anciennes copines ? Pourquoi Logan a plaqué Seattle et sa petite amie du jour au lendemain sans explication ? Qui est le flic qui renseigne la presse locale ? Certains notables ont-ils des choses à se reprocher dans cette ville qui semble si proprette sur elle ?

Et puis il y a Donald. Quelques courtes scènes en flashback, généralement distillées en fin de journée, nous en apprend un peu sur cet être déviant. Comme sa première journée de chasse avec son père, alors qu'il n'était qu'un jeune adolescent. Il vient de blesser un cerf : « Donald fut fasciné par cet animal en train de mourir. Il lui semblait lire la peur dans les yeux du cerf. Donald était certain que cet animal avait conscience de sa mort prochaine. Donald serra ses mains sur la crosse, il n'avait pas envie que ce moment s'arrête. Une émotion toute nouvelle l'avait envahi. » Le tueur, très discret, mystérieux, ne révélera son identité que dans les ultimes scènes, les deux derniers jours, au cours d'un week-end en forêt de Sarah et ses amis étudiants, entre « Délivrance » et « Shining ». Les secrets finissent toujours par être percés...

« Sept jours à River Falls », Alexis Aubenque, Calmann-Lévy, 16,90 € 

jeudi 17 juillet 2008

BD - Les enfants de Salamanca


On n'arrête plus Christophe Bec. Le dessinateur originaire de l'Aveyron, multiplie les projets éditoriaux. Et de plus en plus en tant que scénariste. La preuve avec cette nouvelle série, « Sarah », dessinée par Stefano Raffaele. 

Dans une petite ville du fin fond des USA, Salamanca, un couple s'installe dans une maison isolée, en bordure de la forêt. David et Sarah quittent New York. La jeune femme suit son mari qui a accepté une mission dans cette région déserte. L'occasion pour Sarah d'oublier les traumatismes de sa jeunesse. Elle a été capturée étant enfant par un psychopathe et tenue prisonnière dans une cave durant plusieurs mois. Aujourd'hui elle essaie d'oublier. Mais ce n'est pas facile. Souvent elle fait appel aux médicaments, à l'excès, pour tenter d'avoir une vie normale. 

C'est dans ce contexte qu'elle découvre dans le sous-sol de sa nouvelle maison un tunnel. Il aboutit dans la cave du voisin. Sarah est persuadée que c'est un enfant, prisonnier depuis des années, qui a creusé cette galerie. Un enfant devenu un véritable monstre sauvage. En 60 pages, Christophe Bec plante le décor, avec tourments intérieurs des personnages, lieux inquiétants et autochtones cachant un lourd passé. La peur s'installe progressivement et durablement. Les amateurs du genre plébisciteront la série.

« Sarah » (tome 1), Dupuis, 13 € 

mercredi 16 juillet 2008

BD - L'école, c'est mortel !

On ne choisit pas sa famille. M. J., Mortis Junior, le héros de cette série américaine écrite par Gary Whitta et dessinée par Ted Naifeh est bien placé pour le savoir. Il n'est autre que le fils de la Mort. Son père, il ne le voit pas trop. Il est vrai qu'il a beaucoup de travail. Sa faux a rarement le temps de refroidir. M. J. , dans les premières pages, découvre sa nouvelle école. Il intègre une section spéciale où il sera en compagnie de quelques originaux de son genre (M. J., comme son père, n'a que les os sous son costume...). 

Il se fait de nouveaux copains : Spot, avorton vivant dans un bocal à roues, Stigmartha dont les mains saignent dès qu'elle est émue, Smith et Wesson, frères siamois reliés par le haut du crâne et enfin Pandore, petite fille curieuse qui ne peut s'empêcher d'ouvrir toutes les boites et autres portes fermées sur l'inconnu. C'est Pandore qui provoquera la catastrophe. En visitant un musée, elle libérera Moloch, démon enfermé par le père de M. J., bien décidé une fois la liberté retrouvée, de livrer le monde aux forces du mal. M. J. devra lutter contre ce « méchant » horrible et sans pitié. 

Ce premier album, de plus de 150 pages, permet de découvrir l'univers de Mortis Junior et apprécier le trait élégant et précis de Ted Naifeh.

« Mortis Junior » (tome 1), Les Humanoïdes Associés, 16,90 € 

mardi 15 juillet 2008

BD - Trop de bobos ? Réponse de Dupuy et Berberian


Difficile travail d'autocritique que se sont livrés Dupuy et Berberian dans cet album « sérieux » de Fluide Glacial. « Bienvenue à Boboland » dissèque les pratiques parfois odieuses de cette nouvelle secte, les Bobos, Bourgeois bohèmes, constituant pourtant l'essentiel du lectorat du duo. Sous forme d'histoires courtes, pas forcément comiques, Dupuy et Berberian racontent ce qu'ils voient dans les cafés et autres restaurants bio et « hype » de leur quartier. 

On les trouve également dans les vernissages de ces expos comme celle d'un des héros récurrents, un « artistique », inventeur du style « vertical eye » (mettre les écrans 16/9 dans le sens de la hauteur...) et qui explique, cyniquement à un de ses amis « J'ai fait ces photos avec un vieux machin trouvé aux puces de Barcelone. Une merde, mais cela donne des choses insensées. » 

Une des meilleures scènes est celle du brunch. La petite troupe se retrouve au resto pour prendre un brunch le dimanche matin. Un père se plaint de son fils, réveillé à 8 heures. A une autre table, une vieille psychanalyste n'arrive pas à faire le deuil de son mari. La serveuse, jean taille basse, string apparent, les sert dans une indifférence qui frise l'insolence.

« Bienvenue à Boboland », Fluide Glacial, 11,95 €


lundi 14 juillet 2008

BD - Basile et Melba ou l'amitié des extrêmes

Mathilde Domecq, jeune illustratrice originaire de Marseille, après les pages de Pif Gadget a investi celles de Tchô !. Elle y anime les aventures de Basile et Melba reprisent pour la première fois en album. Ces deux gamins sont comme chien et chat. Ils n'ont rien de commun et pourtant tout les attire. Basile, garçon riche, premier de la classe, est travailleur et raisonnable. Melba, fille d'un milieu modeste, est un véritable cancre et n'est jamais en manque d'idées de bêtises. Ils se sont connus à l'école. Ils sont dans la même classe. Basile, trop gentil, accepte de faire les devoirs de la chipie qui en échange lui accorde la protection de ses deux grands frères. 

Basile qui est en fait un petit garçon très malheureux. Elevé par une nounou chinoise inflexible, il ne voit jamais ses parents, occupés aux quatre coins de la planète à mener leurs affaires financières très lucratives. Il trouve donc chez Melba une famille de substitution. Mais quelle famille. 

Père chômeur, mère rêveuse, frères turbulents : il est loin du calme de sa grande villa. Mais ne s'en plaint pas car, finalement, trouvant dans ce tourbillon de folie un peu d'humanité. Basile et Melba nous font rire grâce à cette perpétuelle opposition.

« Basile et Melba » (tome 1), Glénat, 9,40 €