vendredi 20 juillet 2007

BD - Redécouvrez la magie d'Isabelle

Les éditions du Lombard ont décidé d'exhumer une série qui a pourtant, en son temps, fait les beaux jours de Spirou, l'hebdomadaire concurrent du journal de Tintin de ces mêmes éditions du Lombard. Isabelle est une création de Will (dessin) Delporte et Macherot (scénario). 

Par la suite, Franquin est venu se greffer à la petite équipe. Cela a donné la bande dessinée la plus féerique de ces 40 dernières années. En trois gros volumes, c'est l'intégralité des histoires pleines de magie et de sortilèges de la petite Isabelle, de l'oncle Hermes, de Calendula et de la méchante sorcière qui vont être de nouveau disponibles. 

Une réédition qui débute en même temps que celle de Tif et Tondu, l'autre série majeure de Will, aux éditions Dupuis. Elle intervient également quelques mois après le décès d'Yvan Delporte, le génial barbu, ancien rédacteur en chef de Spirou, grand copain de Franquin, infatigable novateur. Dans ces 228 pages, vous trouverez les quatre premiers albums, un dossier de présentation de la série, des illustrations et une histoires d'une vingtaine de pages inédites. 

"Intégrale Isabelle", tome 1, Le Lombard, 29 €

jeudi 19 juillet 2007

BD - Diplomates spatiaux

Situation très délicate pour deux diplomates de la station Orbital. Sur la lune d'une planète éloignée, ils avaient pour mission de découvrir ce qui se passait dans une colonie minière. Sur place, ils se trouvent aux premières loges pour tenter d'enrayer une invasion de stilvulls. Ces sales bestioles vivent habituellement paisiblement dans de profondes galeries souterraines. 

Mais quand elles décident de mettre le nez à l'air libre, c'est avec une rare méchanceté qu'elles déchiquettent tout ce qui bouge à proximité. Un premier front, mais d'autres difficultés se profilent à l'horizon. Les colons sont en conflit ouvert avec la race dominante de la planète mère de la lune. Un affrontement semble inévitable. C'est dans cette poudrière que les deux héros de la série vont tenter de remettre de l'ordre. 

Le second tome de cette aventure, écrite par Runberg, est dessiné par Pellé. Un trait classique mis à profit pour créer quantité d'extraterrestres ou créatures imaginaires. Le dessinateur excelle également dans les vaisseaux spatiaux, scaphandres ou autres véhicules d'exploration. Bref il a inventé tout un monde de rêve on ne peut plus plausible.

 "Orbital" (tome 2), Dupuis, 13 €

mercredi 18 juillet 2007

BD - Les secrets de Maurice Leblanc


Sébastien Lenfant connaît le jour et la cause de sa mort. Le cou brisé, un poignard enfoncé dans la gorge, vidé de son sang dans son salon. Dans trois mois environ. Sébastien n'est pas médium. Il est commercial pour un éditeur de bandes dessinées. Mais le héros de cette série écrite par Christian Godard et dessinée par Claude Plumail est en possession d'un appareil photo qui a la faculté de fixer sur papier la scène de la mort de celui qui est devant l'objectif. Comment est-il arrivé entre ses mains ?

 C'est ce que raconte ces 44 planches se passant de nos jours et au début du XXe siècle. Sébastien, pour tenter de recoller les morceaux avec sa petite amie, lui propose quelques jours de vacances à La Baule dans la maison de sa tante. Une belle bâtisse qui a accueilli en 1940 un Maurice Leblanc, créateur d'Arsène Lupin, en fin de carrière. 

Dans le grenier, Sébastien découvre un manuscrit inachevé du maître du feuilleton. La véritable histoire d'Arsène Lupin. Leblanc y raconte comment retrouver cet appareil photo extraordinaire. Le début des ennuis pour Sébastien qui va tenter de contredire le futur. ("Dédales", Glénat, 12,50 €) 

mardi 17 juillet 2007

BD - Intrigue à travers le temps et les époques

Une série en trois tomes se déroulant à trois époques différentes avec trois personnages principaux. Mais le scénariste, Sébastien Viaud, a préféré tout mélanger dans un premier album dense et passionnant. De nos jours, la journaliste Marina Daumal est enfermée dans une cellule d'une clinique psychiatrique. Elle n'a pas pu poursuivre une enquête sur la découverte d'un mystérieux livre aux pouvoirs magiques. Un livre qui semble avoir fait sa première apparition en 1233, sous la plume d'un moine copiste. 

Livre qui intéresse également un inquiétant voyageur en provenance du futur. Le lecteur en apprend un peu plus en découvrant le récit de Marina. En cours de reportage, sentant que les choses risquaient tourner mal, elle a consigné ses découvertes. Notamment cette cavité, entre minéral et matière vivante, dans une galerie mise à jour sous Paris en creusant une nouvelle ligne de métro. 

Un premier tome dessiné par Adrien Villesange. A 40 ans ce sont les débuts de ce directeur artistique ayant auparavant travaillé dans le milieu de la publicité. Maîtrisant parfaitement la narration et la mise en page, il met son talent au service de ce récit très prometteur. ("Hypertext", Delcourt, 12,90 €)

lundi 16 juillet 2007

Polar - Mystère londonien

Qui a tué Fergus Millow, peintre londonien ? Nouvelle enquête du policier de Scotland Yard Joe Hackney, ancien malfrat, petit, boiteux et taciturne.


Sacré choc pour la femme de ménage. En découvrant en ce mois de mars 1891 le corps sans vie de Fergus Millow, elle perd son patron et son travail. Le peintre a succombé à un violent coup sur la tête. Dans cet immeuble londonien, le meurtre fait jaser. Scotland Yard doit rapidement trouver le coupable pour justifier sa réputation de meilleure police du monde. Le chef constable William Doffey, chef du département d'investigation criminelle, met sur le coup son meilleur élément : Joe Hackney. Le policier de paye pas de mine. Petit, boiteux, taciturne, cet ancien malfrat ayant tourné casaque vit encore chez sa mère. Son pragmatisme et son cynisme sont ses deux principales armes.

Il a déjà prouvé ses qualités dans les précédents romans noirs de Gilles Bornais. Cette fois, le flair d'Hackney va lui faire découvrir dans les cendres de la cheminée le bout d'une lettre récemment reçue par la victime. Une lettre anonyme qui lui annonçait tout simplement sa prochaine mort violente. Ecrite dans un style très particulier, elle est l'oeuvre, selon un graphologue, d'un « exalté affectif et déprimé ».

Ce meurtre peu banal a le don d'exciter Doffey, l'autre figure haute en couleur imaginée par l'auteur. Colérique, gros, fumeur, buveur et mangeur à l'excès, il a toujours une terrine à portée de main. Il ordonne à Hackney de tout découvrir de la vie du peintre assassiné. En connaissant mieux la victime, ils parviendront peut-être à découvrir une piste menant au coupable.

Chez les fous

Mais Millow est un véritable mystère. Cela fait des années qu'il habite à cette adresse et jamais il ne s'est fait remarquer. Pas de bruit, pas de visites, il s'absente toutes les après-midi, mais personne ne sait où il va. Ses toiles sont lugubres. Seule indication, à la belle saison, il passe plusieurs semaines dans un hôtel sur la côte.

C'est là que Hackney va découvrir les habitudes assez différentes de Millow hors de Londres. Il fréquente régulièrement une prostituée, boit dans des bars avec des amis peintres et peint des marines très colorées et lumineuses. Contre l'avis de son chef, Hackney va suivre la trace de la lettre anonyme. Il va avoir la certitude qu'elle a été postée près du plus grand hôpital psychiatrique de Londres.

En plongeant dans le monde des aliénés mentaux, Hackney va découvrir qui a rédigé cette lettre et surtout comprendre que l'affaire est encore plus complexe que prévue car manipulée par un criminel d'exception. Conséquence, Doffey va se prendre au jeu « l'affaire méritait un flic extraordinaire : lui. Le seul du Yard et du Royaume entier, pensait-il dans son cerveau de chef constable confit dans l'orgueil, le brandy et la galantine de canard, à pouvoir pénétrer les sphères de l'impensable et de l'indicible ». Hackney est plus modeste. Et tout en poursuivant le tueur, il doit soigner sa vieille mère, aider un ami d'enfance à la limite de la délinquance et subir les sarcasmes de son collègue Brunning. Tout un petit monde mis en musique par Gilles Bornais semblant particulièrement à l'aise dans ce Londres du 19e siècle.

« Le mystère Millow », Gilles Bornais, Grasset, 13,90 € 

dimanche 15 juillet 2007

BD - Saga enfumée

Boisserie s'attaque à la saga des cigares de Cuba dans cette série dessinée par Stalner et Lambert. La première partie se déroule sur deux époques différentes. De nos jours, Antoine Chatel découvre son patron, Charles Porter, assassiné dans sa chambre à Genève. Il venait pour le tuer. Le travail a déjà été fait. Il se plonge alors dans les souvenirs de famille de Porter. Tout débute en 1820 en plein océan Atlantique. Sur un navire négrier, le senor Castellano vogue vers Cuba. Il va prendre possession d'un lopin de terre pour y cultiver du tabac et fabriquer des cigares. 

Mais la traversée ne se déroule pas sans heurt. Une mutinerie de l'équipage, des esclaves jetés par dessus bord, des femmes violées. Un avant-goût des délices des tropiques. On suit le destin de Castellano, mais également de Lucia, fille d'un riche armateur, de Portero, un militaire aux ambitions démesurées et de Jahia, la princesse africaine devenue simple esclave sur le bateau. 

Le dessin réaliste très expressif de Stalner et Lambert est entièrement au service de cette épopée romantique et prometteuse. ("Flor de Luna", Glénat, 12,50 €) 

samedi 14 juillet 2007

BD - Ecrits néfastes dans le sillage de Noirhomme


Très étrange ce récit de Maurel illustré par Hamo se déroulant à la fin du XIXe siècle. Le héros, Noirhomme, semble être irréel, imaginaire. Il apparaît à deux des principaux personnages, Alceste, journaliste et Arthur de Grézieux, feuilletoniste du journal « La vie française ». Alceste, jeune plume prometteuse, était en train d'enquêter sur les accointances entre un banquier et un marchand d'armes. Mais comme il tombe amoureux de la fille du premier, il quitte le journal pour pantoufler dans des bureaux. 

Mais le soir, quand se retrouve seul dans sa petite chambre, Noirhomme intervient. Et le pousse à finir cet article, malgré son amour. Consciemment il ne le fait pas, mais un matin l'enquête est publiée sous son nom. Noirhomme a finit le travail. Alceste perd son amour et la raison. Quelques temps plus tard c'est Arthur qui rencontre Noirhomme. Il lui souffle des histoires fantastiques dont il est le héros. 

De plumitif inconnu il passe au statut de gloire du tout-Paris. Mais que se passera-t-il quand la muse, le nègre, s'évanouira ? Une BD étonnante et novatrice.

 ("Noirhomme", Casterman, 9,80 €) 

vendredi 13 juillet 2007

BD - Aëla, blonde et sauvage

Si Aëla est blonde, elle n'en est pas moins, et avant tout, Viking. Une princesse fière et déterminée. Aimant se battre, n'ayant peur de rien ni de personne. Mais elle reste femme. 

En ces temps reculés, seuls les hommes vont au combat et peuvent espérer détenir le pouvoir. Aëla a toutes les qualités pour accéder au trône, mais c'est son demi-frère Aïkan qui doit succéder au roi Gudruun. Aïkan enlevé par les Tatars, peuple venu d'Orient pour récupérer une armure d'or dérobée par les Saxons. Stéphane Duval signe ce scénario aux personnages forts et hauts en couleurs. 

L'héroïne, belle guerrière prête à tout sacrifier pour tenir sa parole, Oulikan, roi à la recherche du symbole de la force de son peuple, si loin de ses terres, comprenant parfaitement la blonde viking. Le rôle du méchant est dévolu à Tork, un ambitieux qui espère prendre le pouvoir par la ruse et la force. Un fourbe dans toute sa splendeur. 

Pour illustrer ces chevauchées dans les grandes étendues nordiques il fallait un dessinateur ayant du souffle. Bertho s'en tire avec brio... sans jamais faire penser à Rosinski. 

"Aëla", Dupuis, 9,80 €

jeudi 12 juillet 2007

Roman - Alexandre Jardin, dernier d'une étrange famille

Son image de «gentil écrivain » lui collant de plus en plus à la peau, Alexandre Jardin décide dans ce « Roman des Jardin », de faire toute la lumière sur les frasques de sa famille, vivier d'iconoclastes absolus.

Il y a le père bien évidemment, Pascal Jardin, scénariste et écrivain, libertin et homme à femmes. Alexandre avait déjà raconté ses aventures dans « Le Zubial », sorte de brouillon de ce roman vrai. L'auteur est plus discret sur sa mère, laissant la part belle à sa grand-mère surnommée l'Arquebuse. Un véritable phénomène que cette ancienne maîtresse de Paul Morand, régnant sans partage sur la propriété suisse, la Mandragore.

Futur président

Le week-end, son mari la rejoint, le Nain Jaune, éminence grise des hommes politiques de la IV et V république. Il a débuté sa carrière sous Vichy et depuis est au centre d'un vaste système de financement occulte des partis politiques, tous les partis politiques. Ce qui a permis au jeune Alexandre de côtoyer nombre de ministres ou de personnalités de gauche, promises à un bel avenir. Le jeune garçon, alors très Jardin par son déphasage avec les réalités, est persuadé que la seule profession digne pour lui est président de la République...

On trouve également dans cet antre suisse Merlin, oncle d'Alexandre Jardin, sexuellement déviant, mort pendu face à un miroir à la recherche d'une dernière érection.

Zouzou, raisonnable et normale

Reste le personnage principal de ce roman, Zouzou, la seule semblant normale. Engagée pour éduquer les petits-enfants et assurer la bonne marche de la maison, Zouzou est la seule encore en vie de cette période incroyable. Quand Alexandre Jardin décide de tout dire dans un roman coup de poing, il va d'abord la consulter. Pour chercher un assentiment chez cette femme qui aura été la maîtresse du Zubial mais également du Nain Jaune et même de Merlin.

Elle lui donnera la force de se lancer dans cette thérapie écrite avec ces quelques mots: « Il faut guérir un jour d'avoir, trop connu les Jardin. je ne vois pas d'autre remède que la vérité. Mais tu n'as pas tout dit : pourquoi cette retenue ? Déverrouille-toi intégralement et libère-nous. » Message reçu par l'écrivain du bonheur changeant de registre du tout au tout. Il va raconter, avec parfois force de détails, les errements de son entourage alors qu'il n'était encore qu'un enfant. Comme dans une dimension parallèle, les Jardin s'amusent à enfreindre les interdits. Quelques passages sont carrément extrêmes et à la limite du supportable comme la scène du ténia de l'Arquebuse ou du grand amour (pas du tout platonique) entre Yves Salses (un grand ami de la famille, pornographe notoire) et une guenon.

« Le roman des Jardin », Alexandre Jardin, le Livre de Poche, 6,95 €

mercredi 11 juillet 2007

BD - Le périple de sa vie

Quand on a 16 ans et que l'on est issu d'une classe aisée et dominante, se retrouver seul dans une nature hostile se transforme vite en épreuve initiatique.

Joseph Keillo­ran, futur Maître d'un vaste domaine (grand comme un département fran­çais) dans la partie australe de la pla­nète Patrie, est réveillé en pleine nuit.

Il croit à un orage, mais il s'agit d'ex­plosions et de coups de feu. Une ser­vante vient le prévenir: le Peuple se révolte, il tue tous les Maîtres et leur descendance.

Il faut fuir avant que les insurgés ne le découvrent. Joseph est simplement en vacances dans ce domaine ami, dans le Nord de la planète, à plus de 10 000 km de sa terre natale. Après avoir découvert tous ses serviteurs égorgés, il prend peur et suit la femme dans les bois. Rapidement il se retrouve seul, se dirigeant vers le Sud, loin des combats.

Médecin des Indigènes.

Une entrée en matière violente et pleine de panique pour ce roman de Robert Silverberg, avant le calme et la solitude suivis du doute et du désespoir. Joseph, habi­tué à être servi par une escouade de valets, doit dans un premier temps trou­ver de la nourriture. Il serait mort de faim si un animal, doux et compatis­sant car doté d'une faible intelligence, n'avait pas partagé ses réserves avec le jeune humain.

Rassasié de larves et tubercules savou­reux, il débouche enfin dans un village indigène. La planète Patrie a une lon­gue histoire derrière elle. Colonisée par une première vague de Terriens, ces derniers vivaient en bonne harmonie avec les premiers habitants, humanoï­des moins évolués mais parfaitement pacifiques.

Une seconde vague de Terriens a boule­versé cet équilibre. La Conquête a vu l'apparition de Maîtres qui ont maté le Peuple, les grandes familles se parta­geant les meilleures terres.

Joseph est l'héritier d'un de ces Maî­tres. Sa conception de la vie est manichéen­ne. Les Maîtres ont tous les droits sur le Peuple. En échange, ils s'assurent que tout le monde a un toit et mange à sa faim. Joseph ne parvient pas à comprendre les motivations de la révolte dans le Nord de la planète. Mais pour l'instant il est bien loin des combats.

Quand ils découvrent que Joseph sait soigner les plaies et les fractures, les indigènes le transforment en médecin itinérant, allant de tribu en tribu dispensant son savoir minime mais suffisant

Aidé par le Peuple.

Quelques mois de quasi captivité lui permettent de se refaire une santé et de fausser compagnie à ses bienfaiteurs. Car Joseph, après des moments de doute n'a plus qu'une seule et unique envie: revoir sa famille. Il met le cap au Nord, franchit des montagnes et se retrouve épuisé dans une région où le Peuple n'a pas été colonisé par les Maîtres. L'adolescent sera obligé de réviser ses convictions sur le Peu­ple et les « bienfaits » apportés par les Maîtres. Mais le chemin est encore long avant le retour en pays natal.

Le lecteur découvrira cette nature magi­que à la faune merveilleuse dans les pas du jeune garçon. Un adolescent qui deviendra un hom­me au fil des kilomètres parcourus. L'évolution de Joseph fait tout le sel de ce roman de science-fiction, humaniste et un brin philosophique.

Le long chemin du retour, Robert Silverberg, Le Livre de Poche, 6,95 €