Quelques chroniques de livres et BD qui méritent d'être lus et les critiques cinéma des dernières nouveautés. Par Michel et Fabienne Litout
mercredi 25 octobre 2006
BD - Jeune BD coréenne
On parle beaucoup de la Corée ces derniers temps. Celle du Nord, qui tente de maîtriser l'arme nucléaire. Au Sud, dans une démocratie très capitalistique, la jeunesse se gorge de bande dessinée. Des centaines d'albums bons marchés, comme au Japon, peu ambitieux. Mais à côté de ce volet très commercial, quelques auteurs parviennent à proposer des récits adultes et ambitieux. Une jeune bande dessinée coréenne que Casterman a décidé de mettre en avant dans une nouvelle collection. Premier exemple avec « Le marécage » de Choi Kyu-sok. Un étudiant en bande dessinée, raconte dans ce courtes scénettes de 3 ou 4 pages, sa vie en cohabitation avec trois amis. Dans une minuscule pièce, ils mangent, dorment et travaillent. Problèmes de coeur, d'argent, d'étude ou de relations constituent le pain quotidien de cette BD qui nous en apprend beaucoup sur la jeunesse coréenne. On rit souvent, mais l'émotion n'est pas absente, l'auteur donnant parfois un ton très sérieux et politique à son propos. Une belle découverte. (Casterman, Hanguk, 15,75 €)
mardi 24 octobre 2006
BD - La saga africaine du "Peuple des endormis"
Didier Tronchet, à côté de ses albums d'humour pur, dont généralement il signe les scénarios, aime se dérouiller la main en dessinant des albums plus ambitieux graphiquement, tirés de romans qu'il a apprécié. Après plusieurs adaptations des romans d'Anne Sibran, sa compagne, il s'attaque au roman de Frédéric Richaud, "Le peuple des endormis", paru aux éditions Grasset. Dans le paris du XVIIe siècle, un jeune garçon s'évade en dessinant. Pour sa mère, à l'éducation stricte et religieuse, c'est une hérésie. Mais son père apprécie le talent de son fils. Il décide de partager son secret. Dans des caves secrètes, il tente de trouver la bonne solution pour empailler des animaux. Il travaille notamment pour le Marquis de Dunan, grand séducteur, cherchant un bon moyen pour se faire remarquer par le roi. Quand il décide de financer une expédition pour explorer l'Afrique, il emmène dans ses bagages le jeune dessinateur qui sera chargé de retranscrire sur le papier tous les animaux qu'ils croiseront. Violent, cruel, sans concession, époque oblige, cet album en surprendra plus d'un. (Dupuis, 13,50 €)
lundi 23 octobre 2006
BD - Watch, l'humanitaire sans condition
L'Unesco est une administration mondiale prônant paix et éducation pour tous les enfants de la planète. Mais pour obtenir des résultats, parfois, la méthode forte s'avère être la plus efficace. C'est dans ce cadre que Michaël Le Galli, le scénariste, a imaginé un service de l'Unesco agissant dans l'ombre. La section WATCH est basée à Montréal et intervient un peu partout dans le monde et n'hésite pas à recruter ses membres parmi les services secrets des États membres. Pour cette première mission, plusieurs de ses membres se rendent au Sri Lanka tenter de mettre fin au recrutement de force d'enfants soldats par les Tigres tamouls. Dessiné par Luca Erbetta, le premier tome permet au lecteur de mieux connaître les agents de la section, leurs origines, leur vie privée, leurs inimitiés et casseroles. Le second, paraissant simultanément, les plonge dans l'action. Bien documenté, très crédible, l'histoire permet de dénoncer ces chefs de guerre prêts à tout pour avoir des troupes dociles et malléables. Le prochain épisode est annoncé pour janvier prochain. La série inaugure une nouvelle collection, Impact. (Delcourt, 10,50 €)
dimanche 22 octobre 2006
BD - Un demi dragon à l'attaque
Dans un pays ressemblant à une principauté d'opérette, le maire, industriel local, meurt sans héritier direct. Ce sont ses deux petites-filles qui devront assurer la pérennité de la prospérité de cette vallée encaissée entre les montagnes. Au même moment, un paysan découvre au fond d'une caverne un oeuf qu'il ramène chez lui. Quand il l'offre à sa femme, cela bouge dans le sac. Ce petit être sera leur fils. On le retrouve quelques années plus tard. Brüssli est le souffre-douleur des autres enfants du village. Mais il s'en moque car une jeune fille vient de lui faire un compliment. Ce n'est pas dit explicitement, mais le lecteur comprend vite que Brüssli, en fait, est un jeune dragon qui n'a pas conscience de sa véritable identité. Premier tome d'une série pour les plus jeunes, écrite par Jean-Louis Fonteneau (Inspecteur Bayard), un habitué de la littérature jeunesse. Au dessin, Etienne fait exploser les couleurs, comme dans le premier tome de Gargouilles dont il est l'auteur. (Les Humanoïdes Associés, 12,90 €)
samedi 21 octobre 2006
"La corde aux jours impairs", polar décalé
"La corde aux jours impairs", premier roman policier de Thomas Taddeus est très déstabilisant, la réalité qu'il décrit semblant toujours altérée et la société viciée.
Le héros de « La corde aux jours impairs » est policer. Un jeune flic qui vient juste de finir son école. Le lecteur se doute très vite que ce polar sortira de l'ordinaire car le héros s'appelle Bossa Nova. Son coéquipier Gabardine. Drôles de noms, mais drôle de pays également. Car l'action ne se situe pas en France ou dans un autre pays connu. Cette contrée imaginaire, fait parfois penser à une principauté, vivant recluse sur elle-même.
Bossa Nova, loyal et droit, se sent un peu mal à l'aise dans ce monde très sécurisé. Son coéquipier, plus expérimentée, plus blasé aussi, tentera de lui ouvrir les yeux sur le mode d'emploi de son boulot, de la hiérarchie. Tout débite quand ils sont appelés pour enquêter sur le décès d'un homme inconnu des services de police. Il est retrouvé pendu, avec un mot manuscrit sur la table basse : « Je n'avais pas le choix ». Tout plaide pour le suicide. Mais lors de l'autopsie, effectuée par un ami de Bossa Nova, des traces de somnifères sont retrouvées dans le sang du mort. Beaucoup de somnifère. Pris bien avant l'heure supposée du suicide. En fait, au moment de sa mort, il dormait comme un bébé.
Tueur en série
Le suicide se transforme en meurtre et le suspect en plus devient tueur en série puisque deux jours plus tard, un autre homme est retrouvé pendu chez lui, avec le même mot manuscrit, la signature du tueur. Bossa Nova va enquêter sur le passé des deux victimes, tenter de trouver un point commun, mais le premier était courtier en bourse, le second peintre sans le sou. Quand un troisième pendu, toujours avec le même type de corde, toujours un jour impair, est découvert, c'est le grand branle-bas de combat dans les hautes sphères.
Le chef de la police, contre l'avis de ses subordonnés, fait appel à un célèbre romancier, spécialiste du polar. Un homme imbu de sa personnalité, persuadé d'avoir toujours raison. Cela donne ce savoureux passage extrait d'un article qu'il publie dans le journal local pour expliquer pourquoi les autorités attendent beaucoup de lui : « Il est bien triste de voir souvent la littérature policière si souvent dénigrée, dévalorisée, par d'obtus critiques. Loin d'être un simple produit de consommation destiné à faire frissonner le lecteur, le roman policier permet d'étendre le territoire du bien en rationalisant l'inutilité du mal. Ce faisant, il indique la direction morale que se doit de prendre une communauté, une société, une civilisation ». Attention, les chevilles enflent. Avec un avocat véreux et un grand patron, Pierlouis Vinegaar, le romancier, fait partie de ces personnages que l'on se surprend à haïr avec une certaine délectation.
Mais le roman de Thomas Taddeus, sous des airs de manichéisme, est beaucoup plus riche. Bossa Nova parvient même à démasquer le tueur assez rapidement. Mais une fois en prison, un nouveau pendu vient brouiller toutes les pistes. Le lecteur est totalement désorienté et interrogatif : l'auteur a bien réussi son coup, l'entraînant sur un territoire qu'il n'aurait jamais imaginé en ouvrant ce roman.
« La corde des jours impairs », Thomas Taddeus, Flammarion, 18 €
Le héros de « La corde aux jours impairs » est policer. Un jeune flic qui vient juste de finir son école. Le lecteur se doute très vite que ce polar sortira de l'ordinaire car le héros s'appelle Bossa Nova. Son coéquipier Gabardine. Drôles de noms, mais drôle de pays également. Car l'action ne se situe pas en France ou dans un autre pays connu. Cette contrée imaginaire, fait parfois penser à une principauté, vivant recluse sur elle-même.
Bossa Nova, loyal et droit, se sent un peu mal à l'aise dans ce monde très sécurisé. Son coéquipier, plus expérimentée, plus blasé aussi, tentera de lui ouvrir les yeux sur le mode d'emploi de son boulot, de la hiérarchie. Tout débite quand ils sont appelés pour enquêter sur le décès d'un homme inconnu des services de police. Il est retrouvé pendu, avec un mot manuscrit sur la table basse : « Je n'avais pas le choix ». Tout plaide pour le suicide. Mais lors de l'autopsie, effectuée par un ami de Bossa Nova, des traces de somnifères sont retrouvées dans le sang du mort. Beaucoup de somnifère. Pris bien avant l'heure supposée du suicide. En fait, au moment de sa mort, il dormait comme un bébé.
Tueur en série
Le suicide se transforme en meurtre et le suspect en plus devient tueur en série puisque deux jours plus tard, un autre homme est retrouvé pendu chez lui, avec le même mot manuscrit, la signature du tueur. Bossa Nova va enquêter sur le passé des deux victimes, tenter de trouver un point commun, mais le premier était courtier en bourse, le second peintre sans le sou. Quand un troisième pendu, toujours avec le même type de corde, toujours un jour impair, est découvert, c'est le grand branle-bas de combat dans les hautes sphères.
Le chef de la police, contre l'avis de ses subordonnés, fait appel à un célèbre romancier, spécialiste du polar. Un homme imbu de sa personnalité, persuadé d'avoir toujours raison. Cela donne ce savoureux passage extrait d'un article qu'il publie dans le journal local pour expliquer pourquoi les autorités attendent beaucoup de lui : « Il est bien triste de voir souvent la littérature policière si souvent dénigrée, dévalorisée, par d'obtus critiques. Loin d'être un simple produit de consommation destiné à faire frissonner le lecteur, le roman policier permet d'étendre le territoire du bien en rationalisant l'inutilité du mal. Ce faisant, il indique la direction morale que se doit de prendre une communauté, une société, une civilisation ». Attention, les chevilles enflent. Avec un avocat véreux et un grand patron, Pierlouis Vinegaar, le romancier, fait partie de ces personnages que l'on se surprend à haïr avec une certaine délectation.
Mais le roman de Thomas Taddeus, sous des airs de manichéisme, est beaucoup plus riche. Bossa Nova parvient même à démasquer le tueur assez rapidement. Mais une fois en prison, un nouveau pendu vient brouiller toutes les pistes. Le lecteur est totalement désorienté et interrogatif : l'auteur a bien réussi son coup, l'entraînant sur un territoire qu'il n'aurait jamais imaginé en ouvrant ce roman.
« La corde des jours impairs », Thomas Taddeus, Flammarion, 18 €
vendredi 20 octobre 2006
BD - Petit poison deviendra grande
Elle est vraiment craquante la petite Miss Swampy. Dans son bayou en Louisiane à la fin des années 30, elle vit comme une sauvageonne en compagnie de son frère qui lui ne rêve que d'aviation de guerre. Swampy pêche le poisson-chat, capture des crapauds, se méfie des alligators... et des jeunes mâles de la région. Elle n'est encore qu'une fillette pouvant se promener torse nue sans choquer. Mais un soir, alors qu'elle surprend des espions japonais, ces derniers tentent de l'empoisonner avec des baies de Poison Ivy. Une vieille prêtresse vaudou la sauve, mais elle en garde quelques effets secondaires. En premier un corps de femme, avec toutes les rondeurs là où il faut. Mais elle découvre également que ses baisers sont empoisonnés. Quiconque touche ses lèvres trépasse dans la minute. Accusée de meurtre, elle est capturée par l'armée américaine qui va l'intégrer à la section WOW pour « Women on war ». Yann, le scénariste, retrouve toute sa truculence des premiers Innommables, Berthet, au dessin, se régale dans ce premier tome des "exploits de Poison Ivy". (Dargaud, 9,80 €)
jeudi 12 octobre 2006
BD - La vie de Landru par Chabouté, un fait divers fumeux
Chabouté, après une expérience en couleur, revient au roman BD en noir et blanc, style dans lequel il excelle. Pas de sorcellerie pour ce « Henri Désiré Landru », mais une explication tout à fait plausible de l'affaire Landru. Dans cette France saignée aux quatre veines par la guerre des tranchées, Landru, père de famille nombreuse, améliore l'ordinaire en escroquant des femmes célibataires fortunées. Il se contente de les délester de quelques liquidités. A la fin de son procès, scène d'ouverture de cet album de 144 pages, il clame son innocence, affirmant solennellement au jury qui vient de le condamner à mort « Le tribunal s'est trompé ! Je n'ai jamais tué personne ! » Et le lecteur, au fil des pages va découvrir l'incroyable machination dont Landru aurait été victime. C'est alambiqué, mais tout à fait plausible.
Henri Désiré Landru, Vents d'Ouest, 17,99 €
mercredi 11 octobre 2006
BD - Adaptation explosive d'un polar de Fajardie
Roman culte des années 70, « La nuit des chats bottés » de Frédéric H. Fajardie est enfin adapté en bande dessinée. Violent, anarchiste, sans concession, ce brûlot fait rêver des générations d'étudiants. Boris Beuzelin a osé s'attaquer au monument. Stephan et P aul, deux anciens militaires, décident de venger une belle orpheline. Jeanne raconte toutes les brimades dont son père a été victime au fil des ans. Ils n'hésitent pas à plastiquer tout ce qui est symbolique de l'oppression. Ils débutent par un bar PMU puis enchaînent par l'assassinat d'un huissier puis les boutiques des commerçants qui ont refusé de faire crédit. Avec pour apothéose la destruction « de l'odieux Sacré-Coeur des charognes versaillaises ». Beuzelin, dans un noir et blanc de rigueur, met en scène ce petit bijou d'utopie anarchiste.
La nuit des chats bottés, Casterman, 12,95 €
mardi 10 octobre 2006
BD - La Secret Box de Mounier chez Bamboo
Récit d'espionage dont le premier cycle est en trois partie, « Box » d'Alain Mounier a le potentiel d'un XIII mélangé au Décalogue. Avec un petit plus dès les premières pages : une héroïne, Erica, très sexy et strip-teaseuse de métier. L'action de cet album se déroule en plusieurs lieux dispersés aux quatre coins de la planète. Aux USA, là où Erica travaille et tente de retrouver un peu de dignité, mais également en Afghanistan où apparaît pour la première fois la fameuse « Box », vieille de 4000 ans, puis sur la Mer de Barentz, en Russie, où de gros moyens militaires sont employés par les Russes pour récupérer l'objet tant convoité. Mais finalement il finira par arriver aux USA et croisera le chemin d'Erica qui aura sa vie totalement bouleversée. Des personnages à la psychologie complexe, des forces obscures agissant dans l'ombre, un objet dont on ne sait pas grand choses si ce n'est qu'il aurait la possibilité de ressusciter les morts : Mounier parvient à agencer tous ces éléments pour transformer ces 48 pages en intrigue passionnante. (Bamboo, Grand angle, 12,90 €)
lundi 9 octobre 2006
BD - Rêves de gamin
Tuff est un petit garçon débordant d'imagination. Il est persuadé que sa peluche, représentant un koala, est dotée d'une vie propre. Souvent, quand il fait une sieste, il a l'impression de se réveiller dans des pays magiques et merveilleux. Ecrite par Curd Ridel et dessinée par Philippe Fenech, cette série, réservée aux plus petits, après le western, explore un moyen âge de légende. Parti visiter une cité médiévale, Tuff reste aux pieds des remparts pendant que ses parents s'éloignent un peu. Il se retrouve prisonnier, avec son Koala, d'arbres apparemment vivcants. Des gnomes lui passent sous le nez et ouvrent une porte magique communicant avec le royaume de Mieuzamieux. Il mettra son épée (en plastique...) au service d'un jeune prince évincé du pouvoir par le seigneur Yvon de Malempire. Il volera également au secours de la jeune princesse Sahira de Mieuzamieux. Le dessin de Fenech, chaud et rond, aux couleurs chatoyantes, est idéal pour cette histoire n'ayant d'autre prétention que de faire rêver, un peu, les jeunes lecteurs. (Soleil, 8,45 €)
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