vendredi 22 décembre 2023

Polar - La mer, lit de « La mariée de corail »

En plus de découvrir la rude vie des marins-pêcheurs canadiens, ce roman policier de Roxanne Bouchard offre une exploration poétique et naturaliste de la Gaspésie, région située à l’est de Montréal. 


Le froid s’accorde parfaitement avec le roman policier. Les polars nordiques (Suède, Norvège, Danemark) ont conquis la France, puis l’Islande a imposé sa noirceur. Toujours plus à l’Ouest, découvrez les enquêtes de Joaquin Morales, policier québécois sorti de la plume de Roxanne Bouchard et déjà croisé dans son premier roman, Nous étions le sel de la mer.

Morales est toujours en poste à Caplan, au sud de la Gaspésie. La belle Catherine a mis les voiles. Le voilà seul à se demander si son mariage avec Sarah peut être sauvé.

La routine est bousculée quand il est envoyé en renfort à Gaspé pour devenir l’enquêteur principal chargé de la disparition d’Angel Roberts. Cette femme, marin-pêcheur à la barre d’un homardier, a disparu la nuit du 10e anniversaire de son mariage. Signe particulier : elle avait revêtu sa robe de mariée. Le bateau est retrouvé au large, moteur arrêté, vide. La mariée a-t-elle été enlevée ? Ou plus probablement est-elle tombée à l’eau. Une course contre la montre s’engage car en cette fin septembre, l’eau est froide. Mortelle.

Secrète Gaspésie

Le début du roman se consacre à ces recherches et l’arrivée de l’enquêteur Morales, passablement perturbé. Car en plus de la disparition de sa maîtresse, il a dû abandonner à Caplan son ami Cyrille, pêcheur, mourant d’un cancer en phase terminale. Sans compter sur l’arrivée inopinée de son fils aîné, Stéphane, ivre mort, cuisinier à Montréal mais lui aussi en bisbille avec sa blonde.

Il a donc l’esprit ailleurs quand il rencontre les agents qui vont le seconder. Et là aussi, Roxanne Bouchard propose des personnages hauts en couleur. Lefèbvre, agent tire-au-flanc, qui détester aller sur le terrain préférant de loin le désordre de son bureau. Simone, membre de la police de la pêche, experte de ce milieu très fermé, cassante, limite arrogante avec Morales, ce policier venu de la ville aux origines.. mexicaines. Rajoutez au cocktail la famille de la disparue, une aubergiste trop joyeuse et une prof de yoga trop belle et vous avez tout pour concocter un roman policier haletant.

Reste le décor, le plus important dans l’œuvre de Roxanne Bouchard, cette Gaspésie, reculée, sauvage, hermétique. Morales tente de comprendre le territoire et ses habitants. Difficilement car « la Gaspésie le défie par sa lenteur, mais aussi par la douloureuse expérience de l’intimité. Ici il faut avoir une compréhension intime des gens pour résoudre une affaire. En ville, tout est cru, plus dur : on tue avec violence pour de la drogue, de l’argent. Les criminels qui assassinent des inconnus parlent d’exécution, de vengeance, et crachent sur leurs victimes. Ici, les meurtriers souffrent tellement de leur méfait que la prison devient un châtiment juste, presque apaisant. » Les hommes, la nature, la mer. Plonger dans un roman de Roxanne Bouchard c’est partir en voyage dans des contrées inconnues, rudes mais avant tout poétiques.

Avec Joaquin Morales on se découvre l’envie de courir sur les falaises avec la mer pour seul horizon, de sentir ces embruns, voir ces fous de Bassan plonger ou explorer des forêts noires et secrètes. Par contre, vu la rudesse du métier, on a moins envie d’aller attraper du homard ou des crevettes au large. Pourtant c’est sans doute là que se trouve la solution à l’énigmatique disparition.

« La mariée de corail » de Roxanne Bouchard, L’Aube noire, 448 pages, 21,90 €

 

jeudi 21 décembre 2023

En vidéo, “Yannick”, star des planches


Si son prochain film s’attaque au mythe Dali (sortie le 7 février), Quentin Dupieux s’intéresse au théâtre dans Yannick qui vient de sortir en DVD et blu-ray chez Diaphana.

Un film court, percutant, révélant l’immense talent de Raphaël Quenard. Dans un théâtre parisien, le public rit mollement au jeu de Pio Marmaï et Blanche Gardin. Un spectateur ose s’indigner de la piètre qualité en échange de places relativement chères.

C’est Yannick (Raphaël Quenard), veilleur de nuit de province, monté à Paris passer du bon temps. Mécontent, il va littéralement prendre en otages comédiens et spectateurs.

Une comédie douce-amère remettant en cause abruptement la perception de l’art par le public et sa fabrication par des comédiens trop routiniers.


mercredi 20 décembre 2023

Cinéma - “Les colons” n’ont pas de pitié pour les « sauvages »

Film de Felipe Gálvez Haberle avec Sam Spruell, Mark Stanley, Camilo Arancibia, Benjamin Westfall


Le Chili, immense pays qui se cherche encore, n’a pas attendu Pinochet pour faire de la violence et la force ses principaux outils pour tenir sa population. Le film de Felipe Galvez Haberle, Les colons, raconte comment les gros propriétaires terriens ont décidé d’exterminer les Indiens pour permettre l’élevage intensif. Terre de Feu, début du XXe siècle. Quelques hommes travaillent comme des forçats. Ils posent des clôtures dans ces prairies infinies.

Bientôt, moutons et bovins vont occuper l’espace. Le problème ce sont les Indiens. Ils se moquent des clôtures. Et les animaux, même domestiques, restent des proies pour ces chasseurs-cueilleurs. Le problème peut être résolu par quelques mercenaires sans foi ni loi. 

Parmi eux le lieutenant MacLennan (Mark Stanley), ancien soldat anglais, Bill (Benjamin Westfall) un cow-boy américain et un métis, Segundo (Camilo Arancibia), choisi par le premier car il connaît le pays et tire bien au fusil. Un trio dépareillé, jamais d’accord, mais qui n’a qu’un objectif : faire place nette. Ils chevauchent les grands espaces, traversent vallées, cols et vastes plaines, pour traquer ces Indiens. Et les abattre. Comme des animaux nuisibles. 

Un film étouffant, malgré les décors naturels purs et gigantesques, car la sauvagerie n’est pas là où notre civilisation occidentale l’a placée. Les colons sont des prédateurs, jamais rassasiés, toujours affamés de sang frais. Seul Segundo a des scrupules, se pose des questions. Mais il est lui aussi asservi par la véritable sauvagerie du lieutenant. Il va laisser faire, complice passif d’un génocide qui ne semble avouer son véritable nom qu’aujourd’hui, un siècle après les faits. Ainsi va l’Histoire du Chili, comme de ses voisins américains.   


Une sélection de quelques beaux livres à offrir pour les fêtes de fin d'année

Il est venu le temps des cadeaux. Offrir un livre c’est l’assurance de faire plaisir. Et cela marche aussi pour soi car il n’est pas interdit de se gâter en cette fin d’année. . Une première sélection de beaux livres pour tous les goûts, de la littérature (régionale ou policière) aux histoires pour les plus petits en passant par la BD ou le cinéma de genre.

BD - Donjon Bonus


Ce grand et bel album passionnera tous les fans de l’univers de Donjon mais aussi ceux qui s’intéressent à la fabrique de cette série unique en son genre. Comment Lewis Trondheim et Joann Sfar se sont rencontrés ? Qui a eu l’idée du Donjon ? Pourquoi un kyste aux fesses est-il important ?



Les réponses à ces questions sont apportées avec la reproduction des premières pages de scénario et découpages de Sfar, augmentées des recherches graphiques de Trondheim. Une collaboration à distance qui passe également par de nombreux courriers.

« Donjon Bonus », Delcourt, 160 pages, 39,95 €

Région - Mots et merveilles d’Occitanie


Inutile d’expliquer que l’Occitanie est une des plus belles régions de France. Un petit chauvinisme renforcé avec la publication, sous la coordination de Jean-Paul Azam, de cette anthologie littéraire illustrée. On retrouve des passages de romans ou récits portant sur les plus beaux lieux.

Alors savourez les mots de Claude Simon sur tramway de Perpignan ou Michel Roquebert décrivant les citadelles du vertige, autre nom des châteaux cathares.

« Mots et merveilles d’Occitanie », Le papillon rouge éditeur, 29,90 €

Enfants - Tout Zuza


Les petites aventures de Zuza et de son crocodile sont parues entre 1998 et 2010. L’École des Loisirs propose l’ensemble de ces petits contes du quotidien écrits et dessinés par Anaïs Vaugelade dans un gros volume de 244 pages.

Zuza, une petite fille, y raconte comment elle dîne, prend son bain ou part en voyage. Toujours avec son gros crocodile, doudou encombrant mais si gentil. Douze histoires au total, destinées à être racontées aux enfants à partir de 3 ans.

« Tout Zuza », L’École des Loisirs, 19 €

Saveurs - Tour de France des fruits et légumes


Noémie Vialard et Stéphane Houlbert, passionnés de cuisine, ont fait le tour de France des fruits et légumes remarquables. Car chaque région ou ville a sa spécialité. Les très connus comme le piment d’Espelette, les plus discrets comme l’aubergine de Valence.

Dans ce panier aux saveurs authentiques, quatre concernent nos départements : les célèbres cerises de Céret et haricot de Castelnaudary et les plus méconnus, mais tout aussi délicieux, oignon de Citou et céleri branche vert d’Elne.

« Tour de France des fruits et légumes », Delachaux et Niestlé, 256 pages, 32,90 €

Monographie - William Vance


Dessinateur talentueux, William Vance a longtemps été un de ces artisans de l’ombre, illustrant ses histoires dans un style réaliste solide et efficace. Tout a changé avec le succès de la série XIII. En plus de tirages astronomiques, ses originaux sont devenus très recherchés.

Mais qui est cet auteur belge décédé en 2018 ? Réponse dans cette monographie basée sur une série d’entretiens avec Patrick Gaumer. Le dessinateur parle de sa formation académique, de ses séries préférées mais aussi de ses scénaristes, de Greg (Bruno Brazil) à Jean Van Hamme (XIII).

« Monographie William Vance », Dargaud, 408 pages, 45 €

Cinéma - Zombies


Ils ont acquis une célébrité mondiale. Les Zombies sont devenus des incontournables du cinéma d’horreur et aussi des BD et des séries télé depuis The Walking Dead. Un mot d’origine haïtienne, décortiqué par Claude Gaillard et Guillaume le Disez dans ce superbe livre.

Le phénomène est exploré très largement, un chapitre abordant même les zombies en France avec le premier film de ce genre si particulier, Les raisins de la mort, tourné sur le Larzac en 1977 par Jean Rollin.

« Zombies », Glénat, 352 pages, 35 €

Un manga - The Commonbread


Premier manga de Mujiha, The Commonbread associe science-fiction, monde apocalyptique et… nourriture. Sur cette Terre (à moins que cela ne soit une autre planète…) ravagée par une catastrophe oubliée, les rares habitants survivent grâce au Commonbread.

Un aliment fourni par l’Église, seule nourriture autorisée par le clergé. Le lecteur découvre ce monde de ruines avec Haruka, jeune femme intrépide, une fouilleuse. Elle arpente les bâtiments délabrés à la recherche des vestiges du passé. Dans le premier tome, elle découvre un boîtier contenant une intelligence artificielle. Haruka qui cherche désespérément un aliment qu’elle n’a goûté qu’une seule fois : du curry.

« The Commonbread » (série complète en quatre volumes), Véga Dupuis, 8,35 €

 

Cinéma - “Migration”, folle épopée d’une famille de canards

Un réalisateur français, Benjamin Renner, à la tête d’un dessin animé américain. C’est rare et particulièrement réussi. Partez sans hésiter à l’aventure avec cette famille de canards colvert. 


L’animation « made in France » est sans doute le meilleur atout du cinéma français à l’exportation. Les récentes réussites des Occitans de TAT ou de Miraculous en sont les démonstrations parfaites. Logiquement, les Américains d’Illumination (Les Minions), ont donc demandé à Benjamin Renner de superviser leur grosse production de fin d’année, Migration. Le cinéaste français s’est fait connaître en signant Ernest et Célestine, jolie histoire poétique. Le challenge était plus relevé pour Migration, film réalisé en 3D et destiné au monde entier.

L’histoire, signée Mike White, parle de famille, d’aventure et de solidarité. C’est l’automne dans la région du petit étang où vit cette famille de canard, les Colvert. Le père, Mack (Pio Marmaï), est le prototype du casanier absolu. Pour vivre heureux (et sans danger), le mieux est de vivre caché, toujours au même endroit, à proximité de ce tranquille petit étang.

Cap sur la Jamaïque 

La mère, Pam (Laure Calamy), aimerait changer d’air, montrer aux enfants, Dax et Gwen, le vaste monde. Quand un groupe de canards migrateurs fait escale à l’étang, l’envie de partir est très forte. Finalement, le père accepte de tenter l’aventure direction la Jamaïque. Mais ce beau parleur, un peu trop sûr de lui, s’égare rapidement et doit faire escale dans la grande ville de New York.

Pour retrouver le bon chemin, il devra demander conseil à un perroquet prisonnier chez un chef cuisinier spécialiste du… canard à l’orange. Mack, de pleutre, va devenir téméraire, notamment grâce à sa femme qui, elle, a du courage à revendre. Le parcours vers le sud sera mouvementé, plein d’embûches, de surprises et de rencontres.

Remarquable au niveau animation, Migration offre surtout aux spectateurs un scénario solide et fluide. Tout s’enchaîne, sans temps morts ni chansons presque inutiles comme l’autre sortie du moment chez Disney. Les deux séquences musicales sont parfaitement justifiées et apportent du sens au rapprochement entre les deux parents canards qui s’étaient un peu perdus de vue.

Les personnages secondaires (une matrone pigeonne, le perroquet neurasthénique ou les canards naïfs promis aux couteaux du chef cuisinier) apportent la diversité dans la distribution des rôles. Sans oublier Gwen, la petite sœur, craquante quand elle demande avec insistance quelque chose à son oncle, le placide Dan qui a la voix de Danny de Vito dans la version originale.

Film d’animation de Benjamin Renner et Guylo Homsy avec les voix de Pio Marmaï et Laure Calamy
 

En vidéo, “Hypnotic voit double”


Le cinéma c’est la réalité déformée. Mais quand un film raconte la réalité déformée, est-ce du double cinéma ? On peut se poser la question en visionnant Hypnotic, film de Robert Rodriguez avec Ben Affleck en vedette qui sort en DVD et blu-ray chez M6 Vidéo. Policier à Austin, Danny Rourke est à la recherche de sa fille. Enlevée dans un parc. 

Quand il se retrouve sur la piste d’un homme expert en hypnose, il croit avancer vers la vérité. Mais les apparences sont trompeuses. Un film dédale, labyrinthique, qui débute comme un film d’action classique, se poursuit sur le mode paranoïaque pour basculer dans la science-fiction. Le final est encore plus étrange et étonnant. 

Le genre de réalisation qui fait osciller le spectateur entre distraction, prise de tête et remise en question.


mardi 19 décembre 2023

BD - Survie préhistorique dans l'adaptation des "Enfants de la Terre"


Les enfants de la Terre de Jean M. Auel fait partie des phénomènes éditoriaux de ces dernières années. Pas moins de 45 millions d’exemplaires vendus de par le monde Une immense saga préhistorique imaginée par Jean M. Auel et publiée aux Presses de la Cité en France.

Pour retranscrire les aventures de Ayla et ses amis du clan de l’Ours des Cavernes, c’est Camille Moog qui a été choisie. Plus exactement c’est elle qui est à l’origine du projet après qu’elle a découvert ces romans qui deviendront pour elle « une véritable source d’émerveillement, celui de l’exploration de nos racines humaines. »

Un dessin simple et efficace tant au niveau de la lisibilité que de la mise en page permet au lecteur de plonger aisément dans cette survie permanente. Car à cette époque, 35 000 ans avant notre ère, éléments naturels et animaux féroces semblaient s’allier pour empêcher les Humains de vivre sereinement.

Sans compter les bisbilles au sein des clans. Mais cela reste avant tout une belle histoire d’intégration car Ayla est une Homo Sapiens recueillie par une tribu de Néanderthaliens. A redécouvrir d’urgence.

« Ayla, le clan de l’ours des Cavernes » (tome 1), Jungle, 136 pages, 18,50 €

Cinéma - Les pilleurs de tombe cherchent “La chimère”


Réalisatrice italienne, Alice Rohrwacher a un véritable talent pour filmer l’Italie authentique. Son nouveau long-métrage, La chimère, présenté en compétition lors du dernier festival de Cannes, se déroule durant les années 80. Arthur (Josh O’Connor) est un Anglais, féru d’archéologie, qui a échoué dans cette région rurale. Il a un don de sourcier. Mais ce n’est pas de l’eau qu’il repère avec sa baguette mais des tombes étrusques. Il est devenu la pierre maîtresse de cette bande de « tombaroli », des pilleurs de tombes, trafiquants d’objets sacrés et autres œuvres d’art volés dans ces cavités parfois inviolées depuis des siècles.

Arthur vient de passer quelques mois en prison. Il hésite à reprendre du service. Mais ce quasi clochard ne sait rien faire d’autre. Il va donc de nouveau aider ses amis brigands, tout en cultivant sa mélancolie. Son amoureuse est morte. Il tente de se rappeler les bons moments passés avec elle. C’est elle, cette chimère qu’il cherche sous terre. Pourtant il aurait l’occasion de repartir sur de nouvelles bases en compagnie d’Italia (Carol Duarte), une jeune femme, mère de deux enfants, domestique chez Flora (Isabella Rossellini), la mère de la défunte fiancée.

Un film à l’ambiance très poétique et artistique, longue bataille entre riches et pauvres, présent et passé, cupidité et joie de vivre. Le genre d’œuvre aboutie, époustouflante de luminosité, qui vous redonne envie de profiter des belles choses. Tout simplement.

Film italien d’Alice Rohrwacher avec Josh O’Connor, Carol Duarte, Isabella Rossellini


lundi 18 décembre 2023

BD - Nicolas Beuglet dénonce la science irresponsable dans "Le cri"

En très peu de temps, Nicolas Beuglet est devenu une signature qui compte dans le monde des thrillers. Son imagination débordante, toujours étayée par des faits réels à la base, lui a permis de conquérir des milliers de lecteurs.

Un de ses premiers succès, Le cri, est désormais disponible aussi en bande dessinée. C’est le vétéran Makyo qui a signé le scénario, confié à Laval NG, dessinateur mauricien remarqué après sa reprise de la balade au bout du monde (déjà avec Makyo au scénario). Un duo très expérimenté mais un album qui dénote car l’ambiance graphique est très sombre.

Par une froide nuit en Norvège près d’Oslo, l’inspectrice Sarah Geringën se rend dans un hôpital psychiatrique à la sinistre réputation. Un malade a été retrouvé mort. Selon un des gardiens, il aurait tenté de s’étrangler avec ses propres mains. Sarah, rousse taiseuse, a l’intuition qu’elle se trouve devant une mise en scène. À force de questions et d’observation elle parvient à découvrir que le malade, qui a un chiffre, le 488, tatoué sur le front, est mort ailleurs que dans sa chambre.

Elle va découvrir qu’il était utilisé dans des expériences scientifiques qui n’ont rien d’éthiques. La suite de ses investigations la conduit en France et sur une île perdue de l’Atlantique. Très technique parfois, les passages sur le cerveau reptilien de l’homme sont ardus, ce thriller offre aussi quantité d’action et de course-poursuite et suffisamment de scènes différentes pour donner à Laval NG l’occasion de s’affirmer sans conteste comme un des plus talentueux dessinateurs actuels.

« Le cri », Philéas, 152 pages, 21,90 €


BD - Kid Paddle a trop d’imagination


Les amateurs de jeux vidéos l’adorent. Kid Paddle est le héros dans lequel tous les petits garçons experts en manettes se reconnaissent à un moment ou un autre. Lancé dans les pages de Spirou en 1996, le jeune héros imaginé par Midam est devenu un succès en librairie.

La recette est toute simple : ayez de l’imagination, c’est forcément marrant. Et de l’imagination, Kid Paddle n’en manque pas. On lui présente une simple agrafeuse ? Il transforme le petit objet en tête d’Alien crachant des dents acérées (les agrafes).


Comment interdire les brocolis dans les menus ? Facile, il suffit de beaucoup travailler à l’école, de devenir un super savant, , devenir directeur de l’organisation mondiale de la santé et réformer le Nutriscore. Réflexion de son meilleur ami : « Le plan est parfait, mais ça va être long ».

On retrouve aussi dans cet album la participation, involontaire de la petite sœur de Kid, toujours victime de ses idées incongrues. Et Midam propose aussi quelques gags de son autre série, Game Over. Parfait pour retrouver (ou conserver) son âme d’enfant.

« Kid Paddle » (tome 19), Dupuis, 48 pages, 12,50 €