Parfaite fusion entre l’univers des mangas et celui des super-héros, les deux premiers tomes de Evol par Atsushi Kaneko viennent de sortir simultanément. Deux gros livres reliés de plus de 260 pages pour plonger dans un futur alternatif assez inquiétant. Dans un Japon encore plus occidentalisé, deux super-héros (Lightning Volt et Thunder Girl) veillent. Mais ils sont aux ordres du maire corrompu.
En parallèle, on suit le réveil de trois adolescents rebelles, dotés de petits pouvoirs, mais qui ont bien l’intention de devenir des super vilains. Mais dans cette BD, la notion de bien et de mal est très compliquée à évaluer. Dessins en noir et blanc exceptionnels, scénario sombre à souhait, suspense à tous les chapitres : de la très grande BD à mettre entre toutes les mains à partir de 16 ans.
Blessé au Mali, un militaire français est soigné par sa sœur. Il est amnésique. Elle voudrait ne plus se souvenir. Un film d'André Téchiné qui sort ce mercredi 12 avril 2023 au cinéma.
André Téchiné, malgré ses 80 ans, continue de tourner. Toujours un projet sur le feu, un film à lancer ou à finaliser. Alors qu’il vient de terminer à Perpignan, un film sur la police avec Isabelle Huppert en vedette, son précédent long-métrage sort sur les écrans. Le réalisateur s’attaque aux rapports entre un frère et sa sœur. Un sujet sensible tourné en Occitanie, dans une vallée ariégeoise, avec quelques scènes finales sur la plage et dans les Pyrénées-Orientales. Un grand écart d’atmosphère, l’essentiel de l’intrigue se déroulant dans des bois touffus et verdoyants, le final devenant solaire entre mer et ciel.
David (Benjamin Voisin) est militaire dans l’armée française. Il est dans un blindé qui participe à pacifier le Sahel face aux menaces terroristes. Une mine et c’est le retour en urgence aux Invalides à Paris. Grièvement brûlé et dans le coma, voilà comment Jeanne (Noémie Merlant) sa demi-sœur le découvre. Elle débarque de son Ariège natale. Elle vivote dans un petit village qui dépérit, garde des entrepôts la nuit en compagnie de son berger allemand, Flambeau. Quand David se réveille, les médecins découvrent qu’il a perdu la mémoire. Incapable de parler ni de savoir qui il est. Après de longs mois de rééducation, il peut enfin quitter l’hôpital. Sa sœur décide de s’occuper de lui. Il va habiter avec elle dans son petit appartement, dépendance d’un domaine appartenant à un ami, Marcel (André Marcon). David gagne en autonomie. En caractère aussi. Il devient de plus en plus irritable, refuse que Jeanne lui parle du passé, ne se projette que dans l’avenir. Même s’il ne pourra jamais plus être soldat.
Le titre du film, Les âmes sœurs, donne une indication au spectateur sur la complicité qui existait entre Jeanne et David. Ils étaient très proches enfants, partageaient tout, surtout cette mère qui n’est plus là aujourd’hui. David se raccroche à sa sœur alors qu’elle semble de plus en plus redouter ce rapprochement. Quels secrets, enfouis dans la mémoire de Jeanne, David aimerait retrouver une fois son amnésie disparue ?
Le film, faisant la part belle à la complicité des deux jeunes comédiens, tourne un peu trop autour de son sujet principal. Il se perd parfois dans des détails (exode rural, chômage, différence) mais retombe sur ses pieds dans les ultimes scènes tournées près de Perpignan.
La protection de l’environnement devient un problème urgent et mondial. Protéger les ressources, mais aussi les autres êtres vivants de plus en plus mis à mal par l’expansion du monde destructeur des humains. Un sujet au centre de cette BD écrite par Benoît Broyart et dessiné par Laurent Richard, intitulée Les Ambassadeurs. Pour comprendre les enjeux, les auteurs ont décidé de mettre en avant la vie de cinq adolescents vivant dans une petite ville de Bretagne. A la fin de l’année scolaire, une semaine avant les vacances, ils sont plus sensibles à l’écologie.
Alors qu’ils cherchent à s’occuper, ils se réveillent un matin métamorphosés. Ils ont conservé leur corps d’humains, mais leur tête s’est transformée en animal. Des jumeaux, fille et garçon, se retrouvent avec un museau de renard, un garçon bascule vers le loup et les deux autres filles en biche et hase, femelle du lièvre. Affolés, ils se réfugient dans une ancienne carrière et découvrent qu’ils peuvent désormais parler avec les animaux. Ces derniers leur expliquent la situation : les humains deviennent trop agressifs, il faut que cela change. Et les cinq jeunes auront le rôle d’ambassadeurs pour tenter de faire évoluer les choses.
Un dessin délicat et précis permet de faire la bascule des jeunes humains vers les animaux. C’est criant de vérité. Et comme les mutants ont des pouvoirs liés aux éléments (eau, feu, air…), il y a un petit côté action qui renforce l’intérêt de la première partie de cette série très prometteuse.
Beaucoup d’éditorialistes se sont moqués plus ou moins ouvertement du journal qui a interviewé le président Macron. Pour les 75 ans de son personnage vedette, Pif Gadget, magazine mensuel relancé avec succès, a permis à quelques-uns de ses jeunes lecteurs de poser des questions au président. Ses réponses ont été interprétées à l’aune de l’actualité, notamment quand on lui demande ce qu’il se passe en cas de grave crise.
Beaucoup se demandent si l’interview du président est à sa place entre une histoire comique de Pif et la réédition d’un récit complet ayant pour héros Rahan, fils des âges farouches.
Mais souvenez-vous, Pif a aussi publié d’autres BD aux titres qui pourraient être très d’actualité de nos jours. Docteur Justice (et son cri qui paralyse) aurait été d’un grand secours durant la pandémie et même aujourd’hui pour aller soigner les manifestants blessés au milieu des champs. La Jungle en folie était désopilante. Des animaux aux réactions et attitudes très humaines. Exactement l’inverse de ce qui s’est passé à l’Assemblée nationale durant le débat sur la réforme des retraites.
Pif Gadget, journal communiste à ses débuts, a aussi vulgarisé le combat de la Résistance contre l’occupant nazi dans l’excellente série du Grêlé 7/13.
Pif qui le premier a publié en France Corto Maltese et a longtemps hébergé dans ses pages le maître absolu de l’humour, un certain Gotlib et son chien neurasthénique Gai-Luron.
Bref, Emmanuel Macron dans Pif Gadget, cela ne me gêne pas. D’autant que je me souviens, dans les années 70, d’une interview de Jacques Chirac, Premier ministre, annonçant le prochain abandon du service militaire obligatoire. C’était dans le journal de Tintin…
Billet paru en dernière page de l’Indépendant le vendredi 31 mars 2023
Il est toujours compliqué de raconter les errements de l’adolescence. Plusieurs risques attendent les auteurs au tournant. D’abord l’impossibilité de faire comprendre au lecteur le magma qui agite l’esprit des jeunes durant cette période si complexe. Ensuite le hors sujet, car un adolescent a des réactions typiques de cette brève partie de l’existence et on peut, une fois adulte, ne pas s’en souvenir avec exactitude. Dans ce gros roman graphique de Lola Halifa-Legrand (scénario) et Yann Le Bec (dessin), pas la moindre fausse note.
Tomi fait partie de ces jeunes qui surfent entre timidité et introspection. Il vit avec sa mère, en surpoids, trop protectrice. Passe beaucoup de temps sur le net. Essentiellement pour y découvrir tout ce qui est interdit, le porno en priorité. Au lycée, il n’a pas d’ami. Mais fantasme sur plusieurs filles. Quand par hasard il accepte de discuter avec Feliks, une amitié va naître entre ces deux que pourtant tout oppose. Car Feliks est extraverti, provocateur et toujours partant pour faire un mauvais coup.
Si la description de cet univers est parfois un peu sordide, elle est pourtant le parfait reflet de la vie de nombre de jeunes déboussolés, perdus entre parents, école et tentations multiples. Durant une année on suit Tomi dans son évolution, ses progrès en drague, sa vision de la vie, de son avenir. Une fiction qui semble incroyablement réelle.
Ne jamais signer un contrat en ayant trop bu. Michel Houellebecq aurait dû faire sienne cette maxime, quand il a accepté la proposition d’un artiste néerlandais. Dans le but de prouver que l’amour peut réconcilier la gauche et la droite, Stefan Ruitenbeek propose à l’écrivain français, catalogué à droite, voire un peu plus, de se laisser convaincre par une jeune militante de gauche de faire l’amour avec lui ; il est séduit par l’idée. Le tout filmé et diffusé.
En compagnie de sa femme (c’était aussi une sorte de cadeau de mariage…), le romancier tourne quelques scènes qualifiées de pornographiques. Mais quand un premier extrait est diffusé sur le net, Houellebecq veut tout arrêter. Il demande l’interdiction du film à la justice.
Le procès vient d’avoir lieu. Principal argument pour ne pas montrer ces scènes : l’accord a été obtenu alors que le romancier était « dépressif » et que son discernement était faussé car « sous l’emprise de l’alcool au moment de la signature ». Les juges, après avoir visionné la signature du contrat (Stefan Ruitenbeek a l’habitude de tout filmer, avant, pendant et après ses expériences artistiques), ont convenu que Michel Houellebecq n’était pas spécialement ivre. Et qu’il semblait parfaitement au courant des intentions du réalisateur.
Bref, il est débouté. Dégoûté aussi puisqu’il doit payer les frais de justice, près de 1 400 euros.
Il compte faire appel. Mais en attendant, le montage du film avance et tous ceux qui sont allergiques au romancier provocateur dans ses écrits, attendent avec délectation de le voir dans un rôle inhabituel et pas forcément à son avantage.
Billet paru en dernière page de l’Indépendant le jeudi 30 mars 2023
Dans le 3e roman dont elle est la vedette, Elma, policière islandaise, enquête après la mort d’un jeune garçon dans l’incendie de sa chambre.
Le polar islandais n’en finit plus de se renouveler. Petit pays, rude au niveau climat, mais véritable mine de talents littéraires. Dernière trouvaille en date : Eva Björg Ægisdóttir. Cette jeune romancière propose avec Les garçons qui brûlent, son troisième thriller se déroulant dans la petite ville d’Akranes. Une nouvelle enquête de l’inspectrice Elma à la vie suffisamment compliquée pour en faire le fil rouge de la série.
Elma découvre dans les premières pages qu’elle est enceinte. Un choc pour cette policière qui après un premier drame est revenue dans sa ville natale pour tenter de relancer sa carrière. Une information qu’elle préfère garder pour elles dans un premier temps, n’osant même pas l’avouer au père. Et puis le boulot vient lui permettre d’oublier ce bouleversement futur de sa vie. Un incendie se déclare dans une villa. Les pompiers, rapidement sur place, découvrent un jeune homme de 20 ans mort dans son lit. Le feu s’est limité à sa chambre. L’origine du feu est criminel. Reste à savoir s’il a tenté de se suicider ou été victime d’un assassin.
En explorant sa vie, Elma va déterrer bine des secrets du côté de ses amis (sa sœur jumelle, un futur footballeur, son meilleur ami habitué des mauvais coups, une jeune fille au pair hollandaise) ou des parents, entrepreneurs cupides, conseillère municipale trop lisse ou père un peu trop porté sur la boisson et les conquêtes féminines d’un soir. Eva Björg Ægisdóttir décrit une Islande un peu trop belle et lisse.
Derrière ce vernis nordique se cache une réalité plus complexe et sombre parfaitement décrite dans ce polar finalement plus social que criminel.
« Les garçons qui brûlent » d’Eva Björg Ægisdóttir, Éditions de la Martinière, 21,90 €
Une mère et son enfant descendent un fleuve en Colombie. Une ultime communion racontée par Lorena Salazar dans « Vers la mère », son premier et brillant roman.
Elle est blanche. Il est noir. Pourtant elle explique à tout le monde que c’est son fils. La narratrice de ce premier roman signé Lorena Salazar entreprend un dernier voyage avec son fils. Il y a quelques années, une femme, une amie, lui a confié ce bébé. Elle l’a élevé comme si c’était le fruit de ses entrailles. Mais aujourd’hui elle a pris sa décision et va rendre ce fils à sa véritable mère.
Pour cela elle doit quitter le petit village perdu dans la jungle colombienne et gagner la ville de Bellavista. Un seul chemin pour ce long périple de plusieurs jours, le fleuve Atrato. La narratrice va donc embarquer sur une pirogue d’une dizaine de places, le TER régional en quelque sorte, et faire confiance à la navigatrice pour la conduire à bon port malgré les pièges de la jungle et la violence des forces armées révolutionnaires.
Dans une langue poétique et foisonnante, la jeune romancière raconte par bribes l’histoire de cet enfant et de sa fausse mère. Elle fait intervenir les autres passagers, qui relatent leur propre vécu ou jugent cet embryon de famille dépareillée. On se laisse bercer par la descente sur les eaux limoneuses et poissonneuses de l’Atrato, autre personnage central du roman.
La vie y est exubérante : « Le soleil pique, les arbres rivalisent avec l’eau : ils veulent s’étendre, voler de l’espace au lit de l’Atrato. Un oiseau impose sa présence par des cris de plus en plus stridents. […] Dommage qu’on ne sache pas si un oiseau pleure ou chante. »
Et puis, plus on s’approche de la destination finale, la mère adoptive doute, se remémore ces années de communion avec le petit être. « Quand j’ai peur, je porte l’enfant dans mes bras, j’ai besoin de sentir son poids sur mon ventre. Je le porte pour solder la dette que j’ai envers lui, celle ne pas être sa mère. »
Le roman gagne en intensité, en douleur. Un texte court mais profond, loin de notre quotidien occidental, mais universel dans son schéma entre une mère et son enfant.
Choc de générations : des écoliers utilisent le réfectoire d’un Ehpad. Un film très réaliste atténué par une bonne dose d’humour.
Faire partager des lieux de vie entre personnes âgées et jeunes écoliers. Dans la vraie vie, quelques expériences de ce type ont été menées. Toutes avec succès. Dans le film d’Andréa Besconb et Éric Métayer, Quand tu seras grand, c’est contraint et forcé que l’encadrement de l’école de la commune doit trouver refuge et pitance dans la cantine de l’Ehpad. Une quinzaine de gamins un peu turbulents encadrés par Aude (Aïssa Maïga) qui y voit une opportunité pour justement œuvrer au rapprochement des générations.
Ce n’est pas du tout l’état d’esprit de Yannick (Vincent Macaigne), aide-soignant débordé qui tente sans cesse de colmater les brèches du tableau de service. Car dans cet établissement accueillant des personnes âgées souvent très dépendantes, l’équipe est au bord de la crise de nerfs. Alors gérer des enfants en plus, c’est la goutte d’eau qui va faire déborder le vase.
Répliques cinglantes et punchlines
Le début du film a des airs de comédie sociale particulièrement enlevée. Vincent Macaigne, en protecteur des résidents, un peu manipulateur aussi, fait tout pour chasser les enfants. La confrontation est savoureuse avec Aude, grande gueule qui ne se laisse pas faire et veut rester très optimiste quant aux conséquences de ce mélange de têtes blondes et de cheveux gris. On rit beaucoup aux saillies et répliques cinglantes de Vincent Macaigne et aux punchlines d’Aïssa Maïga. Finalement c’est cette dernière qui l’emportera. Pas en raison de sa persuasion, mais simplement car Yannick voit combien effectivement l’arrivée des enfants éclaire la vie morne et souvent esseulée des pensionnaires.
Le film prend alors une autre tournure, se concentrant sur la relation entre Brieuc (Kristen Billon), un jeune squatteur délaissé par ses parents et Yvon (Christian Sinniger), ancien cascadeur, pilote émérite de moto. Brieuc qui était très hostile à cette cohabitation avec les vieux va lentement changer d’avis face à l’espièglerie du vieux bonhomme qui a dédramatisé la situation en déclenchant une mémorable bataille de boulettes de pain à la cantine.
Mais dans ce genre d’établissement, il vaut mieux parfois ne pas s’attacher. Car la mort rôde en permanence. Elle n’est pas occultée par les réalisateurs, ni la maladie, transformant la dernière demi-heure du film en belle mais triste fable sur la solitude, l’oubli et le deuil. Après Les chatouilles sur l’inceste, ce nouveau film d’Andréa Besconb et Éric Métayer est tout aussi réussi, édifiant sans être trop larmoyant.
"Quand tu seras grand", un film d’Andréa Bescond, Éric Métayer avec Vincent Macaigne, Aïssa Maïga, Évelyne Istria, Kristen Billon, Christian Sinniger.
Kaspar Salamandre perd son père dans un accident de plongée alors que la jeune Louna, surnommée Sourire d'acier, se retrouve seule dans sa ville après une catastrophe inexplicable. Deux bandes dessinées sur la solitude de la jeunesse signées I.N.J. Culbard et Fabien Dalmasso.
Kaspar Salamandre, à peine un peu plus de 10 ans, adore quand son père lui raconte des histoires. Il parvient même à les transformer en BD qu'il dessine dans ses cahiers. Dans ces récits d'aventure, le père de Kaspar ressemble à un super héros qui, aux commandes de son sous-marin le Requin, parvient à neutraliser un calamar géant qui voulait attaquer la ville.
Dans la vraie vie, le père est bien sous-marinier, mais son navire est en mauvais état. Il accepte une mission dangereuse et ne reviendra pas. Pour Kaspar, sa vie s'effondre. Il ne rit plus et surtout abandonne le dessin.
Pour lui permettre d'oublier cette mauvaise passe, sa mère l'envoie chez son papi, de l'autre côté de la frontière. Ce grand roman graphique (176 pages grand format et en couleur) de I.N.J. Culbard est une superbe œuvre sur la perte de l'espoir et de la joie de vivre quand on est jeune. La force du récit est de transposer ces souvenirs d'enfance de l'auteur dans un monde imaginaire.
Si Kaspar vit dans une République où les libertés sont garanties, ce n'est pas le cas du Papi, coincé dans l'Empire, dictature qui oblige ses habitants à vénérer l'Empereur. Une des obligations les plus contraignantes de l'empire est de contrôler toute forme d'art. Les artistes ne peuvent pas faire ce qu'ils veulent. La tante de Kaspar, peintre, le vit très mal. Kaspar lui aussi va prendre conscience de cette injustice ert en réaction se remettre à dessiner. Pour faire passer des messages anti-empereur.
Car il n'y a pas d'âge pour se rebeller. Un récit graphique initiatique d'une puissance formidable. La beauté des dessins réalistes de I.N.J. Culbard permet à l'histoire de s'épanouir telles ces fleurs, symbole de la résistance à la dictature.
Louna aussi se retrouve bien seule dès les premières pages du premier tome de la série la mettant en vedette. Surnommée Sourire d'acier, cette adolescente imaginée par Fabien Dalmasso (scénario et dessin) vivait une existence simple et heureuse auprès de ses parents. Son seul problème important ce jour-là, un impondérable provoque l'annulation au dernier moment de son rendez-vous chez son dentiste qui devait lui retirer l'appareil dentaire. Elle s'endort en ressassant cette contrariété.
Le lendemain, quand elle se lève, elle est toujours énervée mais découvre avec stupeur qu'elle est seule dans la maison. Elle va à l'école mais personne dans le quartier. Ni au lycée. La ville semble fantôme. Un phénomène inexplicable a effacé 99 % de la population. Après une période de gand doute, elle accepte la situation, et commence à survivre dans ce monde radicalement différent de son petit quotidien de privilégiée.
Elle ne quitte plus un sabre de samouraï, pille les supermarchés, reste enfermée la nuit. Car il y a d'autres survivants. Pas forcément sympas... Sourire d'acier est jolie histoire de survie qui a de faux airs de Seuls, le fantastique en moins, bien que Louna découvre qu'elle n'est vraiment plus la même. La première partie de la série raconte surtout les modifications de la mentalité de la jeune héroïne. Résignée, optimiste, craintive, solitaire...
Il faut avant tout s'adapter aux situations et dangers. Moins cérébral et symbolique que Salamandre, Sourire d'acier devrait passionner les lecteurs adolescents qui forcément s'identifieront à l'impétueuse Louna.