Après avoir conté les aventures des elfes, nains et autres orcs, Istin étend son imaginaire à une Afrique enchantée. Ce sera Les chroniques des Terres d’Ogon et cela débute avec le périple d’Ubu, jeune humain de la tribu des Kulu. Une histoire de vengeance.
La famille d’Ubu est massacrée par les gorilles Tog. Il va aller demander de l’aide aux dieux de la région, les Elfes rouges. Malgré les risques, six d’entre eux vont accepter d’aller trucider l’assassin. Dessiné par Kyko Duarte, ce nouvel arc de la collection est prévu (pour l’instant) en quatre volumes.
Pour la période de fin d’année, certaines chaînes ou plateformes de streaming ressortent la formule éculée du film de Noël. De bons sentiments, de la famille et un Père Noël, gentil et barbu. Netflix, un peu à contre-courant, propose aussi un héros barbu (et chevelu et très poilu…), mais pas du tout gentil.
C’est en Norvège que ce monstre, digne de King Kong et de Godzilla, va semer la terreur durant les fêtes. Tout débute par une aberration écologique : le percement d’un tunnel dans une montagne réputée sacrée. Les tirs d’explosifs réveillent un vieil habitant : un troll monumental, plongé dans le sommeil depuis des siècles. L’être, fait de pierre, de terre et de végétaux, au gros nez digne d’un Bérurier scandinave, se dirige droit vers la capitale Oslo. Branle-bas de combat dans le gouvernement qui demande l’aide d’une spécialiste en fossiles (merci Jurassic Park !), le professeur Nora Tindeman (Ine Marie Wilmann), par ailleurs férue de contes locaux.
Aidée de militaires et d’un conseiller de la Première ministre, elle se rend sur place et découvre cette aberration. Le film, entre action, guerre et légendes nordiques, offre surtout un nombre considérable de scènes d’action. Dans les fjords mais aussi dans une ville d’Oslo désertée et malmenée par la montagne trollienne.
Un bon divertissement, plus original en tout cas d’une bête histoire de Noël.
Film norvégien de Roar Uthaug avec Ine Marie Wilmann, Kim S. Falck-Jørgensen, Mads Sjogard Pettersen
Comme une impression de film d’époque. Le parfum vertde Nicolas Pariser revendique ce côté vintage, voire nostalgique. Il a tenté la comédie européenne qui rend hommage au cinéma d’Hitchcock mais aussi à la BD franco-belge. Il est donc question d’espionnage dans cette histoire abracadabrante, mais aussi de société secrète et de complot.
Mais le toute reste très branché et intellectuel puisque les deux principaux personnages, les "héros" qui prennent des coups mais en donnent aussi parfois, sont un membre de la Comédie française et une dessinatrice de BD qui fait dans le roman graphique d’autofiction.
Tout commence par un meurtre en public. Sur la scène de la Comédie française, un des acteurs s’effondre, empoisonné. Il a juste le temps de souffler à l’oreille de Martin (Vincent Lacoste), son collègue : "Le parfum vert." Alors que la police investit le théâtre, Martin est enlevé et retenu prisonnier dans une pièce ornée de planches originales de BD. Pas du Bastien Vivès, mais du Macherot. Interrogé, drogué et relâché, il découvre qu’on le soupçonne du meurtre.
Un côté mystérieux
Pour s’innocenter, il tente d’en savoir plus sur ses kidnappeurs et va dans une librairie BD à la recherche du nom et de l’adresse du collectionneur qui lui en veut tant. C’est là qu’il croise Claire (Sandrine Kiberlain), dessinatrice en pleine séance de dédicaces. Lassée d’attendre le lecteur peu sensible à son œuvre, elle décide d’aider Martin dans sa quête.
Une fois le duo formé, le film tout en conservant son côté aventureux et mystérieux, prend aussi une petite tournure de romance. Martin comédien introverti d’origine juive n’est pas insensible à la fougue de Claire, elle aussi juive, revenue en France après une dizaine d’années passées en Israël.
Discussions politiques, philosophiques et religieuses viennent s’immiscer dans la chasse au Parfum vert, nom d’une organisation secrète détentrice d’une arme informatique redoutable. Débuté à Paris, de la Comédie française aux librairies et galeries spécialisées, le film se poursuit à Bruxelles, dans les bureaux de l’institution européenne et s’achève à Bucarest après une traversée de l’Europe en train.
Un film d’action, mais pas trop, avec des références, beaucoup, et de l’humour subtil, un peu, sans oublier un peu de romance et de nombreux coups de théâtre. Cela pourrait être daté, c’est juste réussi et épatant comme on disait dans les années 50.
Ils sont de retour et attention, ils sont toujours autant remontés. Les Vieux Fourneaux de Lupano et Cauuet sont « Chauds comme le climat » dans ce 7e album.
Au cours d’un pique-nique convivial, Berthe agresse le maire à coups de pique de brochettes. La nuit venue, un incendie détruit la ferme de l’irascible vieille et l’usine pharmaceutique voisine.
Mais les coupables sont vite trouvés : les clandestins qui travaillent au ramassage des fraises. Un peu trop évident pour nos trois redresseurs de torts. Une BD toujours aussi jubilatoire… et politique.
Certains films semblent écrits uniquement pour briller aux Oscars. C’est le cas de Causeway de Lila Neugebauer avec Jennifer Lawrence et Brian Tyree Henry. Ce drame sur la reconstruction d’une militaire blessée en Afghanistan offre un rôle en or pour l’ancienne adolescente mondialement célèbre depuis sa découverte dans Hunger Games. Mais elle n’aurait pas réussi à être si bonne sans l’appui de Brian Tyree Henry, lui aussi probable nominé au titre de meilleur comédien. Directement diffusé sur la plateforme Apple TV +, ce film intimiste et grave reste un modèle de résilience.
Linsey (Jennifer Lawrence) est de retour au pays. Sur une chaise roulante, elle est accueillie chez une aide qui va lui permettre de retrouver un peu de mobilité. Blessée dans l’explosion de son blindé en Afghanistan, elle soufre de graves séquelles neurologiques. Terminée la sportive téméraire. Elle n’arrive même plus à de brosser les dents toute seule.
Des mois plus tard, elle va mieux et retourne à la Nouvelle-Orléans, dans la maison familiale qu’elle a fui en son temps. Affrontement avec sa mère puis rencontre fortuite avec James (Brian Tyree Henry). La militaire un peu asociale va comprendre ce garagiste unijambiste qui vit seul dans une grande maison. Les deux vont lentement s’apprivoiser, tenter de se comprendre, voire devenir des amis. Un film à fleur de peau, comme ses deux personnages principaux qui ont tant de secrets à cacher.
Film américain de Lila Neugebauer avec Jennifer Lawrence, Brian Tyree Henry
Dans la BD du Petit Spirou, le jeune héros n’a pas de père. Une explication est en partie donnée dans la première histoire du tome 19.
Dans la réalité du monde de l'édition, le petit personnage a deux pères. Tome et Janry. Mais depuis 2019, Tome n’est plus là pour imaginer ces gags loufoques.
Sans scénariste, le dessinateur Janry a longtemps hésité. Mais il a décidé de relever le défi et à son rythme, avec l’aide de quelques amis de la profession, il a imaginé les gags et récits complets de ce 19e album.
On retrouve tous les ingrédients qui ont fait le succès de la série, entre grosse rigolade et jolis sentiments. Une suite logique, évidente, comme si le Petit Spirou n’était pas à moitié orphelin.
Après le succès de Go West !, l’album collectif sur la conquête de l’Ouest américain, Tiburce Oger se penche cette fois sur la saga des peuples indiens. Indians !, sur plus de 120 pages, propose des histoires complètes dessinées par 17 auteurs de renom.
Tiburce Oger se contente des scénarios, traçant au fil des décennies les massacres et trahisons qui ont ensanglanté la nation indienne. Au générique, on retrouve des signatures qui ont déjà des séries de western renommées comme Blanc-Dumont, Derib ou Christian Rossi.
Parmi les autres auteurs, on est admiratifs face à la précision de Labiano, la puissance de Jef, le dynamisme de Corentin Rouge et la force de Ronan Toulhoat.
« Indians ! », Bamboo Grand Angle, 19,90 €, 29,90 € pour l’édition noir et blanc
Au fil des albums, la série Studio Danse de Béka et Crip prend de l’ampleur. Son envol pourrait-on écrire puisqu’il est beaucoup question du Lac des Cygnes dans ce 13e tome.
Après quelques gags toujours aussi subtils autour de la vie de ces petites apprenties danseuses, c’est une longue histoire d’une trentaine de planches qui clôture le livre.
Les copines sont repérées par un producteur qui veut les faire danser à l’opéra de Paris. Un rêve éveillé qui va se transformer en véritable cauchemar. On apprécie toujours autant le regard bienveillant des deux scénaristes sur ces filles passionnées mais malgré tout bine dans leur peau. Une série à la belle longévité et qui voit son audience sans cesse progresser.
Infatigable Hermann. A plus de 80 ans, il continue à signer plus d’un album de BD par an. Dans le nouveau Jeremiah, ses deux héros sont au plus mal. Kurdy est en prison et Jeremiah se fait enlever par un clan de mafieux dirigé par une cruelle « Madame ».
Kurdy va vite se faire la belle et embarquer avec lui son compagnon de cellule. Un petit malfrat qui connaît parfaitement la région et lui permet de comprendre qui en veut à son copain et pourquoi. Une histoire très sombre, pessimiste, qui se termine par un coup de théâtre très inquiétant.
Il faudra attendre l’année prochaine et le 40e tome pour savoir si cette « Rancune » (titre de l’épisode) n’est pas trop mortelle.
Quand Jul décide d’écrire un scénario de Spirou et Fantasio, qu’il confie à Libon, il s’attaque à la raison des deux héros. Fantasio a disparu. Il est parti faire un reportage à Angoulême.
Il souffrirait du mystérieux mal de la préfecture de Charente : croire qu’on est un personnage de BD. Il jure comme un charretier, persuadé d’être le capitaine Haddock. Spirou devra se faire passer pour Tintin pour le délivrer de la clinique psy où il est enfermé avec d’autres malades se prenant pour Astérix, les Schtroumpfs ou les Dalton. C’est hilarant et bourré de références à la BD franco-belge.