samedi 30 juillet 2022

Écrivains à Collioure

L’escale du Camion qui livre à Collioure est devenue un incontournable de l’été sur la côte Vermeille. L’opération du Livre de poche sera, une nouvelle fois, présente sur le port, les 2 et 3 août. Trois auteurs sont sur place pour rencontrer les lecteurs, habituels ou occasionnels.

Des séances de dédicaces qui devraient connaître un beau succès, car ce sont Bernard Werber (Les Fourmis ; dernière nouveauté en poche, La planète des chats), Charline Malaval (Le chant du perroquet chez Préludes, au Livre de Poche, le 7 septembre prochain) et Marie-Charlotte François, autrice de littérature adolescente,au Livre de Poche jeunesse.

C’est cette dernière, qui réside en Ariège, qui a la nouveauté la plus récente. Le second tome de sa romance More Than Friends est sorti le 6 juillet dernier. Les plus jeunes se passionneront pour les amours compliqués de Jade, la narratrice, avec Cameron, un mannequin.

Et avant l’arrivée du camion, le lundi 1er août, à 17 h 30 au cinéma Le Mondial, Bernard Werber donnera une conférence masterclass. Entrée gratuite mais il faut réserver sur eventbrite.fr !

Le camion qui livre à Collioure les 2 et 3 août, sur le port, dédicaces des auteurs de 15 h à 18 h.

Thriller - Roman double de Valentin Musso

Imaginé et écrit en pleine période du confinement, L’homme du Grand Hôtel de Valentin Musso est aussi angoissant que de se retrouver cloîtré durant de longues semaines dans un F2 sans balcon. Un roman double. On découvre dans le premier chapitre, le réveil, dans une luxueuse chambre du Grand Hôtel de Cape Cod sur la côte Est des USA, d’un homme aussi désorienté que le lecteur. Il n’a aucun souvenir, ne sait plus qui il est, ce qu’il fait là…

Au fil des pages il apprend qu’il est un célèbre écrivain venu terminer son nouveau roman en toute tranquillité. Changement de lieu pour la suite. A Boston, un jeune homme s’échine à devenir écrivain. Il tape ses histoires bancales sur une vieille machine à écrire. Sans succès. Jusqu’à sa rencontre avec une belle comédienne. Ces deux vies composent les différents chapitres de ce roman psychologique qui en apprend beaucoup, au lecteur, sur la vie des écrivains, célèbres ou inconnus.

A la fin, les récits se rejoignent et on comprend enfin le lien entre l’auteur de best-seller et le raté de Boston. Une intrigue brillante parfaitement amenée jusqu’à sa conclusion.

« L’homme du Grand Hôtel » de Valentin Musso, Seuil, 19,90 €

vendredi 29 juillet 2022

Récit - Solitude abrupte

Un dernier regard et puis plus rien. Dans la voiture de location, sur cette route pittoresque de Marie-Galante, en Guadeloupe, Emmelene Landon a le temps de lancer un dernier regard à Paul, l’amour de sa vie avant le choc. Un accident qui la laisse gravement blessée. Paul, lui, est mort sur le coup. Après ce dernier regard entre deux amoureux depuis plus de 20 ans.

C’était début 2018. Dans Debout, Emmelene Landon raconte comment elle s’est reconstruite, comment elle essaie de « survivre à la dérive ». Avec la présence de Paul à ses côtés, car elle doit « garder à l’esprit le cœur ouvert, ce qu’il reste à vivre. Insupportable néant. »

Un texte puissant, structuré en trois parties. La première, la plus dure, celle de l’accident, du retour sur Paris, pour solder le passé matériel, où elle tente de supporter le quotidien. Par chance, sa fille est enceinte, une petite fille viendra redonner le sourire à l’autrice. La seconde, la plus dépaysante, sur son voyage à bord du D’Entrecasteaux, bâtiment de la Marine nationale basé en Nouvelle-Calédonie.

Enfin, elle découvre la voile avec un ami écrivain. Un final revigorant pour un texte plein d’espoir malgré la solitude abrupte qui lui est tombée dessus à Marie-Galante.

« Debout » d’Emmelene Landon, Gallimard, 20 €

BD - Secours imaginaire


Ana, étudiante, souffre de crises d’éco-anxiété. Une maladie très récente. La jeune fille panique quand elle constate que l’Humanité court à sa perte en maltraitant la planète. Ainsi, en pleine séance chez sa psy, elle constate que la praticienne, qui pourtant lui est d’une grande aide, utilise une cafetière à dosette en aluminium. Cela suffit pour mettre Ana en rage. Depuis son plus jeune âge, elle s’est créé un ami imaginaire.

Un protée, appelé aussi olm, salamandre des grottes. Cette bestiole blanchâtre, vit avec elle dans sa chambre en cité universitaire. C’est presque son seul interlocuteur. Il prend une forme humanoïde, interagit avec elle mais reste invisible du reste du monde. Ana est-elle folle ? Assurément pas quand on comprend pourquoi elle a dû inventer cet ami qui lui aussi est d’un grand secours dans son quotidien.

Écrit par Pog, dessiné par Séverine Lefebvre, L’ami colocataire, roman graphique composé de courts chapitres, va crescendo dans le bizarre. Pour finalement donner la possibilité à Ana de vivre plus en harmonie dans ce monde qu’elle redoute.

Jusqu’à pouvoir vivre sans son colocataire imaginaire. Cet album inclassable est une superbe leçon de vie.

« L’ami colocataire », Marabulles, 20,95 €

jeudi 28 juillet 2022

BD - Héroïsme aléatoire

Quand Lewis Trondheim décide d’écrire une histoire de super-héros, on est sûr qu’il va totalement chambouler le genre. Avec Stan et Vince au dessin, il a donc lancé un groupe de jeune Français sur les routes du Nevada aux trousses d’extraterrestres belliqueux. Parue en trois tomes entre 2017 et 2021, Density revient cet été sous forme d’une intégrale de plus de 300 pages.

A la base, Chloé, sa sœur et une amie décident d’offrir à leur frère Gilles un voyage à une convention de fans de SF. Gilles est persuadé que des aliens existent et visitent la Terre. Un geek comique. Mais une fois dans le désert, il est véritablement abordé par un monstre qui veut lui insuffler une dose de Fluctua-densité qui lui permettra d’avoir des pouvoirs spéciaux pour lutter contre les Douss, méchants envahisseurs. Mais Gilles panique et se cache derrière Chloé qui est frappée par le rayon.

Elle se retrouve dotée de pouvoirs exceptionnels, parfaits pour sauver l’Humanité. À l’arrivée, la caricature est légère, l’aventure majeure et l’action omniprésente. Une excellente BD, digne des meilleurs comics US et qui met en valeur le courage des femmes.

« Chloé Densité », Delcourt, 328 pages, 29,95 €

Roman - L’Amérique ouvrière

Si, pour beaucoup, les États-Unis sont le royaume du capitalisme, il ne faut pas oublier que ce jeune pays a connu son lot de révoltes ouvrières. Dans Des jours meilleurs, Jess Walter raconte les événements qui ont agité, entre 1909 et 1910, la ville de Spokane, dans l’état de Washington. Des milliers de vagabonds y tentent de survivre en travaillant pour les mines ou pour les exploitants forestiers.

Parmi eux, les frères Dolan. Gig, l’aîné et Rye, le cadet. Le premier a une conscience de classe et milite à un syndicat ouvertement communiste. Le second espère juste vivre sereinement dans une petite maison, avec un travail pérenne. Une manifestation de rue va dégénérer. Gig sera emprisonné, Rye également. Il découvrira les méthodes de la police et des milices privées. Battu, torturé, il prendra fait et cause pour les ouvriers, son camp. Mais il en paiera le prix fort.

Ce roman historique, subtil mélange entre fiction (les frères Dolan) et réalité (les révoltes sociales) est, avant tout, le témoignage de la formidable force de cette solidarité, si forte parmi les plus pauvres et les plus démunis.

« Des jours meilleurs » de Jess Walter, Éditions La Croisée, 23 €

mercredi 27 juillet 2022

Cinéma - “Sundown”, les derniers rayons de soleil


Souvent, un roman se juge à sa première phrase. Un film peut aussi être résumé par le premier plan proposé au spectateur. Dans Sundown, ce sont des poissons qui agonisent sur le pont d’un hors-bord luxueux au large d’une plage d’Acapulco. C’est glaçant et donne le ton du reste de l’œuvre. 

Cinéaste de l’intime et de l’intériorité, Michel Franco propose une nouvelle variation de ses thèmes de prédilection dans ce film ayant Tim Roth en tête d’affiche. Dans un hôtel de luxe d’Acapulco, une famille anglaise profite du service 5 étoiles, du soleil et de la mer. Alice (Charlotte Gainsbourg), la PDG de l’entreprise familiale, est accompagnée de ses deux enfants (des jeunes adultes) et de son frère, Neil (Tim Roth). Ce dernier est comme absent, étranger à cette ambiance de farniente. Quand Alice décide de rentrer en urgence à Londres pour se porter au chevet de sa mère, gravement malade, Neil prétexte avoir oublié son passeport pour ne pas prendre le vol. Il retourne à Acapulco, s’installe dans un modeste hôtel et profite de la plage, silencieux, mutique, perdu dans ses pensées. 

Énigmatique dans sa première partie, le film va virer au drame par la suite. Neil sera impliqué dans un fait divers dramatique et devra choisir entre sa famille, une femme qu’il aime et ce destin qu’il a décidé d’assumer quoi qu’il arrive. Tim Roth est parfait dans ce rôle d’un homme qui doute face à la dernière certitude de son existence : sa mort.

"Sundown", film franco mexicain de Michel Franco avec Tim Roth, Charlotte Gainsbourg, Iazua Larios

BD - Dragons et momies dans « Ouroboros »

Des dragons et des momies égyptiennes : tel est le cocktail détonnant de cette nouvelle série de Ceyles et Pinard. Intitulée Ouroboros, elle débute par l’histoire de la naissance de quatre dragons du ventre fécond d’une femelle. Des siècles plus tard, les hommes tuent la mère provoquant la colère des enfants.

Dans ce présent très différent du nôtre, les biens les plus précieux sont des reliques en provenance de ces bêtes fabuleuses. L’une d’elles, l’amulette de Saladin, est conservée par un ordre de Bédouins dans le désert. Aman, un aventurier intrépide, un peu sorcier sur les bords, la dérobe. Il se réfugie dans les souterrains d’anciennes pyramides et va réveiller des momies pour se défendre. L’amulette, essentielle pour Aman, lui permettra de guérir Xiao, un enfant, dernier fils de la Reine des Dragons, le seul qui aurait le pouvoir de la faire disparaître.

Cet album marque surtout par son découpage. Chaque planche est un canevas d’images qui s’imbriquent les unes dans les autres donnant une lecture et une mise en page virtuose et rarement vues ailleurs si ce n’est dans certains albums de Rork signés Andréas.

« Ouroboros » (tome 1), Soleil, 14,95 €

BD - Valkyries enragées


De toutes les versions du futur proposées par des scénaristes maniant l’apocalypse, celle proposée par Sylvain Runberg et Anna Saveg dans Patriarchy semble, malheureusement, très plausible. Dans un futur proche, donc, une femme est élue présidente des USA.

Une conservatrice qui lance son pays dans une guerre nucléaire avec la Chine. Rapidement toute la civilisation s’écroule. Surtout, les hommes rejettent toutes les femmes qui seraient la cause de tous leurs malheurs. Dans un monde où la violence est la seule loi qui compte, les hommes règnent en maîtres absolus. Les femmes sont de simples esclaves.

Il existe pourtant des communautés qui résistent. Les Valkyries du camp retranché Thing sont les plus redoutables. Mais pour assurer leur survie, elles tuent tout nouveau-né mâle. Dessinée par Belen Ortega, illustratrice espagnole, ce comic hyper violent est surtout l’occasion de faire passer quelques messages sur l’égalité hommes/femmes dans la société. Actuelle ou à venir.

Redoutables et enragées, ces femmes savent se défendre et valent largement les hommes quand il est question de cruauté et de justice expéditive.

« Patriarchy » (tome 1), Éditions Caurette, 14,95 €

mardi 26 juillet 2022

Science-fiction. Derniers survivants

Tous les scientifiques, un peu réalistes et pragmatiques, l’annoncent, à plus ou moins brève échéance : l’extinction de la race humaine. Une certitude et plusieurs inconnues : quand et pourquoi ? Alors, le mieux est de se préparer à l’avance. C’est ce qui motive un conglomérat d’entreprises en imaginant Les Jeux de l’extinction.

Dans ce roman, signé A. G. Riddle, l’effondrement de la société est brutal. On le vit indirectement avec des journées cauchemardesques pour Owen et Maya. Le premier est pompier. Il part sur un incendie, mais dans le brasier, des robots chargés normalement d’éteindre le feu l’attaquent. Maya, scientifique, se découvre infectée par un virus qui lui détruit la mémoire.

Owen et Maya se réveillent bien plus tard. Ils ont été sélectionnés (sauvés), pour participer aux Jeux de l’extinction. Sur leur planète dévastée et sans ressources, ils font partie d’une cohorte. Leur mission : redonner espoir à l’Humanité.

Un récit de SF plein de surprises, qui a déjà été acheté pour être adapté en série télé et qui donne à réfléchir. Sur les intelligences artificielles, mais surtout, le libre arbitre et la solidarité.

« Les jeux de l’extinction » d’A. G. Riddle, Bragelonne, 18,90 €