mardi 8 mars 2022

De choses et d’autres - Timbres exotiques

Les Français écrivent de moins en moins. Enfin, des lettres à la famille ou des amis ; car, côté romans, depuis le confinement, jamais il n’y a eu autant d’écrivains autoproclamés. L’email a pris le relais de la lettre postale, car moins cher et beaucoup plus rapide.

Le prix des timbres, comme chaque 1er janvier, a de nouveau augmenté en 2022. Et légèrement plus que le point d’indice des fonctionnaires, puisque la vignette de base, le timbre prioritaire, est passée de 1,28 € à 1,43 €, soit une hausse de 4,7 %. Face à ces prix devenus astronomiques, certains petits malins ont tenté des expériences et s’en sont vantés sur les réseaux sociaux. Comme cet abonné Twitter, preuve photographique à la clé. Au lieu d’affranchir ses lettres avec des timbres achetés à la Poste, il s’est contenté de récupérer les petites étiquettes indiquant la provenance des bananes.

Une première lettre, envoyée le 24 novembre 2021, avec pour « timbre » un petit autocollant où est inscrit « Itacu Fruit Costa-rica », est arrivée sans encombre au destinataire. Opération renouvelée quatre fois, la dernière en date, le 9 mars dernier, acheminée grâce à l’étiquette d’une banane « Delmonte Guatemala ». Sans doute triées par des robots et distribuée par des facteurs surchargés de travail, ces lettres aux affranchissements fantaisistes devraient donner des idées à certains. Je sens que la photocopieuse va chauffer par endroits.

Mais attention, vous risquez quand même de perdre des amis, car si la supercherie est découverte, c’est le destinataire qui devra payer l’affranchissement plus une surtaxe. Nettement plus cher qu’un kilo de bananes.

Chronique parue en dernière page de l’Indépendant le mercredi 13 mars 2022

lundi 7 mars 2022

De choses et d’autres - Hiver nucléaire

En tant que fan de science-fiction, j’ai beaucoup lu de récits et vu de films à grand spectacle dits « post-apocalyptiques ». Des histoires pour se faire peur, de la dissuasion efficace. Longtemps, l’apocalypse était présentée comme l’utilisation massive des bombes atomiques amassées depuis des années par les grandes puissances. Le genre est passé de mode.

Car jamais, depuis Nagasaki, une bombe nucléaire, n’a été utilisée agressivement. On préférait plutôt imaginer une pandémie mondiale voire l’apparition de zombies affamés qui dévorent le monde. Le nucléaire n’avait plus la cote dans les scénarios catastrophes. On a fini par oublier que dans des silos enterrés il y a suffisamment de missiles pour rayer de la carte toute l’Europe (de la Grande-Bretagne à la Sibérie), l’Amérique du Nord et la Chine. L’hiver nucléaire n’était plus que de l’ordre du scénario de série B.

Et puis ce dimanche, Vladimir Poutine, un des trois hommes les plus puissants du Monde (avec Biden et le président chinois), a évoqué cette arme ultime. En quatre jours on est passé de la simple invasion à la guerre totale, puis au 3e conflit mondial et finalement à la dernière guerre. Car si le président russe décide d’appuyer sur le fameux bouton rouge, toute cette histoire sera vite réglée.

Espérons que cette menace soit l’erreur de trop pour Poutine et que son état-major décide en urgence de le débrancher.

Et n’oublions pas que le maître du Kremlin est un piètre scénariste doublé d’un acteur médiocre (souvenez-vous de ces mises en scène où, torse nu, il fait du cheval dans les steppes), alors que le président ukrainien est à la base un comédien qui s’est fait élire en interprétant le rôle d’un candidat… qui gagne la présidentielle.

Chronique parue en dernière page de l’Indépendant le lundi 28 février 2022

dimanche 6 mars 2022

Roman jeunesse - Le programme de "Prunille présidente" ; confier le pouvoir aux enfants


Prunille, découvre que le président de la République va bientôt être élu. Mais la fillette constate avec effroi qu’elle n’a pas droit de voter. Elle va se lancer dans une campagne pour devenir présidente et obtenir le droit de vote pour les plus jeunes. Ce roman écrit de façon collective, voit la crème de la littérature jeunesse s’amuser à imaginer cette campagne peu banale. Prunille, aidée de sa meilleure amie, de son petit frère (un génie) et d’un cousin débarqué d’Angleterre va faire bouger les lignes. Un grand éclat de rire tout au long des 15 chapitres écrits par 14 auteurs très inspirés sous une couverture de Marc Boutavant.

« Prunille présidente », collectif, PKJ, 7,95 € (au profit du Secours Populaire français) 


De choses et d’autres - Improvisation managériale

Il m’est arrivé (et je n’en suis pas spécialement fier) de participer au cours de ma carrière professionnelle à des colloques, formations et autres mises à niveau. Généralement cela se passe dans une salle fermée et cela débute toujours par la présentation d’un PowerPoint.

PowerPoint est un logiciel permettant d’afficher, les unes après les autres sur un écran, les pages de présentation du sujet du jour. Pour les plus anciens ayant par chance échappé à ça, c’est souvent encore plus ennuyeux que les projections des diapositives des photos de vacances dans les Deux-Sèvres des cousins germains.

Un PowerPoint débute toujours par un problème technique. On n’arrive pas à connecter le rétroprojecteur à l’ordinateur, les planches sont inversées ou, c’est la meilleure nouvelle de la journée, la version de Windows utilisée au bureau n’est plus compatible avec le document fabriqué à la maison.

Trop souvent, malheureusement, cela fonctionne au bout de 5 minutes de sueurs froides du formateur ou cadre chargé de prêcher la bonne parole. Dès lors, pour les participants, la difficulté est de ne pas s’endormir durant la présentation.

Pourtant j’ai découvert qu’il existe des PowerPoint divertissants. Pas dans le cadre du boulot mais au cours de soirées entre amis. Ce sont des parties de PowerPoint Karaoké. Le principe est simple : on récupère une présentation (n’importe laquelle sur n’importe quoi) et un des participants à la soirée doit improviser des commentaires et explications en découvrant les graphiques. Un peu sur le principe de l’improvisation théâtrale, les autres candidats doivent noter les joueurs en fonction de l’humour et l’originalité.

Comme quoi, même les pires pratiques professionnelles avec les plus mauvais logiciels peuvent au final se révéler très distrayantes.

Chronique parue en dernière page de l’Indépendant le samedi 26 février 2022

samedi 5 mars 2022

Cinéma - “The housewife” libérée

Toko (Kaho) reprend goût à la vie avec son amant, Kodaka (Tasuku Emoto).  Art House


Ce n’est certainement pas un hasard si The housewife, film de Yukiko Mishima sort un 9 mars en France, lendemain de la journée internationale des droits des femmes. Ce drame raconte comment une jeune femme va prendre conscience de l’enfermement volontaire que représente son mariage. Toko (Kaho) est une femme au foyer japonaise qui, selon la nomenclature sociale du pays, a tout pour être heureuse : un mari qui gagne bien sa vie, une maison moderne, une petite fille de 6 ans. Seule ombre au tableau, pour élever son enfant, elle a abandonné son travail dans un cabinet d’architecte. La première partie du film montre une Toko qui fait tout pour être aimée par son mari. 

Mais ce commercial ambitieux a des attitudes très machistes. Aussi, quand Toko, lors d’une réception où son mari l’exhibe comme un trophée, tombe sur Kodata (Tasuku Emoto), son premier amour, elle comprend immédiatement tout ce qu’elle a perdu en acceptant ce mariage de raison. Mais, à l’époque, Kodata était, lui aussi, marié et ne voulait pas quitter son épouse. Aujourd’hui, il est divorcé et voudrait refaire sa vie avec celle qu’il aime plus que tout. Un amour fou réciproque qui va pousser Toko à postuler dans le cabinet d’architecte de Kodata. Elle devra batailler pour obtenir le poste et le faire admettre à son mari. La suite du film montre cette formidable libération d’une femme ne vivant plus pour elle même. Toko renaît au travail, retrouve de la confiance, ose rire, s’amuser et envisager autrement son avenir. 

Véritable plaidoyer pour l’indépendance des femmes, dans des sociétés trop contraignantes, The housewife ne gomme pourtant pas les doutes et questionnements d’une femme qui sait les conséquences de ses actes sur sa famille, notamment sa petite fille. Aimer ou protéger, il faut parfois savoir choisir.    

Film japonais de Yukiko Mishima avec Kaho, Tasuku Emoto, Shôtarô Mamiya


 


De choses et d’autres - Renard en liberté

Pour ceux qui doutent que 2022 est en bonne voie pour devenir la pire année du XXIe siècle (surtout la dernière pour les plus pessimistes…), voilà une information passée inaperçue la semaine dernière, mais qui semble confirmer la tendance générale.

Sur l’île de Honshu au Japon, dans une zone volcanique, une grosse roche s’est fendue en deux. Rien de bien exceptionnel pour les scientifiques qui se demandent, simplement, si c’est l’érosion naturelle qui a causé la fracture ou une intervention humaine.

Mais pour les habitants du secteur, la cassure de la pierre est un très mauvais signe. Selon la légende, depuis douze siècles, la roche serait l’abri ou plus exactement la prison de l’esprit d’un renard à neuf queues, nommé Tamamo-no-mae. Ce démon, après avoir pris forme humaine (une belle femme, comme par hasard), aurait fomenté un complot pour, finalement, destituer l’empereur Toba qui régna sur le Japon de 1107 à 1123. Depuis, prisonnier, il n’était plus en mesure de nuire.

Son évasion serait donc un signe supplémentaire confirmant que ce monde ne tourne décidément plus rond. Les superstitieux se demandent, dès lors, ce que va faire ce renard maléfique ? Les plus optimistes le voient en route vers le Kremlin pour mettre au point un autre complot pour destituer Poutine.

D’autres s’interrogent sur son influence auprès du gouvernement japonais. Car, pile au moment de la cassure de la pierre magique, le Premier ministre a de nouveau évoqué le sort des îles Kouriles, différend territorial, vieux de plus d’un siècle, entre l’empire du soleil levant et la Russie.

Mais si le renard à neuf queues permet l’ouverture d’un second front à l’Est pour affaiblir Poutine, on lui pardonnera la chute de Toba, en 1123.

Chronique parue en dernière page de l’Indépendant le mardi 15 mars 2022

vendredi 4 mars 2022

Cinéma - De multiples énigmes à tiroir dans “Murder Party”

Jeanne (Alice Pol) soupçonne tout le monde. Même l’héritier si mignon, Théo (Pablo Pauly). Kazak Productions

Un peu accro aux médicaments (calmants et autres anxiolytiques), Jeanne (Alice Pol), est une architecte d’avenir. Elle vient de finaliser un gros projet : transformer le manoir d’un millionnaire du jeu de société en vaste complexe à la gloire… du jeu. Quand elle arrive dans cette propriété reculée du centre de la France, elle découvre la famille très déjantée du patriarche César (Eddy Mitchell). Il y a ses enfants, Théo et Léna, sa seconde femme, Salomé, sa sœur, directrice financière (Miou-Miou) et un majordome (Gustave Kervern). Quand César est retrouvé mort empoisonné, ils se retrouvent tous dans la peau de suspects. Et la Murder Party débute. Tous enfermés dans le manoir, ils doivent participer à des épreuves pour gagner des indices qui leur permettront de démasquer le meurtrier. Cela les libérera. Mais si un joueur se trompe, c’est la mort. 

Cette comédie policière a parfois des airs de Squid Game, la série coréenne trash et gore de Netflix, l’humour et le décalage en plus. Car rien ne semble très sérieux dans ce jeu. Jeanne, qui se retrouve coincée à ses dépens, est persuadée que c’est une farce. Jusqu’à ce qu’il y ait un second meurtre. Elle panique, tente de sortir, abuse de médicaments puis décide de s’en passer. Par contre les autres membres de la famille, qui ont toujours baigné dans l’univers du jeu, semblent véritablement s’amuser et participer à cet escape game dangereux avec un ravissement de tous les instants.

Premier long-métrage de Nicolas Pleskof, Murder Party, écrit avec la collaboration d’Elsa Marpeau (la créatrice de l’inspecteur Marleau), est loufoque et iconoclaste. L’action semble de dérouler dans les années 70, mais dans des décors des années 50 avec des évolutions techniques actuelles comme les smartphones et la réalité virtuelle. Un monde étrange et irréel qui renforce les effets de surprise quand le scénario part de plus en plus loin, multipliant les coups de théâtre et les énigmes à tiroir pour finalement offrir pas moins de trois fins successives aux amateurs de polars tordus.  

Film français de Nicolas Pleskof avec Alice Pol, Miou-Miou, Eddy Mitchell




De choses et d’autres - Travail au sommet

Vu sur certains réseaux sociaux une offre d’emploi qui fait beaucoup parler. Un travail saisonnier comme il en existe tant dans les régions touristiques. En l’occurrence le job dure quatre mois de juin à septembre 2022. Sa particularité : il est situé à une altitude très élevée. Vous ne postulez pas à devenir hôtesse de l’air mais responsable de l’accueil des randonneurs au refuge de la Tête Rousse sur la voie normale d’accès au Mont-Blanc.

Le refuge, qui peut accueillir 72 couchages en été dans son dortoir, se trouve à 3 165 mètres d’altitude.

Un boulot de rêve ? Assurément si on aime la montagne. Mais attention, pour avoir une chance de décrocher le poste, vous devez remplir pas mal de conditions. La première, évidemment, est d’être un professionnel confirmé de la montagne titulaire d’un brevet d’État d’alpinisme. De plus vous devez avoir une bonne connaissance des voies d’accès du Mont-Blanc.

Déjà, cela devrait limiter le nombre des postulants. Mais la suite de l’annonce va encore plus écrémer les candidats potentiels. Le poste exige d’avoir un bon sens des relations humaines. Plus compliqué, le sélectionné devra avoir une expérience professionnelle de trois ans.

Mais finalement ce n’est pas la condition la plus restrictive de l’annonce. Car le postulant devra « maîtriser cinq langues dont l’anglais, l’italien, le russe et l’allemand ». Ce n’est plus un passionné de la montagne que le refuge recherche, mais un surdoué des langues.

Vous me direz qu’un poste avec de telles exigences doit être bien rémunéré. Perdu. Si vous bénéficiez de l’avantage d’être hébergé sur place, vous ne toucherez qu’un misérable smic. Le boulot est au sommet, pas la paye.

Chronique parue en dernière page de l’Indépendant le vendredi 25 février 2022

jeudi 3 mars 2022

DVD - Project Gemini, SF russe à l'accent anglais

En pleine guerre entre l’Ukraine et la Russie, ce film de science-fiction prouve que le cinéma russe lorgne de plus en plus vers l’ouest. Du moins un certain cinéma commercial qui va jusqu’à tourner en anglais pour mieux s’exporter. 

« Project Gemini », qui sort directement de DVD chez Condor Vidéo, rassemble dans un même scénario des bribes de fin du monde et d’Alien avec un soupçon de paradoxe temporel. Alors que la Terre se meurt, des scientifiques découvrent une machinerie extraterrestre dans une caverne permettant de voyager instantanément vers une planète qui peut être transformée. Mais arrivés sur place, un invité surprise va méthodiquement supprimer l’équipage. 

Si les décors et effets spéciaux sont assez réussis, le jeu des acteurs n’est pas à la hauteur. Dommage. 


Série télé - L’équipe de Space Force de retour à la base


Après une première saison très mouvementée qui se passait en grande partie sur la Lune, Space Force est de retour sur Netflix pour un second opus qui se déroule exclusivement dans la base du Colorado. Ces huit épisodes permettent de retrouver Steve Carell (photo ci-dessus) au meilleur de son humour. Il récupère un rôle qu’il adore : petit chef d’une équipe complètement barrée. La similitude avec The Office est cette fois flagrante. La personnalité du général Naird est très proche du légendaire Michael Scott : irascible, un peu niais et souvent à côté de la plaque. 

Ensuite les divers membres de la Space Force ont tous de sérieux problèmes, du docteur Mallory (John Malkovich), trop distingué pour supporter d’être au service de militaires américains complètement abrutis à l’astronaute Angela Ali (Tawny Newsome), première femme noire à avoir marché sur la Lune, mais qui ne supporte plus d’être présentée comme une héroïne après son retour sur Terre, en passant par le responsable de la communication de la Space Force, Tony Scarapiducci (Ben Schwartz), incapable de rester plus d’une minute sans consulter son smartphone. 

Moins d’effets spéciaux, plus de vie quotidienne et surtout une avalanche de gags font de cette seconde saison un objet télévisuel plus classique. Mais finalement, on y gagne au change car Steve Carrell et Greg Daniels excellent dans ce genre. Et visiblement une saison 3 est en préparation vu le suspense insoutenable des dernières secondes du dernier épisode.