dimanche 6 février 2022

De choses et d’autres - Du noir au bleu

Toujours pas candidat. Emmanuel Macron n’a toujours pas annoncé s’il se représentait ou pas à l’élection présidentielle. Gabriel Attal, porte-parole du gouvernement, a d’ailleurs estimé, hier, que les Français « ne comprendraient pas » une annonce immédiate de candidature. Pas d’annonce certes, mais dans les faits, la campagne est lancée.

Et l’accent est mis sur le bilan. Comme cette mise en scène graphique du plus bel effet postée sur le compte Twitter officiel de l’Elysée. On voit, écrit en bleu sur un post-it jaune : « Ouverture du pass culture aux 15 - 16 - 17 ans. Fait. E. M. » À côté, sur ce qui ressemble au bureau du président de la République, quelques livres empilés. On distingue nettement un ouvrage d’Hélène Carrère d’Encausse, l’exemplaire de la pléiade des mémoires de Charles De Gaulle et… Le tome 100 du manga One Piece.

Une photo trop artistique pour être naturelle. Le choix des ouvrages est mûrement réfléchi. La présence d’un manga montrant que le président est au top des attentes de la jeunesse française. Une montre est aussi exposée. Avec un bracelet tricolore pour donner un peu de couleur officielle au cliché.

Par contre, les publicitaires ou hommes du marketing qui ont fabriqué de toutes pièces ce qui devait ressembler à une image prise sur le vif ont fait une grave erreur, dénoncée avec force moqueries dans les commentaires. L’écriture sur le post-it est en bleu, mais le feutre posé à côté est noir.

Vivement que le président soit officiellement candidat et qu’il prenne sa campagne en main car, pour l’instant, ses fils de pub lui font plus de tort que de bien.

Chronique parue en dernière page de l’Indépendant le mercredi 2 février 2022

samedi 5 février 2022

BD - Cadres au bord de la crise de nerfs


Adapté du roman de Pierre Lemaitre, Cadres noirs, BD de Bertho et Liotti, est une plongée cauchemardesque dans les ressources humaines des entreprises françaises. 

Ces grosses boîtes qui cherchent par tous les moyens de réduire les charges salariales et qui cherchent des DRH (directeurs de ressources humaines) sans scrupules capables de licencier à tour de bras. Alain Delambre, après une longue période de chômage, va faire voler en éclat ces pratiques odieuses. Mais il risque y perdre famille et âme.

« Cadres noirs » (tome 1), Rue de Sèvres, 16 €

BD - Filles sportives


Déjà mises en vedettes dans le tome 20, les joueuses de rugby de Paillar, les Paillettes, sont de retour dans la nouveauté sortie fin janvier, quelques semaines avant le début du Tournoi des VI Nations. Les célèbres Rugbymen imaginés par Béka (le couple Bertrand Escaich et Caroline Roque) et Poupard au dessin, vont donc se contenter du banc des remplaçants pour permettre à La Couette ou La Raclée de démontrer la suprématie féminine, dans la vie comme sur le terrain. 


Mais c’est surtout la talonneuse des Paillettes, Charlie Labrune dite La Couette qui crève l’écran. C’est une défaitiste de première, toujours malheureuse et manquant totalement de confiance en elle. Bref cela permet de donner quelques conseils de développement personnel très en vogue dans le monde du rugby.

« Les Rugbymen » (tome 20), Bamboo, 10,95 €


Cinéma - « Les promesses » si politiques


Présenté en compétition au dernier Festival du film politique de Carcassonne, Les promesses de Thomas Kruithof est une véritable plongée dans le mécanisme qui fait avancer les hommes politiques. En l’occurrence une femme, Clémence (Isabelle Huppert), maire d’une cité de banlieue paroissienne. Au pouvoir depuis deux mandats, elle a publiquement annoncé un an avant la nouvelle élection qu’elle ne se représenterait pas. Sa première adjointe a été désignée par le parti pour lui succéder.


Dans les dernières semaines de son mandat d’élue locale, elle se démène pour obtenir une grosse subvention de l’État qui permettra de rénover la cité des Bernardins. Les copropriétaires n’en peuvent plus de l’insalubrité malgré les charges importantes. De plus tout l’ensemble se délabre à cause des marchands de sommeil. En négociant avec un haut fonctionnaire, Clémence va recevoir une proposition de ce dernier qui va radicalement changer la donne. Les Bernardins ont peu de chance d’être rénovés et Clémence va radicalement changer sa façon de voir son avenir. Un revirement qui va totalement désarçonner Yazid (Reda Kateb), son directeur de cabinet, brillant, originaire des Bernardins et qui espère après l’élection un poste dans un ministère à Paris.

Envie de pouvoir

Le scénario permet de surfer sur plusieurs intrigues. La première, la plus importante, l’avenir de la cité. Mais on découvre aussi en filigrane les ambitions de Yazid, ses difficultés à gérer au quotidien son origine modeste dans un monde où même très efficaces, on reste avant tout issu d’une minorité. Le plus passionnant est l’analyse des décisions de Clémence, femme politique dont la complexité est remarquablement interprétée par Isabelle Huppert. Si elle semble bien décidée au début à abandonner le pouvoir, comme lassée de cette course incessante aux subventions d’un côté et aux poignées de mains de l’autre, elle se retrouve à douter quand elle s’imagine un destin national.

Alors, lentement mais sûrement, elle revient sur sa promesse de quitter son mandat. Une promesse non tenue de plus dans un monde politique où l’ivresse du pouvoir semble une drogue dure. Pourtant, le film reste assez positif. Car malgré les manœuvres de certains, les rancœurs d’autres et les abandons des derniers, il reste des hommes et femmes qui pensent que la politique reste sacrée et essentielle. Malgré les scandales, les reniements et les fameuses promesses non tenues.

Un film qui devrait particulièrement intéresser les élus locaux et tous les responsables d’associations.

Film français de Thomas Kruithof avec Isabelle Huppert, Reda Kateb


vendredi 4 février 2022

BD - Salvador Dali en guerre le "Jour J"


La collection Jour J qui propose de réécrire l’Histoire à la mode uchronie, se devait de s’intéresser un jour à la guerre d’Espagne. Il aura fallu attendre le 46e volume pour que Duval et Pécau, les scénaristes, se penchent sur cet épisode fondateur de l’Europe. 


Et comme ils sont joueurs, ils ont décidé de bombarder au centre de l’intrigue le formidable, l’incroyable, le totalement déjanté Dali

Dali qui clamait partout qu’il ne faisait pas de politique, décide dans l’album de revoir sa position quand il apprend que les Franquistes ont exécuté son grand ami Garcia Lorca. Il va mettre au point un plan démoniaque pour changer le cours de l’histoire. 

De la très grande BD d’aventure, surréaliste, dessinée par Arlem.

« Jour J » (tome 46), Delcourt, 14,95 €

BD - Maudit roi lion


Bruno Bessadi a commencé à imaginer les aventures de Kgosdi, l’Ogre Lion, en 2008. Un projet qui lui tenait à cœur et qui a longtemps été refusé par les éditeurs. Finalement, le récit de ce roi, un lion, qui est possédé par un démon sanguinaire, a trouvé refuge dans la collection Drakoo


A se demander pourquoi le projet est resté si longtemps au point mort quand on découvre la puissance des dessins et la force du récit. Une BD anthropomorphique à découvrir de toute urgence si vous avez apprécié Les 5 Terres ou Sa Majesté des ours.

« L’ogre lion » (tome 1), Bamboo Drakoo, 14,50 €

De choses et d’autres - Lapsus et fautes de Taubira

Il est des lapsus qui en disent plus que n’importe quel discours. Dimanche soir, en s’adressant à ses sympathisants après le résultat de la primaire populaire, Christiane Taubira a fait cette déclaration lunaire : « Merci d’être dès demain la cheville ouvrière d’une possible victoire en avril 2002. »

2002 ! Comme si l’ancienne garde des Sceaux voulait rejouer la présidentielle qui a vu l’élimination de Lionel Jospin à cause de la division de la gauche. Elle y croit sans doute à sa victoire. Persuadée qu’elle aura moins d’adversaires devant elle : Chirac mort, Le Pen, Jospin et Chevènement trop vieux… Elle s’est reprise dans la foulée, mais ce lapsus, même s’il n’a duré que quelques secondes, est révélateur de cette gauche qui vit dans le passé.

La même Taubira qui ne marque pas des points quand elle revendique une « laïcité qui n’écrase pas ». Désolé, mais jusqu’ici, ce sont plutôt les religions, toutes les religions, qui ont écrasé tous ceux qui ne voulaient pas croire en leur Dieu.

De toute manière, cette primaire populaire a tout de la mascarade démocratique. Pas de résultats chiffrés au final, juste une sorte de tableau d’honneur très scolaire avec des appréciations qui font un peu Bisounours. La candidate originaire de la Guyane récolte un « Bien », Yannick Jadot, en seconde position, un « Assez bien ».

Pourtant, à lire les énormes fautes d’orthographe relevées dans plusieurs messages pondus par les équipes de Christiane Taubira, c’est un « Nul » éliminatoire qui aurait dû être décerné à cette experte en division de la gauche.

Chronique parue en dernière page de l’Indépendant le mardi 1er février 2022

jeudi 3 février 2022

BD - Savant tracassé


Dans la grande famille des savants fous de la BD, après Tournesol et Champignac, Le professeur Houfman de Mo/CDM occupe une place de choix. Il a régulièrement fait des apparitions dans Forbidden Zone mais cette fois il a sa propre série. 


Un premier album vient de paraître reprenant une dizaine de ses histoires courtes parues dans le magazine Fluide Glacial. Il y est aux prises avec quantité d’extraterrestres, de militaires obtus ou d’armée de son propre clone. C’est toujours complètement absurde, délirant et désopilant. Et comme Mo/CDM dessine aussi bine les monstres que Druillet, c’est en plus très joli à feuilleter.

« Les expériences secrètes du professeur Houfman », Fluide Glacial, 14,90 €


De choses et d’autres - Un revers pour la Russie

Rien ne va plus pour la Russie. Avant même de lancer sa formidable armada massée à la frontière, elle vient de subir une défaite cuisante. Poutine doit enrager au Kremlin. Pourtant tout avait bien commencé et les premières manœuvres donnaient largement l’avantage au canonnier russe.

Mais les forces de l’Otan avaient décidé de mettre en valeur une petite unité d’un pays satellite, pourtant très loin de la ligne de front. Vaillamment, sans jamais rechigner aux kilomètres parcourus et confiant dans sa bonne étoile (celle de Noël), le tirailleur espagnol a lâché quelques rafales totalement incroyables.

Le combat fut long, mais au final, l’ours russe a craqué face aux ruades du taureau ibérique. L’Ukraine n’est pas encore sauvée, mais la victoire de Nadal face à Medvedev ce dimanche en Australie apporte un peu d’espoir. À moins que, vexé comme un pou, Poutine décide sur le champ de lancer ses milliers de soldats à l’assaut du pays qui fait de la résistance.

Et pourquoi ne pas envahir aussi l’Espagne ? En espérant qu’il ne décide pas de débarquer entre Port-La Nouvelle et Le Barcarès pour lancer ses chars vers le sud par la route inverse d’Hannibal. A priori on ne risque pas grand-chose. L’Otan nous protège. Enfin si l’on en fait bien partie…

Un récent sondage nous apprend que seulement 66 % des Français le savent avec certitude. C’est mieux que les Américains qui ne sont que 65 %. Quant aux 11 % de Russes qui croient en faire partie, je serais eux, je me méfierais. Cela frise la trahison et pourrait les conduire directement dans les camps sibériens en compagnie de Navalny, officiellement estampillé la semaine dernière comme « terroriste ».

Chronique parue en dernière page de l’Indépendant le lundi 31 janvier 2022

BD - Le vrai Corto Maltese


L’histoire de certains héros se confond parfois avec celle de leurs créateurs. Corto Maltese, avant de promener sa nonchalance sur tous les continents, a vécu par procuration les aventures de son créateur Hugo Pratt

Une existence mouvementée racontée dans cette Ballade d’Hugo signée par Bepi Vigna et Mauro de Luca. De l’Afrique à Venise en passant par l’Argentine et la période Génoise, on découvre le parcours de ce fils de militaire, excellent dessinateur et raconteur d’exception. 

« La ballade d’Hugo », Glénat, 17,50 €