jeudi 2 décembre 2021

De choses et d’autres - Joue-t-on encore aux cowboys et aux Indiens ?

Quand l’information a fuité en début de semaine, tout le monde a cru à un vieux poisson d’avril : les restaurants Buffalo Grill vont changer de nom pour être renommés Napaqaro. Submergé de discours contre le wokisme, j’ai dans un premier temps pensé que ces restos qui ont fait du western et de la cuisine américaine une spécialité, montraient là une volonté de rendre hommage aux peuples indigènes massacrés par les colons.

Peut-être que Napaqaro est le nom original d’un chef indien puisqu’il y a des totems à l’entrée de tous les restaurants. N’oublions pas que le véritable nom de Sitting Bull est Tataka Iyotake et que Blueberry chez les Apaches répond au nom de Tsi-na-Pah, traduction de Nez-Cassé.

En fait j’avais tout faux, les propriétaires de la chaîne de restauration, qui détient également Courtepaille, ont simplement décidé de renommer non pas les restaurants mais le groupe de ce mot qui n’est que la traduction phonétique de « nappe à carreaux », tissu bien français présent sur toutes les tables. Il reste que Buffalo Grill va un peu s’éloigner de la culture américaine. Car, selon un des responsables du groupe, « Les cowboys et les Indiens, ça ne parle plus à mes enfants qui sont jeunes, il n’y a plus de westerns qui passent à la télé… »

Alors là je m’inscris en faux. Hier soir sur C8 les amateurs ont pu voir La rivière rouge avec John Wayne. Hier encore, Jane Campion a dévoilé son nouveau film sur Netflix, The power of the dog, un western, le premier de cette grande réalisatrice primée à Cannes.

Et toujours sur Netflix, le créateur de la série Son of Anarchy (sur les bisbilles dans des bandes de Hells Angels) a révélé travailler sur un projet se déroulant dans l’ouest américain vers 1850. Non, le western n’est pas mort. Au contraire, en ces temps où tout le monde se réfère avec beaucoup de nostalgie au passé, même si on ne l’a pas directement vécu, l’épopée de la conquête américaine n’est pas prête à cesser de faire rêver partout dans le monde, même dans nos assiettes.

Chronique parue (en partie) en dernière page de l’Indépendant le jeudi 2 décembre 2021

mercredi 1 décembre 2021

De choses et d’autres - La double peine des réveillons en prison

Claude Guéant « vit très mal » son incarcération à la prison de la Santé. Cette déclaration de son avocat est tout sauf étonnante. Vous pensez qu’ils sont nombreux les détenus qui se réjouissent de passer Noël et le Premier de l’an enfermés entre quatre murs ?

Pour l’ancien ministre de l’Intérieur de Nicolas Sarkozy, il y aura également dans le lot son anniversaire, 77 ans. Pourtant il avait tout fait pour ressortir rapidement. Sa mise en cellule découlait du non-paiement de fortes amendes. Du coup, le sursis a été transformé par les juges en prison ferme. Il pensait avoir fait le plus dur en versant 115 000 euros, soit, selon son avocat, l’intégralité de la somme due.

Mais la Justice, comme beaucoup d’administrations et d’entreprises durant les fêtes, n’assure qu’un service minimum puisque sa demande de remise en liberté ne sera examinée que le… 19 janvier.

En attendant, il devra se contenter du menu de Noël des prisonniers, qui, j’imagine, doit être un peu moins sélect et goûteux qu’au Fouquets. Mais qui sait, en sortant de cette expérience, il va peut-être se transformer en défenseur des libertés. Car lors de la primaire de son parti, les Républicains, ils ont été plusieurs à regretter ce laxisme qui ferait que désormais les séjours en prison sont comparables à des vacances à l’hôtel.

Certes, la télé est accrochée au mur, mais le confort de la salle de bains et des toilettes correspond plutôt à du « moins 4 étoiles ». Le seul spa proposé c’est quand les canalisations fuient. Du moins quand c’est l’eau chaude. Tiède exactement.

Claude Guéant est donc très éloigné d’un séjour dans un Palace. Mais c’est normal, une prison reste une prison.

Chronique parue en dernière page de l’Indépendant le jeudi 23 décembre 2021

BD - Paris en vert


Dans un futur proche, les plantes se sont rebellées. Une poussée forte d’un coup qui a submergé les villes. Quelques années plus tard, dans une ville de Paris recouverte d’une jungle sauvage, la société s’est écroulée. Les gens vivent dans des camps, sous la coupe d’une armée de plus en plus agressive. 


Dans ce monde compliqué, deux jeunes filles que tout oppose, vont devoir s’unir pour conserver un peu d’Humanité. Scénario très réussi de Sébastien Voizat illustré par Kmixe, dessinatrice de Montpellier au trait particulièrement lisible. 

« Jungle urbaine », Jungle, 12,95 €

De choses et d’autres - Suis-je un umarell ?

Depuis quelques semaines, je marche beaucoup. Je me promène, exactement, tôt le matin pour améliorer ma condition physique. Et parfois, je me surprends à progresser, pensif, les deux mains jointes dans le dos.

Exactement comme mon père qui, lui aussi, marchait beaucoup. Cette position, caractéristique des personnes âgées, m’est revenue à l’esprit, quand j’ai découvert le mot « umarell ». Dérivé d’un dialecte typique de Bologne, en Italie, il désigne « les hommes à l’âge de la retraite, qui passent le temps à regarder les chantiers de construction, en particulier les travaux routiers, leurs mains jointes dans le dos. » Même si je ne suis pas un fan de travaux, suis-je un umarell ?

Car il ne fait pas le moindre doute que j’aime avoir les mains jointes dans le dos. Cela me permet de repenser à mon père et je n’ai pas à me demander quoi faire de mes bras (mains dans les poches, simplement ballants…).

En prolongeant un peu les recherches sur les umarells de Bologne, je découvre qu’ils forment, presque, un clan et qu’il existe un titre de seigneur. Certains sont devenus tellement célèbres qu’ils ont fait de la pub et ont même eu droit à des BD racontant leurs exploits. Moins réjouissant, la véritable raison de leur présence quotidienne devant les chantiers : généralement, ils sont chassés de la maison par leurs femmes qui ne désirent pas les avoir, en permanence, dans leurs pieds.

Et, dans la région aussi, on a nos umarells. Ce ne sont pas les chantiers qu’ils squattent, mais les bancs des villages, les mains appuyées sur leur canne. De l’umarell au sénateur, il n’y a qu’un pas. 

Chronique parue en dernière page de l’Indépendant le mercredi 1er décembre 2021

mardi 30 novembre 2021

Jeunesse - Cent petits chats et un fil


Adorable album que ce « Cent petits chats » de la Japonaise Tomoko Ohmura. Ces petits chats vont faire frémir et rêver les plus petits. Tout commence par la découverte de ce fil rouge accroché à une branche. Mais d’où peut-il bien venir ? 

Pour le savoir, le petit chat qui l’a trouvé se met à le suivre. Bientôt, un autre chat lui emboîte le pas, puis un autre, et ainsi de suite. Ils traversent la ville, le lac, la forêt, le pont suspendu… et quand ils arrivent au but, au cœur de la montagne, dans la neige, ils sont cent petits chats épuisés et frigorifiés en train de pousser une énorme pelote de laine. Heureusement, une bonne surprise les attend !

« Cent petits chats », l’École des Loisirs, 12,50 €


lundi 29 novembre 2021

Beau livre - Le sud d’antan des époux Gaurenne


Fenêtres ouvertes sur le Maghreb et l’Égypte d’antan, les minutieuses peintures à l’huile d’Annie Gaurenne - près de 80 - aux scènes de vies pittoresques, accompagnées de commentaires et de réflexions, invitent au voyage dans les ruelles de la casbah d’Alger ou celles d’un village, au bord d’un oued, au Sahara, dans les gorges d’El Kantara ou encore dans la fascinante vallée du Nil… 

Avec Robert Gaurenne et ses dessins, on partage les expériences inoubliables de voyageurs : mirages dans le désert, tempête de sable, chasse au faucon, vie nomade, pain du désert des Touaregs… La galerie de tableaux composant cet ouvrage intitulé « Un été dans le Grand Sud », sert avec bonheur de trame à ce livre d’art richement illustré dans lequel, à chaque page, le soleil darde ses rayons d’or.

« Un été dans le Grand Sud », Annie et Robert Gaurenne, Edilivre, 29 € (edilivre.com)


dimanche 28 novembre 2021

Cinéma - “Si on s’aimait”, comédie sociale en chansons


Marre de la grisaille et des mauvaises nouvelles ? Prenez un grand bol d’air d’optimisme en allant voir Si on chantait, sorte de comédie musicale nordiste doublée d’un fonds social sur la difficile reconversion dans ces bassins d’emplois sinistrés. A Quiévrechain, une usine est sur le point de fermer. Les ouvriers en grève cherchent un moyen de s’y opposer. Franck (Jérémy Lopez), adore chanter et tente d’organiser un concert avec les employés volontaires. En vain. Deux ans plus tard, Franck est livreur. Il va avoir l’idée de proposer aux clients, au lieu d’une pizza, une chanson dédicacée. 

Il va recruter les meilleurs éléments de la chorale : Sophie (Alice Pol), sa meilleure amie depuis l’enfance qu’il aime secrètement, Jean-Claude (Clovis Cornillac), un cadre technique qui ne retrouve plus de travail et José (Artus), qui chante comme une casserole mais se révèle un roi de l’organisation. 

Leur petite entreprise va lentement mais sûrement décoller, donnant à chaque livraison un peu de frissons à un public réduit mais conquis. Le film raconte la création de cette belle équipe, la solidarité, l’envie de faire quelque chose d’utile et de bon pour la société. 

Un message qui aurait pu être trop gentillet s’il n’y avait pas cette bande-son extraordinaire avec les sublimes chansons que tout le monde aura envie de reprendre en chœur dans la salle. Dont le titre qui donne son titre au film, chantée par Julien Clerc et écrite par le regretté parolier catalan, Étienne Roda-Gil. 

Film de Fabrice Maruca avec Jeremy Lopez, Alice Pol, Artus

samedi 27 novembre 2021

Écrans d'automne : quatre jours de pur cinéma à Argelès-sur-Mer

 Deux avant-premières de films français attendus, des films rares à redécouvrir pour un public de cinéphiles et de connaisseurs : le programme du festival Ecrans d'automne, organisé par les Amis de Cinémaginaire à Argelès-sur-Mer du jeudi 2 décembre au dimanche 5 décembre, a tout de l'excellence.


Quelques jours après Confrontation à Perpignan, un nouveau festival offre une programmation ambitieuse aux cinéphiles du département. Cette fois c'est à Argelès-sur-Mer que plusieurs films seront proposés aux cours des Ecrans d'automne organisés par les Amis de Cinémaginaire au Cinéma Jaurès. Tout débute ce jeudi 2 décembre à 19 h avec une courte présentation du festival précédant la projection d'un film français en avant-première. Ouistreham, d'Emmanuel Carrère, est adapté du livre de Florence Aubenas. La journaliste, incognito, a travaillé durant plusieurs semaines avec les femmes qui font le ménage dans les bateaux assurant la navette entre France et Angleterre. Une œuvre poignante, avec Juliette Binoche dans le rôle principal. Le film ne sort partout en France que le 12 janvier 2022.

Le vendredi 3  décembre, deux films au rendez-vous. Gagarine à 18 heures et Indes galantes à 21 heures. Le premier est un film de Fanny Liatard et Jérémy Trouilh mêlant critique sociale et fantastique. Dans la cité de Gagarine, en banlieue parisienne, un adolescent se rêve en cosmonaute. Mais quand les autorités annoncent que la cité va être rasée, il se lance dans la résistance avec la volonté de transformer la cité en vaisseau spatial.

Le soir, beaucoup de spectacle avec le documentaire de Philippe Béziat. Une plongée dans la création d'un spectacle à Opéra de Paris faisant dialoguer danse urbaine et chant lyrique dans l'adaptation contemporaine du chef-d’œuvre baroque de Jean-Philippe Rameau, Les Indes Galantes. Un film présenté par Imago publica avec le soutien du Groupement National des Cinémas de Recherche.

Le festival voyage autour du monde en musique le samedi 4 décembre avec Africa Mia (17 h 30), documentaire sur  le premier groupe afro-cubain de l'histoire : les Maravillas de Mali.

À 21h, redécouvrez, en version rénovée, ce film yougoslave de 1980 de Slobodan Sijan. Qui chante là-bas ? place le public dans le sillage d'un bus brinquebalant menant à Belgrade une bande d'originaux. Beaucoup d'humour et de musique dans ce film qui annonce les prémices des œuvres de Kusturica. 

Fin des Ecrans d'automne le dimanche 5 décembre. Après la projection de Digger, film grec à 14 h 30, place à la clôture du festival, vers 17 heures, avec une autre avant-première française. La croisade est signée Louis Garrel. Le réalisateur interprète également une des rôles principaux en compagnie de Laetitia Casta. Une belle histoire de prise de conscience de l'urgence climatique par de jeunes enfants. 

Écrans d'Automne, du 2 au 5 décembre, cinéma Jaurès à Argelès-sur-Mer. 5 € la séance, Pass 4 films : 15 €, Pass «Amis de Cinémaginaire» : 20 €

vendredi 26 novembre 2021

De choses et d’autres - De quoi parlerons-nous à Noël ?

Dans la catégorie des saillies politiques à mettre au panthéon des énormités, cette déclaration de Christian Jacob, pourtant président du parti Les Républicains au Journal du Dimanche : « Il faut que les discussions du repas de Noël des Français tournent autour de notre candidat. »

Le fameux candidat n’est pas encore désigné. Normalement c’est le 4 décembre que l’on saura donc, qui sera aux centre des discussions des repas de Noël de tous les Français.

Enfin, ça c’est le vœu pieux de Christian Jacob. Si l’on réfléchit deux secondes (ce que le président Jacob a oublié en prononçant ces malheureux mots), on se doute qu’entre les petits fours et la bûche, le repas de famille portera essentiellement sur la crise sanitaire.

Du moins si on parle de choses sérieuses. Car souvent pour Noël, on met de côté les choses qui fâchent. On se consacre surtout aux enfants, à leur joie de découvrir de nouveaux jouets. On profite de la bonne bouffe et des liquides qui vont si bien avec. Alors vous pensez bien, la politique... Et encore moins le candidat de la droite républicaine.

A moins bien sûr que finalement les militants désignent un outsider absolu, comme Éric Ciotti (mais ça ferait quasiment un troisième candidat étiqueté extrême droite) ou le docteur Juvin. Mais ce dernier, tant qu’il se contentera de squatter les plateaux télé sans trouver le remède miracle au coronavirus, risque de conserver cette dernière place que lui prédisent tous les sondages.

Et vous, quel sera votre sujet de discussion préféré pour le repas de Noël ? Dinde ou chapon ? Huîtres ou langouste ? Blanquette ou champagne ? Élection ou vaccination ?

Chronique parue en dernière page de l’Indépendant le mardi 30 novembre 2021

jeudi 25 novembre 2021

De choses et d’autres - Un gouvernement de confinés

Rien ne sert de se cacher derrière son petit doigt (vieille expression remise au goût du jour par la ministre des Sports), ce mois de décembre n’est pas encore commencé, mais je sens qu’il va être long, très long. Comme l’impression que le cirque Covid est de retour au centre de la place publique.

Avant même le décollage « fulgurant » de la 5e vague et l’arrivée du variant Omicron, l’annonce de la contamination de Jean Castex, Premier ministre, et de sa mise à l’isolement a remis notre détesté virus en tête des débats politiques. Oublié le Z. qui signe ses exploits d’un I majuscule. On n’a même pas le temps de prendre un rendez-vous pour la 3e dose. De toute manière, il n’y a plus beaucoup de place et même Doctolib a craqué.

Un Premier ministre confiné et le lendemain un autre membre du gouvernement testé positif au Covid 19. La ministre déléguée à l’Insertion, Brigitte Klinkert. La pauvre, plaignons-la. Pas d’être malade, elle explique être asymptomatique, mais de se retrouver tout à coup propulsée sur le devant de la scène médiatique pour un test PCR positif. Car il faut bien l’avouer, personne ne se souvenait de sa nomination le 20 juin 2020 à ce poste.

Et l’hécatombe continue puisqu’on a appris ce week-end que Joël Giraud, secrétaire d’État chargé de la ruralité, était lui aussi malade. Ce dernier non plus ne souffre pas d’une surmédiatisation excessive. Mais enfin lui au moins je savais qu’il existait depuis la découverte de « La pause rurale » série de capsules vidéo assez étonnantes mises en ligne chaque mercredi sur les réseaux sociaux de son ministère.

Le générique est chanté par un coq et quand il a un invité, c’est ce dernier qui lance l’épisode. On a ainsi vu un Jean Castex totalement hilare en septembre dernier et le dernier numéro visible montre Olivia Grégoire, autre secrétaire d’État, chargée de l’Économie sociale, solidaire et responsable, glisser que Joël Giraud, en plus d’être incollable sur « les finances publiques », l’est aussi sur le « hard rock ».

Et ce dernier de rebondir en expliquant qu’« Aujourd’hui le coq n’aura pas des accents de Métal et de Rammstein, on va rester dans le classique. » Cocorico ou co-covid-rico ?

Chronique parue (en partie) en dernière page de l’Indépendant le lundi 29 novembre 2021