jeudi 6 octobre 2016

DE CHOSES ET D'AUTRES : Vade retro satanas !

épilepsie, surnaturel, religion, croyancePetit rappel pour les lecteurs qui ne suivent pas : nous sommes le jeudi 6 octobre 2016. Pas 1016 mais bien 2016. Au XXIe siècle. Ce préambule car un sondage réalisé pour la Fondation française pour la recherche sur l'épilepsie (FFRE) et rendu public en début de semaine révèle que 9 % des Français sont persuadés que l'épilepsie est d'origine… surnaturelle. Sachant que nous sommes 66 millions d'habitants, cela fait quand même près de 6 millions de mes compatriotes qui pensent que les 600 000 épileptiques que compte le pays sont possédés par le démon. 6 millions de personnes en retard d'un millénaire. Par chance, ils ne sont pas à la tête du clergé puisque cela se transformerait en bûchers, seule solution trouvée à l'époque pour "soulager" les prétendus possédés.
En pleine semaine des prix Nobel, ce sondage nous apprend que certaines croyances sont encore fortement ancrées dans l'imaginaire collectif. Je crains qu'il n'y ait pas que l'épilepsie comme maladie mal connue. Le sida, virus longtemps énigmatique, a été présenté, alternativement, comme créé par Dieu pour éliminer les déviants (la communauté homosexuelle) ou le Diable (pressé de retrouver ses disciples). À moins que cela ne soit la CIA, le KGB ou le Mossad. Quand on ne comprend pas, toutes les inventions même les plus délirantes sont bonnes à prendre.
À toutes fins utiles, précisons que les "bipolaires" ne sont pas des aimants humains alternant positif et négatif et qu'un "dépressif" n'est pas tributaire de la météo, des dépressions et autres anticyclones.

mercredi 5 octobre 2016

BD : Le fabuleux roman de Joséphine Baker

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Elle avait deux amours, son pays et Paris. Cette chanson a mondialement fait connaître Josephine Baker. La petite noire américaine, après des débuts difficiles dans le Sud des États-Unis, débarque en France en 1925. Danseuse de moins de 20 ans, elle fait sensation en apparaissant à moitié nue dans la Revue nègre. Le public parisien tombe amoureux de cette espiègle Vénus noire, cette dernière adopte ce pays où elle devient une reine de la nuit. José-Louis Bocquet et Catel racontent sur plus de 500 pages cette vie extraordinaire. Des brimades de sa jeunesse aux combats des dernières années, Josephine Baker semble avoir eu mille vies. Des hauts, des bas, des passions et des folies. Elle a connu les plus grands, inspirés les meilleurs et aimé sans limite. Reste trois films, des disques mais surtout une tribu, les 12 enfants qu'elle adopté et qui portent encore sa mémoire à travers le monde.
"Joséphine Baker", Casterman, 26,95 €

DE CHOSES ET D'AUTRES : La course des courses

courses,caisses,supermarchésLe journal "Aujourd'hui en France" consacre un grand article sur le test grandeur nature que réalise Carrefour dans un de ses magasins du Val-de-Marne. Les clients volontaires peuvent télécharger une application sur leur smartphone permettant de ne plus faire la queue aux caisses. La belle invention que voilà. Car parmi les désagréments de la vie quotidienne, attendre trop longtemps à une caisse de supermarché fait certainement partie du Top 3. Tout le monde a déjà vécu la scène. On scrute les longueurs de file, on hésite un peu avant de se décider pour une caisse, sans aucune certitude. Et dès que quelqu'un d'autre s'est mis derrière vous, empêchant toute modification du choix, le client devant a un problème. Code barre inconnu, flacon qui fuit et qu'il faut aller remplacer ou paiement avec une multitude de bons cadeaux dont il faut signer tous les exemplaires. Sans oublier la demande de facture... Le journal, pour illustrer l'article, propose une infographie présentant "Quelques astuces pour choisir la bonne caisse".
J'ai un peu tiqué sur "Repérez une caissière qui paraît expérimentée et qui parle peu... » Par expérience, je sais que l'un est souvent incompatible avec l'autre. Certaines caissières qui ont quelques années de boîte derrière elles sont effectivement très efficaces. Mais comme elles connaissent la majorité des clients, elles sont régulièrement sollicitées pour un brin de conversation. Mais faut-il s'en plaindre ? Que représentent dix minutes de perdues face à un peu d'humanité dans notre monde automatisé et aseptisé ?

mardi 4 octobre 2016

Rentrée littéraire : Envoûtante histoire d'amour sous la plume de Serge Joncour

À Paris, l'amour peut frapper partout, à tout moment. Dans 'Repose-toi sur moi' Serge Joncour raconte l'histoire de Ludovic et Aurore.

Provincial, ancien joueur de rugby, Ludovic en impose. Racée et raffinée, Aurore est une créatrice qui a réussi. Ils vivent à Paris. A la même adresse. Un immeuble symbole de cette différence de milieu qui normalement devrait inexorablement les éloigner l'un de l'autre. Aurore, mariée, mère de deux adorables enfants, a emménagé dans un immense appartement rénové avec vue sur la cour arborée. Un luxe dans la capitale. Ludovic occupe un studio dans le bâtiment du fond, vétuste, mal isolé. Lui aussi a vue sur la cour, les arbres et l'appartement d'Aurore. Serge Joncour, avec une patience infinie, plante le décor et modèle le caractère de ses deux personnages principaux. Il y en a pour tous les goûts. Aurore, créatrice d'une ligne de vêtements, est une de ces executive woman symbole de la réussite de la France. Mariée à un Américain gravitant dans la finance, elle devrait être pleinement épanouie. Mais sa société, après de belles années prospères, rencontre quelques difficultés. Son associé et ami semble jouer un double jeu. Cela la tracasse au plus haut point. Et surtout, le soir, quand elle rentre chez elle, deux corbeaux la narguent. Ils ont pris possession de la cour et des arbres, chassant les gentilles tourterelles. Ludovic la voit paniquer dans le noir.
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La peur, Ludovic connaît. Ce trentenaire, originaire des Pyrénées, a laissé la ferme de ses parents à sa jeune sœur pour tenter sa chance à Paris. Pas par ambition. Juste pour oublier sa femme, son seul amour, emportée par un cancer. Sa carrure, sa sérénité et son calme lui permettent de faire un métier difficile. Il est chargé d'aller réclamer une ultime fois, avant poursuites judiciaires, des dettes auprès de débiteurs indélicats. Entre compassion et intimidation, il utilise toute son énergie. Le soir, il tente de tout oublier dans ce studio impersonnel. Et remarque Aurore. Pour elle, pour cette femme qu'il voit vivre dans son grand appartement, il va tuer les deux corbeaux. Et lui offrir une plume des victimes. Choc de culture, de civilisations, de sensibilités dans cette histoire d'amour peu banale. Un romancier quelconque aurait transformé cette idylle en un roman sirupeux, profitant des passages au "pays" pour décrire cette campagne si belle et des scènes susceptibles d'être racontées avec luxe de détails comme la beauté des tissus chamarrés.... Mais Serge Joncour aime le réalisme. L'exploitation agricole est en pleine mutation, les pesticides tuent toute vie. L'entreprise d'Aurore est un nid de crabes, la patronne doit sans cesse se battre contre ses fournisseurs, français et asiatiques. En les faisant s'aimer, l'auteur transpose un peu de leur monde dans celui de l'autre. Ils peuvent ainsi s'aider et dire à tour de rôle cette phrase qui résume le roman et toute vie à deux épanouie : "Repose-toi sur moi".
"Repose-toi sur moi" de Serge Joncour, Flammarion, 21 €

DE CHOSES ET D'AUTRES : Kim, une dernière couche

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 Vous en avez avalé toute la journée d'hier à la radio puis à la télévision, et ce matin dans les pages "Société" de l'Indépendant. Pour une fois, je suis bien content d'être placé en dernière page du journal pour vous causer une ultime fois de Kim Kardashian et de son magot. La "star" américaine s'est donc fait braquer en pleine nuit à Paris. Envolés les bijoux. On ne devrait pas en rire, mais pour une fois qu'il arrive quelque chose de non scénarisé à l'avance à cette experte en médiatisation, elle devrait être contente. Toute la popularité de la famille Kardashian tient à cette propension à interpréter des rôles, supposés réels, mais qui en vérité sont des compositions. Un petit talent d'actrice pour Kim, quelques implants, des poses osées et des robes carrément indécentes suffisent à la transformer en bête de foire planétaire. Avec ses 84 millions d'abonnés à Instagram, 48 à Twitter et 29 à Facebook, elle s'est transformée en gondole publicitaire. Elle monnaye son image avec une rare efficacité. Ce qui a peut-être tenté les voleurs. Quelle idée de poser si fièrement avec sa bague de 4 millions au doigt ? Une fois sur place, les braqueurs ne se sont pas demandés longtemps ce qu'ils devaient emporter.
Ils ont également dérobé deux téléphones portables à la pauvre Kim. J'imagine tous les trésors enfermés dans les entrailles numériques des appareils. Selfies, numéros privés, conversations enregistrées, petites vidéos... Certes, on pourrait apparenter leur avidité à du recel, mais les rédactions des journaux people du monde entier sont déjà sur les dents.

lundi 3 octobre 2016

Livres de poche : des classiques "différents" à redécouvrir


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Qui oserait aujourd'hui donner pour titre à son premier roman "Tueurs de flics" ? Ce livre subversif de Frédéric H. Fajardie, devenu introuvable, est enfin réédité avec deux autres titres de cet écrivain qui a bouleversé le roman noir français. Les romans de Frédéric H. Fajardie, toujours passionnés et pleins d'empathie pour les laissés-pour-compte, ont résisté à l'usure du temps.
"Tueurs de flics", la Petite Vermillon, 7,10 €

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Kirth Gersen pourchasse les Princes-Démons, cinq grands criminels. Inoubliable voyage aux multiples rebondissements, La Geste des Princes-Démons est un space opera flamboyant, devenu un grand classique de la science-fiction. À l'occasion du centenaire de la naissance de Jack Vance, les cinq tomes de La Geste des Princes-Démons réunis pour la première fois en un volume.
« La Geste des princes démons », Le Livre de Poche, 19,90 €

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Le meilleur de la science-fiction. "Période d'essai" est un recueil qui regroupe vingt-sept nouvelles d'Isaac Asimov publiées au début de sa carrière. Les longs commentaires de l'auteur qui accompagnent ces textes apportent un éclairage inédit sur la genèse d'un génie de la science-fiction et sur l'âge d'or du genre. Du père Noël dans l'espace au chat en quatre dimensions, bon voyage.
"Période d'essai", Folio SF, 11 €

DE CHOSES ET D'AUTRES : L'agonie de l'infraction

Journée noire ce samedi. Dès 9 h 30 je reçois un email me signalant une énorme faute dans la chronique du jour parue à cette même place. Marcel, lecteur narbonnais, me faisait remarquer sans méchanceté que le sourire de Michelle Obama qualifié d'"effraction" était peut-être une coquille.
Non, pas de coquille en l'occurrence, une grosse erreur sur certains mots de la langue française que je confonds et intervertis depuis mon plus jeune âge. Entre effraction et infraction, la différence est minime, mais suffisante pour changer la signification d'une phrase. Seconde fois que des lecteurs me reprennent après un "agonir d'injures" devenu sous ma plume un dramatique "agoniser d'injures". Bref, pour quelqu'un qui se targue parfois de donner des leçons, je ferais mieux de retourner à l'école.
Pourquoi ces erreurs ? J'ai beaucoup réfléchi ce week-end à ces lacunes récurrentes. J'en arrive à la conclusion qu'elles résultent, au choix, de mon passé de gaucher contrarié, d'une dyslexie ignorée voire d'un autisme type Asperger non diagnostiqué (vous pouvez aussi penser que je suis atteint de ces trois dysfonctionnement (même si le dernier n'en est pas un) et m'accabler (mince, j'écris de plus en plus comme Philippe Jaenada en multipliant les parenthèses dans les parenthèses (Jaenada qui n'est pas mal dans son genre puisqu'il a passé une année enfermé dans son appartement sans sortir une seule fois) (que ceux qui suivent me disent à quel endroit il convient de refermer la parenthèse… Moi, je suis complètement perdu)))).

dimanche 2 octobre 2016

BD : L'envol des oiselles

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Une certaine France du passé, un peu rétrograde, est racontée dans "Filles des oiseaux", nouvel épisode des souvenirs de Florence Cestac. La dessinatrice, longtemps restée dans l'ombre à œuvrer pour les éditions Futuropolis, ose depuis quelques années la BD à la première personne. Son "Démon de Midi" a conquis des milliers de femmes. Place maintenant à la jeune, très jeune Florence Cestac. Normande, fille de paysans, son adolescence n'est pas de tout repos. Elle ne supporte plus les disputes de ses parents. Elle demande alors à être pensionnaire. Bingo ! Elle intègre le pensionnat des Oiseaux, tenu par des religieuses pour les jeunes filles de la grande bourgeoisie. Florence va découvrir un autre monde, plus rigide, mais aussi libre. Notamment quand elle devient la meilleure amie de Marie-Colombe, révolutionnaire avant l'heure. C'est la fin des années 60, mais le mois de mai n'a pas encore tout fait exploser. Ce sera le thème du prochain volume qui s'annonce encore plus subversif. Un regard fin et amusé sur la découverte de la vie et de la liberté par une adolescente.
"Filles des oiseaux", Dargaud, 13,99 euros


samedi 1 octobre 2016

BD : Le blues des patrons


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Mais que devient Laurence Parisot depuis qu'elle n'est plus patronne des patrons ? Elle a quitté les radars médiatiques mais reste au centre de cet album de récits complets signés Isa. La dessinatrice, habituée des pages de Fluide Glacial, raconte les soucis de la pauvre dirigeante mise sur la touche par les dirigeants ringards du CAC 40 au profit d'un fils à papa peu charismatique. Des fils à papa il y en a beaucoup d'ailleurs, d'Arnaud Lagardère aux Dassault. Ces derniers en prennent pour leur grade dans quelques histoires qui sont certainement plus proches de la réalité quand on constate que Le Drian vient de signer avec l'Inde l'achat de 36 avions Rafale. Alors ne vous privez pas de rigoler car jamais les actionnaires ne toucheront de dividendes sur les rires.
"Terreur sur le CAC 40", Fluide Glacial, 12 euros

DE CHOSES ET D'AUTRES : Sourires évanouis

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Les Français sont réputés râleurs. En plus, ils tirent la gueule, du moins sur leurs papiers d'identité. Hier un tribunal a donné tort à un plaignant qui sollicitait l'autorisation de sourire sur la photo de son passeport. Depuis quelques années, l'administration refuse tout visage qui n'affiche pas une neutralité absolue. Interdiction de froncer les sourcils à la bad boy, ni d'arborer un quelconque chouchou dans les cheveux. Pas question non plus de sourire. Les juges sont clairs « l'exigence d'une expression neutre du sujet exclut par elle-même toute expression particulière, telle qu'un sourire ».T'es Français ? T'es triste et sinistre. Comment en est-on arrivé en 2016 à considérer que sourire est hors la loi ? Car in fine, c'est ce qui ressort de ces directives. La dernière fois que j'ai dû fournir des photos d'identité, j'ai consciencieusement tenté d'enlever toute trace de jovialité de mon visage. Résultat je fais la tronche. Et franchement, étant plutôt gai de nature, si l'on compare ma carte d'identité avec mon visage de tous les jours, le gouffre est énorme. En vrai, j'ai l'air normal (du moins je l'espère). Sur mes papiers, je ressemble à un repris de justice tueur sur la défensive. Effacer les sourires, c'est comme transformer toute la population en suspect potentiel. Et ailleurs, comment font-ils ? Si les USA pratiquent la même politique que la France, Michelle Obama est en infraction. Son passeport a été divulgué cette semaine sur le net par des hackers : elle sourit tellement que c'en est communicatif. Mais franchement, il n'y a pas photo en comparaison avec les mines sinistres de mes compatriotes.