Angleterre, 1964. Le titre de Miss Blackpool en poche, Sophie Straw quitte sa province pour Londres. Elle obtient alors un rôle dans la nouvelle série comique de la BBC. Le succès est au rendez-vous et elle devient une star. Bientôt, la réalité rejoint la fiction : Sophie se met en ménage avec son partenaire à l'écran. Une illustration touchante de la pop culture des années 1960 sous la plume de Nick Hornby. "Funny Girl", 10/18, 8,80 €
Un vendeur de téléphones mobiles apprend le décès de son père, avec lequel il entretenait des rapports très lointains. Afin d'organiser les obsèques, le jeune homme se rend dans la ville où vivait le défunt et s'installe dans la maison paternelle. Un véritable cauchemar commence. Ce second roman d'Alexandre Postel est implacable. Son troisième, "Les deux pigeons", vient de sortir chez Gallimard. "L'ascendant", Folio, 6,50 €
Tumultueuse, incandescente, Sandrine raconte ses multiples vies de "passagère clandestine". La façon dont elle ferrait des hommes par une petite annonce, puis empochait les chèques que ses amoureux naïfs lui envoyaient pour qu'elle les rejoigne. Eric Faye, s'inspire du réel pour façonner le roman d'une femme unique. Son nouveau livre, "Eclipses japonaises", vient de paraître au Seuil. "Il faut tenter de vivre", Points, 6,50 €
Ils sont partout ! Qui ? Les "complotistes" bien évidemment. Ceux-là même qui tentent de nous faire croire à un vaste complot "americano-maçonnico-sioniste" qui dominerait le monde, sont en réalité les véritables comploteurs. A la manière des pires censeurs et autres nervis de la propagande d'État des dictatures passées actuelles et à venir, ils tentent de déconstruire des faits et d'en démontrer le contraire de leur évidente signification. Si on les écoutait, les véritables coupables ne sont jamais ceux que l'on croit. Les attentats du 11 septembre ? Un coup de la CIA. Le Bataclan et les dizaines de vies innocentes fauchées sur des terrasses à Paris en novembre ? Une manigance de l'Élysée pour faire oublier le chômage. Chômage qui selon eux est forcément beaucoup plus important que ce qu'annoncent les chiffres (maquillés, bien sûr). Pour les complotistes, "la vérité est ailleurs" comme le pensent Scully et Mulder, les agents du FBI persuadés que l'invasion extraterrestre a débuté. X-Files a eu beaucoup d'influence sur cette frange de population qui n'accepte pas de vivre dans un monde normal, où l'on naît, grandit, aime et meurt selon un rituel immuable. Beaucoup d'entre eux sont inoffensifs. Les nouveaux moutons d'une religion moderne sans dieu. Il n'est donc pas étonnant que quelques "dégourdis" en profitent. De simple bizarrerie sur le net, le "complotisme" (quel affreux néologisme) a toutes les chances de se transformer en doctrine politique, certains partis extrémistes n'hésitant pas dès à présent à franchir la ligne blanche.
Comment s'en sortir quand on est une fille vivant dans une cité ? "Divines" de Houda Benyamina montre la quasi impossibilité de réussir sa vie dans ces quartiers dits "défavorisés".
Si proches de nous. Si loin aussi. Les cités ou quartiers défavorisés sont à quelques pas de nos villes resplendissantes arborant mobilier urbain moderne et bacs de fleurs parfaitement entretenus. Zones de non-droit pour certains, ce sont surtout des impasses, des culs-de-sac, pour leurs habitants. Comme une prison à l'air libre, la case réinsertion en moins... Le cinéma nous permet de plonger dans ces endroits ignorés, abandonnés. Souvent caricaturaux, les films noircissent le trait. Ou tentent d'embellir cette laideur absolue. "Divines" de Houda Benyamina, auréolé de la Caméra d'or au dernier festival de Cannes, a parfois des airs de documentaire. Pourtant ce sont bien des actrices professionnelles qui portent cette histoire forte et prenante.
Drogue et religion
Dounia (Oulaya Amamra) est surnommée la Bâtarde. Sa mère, vivant dans un camp de roms, multiplie les aventures. Le père ? Un homme de passage, à l'identité inconnue. L'adolescente de 16 ans, pour survivre à cette réalité, se forge une carapace. Dure, méchante, intransigeante, elle est le plus souvent habillée comme un garçon, tête cachée par une capuche. Sa meilleure amie, Maimouna, (Déborah Lukumuena) cache elle aussi ses cheveux. Mais pas pour la même raison. Cette grande et forte noire, à la candeur touchante, fille d'imam, va régulièrement à la mosquée vêtue de la burqa. Mais au lycée, en situation d'échec comme 80 % de ses camarades, elle se dévergonde, notamment au contact de Dounia, obsédée par l'envie de gagner de l'argent. Beaucoup d'argent, le signe de réussite ultime dans les quartiers. Ce ne sera pas avec son BEP d'hôtesse d'accueil qu'elle pourra se payer des vacances à Phuket. Alors elle regarde autour d'elle et constate que certains s'en sortent plutôt pas mal. Comme Rebecca (Jisca Kalvanda), plus grosse dealeuse de la région. Au culot, avec le renfort de Maimouna, elle propose ses services à cette femme tigresse, collectionnant les amants "bogosse" aux abdos de fer comme d'autres les pin-up aux lèvres refaites. Le film raconte dans le détail cette plongée dans la délinquance, l'argent facile et les risques inhérents. Dounia prendra beaucoup de coups dans l'aventure, mais ne déviera jamais de son but qu'elle chante sur l'air d'Abba : "Money, money, money !" Une apologie de l'argent qui dérange parfois mais qui semble prégnante dans ce milieu. Comme si la possession matérielle (voiture, parfum, chaussures de marque) était le seul but capable de faire bouger ces jeunes depuis trop longtemps à la dérive. Même l'amour (Dounia tombe sous le charme d'un jeune danseur) ne parvient pas à la remettre sur le "droit" chemin. Tel un uppercut, "Divines" ne laisse pas le spectateur intact. Gare à la redescente en sortant de la salle. _________________ Guerrière et féline Oulaya Amamra, dans le rôle de Dounia, crève l'écran du début à la fin. Un personnage complexe à faire vivre car traversé d'une multitude d'émotions et de transformations physiques. Au début du film, elle est un garçon manqué, arrogante parfois, provocatrice, toujours à la limite dans un milieu éducatif qu'elle rejette en bloc. La jeune actrice a longtemps été élève de Houda Benyamina quand elle animait des ateliers de théâtre dans ces cités si bien racontées dans "Divines". La réalisatrice a longtemps hésité à l'engager, la trouvant top jeune, trop fragile. Finalement elle s'est imposée à force de persuasion et de préparation "En plus de sa folie et de sa puissance, elle a apporté à Dounia un sens de l'humour et une gentillesse qui étaient embryonnaires dans les précédentes étapes d'écriture", se souvient-elle. Pour Oulaya Amamra, "Dounia, c'est une guerrière, mais elle aussi est féline ! Quand elle va devoir vaincre ses peurs, elle va être obligée de se féminiser." On découvre sous la capuche du sweet une femme capable de séduire, de donner le change et d'utiliser sa meilleure arme, sa beauté, pour arriver à ses fins. Un travail de comédienne comme on en voit rarement dans le cinéma français. Encore très jeune Oulaya Amamra voudrait maintenant intégrer le conservatoire. Une envie de théâtre qui lui donne des airs d'Isabelle Adjani, quand elle alternait films de Truffaut, succès comme "La gifle" et grands classiques à la Comédie française.
Entre violence et tendresse, André Téchiné utilise son écriture cinématographique subtile pour transmettre les sentiments ambivalents de l'adolescence. "Quand on a 17 ans" explore les doutes de la jeunesse, sa volonté de s'affirmer tout en testant ses limites.
On retient avant tout de ce film les performances des deux jeunes acteurs mis à rude épreuve par un scénario sans compromis. Si Kacey Mottet Klein a déjà été vu dans plusieurs réalisations, confirmant son talent, Corentin Fila fait ses premiers pas à l'écran et sa beauté, sa grâce féline font mouche très rapidement.
Corps à corps
Le premier interprète Damien, le fils d'une médecin (Sandrine Kiberlain). Son père, militaire, pilote un hélicoptère de combat au Moyen Orient. Il vit dans l'ombre de cet homme, héroïque et absent. Au lycée, il est dans la même classe que Tom. A l'opposé, ce dernier n'a pas de père. Ni de mère. Ce grand métis a été adopté par un couple d'agriculteur. Dans la montagne (le film se passe dans les Pyrénées), il aide à l'exploitation et parcours de nombreux kilomètres à pied dans la neige pour aller en cours. Une situation qui émeut le médecin. Elle propose aux parents de Tom de l'héberger chez elle. Problème : Tom déteste Damien. Et c'est réciproque. Défis du regard dans un premier temps, puis bagarre ouverte dans la cour du lycée. Obligés de cohabiter, ils se tournent autour comme deux fauves. Ils décident finalement de régler leur différent dans la montagne. Des combats au corps à corps d'une rare violence. Sans que l'on s'en doute, André Téchiné décrit une relation d'amour-haine qui finalement explosera au grand jour. Un film au message de tolérance d'une grande force. Le réalisateur de plus de 70 ans prouve une nouvelle fois qu'il est à l'écoute de notre société et de sa jeunesse comme dans "Les roseaux sauvages" tournés dans la région. "Quand on a 17 ans", Wild Side Vidéo, 14,99 €
Depuis plus d'un an la police est sur les dents, obligée d'assurer la sécurité des Français face à une menace diffuse. Aimés ou détestés, au gré des événements, ce sont pourtant des hommes et des femmes comme tout le monde, avec cas de conscience, envies de bonheur, espoir d'avenir. Hugo Boris, dans ce court roman, entraîne le lecteur dans la voiture d'une équipe de la BAC. Après une journée déjà chargée, ils sont réquisitionnés pour reconduire à la frontière un sans papier. En clair, le conduire à Roissy. Erik est le chef. Virginie sa coéquipière est enceinte d'Aristide, le troisième de l'équipage. Le lendemain elle doit aller se faire avorter. Cette nuit, Virginie a des doutes et elle s'émeut de la situation de ce prisonnier politique promis à la torture. L'équipe s'arrête avec son prisonnier dans un fast-food. « Ici, ce soir, dans ce fast-food, la Terre semble presque habitable. Pour preuve, on peut même s'assoir et manger. » Un texte plein d'humanité qui devrait changer notre vision des policiers, hommes et femmes en proie au doute comme tout un chacun. « Police » de Hugo Boris, Grasset, 17 €
Et de quatre ! Quatre chaînes d'information en continu sur la TNT gratuite. Depuis hier soir, Franceinfo: a rejoint BFM, Itélé et LCI. Sur le canal 27, vous pourrez avoir un autre son de cloche que la très populiste chaîne de Bourdin, l'élitiste LCI, marquée économie ou la bling bling Itélé (bientôt Cnews) avec Laurence Ferrari et qui a failli recruter Morandini s'il n'avait pas dérapé dans ses castings douteux. Franceinfo:(avec deux points à la fin, le petit détail qui fait la différence) s'appuie sur le savoir-faire de l'audiovisuel public. France Télévisions évidemment mais aussi les journalistes de France Info, la radio. Un drôle de challenge pour ces hommes et femmes habitués aux studios sombres, de se retrouver sous les spots, obligés de regarder une caméra et de se maquiller avant de prendre l'antenne. Journaliste, un métier en perpétuelle mutation. Manque de moyens oblige, chaque présentateur de flash a suivi une formation en maquillage. Savoir se poser du fond de teint, une évidence pour la majorité des femmes mais un monde à découvrir pour les hommes. S'ils paraissent blafards ou luisants, ne leur en voulez pas. Ils débutent. Par contre pour ce qui est de distiller les infos, ils n'ont rien à prouver. Lancé sur le Web 24 heures en avance, Franceinfo : a un avantage considérable face à ses concurrentes : pas de pubs. Je suis un maudit des réclames. Chaque fois que je me branche sur BFM, je tombe sur de la pub. Alors je zappe sur Itélé. Et là aussi de la pub. Comme par hasard... Maintenant, je sais où aller pour les éviter.
L'Afrique est parfois folklorique. Celle du « Capitaine frites » d'Arnaud Le Guilcher est au-delà des clichés.
Quand une femme vous pourrit la vie, divorcer n'est pas toujours la meilleure solution. Arthur Chevillard plaque tout pour fuir sa Morgane et quand on lui propose un boulot dans un pays africain, il signe. Arthur débarque à Yabaranga, capitale du Konghia, pays pauvre placé sous la coupe d'un président, élu à vie. Le job d'Arthur a tout du gag. Ce spécialiste en poissons (c'est comme ça qu'il a rencontré Morgane) doit étudier la possibilité d'implanter une variété de poisson amazonienne dans les rivières locales. Après plusieurs mois à vivre aux frais de l'Etat, le feu vert est donné et un Indien d'Amazonie débarque avec deux spécimens de pirarucus. Les ennuis débutent pour Arthur, obligé de travailler. Heureusement, il y a Fée-Morgane, une beauté locale « Fée-Morgane et moi on a joué au docteur pendant deux jours et deux nuits. J'avais l'impression de bâfrer dix-neuf parts de gâteaux après une interminable grève de la faim. » Langage imagé pour cet auteur qui a certainement beaucoup lu San-Antonio. On retrouve « l'esprit Dard » dans les titres de chapitres (« Guère épais », « Président ciel » ou le très local « A boubou de nerfs »). L'humour est omniprésent. Même si parfois on devine un peu de désespoir dans la vie décousue d'Arthur. Et ce n'est qu'un début. Quand sa femme débarque à Yarabanga, c'est immédiatement la guerre totale. Une Morgane très remontée et suffisamment persuasive pour lui chiper sa Fée-Morgane. Le voilà en pleine guérilla féminine et obligé de faire ceinture. L'occasion pour l'auteur de faire cette comparaison culte : « A ce tarif, je ne me laisse plus que quelques semaines avant de me frotter aux arbres... Si je veux pas être papa de petits arbustes, j'espère que les platanes du coin portent des stérilets. » Arnaud Le Guilcher a l'imagination débridée et excessive. Reste à savoir si les poissons amazoniens vont supporter le marigot africain, eux qui ont la réputation de ne pas avoir peur des piranhas. « Capitaine frites » d'Arnaud Le Guilcher, Robert Laffont, 18€ (le précédent roman d'Arnaud Le Guilcher, « Ric-Rac », sort en poche chez Pocket le 1er septembre)
Le conseil d'État a tranché : il est interdit d'interdire le port du burkini sur les plages françaises. Dans cette frénésie de légiférer sur tout et n'importe quoi, les ministres, maires et autres édiles feraient mieux de s'intéresser aux véritables problèmes. En ce jour de rentrée scolaire, je m'étonne que personne n'ait encore pris l'initiative d'interdire aux enfants le port de baskets à diodes colorées. De même, comment expliquer que les autorités responsables n'aient pas encore légiféré sur ces fautes de goût flagrantes que sont, en vrac, les tatouages tribaux, le vernis à ongle noir ou les petits hauts à volants. Mais que fait donc la police contre les chasseurs de Pokémon qui non seulement capturent de pauvres petites créatur es virtuelles mais en plus bousculent les piétons, le regard rivé à leur écran de smartphone ? Pourquoi encore autoriser de nouvelles candidatures à la primaire de la droite puisque de toute manière c'est Sarkozy qui va l'emporter après un tour de passe-passe dont il a le secret, face à un Juppé trop honnête pour gagner ? Qui aura le courage de prendre un arrêté interdisant à quiconque de raconter ses vacances ou commenter le dernier épisode de "Koh-Lanta" à la machine à café ? Et pourquoi le café est-il infect à cette même machine ? Dans cette masse d'interdiction je me suis fait prendre à une bêtise du Gorafi, annonçant avec son sérieux habituel que "Le conseil d'État valide les arrêtés municipaux contre ceux qui portent des chaussettes avec leurs sandales". Trop beau pour être vrai.
"Marianne a le sein nu, Marianne n'est pas voilée, elle est libre !" déclarait Manuel Valls lundi soir à Colomiers. Décidément les politiques français sont obsédés par les vêtements féminins. Toute cette fin d'été ils se sont écharpés au sujet du burkini. Le Premier ministre, hostile à cette tenue préconisée par l'islam, franchit donc un pas en préconisant indirectement le port du monokini. Juste pour prouver sa liberté. Alors tous à poil ? Car nous les hommes, quels vêtements devrons-nous adopter ? Le bermuda, long et ample, est-il liberticide ? Faut-il, comme Franck Dubosc dans Camping, porter ces slips de bains si moulants qu'ils ne dissimulent rien de notre anatomie ? Et si plus simplement on regardait la réalité en face. Marianne sur ses nombreuses représentations a effectivement un ou deux seins à l'air, ce n'est cependant pas pour représenter l'allégorie de la mère nourricière, ni parce qu'elle est libre. Peut-être, tout simplement, car c'est beau. Oui, depuis la nuit des temps, le galbe d'un sein fait partie des choses si agréables à dessiner et admirer. Manuel Valls, tout Premier ministre qu'il soit, est un homme avant tout. Donc sensible à la beauté d'une poitrine féminine. Mais parfois, montrer est moins explicite que les subterfuges pour cacher. Le burkini en soi couvre le corps de la femme, mais en sortant de la mer, elle se transforme sans le vouloir en candidate à un concours de tee-shirt mouillé. Et ceux qui pensent que j'ai l'esprit mal tourné n'ont qu'à objectivement se souvenir de leur premier émoi sexuel. Dans une grande majorité des cas, l'apparition subreptice d'un téton a suffi à changer leur vision de la vie.
Les intelligences artificielles, pour quelques visionnaires, sont les ennemis de demain. Créées par les humains, elles risquent de rapidement les dépasser. Malgré quelques règles simples de robotique (merci Asimov), il y a toujours une possibilité qu'elles se retournent contre leur créateur. C'est ce qui s'est passé sur la planète Caldoria, vaste champ minier exploité intensivement par des milliers de machines. Une entité nommée IAVHÉ contrôle tous les robots. Seul son inventeur, réfugié dans une station orbitale, peut contrecarrer ses projets hégémoniques. Sur place, il a le renfort de son fils adolescent, Stan, protégé par un robot de combat non relié au réseau. Imaginée par Nicolas Jean et dessinée par Yann Valeani, cette série de science-fiction parfois un peu trop classique permet de découvrir un dessinateur réaliste au trait précis et expressif. Une belle surprise. « Rock & Stone » (tome 2), Delcourt, 14,50€