mardi 8 mars 2016

BD : Le Marsu de retour chez Spirou

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La vie de certains héros de bande dessinée n'est pas toujours un long fleuve tranquille. Prenez Spirou par exemple. Inventé par Rob-Vel, popularisé par Jijé, magnifié par Franquin, il a longtemps été accompagné par le Marsupilami. Mais la bestiole à la longue queue préhensile, propriété de Franquin, a quitté Spirou pour vivre des aventures en solo dans sa propre maison d'édition. Durant de longues décennies le groom rouge a du se contenter de la présence de Fantasio et de Spip pour corser ses aventures. Aujourd'hui, le Marsu est revenu au bercail pour la plus grande joie de Vehlmann et Yoann, les repreneurs de la série. Cap sur la jungle palombienne pour Spirou et Fantasio, à la recherche de leur ami disparu. Ils embarquent dans leur périple Zantafio qui reprend avec délices le rôle du méchant. Mais les retrouvailles sont musclées : le Marsupilami n'a pas spécialement apprécié d'avoir été abandonné par ses amis. Et quand le Marsu est en colère, toute la jungle tremble. Les fans de la série désespéraient un jour de revoir ensemble ces deux monuments de la BD franco-belge. Ils redoutaient aussi ces retrouvailles, Franquin n'étant plus là pour raconter ce moment. Yoann et Vehlmann s'en tirent parfaitement, parvenant même à faire un clin d'œil à De Mesmaeker, l'homme d'affaires aux contrats jamais signés de Gaston. 
"Spirou et Fantasio" (tome 55), Dupuis, 10,60 euros

lundi 7 mars 2016

DE CHOSES ET D'AUTRES : le dernier salon où l'on cause

Le samedi, quand j'ai la chance d'être de repos, j'apprécie avec mon épouse d'aller faire quelques courses au supermarché du village. A chaque fois je suis sidéré par la foule dans les travées. En grande majorité des personnes âgées, des retraités débarrassés depuis longtemps des contraintes du travail hebdomadaire et des horaires à rallonge.
Mais pourquoi choisissent-ils le samedi pour remplir leur chariot ? Libres comme l'air toute la semaine, ils privilégient ce jour précis pour (il faut bien l'avouer) encombrer les rayons. Entre ceux qui marchent au ralenti et les grappes en formation quand quelques connaissances (bavardes) se croisent, notre parcours s'apparente à celui du combattant. Pourtant eux aussi doivent affronter les bouchons au rayon laitages et la retenue devant le bac des produits frais à date courte vendus -30 %.
Aux caisses, c'est encore pire. Incrédule, je confie mes interrogations à mon épouse. Ni une ni deux, elle demande à la gentille mamie qui attend devant nous : "Mais pourquoi faites-vous vos courses le samedi alors que c'est le plus gros jour d'affluence. Cela doit être pénible pour vous d'attendre si longtemps à la caisse ?" Sa réponse nous a donné une belle leçon de vie : "Au contraire, on vient le samedi car on est sûrs de croiser des amis. Cela nous permet de nous rencontrer, de discuter, de prendre des nouvelles. Arrivé à un certain âge, vous verrez que vous aussi rechercherez la compagnie."
Nous sommes restés coi devant une telle évidence. Et dorénavant au supermarché, nous considérerons nos aînés d'un œil bienveillant.

L'overdose de déchets au quotidien


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N'en jetez plus. Nos poubelles débordent. L'objectif "zéro déchet" semble compliqué, mais pas impossible. La preuve avec ces exemples de la vie quotidienne.
Un pot de yaourt. Un simple pot de yaourt. S'il faut un exemple précis et concret pour comprendre l'enjeu de la réduction des déchets il suffit de réfléchir une minute, le temps de manger son yaourt. Rien de plus simple que de fabriquer un yaourt. Du lait, un peu de ferment et le tour est joué. Pourquoi alors ne pas le faire chez soi ? Comme si on achetait le café déjà passé... On déguste son laitage, puis on jette le pot à la poubelle. "Un yaourt est mangé en quelques secondes, explique Jérémie Pichon, mais le pot en plastique mettra plusieurs siècles à disparaître de la nature." Notre problème de déchet provient essentiellement du suremballage. Certes on a bonne conscience en recyclant dans la poubelle jaune papiers, cartons et bouteilles en plastique. Mais il ne s'agit pas d'une chaîne sans fin. Le plastique ne peut être recyclé plusieurs fois. Contrairement au verre à la vie éternelle. Et surtout la transformation coûte cher et provoque de nouvelles pollutions. Sans compter le gaspillage d'énergie, "pas très cohérent à l'époque du changement climatique" fait remarquer Jérémie Pichon.
Vrac et fait maison
Avant de s'engager dans une démarche "zéro déchet", il est impératif de dire mollo sur le recyclage. Une solution non durable, contrairement à l'idée répandue. Un mieux certes, mais pas la panacée. On peut facilement bannir de son quotidien nombre de déchets totalement inutiles. Arrêtez de craquer pour ces chips dans des paquets de plastique renforcé en alu, impossibles à recycler. Il est tellement plus simple de manger des crudités ou un bon fuet autour de l'apéro... Pour les enfants, les industriels ont imaginé les goûters emballés individuellement. En plus de la boîte, vous achetez également le plastique autour de la friandise gorgée de produits chimiques et de colorants. Ne vaut-il pas mieux préparer des gâteaux à la maison et les mettre dans une boîte lavable ? De même, cessez de manger ces sandwiches triangle où rien ne semble naturel. Le pain comme la garniture. D'autant que ce qui coûte le plus cher au fabricant reste l'emballage. Le fait maison, bio si possible, est quand même mille fois plus savoureux. Mais comme le fait remarquer un passage du guide "Famille zéro déchet", il faut faire attention à tout car "le bio sous plastique de Pologne (...) est une connerie sans nom". Certains bobos, en croyant bien faire, font pire que les plus gros pollueurs. Alors si vous avez un minimum de conscience écologique, accomplissez ce premier effort, le plus simple souvent. Changez vos habitudes alimentaires, évitez les emballages et les produits industriels, favorisez les circuits courts et les commerces locaux. Non seulement la planète et les générations futures vous en sauront gré, mais vous y gagnerez, tant au niveau financier que de votre santé.
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TROIS QUESTIONS À JÉRÉMIE PICHON
Auteur du livre 'Famille presque zéro déchet, ze guide', Jérémie Pichon s'affirme militant associatif et travaille depuis 15 ans pour des ONG environnementales. Il raconte le passage au zéro déchet dans sa famille. Un guide instructif et distrayant, illustré par son épouse, Bénédicte Moret alias Bloutouf.

Quel a été le déclic pour passer au zéro déchet ?
Au début des années 2000, on ramassait les déchets sur les plages avec l'association Surfrider, puis on a créé la même chose sur les montagnes. On ramassait les déchets un peu partout : des mégots, des emballages de barres alimentaires, qu'on retrouvait dans la nature, dans le cycle de l'eau, avalé par les vaches dans les pâturages ou par les poissons dans les océans. Le démarrage il vient de là. En constatant qu'on surconsommait des produits suremballés, à un moment donné une grande partie se retrouvait dans l'écosystème. En 2014 on pensait faire bien mais on avait toujours une poubelle qui finissait dans les incinérateurs. Alors on a décidé de la vider dans le jardin sur une bâche et on a regardé précisément ce qu'on avait dedans. C'est le premier article du blog qui est devenu depuis ce livre. Le suremballage n'est cependant que la partie émergée de l'iceberg. Il prend énormément de place dans votre chariot et votre poubelle. On nous vend des produits pas très bon pour notre santé dont on peut se passer simplement en décidant de ne pas les acheter. Il faut consommer différemment, adopter un mode de vie avec une logique plus lente. Éviter le gaspillage tout simplement.
Pour passer au zéro déchet, par quoi faut-il débuter ?
Il faut d'abord avoir envie de le faire. Le plus simple est de commencer par un compost. Un tiers de votre poubelle est de matière organique. Même quand on habite en collectif on peut avoir des composts au bas des immeubles. Les collectivités, de plus en plus, prennent le relais. Pour les courses, il faut supprimer le maximum d'emballage, privilégier le vrac et se détourner des grandes surfaces. Utiliser cabas, sacs en tissus et des Tupperware® ou des bocaux pour aller acheter son fromage chez le fromager ou sa viande chez le boucher. C'est assez simple, il suffit d'y penser et d'avoir son petit kit course dans la voiture. Mais une fois qu'on est dans la logique, c'est le premier pas qui compte. Et même vos commerçants vous remercieront car pour eux aussi c'est une économie, ça leur coûte d'acheter des petites barquettes en plastique.
Cette démarche du zéro déchet n'est-elle pas un peu trop radicale ?
Quand on est militant écologiste, à un moment il faut être cohérent, ne pas continuer à alimenter le système alors qu'on a conscience qu'il nous ruine la vie et la santé. On se pose les bonnes questions et on devrait tous le faire. Si tout le monde en faisait un tout petit peu, on limiterait la casse.


dimanche 6 mars 2016

Série télé : Le mur de la honte de 'Trepalium'

trepalium,deladonchamps,simaga,elkabetz,lanoo,arteLe taux de chômage en France est de 10 % selon les toutes dernières études de l'INSEE. 10 % d'inactifs. Ils pèsent dans le budget du pays. Mais s'ils étaient plus nombreux, beaucoup plus nombreux ? C'est l'idée de départ de l'excellente série télé française 'Trepalium' récemment diffusée sur Arte et sortie dans un coffret trois DVD ou deux blu-ray. Dans un futur proche, il ne reste plus que 20 % d'actifs. Face à l'impossibilité de subvenir aux besoins de 80 % de la population, le gouvernement a imaginé un nouveau système. Au centre, la ville et les actifs. Tout autour, derrière un mur infranchissable, les inactifs, devenus depuis les zonards. Autant la vie est facile chez les privilégiés, autant elle est compliquée dans la zone.

Pour raconter cette dystopie (l'inverse de l'utopie), les créateurs de la série suivent les trajectoires de Ruben (Pierre Deladonchamps), ambitieux cadre de la ville et Izia (Léonie Simaga), zonarde qui élève seule son fils de 15 ans. Ce système très déséquilibré provoque des tensions. Des activistes, dans la zone et la ville, veulent abattre ce mur de la honte. Mais le pouvoir politique et économique est inflexible. Seule concession accordée par la Première ministre (Ronit Elkabetz) : quelques zonards vont retrouver un emploi solidaire chez des actifs. Ils franchiront le mur tous les jours pour se mettre au service de familles désignées. Izia servira donc de servante à Ruben. Mais quand sa femme disparaît, il remarque leur ressemblance physique et demande à Izia de la remplacer au pied levé pour servir ses ambitions.
L'eau, une arme...
L'arc narratif de la série est à plusieurs niveaux. En découvrant les vies de Ruben et d'Izia, c'est toute la société de Trepalium qui est décortiquée. La débrouille et l'entraide d'un côté, l'individualisme et l'opulence de l'autre. Deux mondes proches mais qui ne peuvent exister qu'en opposition. En filigrane, les scénaristes font le procès des liaisons dangereuses entre pouvoir et entreprises. Le 'méchant' de Trepalium n'est pas incarné par un homme ou une femme mais une société, Aquaville, chargée de la gestion de l'eau potable.


Tournée dans de véritables décors, Trepalium est une belle réussite visuelle. Sans moyens énormes, on est complètement dépaysé, plongé dans un monde oppressant mais totalement réaliste. On reconnaît au passage l'architecture et les salles du siège du Parti communiste français ou de la Bibliothèque Nationale de France. Le coffret offre en bonus un long entretien avec le réalisateur, Vincent Lannoo et 'Journal d'un inutile', une websérie racontant comment le mur a été pensé, conçu et construit.
'Trepalium', Arte éditions, 29,99 euros le coffret DVD, 34,99 euros le coffret blu-ray.

samedi 5 mars 2016

BD : Harmony, pouvoir et amnésie

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Dessinateur de la majorité des albums de la série "Alter Ego" avec Lapière et Renders au scénario, Mathieu Reynès décide pour la première fois de sa carrière de se lancer en solo dans une série ambitieuse. Harmony est le nom de la nouvelle héroïne. Cette jeune femme, à peine sortie de l'adolescence, filiforme et blonde, semble très fragile. Prisonnière d'un grand costaud, barbu et peu loquace, elle se réveille totalement amnésique dans une cave. Durant son sommeil elle entend des voix et se découvre des pouvoirs. Notamment de déplacer des objets par sa seule pensée. Une capacité de plus en plus grande, qu'elle ne maîtrise pas toujours. Prévue en trois tomes, cette série, entre SF, fantastique avec un gros zeste de thriller, débute sous de très bons auspices. Mathieu Reynès prend le temps durant ces plus de 50 pages d'explorer longuement les doutes de son héroïne. Elle est touchante quand elle s'interroge sur ce passé envolé, mais devient très inquiétante quand elle décide de se défendre. De son geôlier dans un premier temps, puis de militaires lancés à sa recherche. De l'action et du mystère, le tout dessiné dans ce style si efficace de Reynès, proche du réalisme mais avec une bonne dose de fantaisie.
"Harmony" (tome 1), Dupuis, 12 euros

vendredi 4 mars 2016

DE CHOSES ET D'AUTRES : La religion déraille

Plus le pape François redouble d'efforts en faveur de la transparence de l'Eglise, plus certains scandales prennent de l'ampleur. Le revers de la médaille de la démarche courageuse d'un pontife obligé de constater les erreurs de son clergé, comme pour mieux changer les choses.
Après l'Oscar du meilleur film décerné à Spotlight, le Vatican admet que ce long-métrage américain n'est pas "anticatholique". A une autre époque, il en aurait été tout autrement. Dénoncer des scandales de pédophilie étouffés par les évêques paraît normal au pape François, il reconnaît la réalité des faits incriminés et les regrette. Le chemin est encore long avant de laver l'honneur de l'église catholique, mais c'est un bon début.
La reconnaissance marque le premier pas avant la condamnation par la justice.
Un scandale d'un autre genre secoue l'église en Irlande du Nord. Father Stephen Crossan, 37 ans, a été filmé en train de sniffer un rail de cocaïne. Il a reconnu les faits et précisé que cet unique dérapage (selon lui) s'expliquait par sa profonde dépression. Depuis, il est en congé maladie.
Peut-être va-t-il rejoindre l'île de Craggy Island. Les amateurs d'humour anglais reconnaîtront le lieu de villégiature de Father Ted, série télé anglaise des années 90. Le héros, un curé, y est envoyé après avoir détourné l'argent destiné à un voyage à Lourdes pour aller faire la fiesta à Las Vegas. Il vit en compagnie de Father Jack, vieux, sale, alcoolique et obsédé sexuel et Father Dougal, attardé mental.
Father Stephen et sa coke complèteraient parfaitement le trio.

Cinéma : La route de l'amour passe par le vin

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Deux agriculteurs, le père et le fils, traversent la France en taxi à la découverte du vignoble français. 'Saint-Amour', désopilant et poétique, met en vedette Poelvoorde et Depardieu.
Un film sur le vin, avec Benoît Poelvoorde et Gérard Depardieu en vedette : il n'y a que le duo Delépine/Kervern pour oser relever le défi. Les deux acteurs ne sont pas réputés pour leur tempérance quand il s'agit de profiter de la vie. Mais comme les réalisateurs ne crachent pas non plus sur un bon millésime, l'entente a visiblement été très facile à trouver entre les différents ego.

Forcément le tournage a dû parfois en être un peu affecté, mais qu'importent les aléas puisqu'il y a l'ivresse ? Le début du film se déroule en plein salon de l'agriculture. Jean (Gérard Depardieu), éleveur presque à la retraite, vient tenter une ultime fois sa chance au concours du plus beau taureau. Il voudrait que son fils Bruno (Benoît Poelvoorde) reprenne l'exploitation. Ce dernier, grand dépressif devant l'éternel, ne veut pas finir ses jours entre des vaches. Il veut profiter de la vie, trouver une femme. Son rêve ultime : être vendeur dans un magasin de jardinage.
Avec les cochons
Pour l'heure, il considère sa venue au Salon de l'agriculture comme des vacances. Sa seule et unique semaine de vacances durant toute l'année. Il va ainsi faire la route des vins avec son oncle (Gustave Kervern), sans quitter l'enceinte du Parc des expositions parisien. Cela donne une ouverture mémorable, où les deux paysans en goguette, s'enfilent quantité de verres, au point de finir à quatre pattes en compagnie de gentils porcelets, sous l'œil atterré des visiteurs parisiens.

Jean récupère son fils dans un état lamentable et comme pour lui pardonner cette vie d'abnégation, lui accorde de faire véritablement la route des vins. Les voilà partis en taxi, avec Vincent Lacoste au volant. Un trio, trois générations, la France, du vin : les ingrédients permettent de multiplier les situations cocasses et délirantes.
Au bout du chemin, ils rencontrent Vénus (Céline Sallette), une jeune femme idéaliste qui vit dans des cabanes perchées sur des arbres. Elle comprendra ces trois hommes au parcours si différent et les aimera, chacun à sa façon. Le film, de road-movie excentrique, bascule dans la poésie la plus complète, avec quasiment un brin de référence divine (la sainte trinité, la vierge et l'enfant). Mais quoi de plus normal : le vin n'est-il pas le sang du Christ ?
Forcément inégal, ce long-métrage de Delépine et Kervern est cependant plus abouti que le précédent, entièrement centré sur la dérive d'un employé modèle interprété par le génial Michel Houellebecq (lire ci-dessous).
On retrouve l'écrivain dans ce film. Il n'a pas beaucoup de scène avec Depardieu. Dommage. On imagine la confrontation entre le frêle intellectuel, aux sentiments intériorisés et le massif acteur, au verbe haut et tonitruant. Cela devrait faire de sacrées étincelles. Pour un prochain film peut-être...
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Brillantes apparitions
Road movie déjanté, 'Saint-Amour' offre son lot de rencontres improbables. Les deux réalisateurs ont particulièrement soigné le casting de ces seconds rôles savoureux. A tout seigneur tout honneur, Michel Houellebecq, fidèle du duo, interprète un incroyable propriétaire de chambres d'hôtes. Lent et atone, il est irrésistible au cours de ces quelques minutes hors du temps. Bruno, potentiel candidat à 'L'amour est dans le pré', cherche l'âme sœur. Mais ne crache pas sur un coup en passant. Il croise la route d'une agent immobilière très professionnelle. Ovidie, ancienne star du porno, lui offre un peu de rêve. Juste par vengeance. Mais cela reste toujours du bon temps agréable à prendre.
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On notera également la présence au stand des vins d'Alsace de Blutch, par ailleurs dessinateur de BD et habitué des apparitions chez les copains ('Jacky' de Riad Sattouf). Andréa Ferréol est de l'étape carcassonnaise du trio. Elle petit-déjeune avec Depardieu puis prolonge la rencontre dans sa chambre. Le vieux paysan bougon a beaucoup de chance avec les femmes.
C'est lui aussi qui raccompagne une jeune serveuse interprétée par Solène Rigot, terrorisée à l'idée de la dette à rembourser. Sans oublier Ana Girardot (en jumelles) ou Izia Higelin (en paraplégique). Comme des sketches de Groland, mais avec des acteurs professionnels et connus.

jeudi 3 mars 2016

DE CHOSES ET D'AUTRES : Cheveux sur le retour

cheveux, blanc, chauveLa recherche mondiale vient d'accomplir un grand pas pour l'avenir de l'Humanité. Nouvelle source d'énergie ? Moteur propre ? Éradication de la famine ?
Non, plus prosaïquement, des chercheurs de l'University College of London, ont découvert la cause de l'apparition de nos cheveux blancs. Une vaste étude sur l'ADN de plus de 6 000 volontaires met en lumière le rôle du gène IRF4 dans le vieillissement des cheveux. Si votre corps contient ce fameux gène, votre toison blanchira rapidement au fil des ans.
L'étude permet également de déterminer l'âge du début de la fin : premiers cheveux blancs vers 35 ans pour les Caucasiens, 39 chez les Asiatiques et seulement 45 pour des Africains chanceux. Chanceux car tout homme normalement constitué ne supporte pas de voir sa chevelure blanchir.
Malgré les déclarations multiples et variées de femmes avouant craquer pour les "poivre et sel", on se sent totalement démuni lorsqu'on commence à remarquer les premiers signes du temps.
La découverte des savants anglais s'avère néanmoins rassurante : il est théoriquement possible de modifier ce gène IRF4 pour stopper le vieillissement. En théorie seulement, car on aborde le délicat sujet de la manipulation génétique et les questions éthiques inhérentes. Mais franchement, la majorité des hommes donnerait cher pour se faire trafiquer l'IRF4. Hélas, la potion anti-calvitie n'est pas encore d'actualité (même si des escrocs du net vous affirment le contraire).
Car avoir des cheveux blancs n'est pas réjouissant, mais ne plus en avoir du tout...

Cinéma : 'Belgica', un cocktail détonnant à base de musique et d'amitié

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Après "Alabama Monroe", film au destin exceptionnel (césar de la meilleure réalisation étrangère et nommé aux Oscars), Félix Van Groeningen, cinéaste belge, s'est attelé à un projet qu'il mûrissait depuis une bonne décennie : raconter l'histoire du Charlatan, le bar musical de son père à Gand, bouillon de culture ouvert et joyeux.

L'évolution de ce café-concert "est la métaphore d'une société, d'un pays, la Belgique." confie le réalisateur. Très ouvert, sans limite ni restriction à ses débuts, il s'est petit à petit refermé sur lui, sélectionnant sa clientèle au point de devenir un endroit branché, chic et élitiste. Mais le film est avant tout le récit de la relation entre deux frères Jo (Stef Aerts) et Frank (Tom Vermeir), que normalement tout oppose. Jo, le plus jeune, a repris la gérance d'un petit café de quartier. Célibataire, il sert des litres de bières essentiellement à des jeunes du coin. Dans un coin de la salle, quelques musiciens amateurs jouent des morceaux de rock énergique ou passent les tubes du moment. Frank, l'aîné, marié à Isabelle, a un bébé. Il vivote comme associé dans une société de revente de voitures d'occasion.
Après des années d'éloignement et de brouille, les deux frères se retrouvent. Frank devine le potentiel du lieu et persuade son petit frère de voir plus grand. Il investit toutes ses économies dans des travaux d'agrandissements, embauche les potes au bar ou à la sécurité, et transforme le triste bar sombre en lieu incontournable de la nuit gantoise.
Gloire et déchéance
Dans ce film de plus de deux heures, les scènes et ambiances s'enchaînent parfaitement. En quelques mois on voit l'évolution du Belgica, la période des travaux, où tous les rêves sont permis, l'inauguration, soirée de légende qui n'en finit plus, les premiers succès. Les premières dérives aussi. Alcool, drogue, violence : seuls les plus forts résistent à ce cocktail typique de la nuit. Frank a l'air d'être un dur. Mais il est tiraillé par son insatisfaction permanente. Il aime sa femme mais ne sait pas résister aux jolies filles qui prennent du bon temps chaque nuit au Belgica. Jo, chétif, handicapé (il a perdu un œil enfant), est au contraire un roc. Il tient la barre avec fermeté, sorte de gardien de l'esprit originel. Amoureux fou de Marieke, il admire son frère. Rêve de fonder une famille comme lui. Leur réussite est directement liée à leur complicité. Quand ils s'embrouillent, tout s'écroule.
Autant drame psychologique qu'ode à la fête, "Belgica" est aussi un film musical. La bande-son est l'œuvre de Soulwax, un duo formé de deux frères très connus outre-Quiévrain. Ils ont composé les morceaux, mais également imaginé tous les groupes (fictifs), qui passent sur la petite scène du bar.
Comme pour "Alabama Monroe", la musique est omniprésente dans "Belgica". Avec la fête en plus. Au point qu'à la fin du tournage de l'inauguration, malgré les "coupez" lancé par Félix Van Groeningen, les acteurs et figurants ont continué durant de longues minutes, malgré l'épuisement, à danser et faire la fête. "Quand cela devient magique à ce point, ce n'est que cadeau" avoue, des étoiles dans les yeux, le réalisateur qui devrait s'envoler dans quelques jours aux USA pour finaliser un projet américain.

mercredi 2 mars 2016

DE CHOSES ET D'AUTRES : Le fantôme du 29

Tout le monde avait peur du bug de l'an 2000. Finalement tout s'est bien passé le 1er janvier. Mais les informaticiens ne sont pas infaillibles et parfois même un peu tête en l'air.
Prenez les programmateurs du système informatique des transports en commun du Mans. Ils ont totalement zappé le fait que tous les quatre ans, après le 28 février, il faut prévoir un 29 avant de passer au mois de mars. 2016, année bissextile, ne permettra pas à la Setram d'augmenter ses recettes. Lundi, 29 février donc, tous les "valideurs", ces petits boîtiers électroniques où l'on présente son ticket, affichaient deux lettres : HS comme "hors service".
Conséquence, les milliers d'utilisateurs des trams et bus du Mans ont voyagé à l'œil durant ces 24 heures "perdues" dans le cloud informatique.
Pour une fois, au Mans en tout cas, le mois de février aura présenté un avantage. Sans le moindre jour férié, au cœur de l'hiver, sa seule qualité est de passer plus vite que ses onze confrères. Il me tarde toujours d'entrer en mars. Dans l'hémisphère Nord, cette période symbolise la renaissance. Le printemps, mais surtout depuis quelques décennies, le passage à l'heure d'été.
Dans 25 jours, contrairement à la majorité des Français qui se plaignent de dormir une heure de moins, je me réjouis à l'avance d'avancer les aiguilles de toutes mes horloges.
25 jours encore à tenir et à pester contre la nuit qui tombe trop tôt. Et puis du jour au lendemain, on bascule dans une autre saison, presque une autre dimension.