lundi 7 mars 2016

L'overdose de déchets au quotidien


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N'en jetez plus. Nos poubelles débordent. L'objectif "zéro déchet" semble compliqué, mais pas impossible. La preuve avec ces exemples de la vie quotidienne.
Un pot de yaourt. Un simple pot de yaourt. S'il faut un exemple précis et concret pour comprendre l'enjeu de la réduction des déchets il suffit de réfléchir une minute, le temps de manger son yaourt. Rien de plus simple que de fabriquer un yaourt. Du lait, un peu de ferment et le tour est joué. Pourquoi alors ne pas le faire chez soi ? Comme si on achetait le café déjà passé... On déguste son laitage, puis on jette le pot à la poubelle. "Un yaourt est mangé en quelques secondes, explique Jérémie Pichon, mais le pot en plastique mettra plusieurs siècles à disparaître de la nature." Notre problème de déchet provient essentiellement du suremballage. Certes on a bonne conscience en recyclant dans la poubelle jaune papiers, cartons et bouteilles en plastique. Mais il ne s'agit pas d'une chaîne sans fin. Le plastique ne peut être recyclé plusieurs fois. Contrairement au verre à la vie éternelle. Et surtout la transformation coûte cher et provoque de nouvelles pollutions. Sans compter le gaspillage d'énergie, "pas très cohérent à l'époque du changement climatique" fait remarquer Jérémie Pichon.
Vrac et fait maison
Avant de s'engager dans une démarche "zéro déchet", il est impératif de dire mollo sur le recyclage. Une solution non durable, contrairement à l'idée répandue. Un mieux certes, mais pas la panacée. On peut facilement bannir de son quotidien nombre de déchets totalement inutiles. Arrêtez de craquer pour ces chips dans des paquets de plastique renforcé en alu, impossibles à recycler. Il est tellement plus simple de manger des crudités ou un bon fuet autour de l'apéro... Pour les enfants, les industriels ont imaginé les goûters emballés individuellement. En plus de la boîte, vous achetez également le plastique autour de la friandise gorgée de produits chimiques et de colorants. Ne vaut-il pas mieux préparer des gâteaux à la maison et les mettre dans une boîte lavable ? De même, cessez de manger ces sandwiches triangle où rien ne semble naturel. Le pain comme la garniture. D'autant que ce qui coûte le plus cher au fabricant reste l'emballage. Le fait maison, bio si possible, est quand même mille fois plus savoureux. Mais comme le fait remarquer un passage du guide "Famille zéro déchet", il faut faire attention à tout car "le bio sous plastique de Pologne (...) est une connerie sans nom". Certains bobos, en croyant bien faire, font pire que les plus gros pollueurs. Alors si vous avez un minimum de conscience écologique, accomplissez ce premier effort, le plus simple souvent. Changez vos habitudes alimentaires, évitez les emballages et les produits industriels, favorisez les circuits courts et les commerces locaux. Non seulement la planète et les générations futures vous en sauront gré, mais vous y gagnerez, tant au niveau financier que de votre santé.
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TROIS QUESTIONS À JÉRÉMIE PICHON
Auteur du livre 'Famille presque zéro déchet, ze guide', Jérémie Pichon s'affirme militant associatif et travaille depuis 15 ans pour des ONG environnementales. Il raconte le passage au zéro déchet dans sa famille. Un guide instructif et distrayant, illustré par son épouse, Bénédicte Moret alias Bloutouf.

Quel a été le déclic pour passer au zéro déchet ?
Au début des années 2000, on ramassait les déchets sur les plages avec l'association Surfrider, puis on a créé la même chose sur les montagnes. On ramassait les déchets un peu partout : des mégots, des emballages de barres alimentaires, qu'on retrouvait dans la nature, dans le cycle de l'eau, avalé par les vaches dans les pâturages ou par les poissons dans les océans. Le démarrage il vient de là. En constatant qu'on surconsommait des produits suremballés, à un moment donné une grande partie se retrouvait dans l'écosystème. En 2014 on pensait faire bien mais on avait toujours une poubelle qui finissait dans les incinérateurs. Alors on a décidé de la vider dans le jardin sur une bâche et on a regardé précisément ce qu'on avait dedans. C'est le premier article du blog qui est devenu depuis ce livre. Le suremballage n'est cependant que la partie émergée de l'iceberg. Il prend énormément de place dans votre chariot et votre poubelle. On nous vend des produits pas très bon pour notre santé dont on peut se passer simplement en décidant de ne pas les acheter. Il faut consommer différemment, adopter un mode de vie avec une logique plus lente. Éviter le gaspillage tout simplement.
Pour passer au zéro déchet, par quoi faut-il débuter ?
Il faut d'abord avoir envie de le faire. Le plus simple est de commencer par un compost. Un tiers de votre poubelle est de matière organique. Même quand on habite en collectif on peut avoir des composts au bas des immeubles. Les collectivités, de plus en plus, prennent le relais. Pour les courses, il faut supprimer le maximum d'emballage, privilégier le vrac et se détourner des grandes surfaces. Utiliser cabas, sacs en tissus et des Tupperware® ou des bocaux pour aller acheter son fromage chez le fromager ou sa viande chez le boucher. C'est assez simple, il suffit d'y penser et d'avoir son petit kit course dans la voiture. Mais une fois qu'on est dans la logique, c'est le premier pas qui compte. Et même vos commerçants vous remercieront car pour eux aussi c'est une économie, ça leur coûte d'acheter des petites barquettes en plastique.
Cette démarche du zéro déchet n'est-elle pas un peu trop radicale ?
Quand on est militant écologiste, à un moment il faut être cohérent, ne pas continuer à alimenter le système alors qu'on a conscience qu'il nous ruine la vie et la santé. On se pose les bonnes questions et on devrait tous le faire. Si tout le monde en faisait un tout petit peu, on limiterait la casse.


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