Si l’envie de vous immerger dans l’ambiance de New York vous prend subitement, épargnez vos économies et plongez-vous simplement dans ce recueil de nouvelles de Tom Barbash. Cet écrivain trouve les mots et les situations pour que l’on se croie immergé dans un film de Woody Allen. Il raconte, avec une simplicité déconcertante, des tranches de vie de ces habitants de “Big Apple”, entre survie et culture facile. Il y a cette mère qui ne supporte pas les petites amies de son fils. Ils vivent ensemble et elle semble maladivement jalouse. Un homme, abandonné par sa femme, fait comme si de rien n’était. Il organise la fête traditionnelle des ballons volants dans les rues. Il ne cesse de s’interroger : reviendra-t-elle ? Vont-ils s’apercevoir que je suis seul ? Comment l’oublier ? La meilleure nouvelle est peut-être celle intitulée “Hurler à la Lune”. Un jeune garçon raconte comment il est intégré dans sa nouvelle belle-famille. Sa mère, après le décès du père, refait sa vie avec un divorcé qui a déjà trois enfants, plus grands. « Ça fait un drôle d’effet de rencontrer des gens plus âgés que vous et d’apprendre qu’ils font partie de votre famille, que vous allez vivre avec eux, et qu’il ne faudra ni les détester ni les ignorer, et encore moins tomber amoureux de l’un d’eux. » Un superbe portrait d’une mère tentant de retrouver une complicité oubliée avec son fils.
« Les lumières de Central Park », Tom Barbash, Albin Michel, 22,90 euros
Très originale l’idée de départ de la série “Les Prométhéens” scénarisée par Henscher et Herzet et dessiné par Sandoval. Attaqués de toutes parts, les Dieux de l’Olympe sont obligés de se réfugier sur terre. Depuis ils vivotent, sans pouvoir. Quand Poséidon est retrouvé mort, Zeus et ses fils savent qu’ils vont avoir de nouveaux problèmes. Thymos, le tueur, est de retour. Pour tenter de se protéger, il faut qu’ils retrouvent les Moires, les oracles. Dans ce jeu dangereux, trois humains vont jouer un rôle capital : une policière grecque, un flic américain et un petit hacker qui manque de déclencher une guerre mondiale. “Les Prométhéens” (tome 2), Le Lombard, 13,99 euros.
Dans trois semaines c'est Noël. Mais pour beaucoup, cette fête n'est que peu réjouissante. Trop sage, trop famille. Prenez les gars de Dunkerque par exemple. Noël c'est quoi pour eux ? Simplement une date qui marque l'arrivée prochaine du carnaval. Car dans cette riante cité du Nord (ne cherchez aucune ironie dans cette appréciation), Carnaval se fête à grand renfort de sorties dans les rues, déguisés, chahutant derrière des orchestres entraînants. Une tradition que connaissent bien Richez (scénariste) et Bloz (dessinateur) de la série « Les Carnavaleux ». Des gags prenant pour cadre ces fêtes de rue, où tout est permis, même le pire et l'inimaginable. Parfois un peu hermétiques aux non initiés, ces histoires font quand même sourire tout un chacun car qui n'aime pas faire la fête, se défouler, oublier la tristesse du quotidien, maquiller la réalité ? Un album qui devrait être remboursé par la sécurité sociale. Comme les déguisements carnavalesques (on ne va pas aller jusqu'à la bière, de la « 3 Monts » évidemment...) « Les Carnavaleux » (tome 2), Bamboo, 10,60 €
Warnauts et Raives. Un couple d'auteurs à l'univers particulier. Leur fonctionnement aussi est peu banal. Si Warnauts écrit le scénario et Raives assure les couleurs, pour le dessin, ils se complètement parfaitement depuis des années. Une symbiose rare dans un milieu souvent profondément individualiste. « Les jours heureux » est le nouveau cycle de l'histoire de quelques jeunes Belges du siècle dernier. Après « Les temps nouveaux » et « Après-guerre », ce nouveau diptyque débute en 1958 au Congo. Thomas Deschamps laisse sa plantation pour aller au chevet de sa mère adoptive à Liège. Trop tard. Il reste quelques mois dans ce pays qui sent sa colonie s'envoler mais qui profite pourtant de la vie, de la liberté d'après-guerre. D'autres conflits viennent cependant troubler ces « Jours heureux ». L'Algérie notamment qui permet à De Gaulle de faire un retour remarqué aux affaires, avec les pleins pouvoirs. Et un état d'urgence qui a donné l'opportunité aux autorités (Papon comme par hasard) d'emprisonner de façon arbitraire quantité de militants de gauche. Il est aussi dans cet album, comme toujours avec ce duo d'auteurs, d'amours mixtes et de lutte contre le racisme. Un combat sans fin malheureusement. « Les jours heureux » (tome 1), Le Lombard, 14,99 €
Il distille son savoir à la radio depuis des décennies : Philippe Vandel, en se posant des questions parfois idiotes, a trouvé une mine d'or. Les chroniques sont devenues livre puis adaptés en bande dessinée par Mad. Dans cette seconde livraison de 45 pages, vous apprendrez pourquoi le doigt d'honneur, d'où la France a un coq pour emblème, d'où vient le terme de « bug » en informatique. Trois exemples pour bien comprendre que les auteurs ne se contentent pas d'explorer les lieux communs. Chaque question est adaptée sous forme de gag, avec sourires garantis à chaque case. Sans oublier souvent les explications, parfois assez farfelues pour nous « espanter » comme on dit dans le Midi (et pourquoi, au fait ?) L'interrogation la plus originale reste sans conteste « Pourquoi le point d'interrogation a-t-il cette forme ? » Réponse page 16 de cet album très utile à ceux qui aiment briller en société. « Les pourquoi » (tome 2), Jungle & Kero, 10,45 €
Un peu comme dans le dernier James Bond, Largo Winch vit un tournant décisif dans sa carrière au cours de ce 20e tome de ses aventures financières. Jean Van Hamme, pour boucler ce cycle de deux albums, campe un héros fou amoureux de la belle Saïdée. Mais la jeune Libanaise cache bien son jeu. Elle a infiltré un groupuscule islmiste et a pour mission de se faire exploser (tiens comme cela nous rappelle une actualité récente) en plein conseil d'administration de la société du milliardaire. Mais l'amour est le plus fort. Pas de chance, le plan initial est modifié et l'attentat va finalement changer de mode opératoire. Saïdée, de terroriste, devient la seule à pouvoir sauver le beau Largo, son amoureux. Philippe Francq dessine cet épisode très urbain avec son efficacité coutumière. L'intrigue est renforcée par quelques jeux entre personnages secondaires, notamment sexuels de Miss Pennywinckle ou Cochrane en passant par Simon. Sans oublier la redoutable Hanni Veenstra dont on espère qu'elle restera dans les prochains épisodes qui seront désormais écrits par l'ex-journaliste et romancier Eric Giacometti. « Largo Winch » (tome 20), Dupuis, 13,95 €
Noël, ses cadeaux, ses chansons. De toutes les fêtes, le 25 décembre est associé à quantité de ritournelles, symboles de cette parenthèse enchantée où petits et grands oublient frimas et tracas pour se retrouver en famille. Mais la chanson estampillée Noël n'est pas toujours bonne à entendre. Les auditeurs d'une radio locale en Autriche en ont fait les frais le week-end dernier. Un des animateurs s'est barricadé dans le studio et a passé 24 fois d'affilée la chanson "Last Christmas" de Wham. Près de deux heures de la pire daube commerciale du groupe de George Michaël. Le projet de cet animateur retors était de la diffuser durant toute la journée. Mais quand il a reçu un appel de sa fille de 6 ans lui expliquant qu'elle n'aimait pas cette chanson, il a mis fin à l'expérience. Merci jeune demoiselle. De mon enfance, j'ai le souvenir de la chanson diffusée en boucle pendant les vacances de fin d'année, "Petit papa Noël" de Tino Rossi. Le chanteur corse à la voix sirupeuse, idole de ma mère (comme de 95 % des Françaises nées entre 1920 et 1950), m'aurait presque dégoûté des réjouissances de fin d'année. Heureusement, Trust l'a transformée en version rock presque potable. Mais ma chanson de Noël, celle qui me fera pour toujours rêver à cette enfance lointaine et naïve, reste "Bonne année, bonne chance" de Guy Béart. Multidiffusée sur FR3 car il s'agissait de l'"hymne" de tous les programmes spéciaux, malgré ses paroles répétitives et sa mélodie basique, elle demeurera définitivement gravée dans ma mémoire.
Arleston et Tarquin mènent la vie dure à Lanfeust. Dans le nouveau cycle dont « La méphitique armée » constitue déjà le 7e épisode, il a encore des soucis avec les femmes. Il en a déjà quatre, toutes plus belles et jalouses les unes que les autres et des ses anciennes conquêtes vient brouiller les pistes en cours d'histoire. Il a donc cinq amoureuses et une redoutable ennemie, Lilth, la créature arrivée à Eckmul par la porte des étoiles . Elle a pour ambition de s'accaparer de toute l'énergie du Magohamoth, créature magique qui dérive sur l'océan. La première mission de Lanfeust est de protéger cet être unique, source de toute magie sur Troy. Mais il doit également détruire Lilth. Et ce n'est pas de la tarte puisque son surnom c'est « l'éternelle »... Toujours avec l'ambition de renouveler lka série, les auteurs relookent Lanfeust pour infiltrer l'armada de la méchante. De roux, il devient basané avec de longues tresses blanches et noires. Une gueule de flibustier qui loin de le défigurer, augmente encore son sex-appeal auprès de la gente féminine. Décidément, Lanfeust est de plus en plus sollicité... « Lanfeust Odyssey » (tome 7), Soleil, 14,50 €
Portrait d'une génération en quête de liberté dans "A peine j'ouvre les yeux", film de Leyla Bouzid sur la Tunisie d'avant la révolution de 2011. Farah (Baya Medhaffar) n'a pas 18 ans. Elle vient de passer son bac et cette brillante élève l'obtient avec la mention très bien. Cela fait la joie de sa mère Hayet (Ghalia Benali) qui la verrait bien en médecin dans quelques années. Mais Farah a d'autres projets. Son groupe de musique compte plus que ce diplôme. Elle interprète les compositions de Borhène (Montassar Ayari) et va pour la première fois chanter en public.
En quelques plans, Leyla Bouzid, la scénariste et réalisatrice du film "À peine j'ouvre les yeux" décrit le dilemme de Farah, jeune fille déterminée, avide de découverte, d'amour et de liberté. Ce pourrait être simple si l'on n'était pas en 2010, sous le règne de Ben Ali, président tout puissant d'une Tunisie laïque mais étouffée par la censure et la corruption. Ce film autant politique que musical permet de comprendre pourquoi la jeunesse de ce pays a fini par se révolter. Farah, belle et libre, vit sa vie de femme sans contrainte. Elle flirte avec Borhène qui la transcende en muse. Leur complicité, sur scène et à la vie, est belle à voir. Mais ce n'est pas sans heurts ni difficultés.
Des "rêves délavés"
Les textes de Borhène sont engagés. Il se lamente pour son pays : "À peine j'ouvre les yeux, je vois des gens éteints, coincés dans la sueur, leurs larmes sont salées, leur sang est volé et leurs rêves délavés". Des chansons sans conséquence tant qu'elles ne quittent pas le garage où ils répètent, mais dès qu'elles sont interprétées en public, dans un de ces bars de nuit qui attire la jeunesse désœuvrée, les ennuis commencent. Dès le lendemain, Hayet reçoit un message d'avertissement sur son téléphone portable. Et rapidement la situation se dégrade. Les jeunes musiciens voient les portes se fermer devant leurs tentatives d'organiser des concerts. Jusqu'à ce que Borhène soit interpellé et passé à tabac. La description de cette paranoïa permanente dans une Tunisie espionnée, observée et bridée fait froid dans le dos. Farah, accepte de se mettre en retrait à la demande de sa mère. Mais la tentation est trop forte. Elle retourne dans le groupe, chante des textes de plus en plus engagés. La police va l'enlever. Des forces de l'ordre qui ont tous les droits dans cette dictature qui ne dit pas encore son nom. On ressort du film la tête pleine de sons et de chansons prenantes. Composées par Khyam Allami et réellement interprétées par la jeune et talentueuse Baya Medhaffar, elles sont l'arme de destruction massive de cette génération en pleine rébellion, avant de faire la révolution. Une année plus tard, l'Histoire bascule. Ce n'est pas dans le film, mais tout le monde sait que le printemps arabe a pris sa source dans ces mouvements lancés par des jeunes qui ont risqué leur vie pour quelques vers de poésie et l'envie de vivre pleinement, loin des carcans, des privations et des brimades. Ce film est une ode à la liberté, la jeunesse et la musique.
"Je suis un compositeur de chansons qui a travaillé avec les plus grandes stars de la variété française, j'ai débuté en tant qu'animateur en présentant le hit-parade sur une radio périphérique, j'ai été candidat pour le RPR aux législatives à Saint-Pierre et Miquelon en 1981 ; licencié en droit j'ai fait de la publicité pour une eau gazeuse, je présente un jeu sur France 3 tous les soirs depuis 1988, je serai au chômage le 20 février prochain ! Je suis, je suis, je suis... » « Julien Lepers !", répondent en chœur les fidèles de toutes les maisons de retraite qui connaissent parfaitement le parcours sans faute de leur petit Julien. Seule la dernière affirmation est dure à encaisser. Le 20 février prochain, Julien Lepers ne sera plus le présentateur de "Questions pour un champion" sur France 3. Son départ, envisagé dans un premier temps, vient d'être confirmé par la société de production. A 66 ans, il ne part pas à la retraite comme 95 % de son public. Non, il est viré, comme un vieux devenu encombrant et obsolète. Pourtant, il n'existe pas de plus grand paradoxe que de licencier le présentateur d'une émission dont le troisième âge constitue le cœur de cible pour la simple raison qu'il a fait son temps. Julien Lepers, habitué des bêtisiers pour ses bourdes légendaires mais aussi les réponses surréalistes de certains candidats, manquera au paysage audiovisuel français. Reste maintenant à trouver son successeur. J'ai comme l'impression que les postulants ne se bousculent pas au portillon.