dimanche 22 novembre 2015

BD : Jeremiah découvre l'autre jungle



Toujours sur les routes, Jeremiah et Kurdy semblent de plus en plus résignés. Le monde post-apocalyptique dans lequel les a plongés Hermann voici une trentaine d'année va de mal en pis. Pas le moindre soupçon d'espoir ou d'optimisme dans ce pays livré aux bandes et mafieux tout puissants. Dans le 34e tome, ils cherchent un endroit ou dormir. Un hôtel un peu trop regardant sur le look refuse de leur louer une chambre. Jeremiah, de plus en plus énervé, laisse en pourboires quelques horions. Ils se rabattent sur un établissement moins classe, situé dans un quartier surnommé « Jungle City ». Ils vont s'y retrouver coincés après le vol de leurs motos. Toujours à cran, Jeremiah cherche la bagarre et envoie tous ses adversaires au tapis. Cela donne envie au caïd du coin de se mesurer à lui. Une bonne occasion pour les habitants de la Jungle de retrouver un peu de sérénité. Si Jeremiah l'emporte. Encore faut-il qu'il accepte de combattre. Regrettons que le dessin de Hermann ne soit plus le même. Les couleurs restent lumineuses, mais les compositions anatomiques parfois de plus en plus aléatoires...

« Jeremiah » (tome 34), Dupuis, 12 €

samedi 21 novembre 2015

BD : De Happy à Felicity dans le nouveau XIII Mystery



Pas de nouveauté de la série XIII cette année. Mais les fans de l'amnésique le plus célèbre de la BD pourront toujours se consoler avec le 9e tome de « XIII Mystery », série parallèle indépendante qui brosse les portraits de quelques seconds rôles. Chaque album, indépendant des autres, est réalisé par un scénariste et un dessinateur différent. Cette fois c'est Matz (scénariste du Tueur) et Rossi (dessinateur de WEST) qui osent affronter le monde de XIII. Osent car les duos sont souvent attendus au tournant par les milliers de fans. Ces derniers scrutent le dessin (plus ou moins fidèle à Vance) et le scénario. En choisissant Felicity Brown, les auteurs n'ont pas choisi la facilité. Elle fait partie des « méchantes », souvent en travers de la route du héros. Le récit s'intercale entre les tomes 5 et 9 de la saga originale. La belle vient de faire emprisonner XIII. Elle pense s'être tiré d'affaire en héritant de son riche mari. Mais le FBI la soupçonne d'avoir « anticipé » l'échéance. Il s'ensuit une course poursuite à travers les USA pour aboutir au Costa Verde, au service du colonel Peralta. Une histoire dense, où l'ancienne callgirl Happy se révèle plus humaine qu'il n'y paraît. Rossi, au dessin, s'est approprié la belle, mais est très fidèle aux personnages originaux comme de Préseau.

« XIII Mystery » (tome 9), Dargaud, 11,99 €

vendredi 20 novembre 2015

BD : Bob est de retour


Grosse vague de résurrection chez les héros de légende de la bande dessinée franco-belge. Après Ric Hochet, place à Bob Morane. L'aventurier, chanté par Indochine, inventé par Henri Vernes, dessiné par Vance et Coria, renait de ses cendres pour une nouvelle carrière. Mais attention, les puristes risquent de ne pas y trouver leur compte. Brunschwig et Ducoudray, les scénaristes, ont dynamité le personnage. Morane, toujours aussi beau, fort et loyal, est militaire dans l'armée française. Engagé dans les forces des nations unies postées au Nigeria pour empêcher les massacres religieux, il vit mal l'obligation de ne pas intervenir directement. Il désobéit aux ordres pour sauver le Premier ministre en train de se faire découper à la machette. Conséquence : cour martiale et éviction. Son ami de toujours, Bill Ballantine, soldat britannique, est lui aussi condamné. Mais là où Bob évite la prison pour être recruté par le nouveau président du Nigeria, Bill passe plusieurs années entre quatre murs. La suite, de nos jours, mélange nouvelles technologies, guérilla et pression des multinationales sur les gouvernements des pays émergents. Plus de la politique que de l'action, dessinée par Dimitri Armand, irréprochable.

« Bob Morane Renaissance » (tome 1), Le Lombard, 13,99 €

jeudi 19 novembre 2015

DE CHOSES ET D'AUTRES : Il fait chaud


Moi je vous le dit : le monde est complètement détraqué. Hier à 13 heures, le thermomètre de ma voiture affiche 25°. Le 18 novembre, 25° ! Aussi chaud qu'un mois de juin. Ou la température moyenne d'un mois de juillet dans le nord de la France. 
En temps normal, ce réchauffement climatique (l'été indien pour les climato-sceptiques) représentait la discussion de prédilection du Français ordinaire. La météo, thème de conversation préféré des Français croit-on. Trop chaud, trop froid, trop venté, un élément dérange toujours. En réalité le temps qu'il fait ne nous passionne pas, il a simplement l'avantage de constituer un motif de conversation consensuel. La chaleur excessive de ce mois de novembre pas comme les autres ne discrimine pas. Tout le monde la subit de la même façon, quels que soient son âge, son sexe ou sa religion. Ennemie universelle ou alliée de poids pour les habitants du Sud qui se félicitent de ne pas frissonner en hiver. Le sujet par excellence pour lancer une conversation. 
Mais depuis vendredi dernier, malgré la COP21 qui se profile dans à peine un mois, chacun paraît moins sensible aux variations du thermomètre. Même si certaines des victimes sont tombées sous les balles car elles profitaient de cette douceur pour prendre un verre en terrasse. Des records de chaleur ont peut-être été battus. Mais tout le monde s'en moque. Sans doute le signe que ce qui arrive au pays est grave, très grave.

mercredi 18 novembre 2015

DE CHOSES ET D'AUTRES : En guise de conclusion

Dans cette chronique, depuis quatre ans, je tente au quotidien de parler de choses et d'autres. En clair, un espace, en fin de journal, pour sourire ou se moquer, parfois réfléchir ou s'indigner. Un petit moment en décalage avec ce que vous avez pu lire de très sérieux dans les précédentes pages.
Depuis vendredi soir, difficile de penser à autre chose que ce carnage dans Paris. Pourtant la vie continue. Laissons aux politiques les grandes tirades sur la "guerre", la "riposte", aux policiers la "traque". Pour notre part, simples Français lambdas, une fois le temps du recueillement et du deuil passé, contentons-nous ce que nous savons faire de mieux : vivre. Alors allons travailler, amusons-nous, partageons avec nos amis. En tentant d'imposer leur terreur dans notre société, les assassins essaient aussi, et surtout, de détruire une conception du vivre ensemble.
La meilleure façon de leur prouver qu'ils ont échoué, et qu'ils n'y arriveront jamais, reste de les ignorer. Non, vous ne parviendrez pas à nous empêcher de prendre un verre ni de fumer une cigarette en terrasse d'un café, à Paris où ailleurs. Non, vous ne ferez pas taire les milliers de groupes de rock qui n'ont rien de satanique.
Et naturellement, l'immense majorité de la jeunesse se laissera entraîner par ces rythmes qui lui permettent de se sentir exister. Musique qui accompagne si bien la joie et le bonheur. Deux concepts que les djihadistes semblent détester au plus haut niveau. Désolé, votre monde de haine, de sang et de fanatisme on n'en veut pas.
La vie est trop courte pour ne pas en profiter pleinement.

(Chronique parue ce mardi 17 novembre en dernière page de l'Indépendant du Midi.)

mardi 17 novembre 2015

DE CHOSES ET D'AUTRES : Du meilleur au pire sur le net après les attentats

Les réseaux sociaux ont montré depuis vendredi soir toute leur utilité. Avec le meilleur. Le pire aussi. Vendredi soir, alors que les forces de l'ordre prenaient le Bataclan d'assaut après avoir bouclé le quartier, le mot-dièse #PortesOuvertes s'est répandu comme une trainée de poudre. Des Parisiens signalaient qu'ils acceptaient d'héberger des "naufragés", bloqués dans la capitale. La solidarité, l'entraide immédiate : la meilleure réponse à la terreur.
Facebook a pris le relais. Une page permettait de dire que l'on est en sécurité, chez soi, des voisins ou des connaissances. Des milliers de notes succinctes pour rassurer encore plus d'amis, virtuels ou réels.
Samedi, d'autres messages ont commencé à émerger, largement repris par la communauté. Des avis de recherche. Notamment des jeunes qui étaient au Bataclan. Parfois la réponse arrivait rapidement. Sain et sauf, parfois blessés, mais en vie.
Le pire a commencé en milieu d'après-midi. 129 morts cela signifie 129 personnes, souvent jeunes, aimant la vie au point de prendre un verre en terrasse ou de dépenser quelques dizaines d'euros pour écouter et danser sur des rythmes rock. Et Twitter s'est transformé en immense page d'avis de décès, avec photo des morts, souvent prise sur leurs statuts des réseaux sociaux, souriants, heureux, du temps où ils croyaient au bonheur, à l'avenir...
Ces visages, d'anonymes, ce sont autant d'histoires brisées net par le fanatisme de ces assassins, abominables monstres osant se féliciter d'avoir tué des "idolâtres". Ces visages, ces sourires, ne les oublions jamais.

lundi 16 novembre 2015

BD : Aux amis morts



Si Jim est longtemps passé pour un dessinateur humoristique, spécialiste de la rigolade avec des titres comme la série « 500 idées... », il s'est finalement fait connaître comme un scénariste sensible et attentif à la grande désespérance des hommes modernes. Les éditions Bamboo lui ont fait confiance et il multiplie les récits réalistes touchants et émouvants. Après « Une nuit à Rome » en solo, il a écrit les scénarios d'« Héléna » pour Chabane et « Où sont passés les grands jours ? » pour Alex Tefenkgi. Cette série voit sa conclusion dans un second tome beaucoup plus optimiste que le premier. C'est le récit d'une amitié terminée. Quatre copains, depuis des années, sont bouleversés par la mort d'un des leurs. Il a préféré se tirer une balle dans la tête après une rupture douloureuse. Ils restent donc trois, perdus, à se poser des questions sur leur vie. Ils se comportent comme des enfants mais sont pourtant adultes depuis longtemps. Personnages à la psychologie complexe, bourrés de doutes et d'interrogations, ils agissent comme des miroirs pour le lecteur qui se reconnaît forcément un peu dans ces existences.
« Où sont passés les grands jours ? » (tome 2), Bamboo Grand Angle, 16,90 €



dimanche 15 novembre 2015

BD : Requin pirate



Matthias Schulteiss est le dessinateur allemand le plus connu en dehors de ses frontières. Depuis le début des années 80 son univers violent est régulièrement traduit en France. Il a pourtant cessé de publier durant de longues années pour se consacrer à l'écriture de séries télé. On ne peut donc que se réjouir de son retour devant sa planche à dessin avec un second cycle de sa série emblématique, « Le rêve du requin ». Lambert, rescapé d'un long voyage en enfer, est « secouru » par une mystérieuse organisation mafieuse. Rien de philanthropique : il doit simplement prendre le commandement d'un bateau pirate pour écumer la mer de Chine. Ce second volume se consacre essentiellement à la formation de son équipage. Lambert, hanté par des démons qui lui demandent sans cesse plus de sang et de morts, fait régner la terreur pour s'imposer à l'équipage asiatique. Lors de leur première sortie, en plus de tester vitesse et résistance du bateau, il décide de passer à l'action et capture un riche héritier du Golfe voguant sur son yacht de luxe. Mauvaise pioche : c'est un des clients de l'organisation.? Lambert n'a plus qu'une solution : reprendre sa liberté.
« Le rêve du requin » (tome 2), Glénat, 13,90 €



samedi 14 novembre 2015

DE CHOSES ET D'AUTRES : Votez pour eux

Le 6 décembre, vous aurez le choix entre 11 listes dans notre nouvelle grande région. Ailleurs aussi les candidats se bousculent au portillon. Et parfois l'intitulé des listes laisse songeur. Comme s'il fallait se cacher, ou au contraire tout miser sur un parti ou une tête de liste un peu célèbre. Ainsi difficile de compartimenter entre la gauche ou la droite à propos des listes « Ça va changer », « La Guyane en prospective », « Faisons ensemble » ou « Nous, c'est la région ! ». 
Plus problématique, celle de l'UPR d'un certain François Asselineau. Son slogan use de pirouette : « Le parti qui monte malgré le silence des médias ».
 Quant au Front national, il joue à fond la carte Marine Le Pen. La présidente apparaît dans l'intitulé de toutes les listes, excepté celle qu'elle mène dans le Nord nommée « Une région fière et enracinée ». Serait-elle sa meilleure ennemie ? Il reste heureusement quelques listes atypiques comme ces « Citoyens tirés au sort ».  
A la Réunion, les candidats ont simplement utilisé un système de loterie pour nommer leur liste. 19 chanceux ont accepté, des volontaires ont complété les 47 noms nécessaires. Question renouvellement des politiciens, difficile de trouver mieux.  
La palme enfin à la liste F.L.U.O. (Fédération Libertaire Unitaire Ouverte) en Ile de France : elle se présente comme celles « des drogués, des putes et des exclus ». On retrouve dans ses rangs des membres du Parti Pirate, de Cannabis sans frontières, d'Act-Up et des organisateurs de raves. La liste a failli s'appeler « Bougeons-nous le cul ! ». Élégant.

vendredi 13 novembre 2015

BD : Clarke, version noire et pessimiste


Quatre cases carrées par planches, quatre planches en noir et blanc cauchemardesque par histoire : Clarke pour son nouvel album ne choisit pas la facilité des récits humoristiques qui l'ont fait connaître à un large public (Mélusine, Cosa Nostra). Au contraire, il ne cherche pas à faire sourire mais à nous filer les chocottes dans ces histoires courtes sans espoir. Les psychanalystes en herbe adoreront ces 150 pages toutes plus pessimistes les unes que les autres. Il y est souvent question de double, comme un reflet dans un miroir mais animé d'une propre existence. Et généralement, il ne veut pas du bien à l'original. Des histoires de subconscient, de dédoublement de la personnalité, voire de folie pure et simple. On se demande où l'auteur va chercher toutes ces idées macabres et terrifiantes. Mais plus on se plonge dans la lecture de ce bel objet carré, on se reconnaît dans ces cauchemars. Ils ne sont que la retranscription de nos nuits agitées. Trop souvent, au réveil, ils disparaissent et se perdent dans les méandres de nos esprits. Clarke a de la mémoire et semble particulièrement sensible à ces rêveries obliques.

« Réalités obliques », Le Lombard, 16,45 €