mardi 26 mai 2015

DE CHOSES ET D'AUTRES - Les boules au chaud


Mesdames, vous allez apprécier ce qui suit. 1 600 signes entièrement dévolus à ce que l'homme possède de plus sacré : ses testicules. 
Au début des années 70, quand la pilule n'était pas encore une évidence, les mouvements féministes tentent de trouver d'autres techniques pour s'envoyer en l'air sans risquer une grossesse. Pour une fois, ce sont les messieurs qui servent de cobayes. Des études scientifiques démontrent que l'élévation de la température des spermatozoïdes de quelques degrés nuit considérablement à leur fécondité. Il suffit donc de mettre les boules au chaud pour éviter tout accident.
Dans la pratique, deux techniques sont mises à l'épreuve. La première, la plus simple, consiste à utiliser des sous-vêtements trop petits. La pression fait remonter les testicules à l'intérieur de l'organisme. A 37°C, les pauvres petits spermatozoïdes ne servent plus à rien. Au passage, cette théorie confirme la chute flagrante de la démographie française lors de la mode des jeans moulants. Idem pour les toreros. Porter des tenues aussi ridicules s'explique sans doute par le solide complexe d'infériorité qu'ils ressentent face au taureau. Mais certaines féministes ont poussé le bouchon encore plus loin : mettre au point un slip chauffant. Quelques résistances électriques disposées au bon endroit, un peu de courant et roulez jeunesse.
Oui, l'affaire s'apparente à de la torture. Mais franchement, à côté de la pose d'un stérilet ou d'une interruption volontaire de grossesse, ce slip chauffant tombé aux oubliettes est un moindre mal.

lundi 25 mai 2015

BD - Les francs-tireurs de Sherlock Holmes


On ne dira jamais assez comme il est important de laisser le temps à une série pour s'installer. « Les quatre de Baker Street », scénarisée par Djian et Legrand et dessinée par Etien aurait pu disparaître au terme des deux albums classiques de ce genre de production. Par chance, les aventures de ces trois gamins des rues (et leur chat) dans le Londres de Sherlock Holmes a séduit suffisamment de lecteurs pour qu'elle se prolonge au-delà. Non seulement les histoires en ont gagné en qualité, mais le dessin d'Etien s'est affirmé pour atteindre une qualité irréprochable. 
Dans ce tome 6, les trois amis se cachent toujours dans le grenier de Sherlock, lui-même devenu invisible car se faisant passer pour mort. Le détective se dissimule pour terminer de démanteler le réseau de Moriarty. Il a dans son viseur l'homme du Yard, le superintendant Blackstone. Mais ce dernier est lui aussi à la manœuvre et comprend que la meilleure façon de faire sortir Holmes de sa cachette est de débusquer Billy, Charlie et Tom. L'histoire se déroule en grande partie dans le quartier irlandais de Londres, dans ce ghetto où la police n'est pas la bienvenue. Les Anglais non plus...

« Les quatre de Baker Street » (tome 6), Vents d'Ouest, 14,50 €

dimanche 24 mai 2015

Thriller - A l'école du meurtre avec "Leçons d'un tueur" de Saul Black

Enfant maltraité, Xander King devient un serial killer redoutable. Son itinéraire sanglant est retracé par Saul Black dans ce thriller d'une rare maestria.

Saul Black a mis tous les ingrédients classiques du thriller américain contemporain dans son roman « Leçons d'un tueur ». Le tueur dérangé, la pléiade de victimes, la fillette innocente, la flic alcoolique et même l'écrivain dépressif. Un puzzle qu'il assemble parfaitement dans une intrigue complexe et palpitante. La quintessence du livre qu'on ne peut plus refermer dès qu'on a eu le malheur d'en lire les premières pages.
L'entrée en matière est directe. Rowena, une jeune mère de famille, se remettant de la perte de son mari et père de ses enfants, vit seule dans une maison isolée. Son adolescent écoute de la musique dans sa chambre à l'étage, Nell, 10 ans, joue dans le jardin qui jouxte des bois. Elle n'a pas le temps de regretter de ne pas avoir fermé les portes à clé quand deux hommes débarquent dans sa maison. Xander et Paulie. Un duo de tueurs en série, sillonnant les USA dans un camping-car à la recherche de leurs proies. Le premier enseigne au second ses techniques de chasse et de meurtre. Rowena sera leur 9e victime.
Xander tuera également l'ado, mais Nell parvient à fuir dans la forêt. Paulie la poursuit, mais la fillette réussit à franchir un ravin et malgré une cheville cassée atteindre l'entrée de la demeure d'Angelo, écrivain dépressif qui semble attendre la mort dans cette cabane perdue dans ces forêts enneigées. Le récit se scindera alors en trois parties distinctes. La suite du périple de Xander, l'attente du vieillard et de la fillette dans le froid et l'enquête de Valerie, la policière en charge de l'enquête.

Course contre la montre
Saul Black (pseudonyme de Glen Duncan, auteur anglais pour l'instant plus spécialisé dans le fantastique, notamment « Le dernier loup-garou ») après ce départ bourré d'adrénaline, ralentit l'action pour mieux détailler la psychologie des différents protagonistes. Notamment Valerie, minée par cette enquête qui n'avance pas. Elle est sur la mauvaise pente. Les fantômes des victimes hantent ses courtes nuits. Pour dormir elle n'a plus d'autre solution que de boire quantité de vodka. Quand Carla, une jeune enquêtrice rejoint son équipe, elle se doute que ce n'est pas pour lui donner un coup de main mais pour l'évaluer discrètement. Cette opposition va donner une dimension supplémentaire à l'enquête classique.
Plus dérangeants les passages dans lesquels l'auteur expliquent les pratiques des tueurs (il faut parfois s'accrocher tant les détails sont immondes) et surtout comment ils en sont arrivés à ces extrémités. Puis le duo enlève une jeune Anglaise et la retient prisonnière dans leur base arrière. Le roman devient encore plus oppressant. Valerie, malgré la pression inquisitrice de Carla, jette ses dernières forces dans l'enquête car pour la première fois elle a la possibilité de sauver une vie.
Le final, comme dans un bon film (il ne serait pas étonnant d'ailleurs que ce récit soit adapté en thriller hollywoodien), se déroule dans la cabane des bois avec pour enjeu la vie de la petite Nell. Une grande réussite, de bout en bout.

« Leçons d'un tueur », Saul Black, Presses de la Cité, 22 €

samedi 23 mai 2015

Cinéma - Humiliations avant rupture dans "La loi du marché"

Filmé comme un reportage ou un documentaire, « La loi du marché » de Stéphane Brizé avec Vincent Lindon montre l’âpreté du monde du travail actuel.


Présenté en compétition à Cannes lundi soir, « La loi du marché » de Stéphane Brizé est en salles depuis hier. Une sortie décalée pour un film au ton qui ne l’est pas moins. Vincent Lindon interprète Thierry, chômeur de 51 ans, à la recherche d’un emploi depuis près de deux ans. La première scène du film, un long plan séquence entre le chômeur et un conseiller de Pôle Emploi donne le « la ». Thierry vient de terminer une formation de grutier. Mais il constate qu’il ne sera jamais embauché car il n’a jamais travaillé dans le bâtiment auparavant. Et de demander pourquoi on lui a conseillé cette formation totalement inutile ? Le fonctionnaire n’a pas de réponse si ce n’est qu’il faudrait envisager une nouvelle reconversion, dans une autre branche, comme magasinier par exemple. Thierry, bouillonne intérieurement. On sent qu’il a envie d’exploser, de dire ses quatre vérités à ce rond-de-cuir incapable, juste bon à faire tourner un système moribond. Mais il prend sur lui. Ce n’est pourtant que le début de ses humiliations.

Humiliation publique
Faire un film sur la réalité d’un chômeur senior est un pari risqué. Le mélo se cache à chaque plan. Pour déjouer ces pièges, le réalisateur a fait le choix de la caméra à hauteur d’homme, comme un témoin de cette vie d’angoisse. Pas de fioritures dans la réalisation, une image brut de décoffrage. Comme l’existence de Thierry.
A Pôle Emploi, il doit suivre une formation pour mieux se “vendre” aux recruteurs. Il subit de plein fouet les critiques des autres stagiaires : trop froid, pas assez impliqué, regard fuyant... Il acquiesce. Une des scènes les plus dures, les plus démoralisantes. Tout le monde peut se retrouver dans la position de Thierry. Obligé de croire que si l’on ne trouve pas de travail, c’est en raison de sa personnalité trop éloigné de la caste des “gagneurs”.
A la banque aussi Thierry est acculé. Sa conseillère, après avoir tenté de lui faire revendre son appartement dont il n’a pas encore fini de payer les traites, veut lui faire souscrire une assurance décès. A 51 ans, une femme aimante et un fils handicapé moteur encore lycéen, il a l’impression qu’on lui propose de passer directement de la case chômage à celle de pierre tombale. A l’agonie financièrement il tente de revendre le mobile-home des vacances dans un camping au bord de la mer. Il tombe sur un de ces acheteurs persuadés que le marchandage est un art et qui trouvent normal de dénigrer le bien qu’ils guignent.
Alors Thierry accepte un nouvel emploi. Une nouvelle humiliation pour cet homme droit : vigile dans un grand magasin. De victime de la société capitaliste, il devient acteur du malheur des autres en démasquant petits voleurs, retraités chapardeurs et caissières indélicates. Mais à quel prix ?
Vincent Lindon, seul professionnel de la distribution, signe une véritable performance d’acteur dans cette chronique sociale d’un homme au bord de la rupture.
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Le social-style

Dans un style qui ressemble parfois à celui des frères Dardenne, Stéphane Brizé fait une première incursion dans le film social. Un genre très à la mode depuis quelques mois. On retrouve un peu dans « La loi du marché » l’ambiance de « Discount » et les personnages de « Jamais de la vie ». Mais si les deux longs-métrages de Louis-Julien Petit et Pierre Jolivet sont des œuvres de fiction s’appuyant sur un monde réaliste, le film présenté à Cannes en compétition ressemble plus à un documentaire, sans effet de style, grandes envolées et dénouement heureux (ou malheureux). Juste la captation de quelques mois dans la vie d’un homme fatigué moralement de se battre pour tenter de rester digne, de survivre dans un monde de plus en plus déshumanisé. L’impression donnée au spectateur d’être le témoin-voyeur des affres du cinquantenaire au chômage puis malheureux dans son boulot dénué de toute compassion, est renforcée par la réalisation volontairement peu sophistiquée. Toujours en retrait, la caméra filme rarement Thierry de face. Comme si lui aussi était le témoin de son existence. Les flous ou les aller-et-retour lors des dialogues, comme des travellings non maîtrisés, donnent une impression de spontanéité absolue. De même, l’utilisation des images des caméras de surveillance du magasin, aux images pixelisées et de mauvaise qualité, renforcent le côté sinistre de l’histoire.

vendredi 22 mai 2015

BD - Les aventures minimalistes de Hans

La forêt. Des insectes, des oiseaux, quelques grosses bêtes et dans cet environnement souvent hostile un tout petit bonhomme. Hans, né sous la plume de Jérôme Anfré, personnifie toute la prétention de l'espèce humaine. Il se voit grand, mais est insignifiant face aux autres créatures. Quand chacun a un rôle parfaitement justifié et utile, il n'est qu'une tâche, une aberration dans l'ensemble. Cette série d'histoires courtes minimalistes, muettes, aux petites cases quasi dénuées de décors, s'apparente parfois à l'exercice de style. Logique qu'elle soit publiée dans la collection Shampooing dirigée par Lewis Trondheim, champion du genre. Hans se réveille comme s'il venait de nulle part. Tente de se protéger avec des feuilles mortes, utilise une brindille pour épée, défie une araignée et abdique rapidement face à une fourmi. Quand un renard passe dans les parages, il fuit. Terreur aussi quand il monte au sommet d'un arbre et se fait enlever par un oiseau. 
Loin de tourner en rond, cette BD montre l'évolution du petit bonhomme, découvrant le feu, les habits et au final croisant un autre de ses congénères. Inclassable, avec des airs de dessin animé, Hans prouve que la BD peut encore innover dans une production malheureusement de plus en plus formatée.

« Hans », Delcourt, 12,50 €

jeudi 21 mai 2015

BD - Manara raconte la vie du Caravage, peintre visionnaire


Milo Manara, selon un autre dessinateur sûrement moins doué dans la représentation réaliste des femmes, n'est qu'un « dessinateur de vagin ». Exit l'anatomie, Manara ose enfin quitter son genre de prédilection pour aborder la biographie dessinée. Il s'attaque à son maître, Le Caravage, celui qu'il considère comme son saint protecteur. En 1592, ce jeune peintre débarque à Rome. Il veut vivre de son art et tente de se faire repérer par un maître qui lui permettra de s'exprimer dans son atelier. Passionné de réalisme, il peint les femmes comme personne. Mais ce petit nouveau semble faire un peu trop d'ombre aux notables. Il doit se contenter au début de s'échiner sur de très peu passionnantes guirlandes destinées aux grandes toiles. Heureusement un mécène lui donne sa chance et il pourra composer des tableaux pour les églises de Rome. 
Manara décrit minutieusement le processus de création du Caravage. Il cherche des modèles et les met en scène comme un cinéaste. Il apporte beaucoup de soin au choix de ses personnages féminins. Cela donne la partie humaine de la BD, la relation tendue entre le peintre et une flamboyante prostituée, idéale dans le rôle de la Vierge. Au grand désespoir des religieux de l'époque. La belle Anna, à la croupe gracieuse et généreuse, permet à Manara de dessiner une nouvelles fois ces courbes qu'il maîtrise parfaitement.

« Le Caravage » (tome 1), Glénat, 14,95 €

BD - Dessinateurs dissipés dans le "Gang Mazda"


Prenez trois dessinateurs. Mettez-les dans un atelier. Observez. Cela donne une mine de gags, base de la série « Le Gang Mazda », imaginé par Hislaire et Darasse et dessiné par ce dernier. De 1987 à 1996, cette série a connu un beau succès dans les pages du journal de Spirou. Pour la première fois, une BD classique se penchait sur la vie de ces pro de la déconnade. Les premières planches s'inspirent directement des déboires des trois olibrius. Darasse, le dragueur impénitent, toujours dans la dèche, collectionnant les petites amies, les ennuis et les dettes, est le principal ressort comique. Rarement il est à sa table à dessin. Ses deux collègues au contraire sont des forcenés du pinceau. 
Hislaire, génial créateur de Bidouille et Violette, maître du romantisme avec Sambre, est un torturé congénital. Sa vie serait un enfer si Darasse n'était pas là pour y apporter un peu d'imprévu et de rire. 
Michetz, le troisième larron, méticuleux metteur en scène de Kogaratsu, passe autant de temps à peaufiner ses dessins qu'à aiguiser son sabre japonais. Lui aussi subit les errances de Darasse. Le trio n'a véritablement travaillé que six mois sous le même toit. Mais dans les pages de Spirou, ils ont illustré le travail des bébéastes durant près de dix ans et cette belle intégrale complétée d'une longue interview permet de mieux comprendre l'état d'esprit des trois « mazdaiens ».
« Le gang Mazda fait son intégrale » (tome1), Dupuis, 24 €

mercredi 20 mai 2015

DVD : Les risques du capitalisme dans "A most violent year"

Comment développer son entreprise en restant honnête ? Un dilemme traité dans « A most violent year » de J.-C. Chandor.


Au début des années 80 à New York, la crise économique complique la survie des entreprises. La pauvreté et la misère gangrènent la métropole. Pour s'en sortir, mieux vaut être peu regardant sur la légalité. Dans ce contexte où la violence explose de toute part, Abel Morales (Oscar Isaac) refuse tout écart avec la légalité. A la tête d'une entreprise de livraison de fioul, il s'appuie sur une équipe de commerciaux très motivés pour prendre des parts de marché à ses concurrents. Une réussite qui le pousse à voir plus loin, plus grand. Il met toutes ses économies dans l'achat d'un terminal au bord du fleuve. Pour boucler son budget, il veut emprunter à sa banque. Le film, très réaliste, tourné en plein hiver, montre toute l'horreur du capitalisme forcené. Abel, fils d'immigré latino, croit encore au rêve américain. Il se veut proche de ses employés, aimant auprès de sa femme Anna (Jessica Chastain). Il dénote dans le reste de la société. Ses camions sont régulièrement braqués par des voyous attirés par la valeur du fioul. Sa femme, fille de gangster, s'occupe de sa comptabilité et jongle avec certaines dispositions de la loi. Conséquence un procureur intègre lance une procédure contre l'entreprise des Morales. A même moment, la banque se retire du projet. Acculé, Abel va tenter se sauver son rêve, au prix de certains renoncements.
Troisième film de J.C. Chandor, « A most violent year » n'est qu'un instantané, sans jugement. Le réalisateur s'intéresse surtout à l'humain de ses personnages. Les bonus sont copieux avec 20 minutes de scènes inédites, les coulisses du tournage et les interviews d'une grande partie de l'équipe.


« A most violent year », Studiocanal, 19,99 euros le DVD, 21,99 euros le blu-ray. 

mardi 19 mai 2015

DE CHOSES ET D'AUTRES - Les zombies de Facebook


Preuve que nos amis les zombies envisagent sous peu la conquête du monde, ils amorcent leurs entrées sur Facebook. À l'instar de cette petite application qui détermine "Où et quand mourrez-vous dans une apocalypse de Zombie ?" Seules infos indispensables : vos profil Facebook et lieu d'habitation. Ainsi j'apprends qu'en cas d'épidémie, je survivrai exactement 18 jours. Ensuite je boulotterai du cerveau au cimetière du père Lachaise. Dernière indication qui donne froid dans le dos : "votre erreur : des lacets dénoués". Si je n'ai jamais mis les pieds au Père Lachaise, j'ai effectivement la mauvaise habitude de lacer mes chaussures à l'emporte-pièce. Désormais, je ferai plus attention.

À certains de mes amis, l'algorithme mystérieux a accordé six mois de survie. Cependant leur erreur "une bonne gueule de bois" ou "une pointe de côté après 15 minutes de sprint" leur vaut une transformation dans la Creuse.
Au-delà du gadget, ce site permet de réfléchir à notre réaction en cas d'événement extraordinaire. Je l'admets, une invasion zombie semble peu crédible, mais une catastrophe nucléaire, un tremblement de terre ou une épidémie d'une grippe porcine retorse ne peuvent être totalement exclus du champ des probabilités. Et l'alibi-zombie permet de nous interroger sur notre attitude. La fuite éperdue ? Le retranchement dans un abri ? Le courage et l'affrontement ? Le suicide ? Autant de possibilités difficiles à pronostiquer.
Une seule certitude : "Quand arrive le zombie, compte tes abattis".

Polar - Les débuts d'Erlendur

Avant d'être le policier islandais perspicace révélé dans les précédents romans d'Arnaldur Indridason, Erlendur a débuté à la circulation et aux rondes de nuit. Souvenirs.

Devenu le symbole de cette littérature noire nordique, Erlendur, le policier imaginé par Arnaldur Indridason, revient au centre du nouveau roman noir de l'auteur islandais. Mais ce sont les débuts d'Erlendur qui sont racontés dans « Les nuits de Reykjavik ». Célibataire, solitaire, Erlendur est un simple policier de base. Il est affecté aux patrouilles de nuit. Une vie décalée, à pourchasser les ivrognes et autres petits cambrioleurs. Rien de bien palpitant. Mais il fait son travail avec diligence, bon camarade, un peu taiseux mais toujours partant. 
On découvre avec plaisir comment ce policier froid a débuté dans le métier. Chaque nuit est une succession de petites affaires. « La patrouille de nuit fut riche en événements. Ils durent intervenir pour des bagarres chez des gens et devant une discothèque du centre et arrêtèrent également trois automobilistes en état d'ivresse. » Du menu fretin. Mais cela permet à Erlendur d'avoir une grande partie de la journée de libre. Il aime se promener dans la ville, découvrir les quartiers nouveaux, parler avec les gens. Tous les gens. C'est ainsi qu'il a fait la connaissance de Hannibal, un ancien clochard alcoolique à qui il a donné quelques vêtements. Notamment un anorak vert. Quand Erlendur est appelé dans une zone d'anciennes tourbières remplies d'eau après la découverte d'un cadavre par des enfants, il reconnait immédiatement cet anorak. Et c'est effectivement Hannibal qui est mort, noyé.

Deux affaires en une
L'enquête conclut rapidement à la divagation d'un ivrogne, tombé dans le trou, saisi par le froid et mort dans l'indifférence générale. Erlendur est tracassé. Il se demande s'il aurait pu sauver Hannibal. Il va tenter de comprendre pourquoi cet homme, qui était en train de s'en sortir quand il l'a aidé, a replongé dans cette dérive alcoolique.
Alors le policier, sur son temps libre, va se renseigner, retrouver la trace de Hannibal. Il vivait depuis quelques semaines dans un caisson protégeant une canalisation. Un véritable cercueil mais qui avait l'avantage d'être un peu chauffé. Avant, il occupait une cave. Mais il en a été chassé après un incendie. Le policier va également rencontrer la famille du clochard et ses connaissances. Une sœur qui n'avait plus de nouvelles, une amie tout aussi alcoolique.
Au gré de ses pérégrinations, il va écrire la vie de cet homme, son drame et sa descente aux enfers. Avec rapidement la certitude que le soir de sa mort, il n'était pas ivre. Au contraire, il semble qu'il ait été volontairement tué.
Tout en patrouillant la nuit avec ses collègues, Erlendur va interroger plusieurs suspects : des voisins intolérants, un clochard violent... Et puis une seconde affaire criminelle va se greffer sur cette première.
Ce roman d'Arnaldur Indridason, moins pessimiste que les précédents, quand Erlendur enquêteur à la criminelle côtoie l'horreur au quotidien, montre comment le jeune policier a découvert sa vocation. Une intrigue emberlificotée à souhait, pleine de chausses-trappes et de fausses pistes. Au final Erlendur résoudra les deux affaires et gagnera l'estime de ses futurs collègues.
« Les nuits de Reykjavik », Arnaldur Indridason, Métailié, 19 €