Il s'appelle Appolo. Ce jeune Noir américain est autiste. Du genre Rain Man, à l'esprit surdoué qui assimile tout instantanément. Ses capacités, repérées par la NSA, le service d'écoute des services secrets américains, sont exploitées au quotidien. Plongé en catalepsie, il ingurgite des milliers d'informations et peut répondre à n'importe quelle question. Ou annoncer des événements en préparation. Voilà comment il est devenu l'Oracle et que ses « visions » revêtent une importance cruciale.
Le problème avec Appolo, c'est sa dépendance complète à sa mère. Tel un enfant de 5 ans, il est incapable de faire les choses du quotidien. Et s'il n'a pas cet environnement apaisant, il est trop perturbé pour avoir la moindre vision. Quand sa mère se fait renverser par un chauffard, le programme à plusieurs millions de dollars s'arrête. Seule solution, confier Appolo à sa demi-sœur, Oz, flic tête brûlée.
Personnages complexes, loin des clichés déjà-vu, intrigue à plusieurs niveaux, cette série écrite par Gloris et dessinée par Bleda passionnera les amateurs de série télé genre « 24 heures ».
Douze jours que Radio France est en grève. Une partie du personnel a cessé le travail pour protester contre les coupes budgétaires et les suppressions de postes. Douze jours cela fait long pour l'accro à France Inter que je suis. Une journée n'a forcément pas la même saveur sans ces compagnons du quotidien. Comment être de bonne humeur sans les piques d'Alex Vizorek, Charline Vanhoenacker, Nicole Ferroni ou François Morel ? Que comprendre de la politique française sans l'éclairage de Thomas Legrand ? On se sent un peu plus bête sans les découvertes de Rebecca Manzoni.
Idem sur les autres antennes. France Culture ne fait plus entendre sa différence, France Bleue a arrêté d'être au plus près de ses auditeurs. En attendant que le président Mathieu Gallet (bien au chaud dans son bureau rénové) se décide à réellement négocier pour que tout le monde sorte de l'impasse, les auditeurs se contentent de musique. Heureusement, les programmateurs conservent tout leur savoir-faire. En attendant un hypothétique journal, les auditeurs ont la chance de découvrir des chansons qui font du bien. Ma joie, un matin la semaine dernière, en entendant "Busy Earnin'" de Jungle ou la superbe chanson "Bruxelles" du trop rare Dick Annegarn. Et comme le service public est réel, même quand une partie du personnel cesse le travail, cette playlist qui tourne presque en boucle depuis plus d'une semaine, est détaillée sur le site internet de la radio. Chouette, ils annoncent du Léo Ferré, Juliette et même "Tigre du Bengale" des Liminanas. Même en grève, France Inter reste ma radio préférée.
Rahan, fils des âges farouches, est l'archétype du nomade qui ne s'arrête jamais de découvrir de nouvelles civilisations. Il va où le guide son coutelas d'ivoire. Au lieu de rester auprès d'une belle et aimante guérisseuse, il préfère reprendre la route. Mais cette fois son arme fétiche le conduit vers le Mont-Bleu, le volcan qui a anéanti sa famille lors d'une éruption mémorable. Un retour aux sources compliqué pour l'adulte qui n'a pas fait encore le deuil de ses proches. Mais il n'a pas trop le temps de se poser des questions.
Capturé par une tribu de guerriers, il constate que toutes ses inventions, destinées à faciliter la vie des hommes (irrigation, moulin, levier...) ont été dévoyées pour favoriser l'esclavage d'une autre tribu. Cette aventure inédite, la première depuis cinq ans, est toujours dessinée par Chéret malgré ses 80 ans. Le scénario est signé Lécureux, Jean-François, le fils de Roger, le créateur du personnage.
« Rahan et les fantômes du Mont-Bleu », Soleil, 14,95 €
Véritable prouesse réalisée par Olivier Milhaud, le scénariste d’“Explicite” roman graphique dessiné par Clément C. Fabre. Il raconte, sans fioritures, comment il a accepté de tourner dans le film d’un de ses amis. Problème, l’ami en question est John B. Root, pape du porno français. Olivier Milhaud, plutôt spécialisé dans les BD jeunesse, angoisse sérieusement avant le tournage (une semaine dans une villa de rêve dans le département du Gard). Pourtant il n’a pas de scènes hard. John est persuadé qu’il ferait un bon acteur traditionnel dans une production plus écrite.
Olivier endosse le costume de comédien et se transforme en policier. Mais comme le film est quand même composé à 30 % de scènes hot, il partage la vedette avec de véritables acteurs X. Olivier Milhaud raconte ainsi les coulisses, les engueulades, les problèmes de timing, les jalousies et même les histoires d’amour qui se nouent entre comédiens.
Sans jamais montrer la moindre scène cochonne, il humanise ces hommes et femmes autant victimes que complices d’une industrie du sexe en pleine expansion. Une BD qui ne peut que décevoir les amateurs du genre, mais qui e apprend beaucoup aux autres.
“Explicite, Carnet de tournage”, Delcourt, 16,95 euros
Dans le monde de la bande dessinée franco-belge, les principaux éditeurs sont tous originaires de ces deux pays. Pourtant la BD suisse est dynamique et riche de grandes signatures, de Zep à Derib en passant par Cosey. Manquait un éditeur pour compléter le tableau.
C’est là qu’intervient Pierre Paquet. Ce jeune entrepreneur lance une société d’impression et en parallèle développe une maison d’édition. Vingt ans plus tard les éditions Paquet acquièrent une dimension supplémentaire avec quelques séries à succès. Déjà scénariste de quelques albums, Pierre paquet est titillé par l’idée de raconter cette saga. Il commence à jeter les idées sur le papier, cherche un dessinateur (Jesus Alonso) et se retrouve rapidement face à une somme incroyable d’anecdotes. Surtout, il parle plus de lui et de son chien Fiston que des aléas de l’édition de “petitmiquets”.
Un roman graphique dans lequel il ne se ménage pas, pour preuve le titre très évocateur de “Paquet de merde”. Il parle ouvertement de ses débuts peu concluants, de ses procès contre des auteurs teigneux, des festivals (et leurs soirées très arrosées) et de sa quête de l’âme sœur à travers les sites de rencontre. Un portrait au vitriol d’un jeune des années 2000, entre ambition et introspection. Durant tout ce temps il a aimé ce chien, toujours présent et aimant. Et c’est ce qui reste de cette BD : une belle histoire entre un jeune homme et un vieux chien, jusqu’aux larmes finales.
“PDM, Paquet de Merde”, éditions Paquet, 19 euros.
Roger Moore troque le pistolet de l’agent 007 pour un stylo moins agressif. Dans cette biographie, concoctée sous forme de souvenirs précis, l’acteur britannique qui a conquis Hollywood, revient sur plus de 50 ans de carrière. Des théâtres londoniens aux plateaux américains en passant par la télévision, Roger Moore a surtout interprété le personnage de James Bond. Sa distinction et son flegme ont donné une autre dimension au héros de Flemming. Mais il a su exister avant et après.
Dans ces mémoires très directes et vivantes, il retrace aussi ses débuts à Londres, sa conquête du monde avec la série « Amicalement votre » en compagnie de l’impayable Tony Curtis et la suite de sa carrière, une fois auréolé du titre de James Bond officiel. Un livre événement qui fait une part belle aux illustrations. En plus d’un cahier de photos en couleurs, le livre bénéficie de très nombreux clichés en noir et blanc issus de la collection personnelle de l’acteur. Un témoignage émouvant sur une immense carrière.
Partagée entre deux amours, Mélodie ne sait plus où donner de la tête. “A trois on y va”, film pétillant de fraîcheur, montre les nouvelles amours de la jeunesse.
Le sujet est un peu scabreux et carrément casse-gueule en ces temps de politiquement correct. Charlotte (Sophie Verbeeck) file le parfait amour avec Micha (Félix Moati). Ils viennent d’acheter une maison à Lille et font des projets. Pourtant, depuis quelques mois, Charlotte trompe Micha avec Mélodie (Anaïs Demoustier). Mélodie qui tout en étant officiellement la meilleure amie de Charlotte et secrètement sa maîtresse, tombe dans les bras... de Micha.
Une maîtresse, deux cocus dont un au féminin : « A trois on y va » de Jérôme Bonell renouvelle un peu le genre éculé du vaudeville. Car le film débute comme une pièce de boulevard. Un repas improvisé, Micha s’absente, Mélodie et Charlotte en profitent pour s’embrasser fougueusement entre deux assiettes sales. L’homme revient, elles font comme si de rien n’était. Le spectateur sourit face à des situations un tantinet éculées mais transfigurées car tout est chamboulé. La maîtresse n’a d’yeux que pour l’épouse. Une passion dévorante qui met Mélodie dans tous ses états.
Triangle parfait
Rapidement, le ton badin du film dévie vers un message plus grave. Dans le trio, Mélodie joue le rôle de la dynamiteuse. Charlotte, l’introvertie, est celle qui se cherche le plus. Elle aime Micha. Mais ne peut pas résister à son attirance pour Mélodie. Un dilemme qui lui pourrit la vie. Devenue maussade, taciturne, Micha s’interroge. Pour tenter de trouver des réponses, il se tourne vers la meilleure amie, Mélodie. Et un soir, il fait le premier pas, embrasse Mélodie. Il culpabilise, mais pas autant que cette dernière...
En ces temps où le cinéma français ne brille pas par son optimisme et ses sujets légers, « A trois on y va » est une véritable bouffée d’air frais. Les acteurs, naturels et totalement crédibles, donnent corps à cet amour impossible en forme de triangle parfait. Pas de discours pédant sur l’homosexualité, juste la constatation que l’amour frappe toujours au hasard, sans discernement de sexe ou de condition.
Très pudique dans les scènes intimes, la réalisation rend beau ce qui au final a des airs de tragédie. Une belle réussite qui doit beaucoup aux dialogues enlevés et l’interprétation, très charnelle et fusionnelle de trois jeunes comédiens bourrés de talent.
Le visage constellé de tâches de rousseur, Anaïs Demoustier est de ces actrices qui accrochent le regard. On ne se lasse pas d’admirer sa frimousse toujours souriante. Celle qui a toutes les chances de devenir l’incarnation d’un nouveau style de femme, tourne de plus en plus. Dans le film de Jérôme Bonell, elle interprète une jeune avocate, débordée par son travail et son trop-plein de sentiments pour un couple parfait. Elle a déjà joué dans un film sur l’équivoque. Pour « Une nouvelle amie », elle interprétait Claire, la jeune femme qui découvrait le secret de Romain Duris, jeune père se déguisant en femme pour élever son bébé.
Le mois prochain elle sera également à l’affiche de « Caprice », la nouvelle comédie d’Emmanuel Mouret (présentée en avant-première demain au Castillet de Perpignan). Elle va là aussi faire exploser un couple en séduisant un professeur épris d’une actrice célèbre (Virginie Efira). Anaïs Demoustier sera également à l’affiche du prochain film de Christophe Honoré : l’adaptation des célèbres “Malheurs de Sophie” de la comtesse de Ségur.
Les amateurs de sensations fortes se frottent les mains : d'ici deux ans, Ferrari ouvrira un immense parc d'attractions à proximité de Port Aventura au sud de Barcelone. Plutôt réservé aux enfants, ces parcs à thème remportent de plus en plus de succès. Le projet du Ferrari Land catalan, sur une surface de 75 000 m2 pour un investissement de 100 millions d'euros, est typique de la diversification du secteur. Les célèbres voitures rouges, inaccessibles au commun des mortels, représentent de formidables usines à rêves.
Durant votre séjour vous pourrez accélérer en Ferrari, manger en Ferrari et même dormir en compagnie du cheval cabré. Vous n'irez pas jusqu'à conduire une véritable Formule 1, mais il y a fort à parier que les attractions vedettes du premier parc construit à Abou Dhabiseront reproduites. Vous pourrez ainsi faire l'expérience de l'accélération maximale soit atteindre la vitesse de 240 km/h en cinq secondes sur les montagnes russes les plus rapides du monde. Les moins téméraires (ceux qui tiennent à garder le contenu de leur repas) se contenteront des simulateurs de conduite et les plus jeunes des mini bolides. Pour manger, ce sera au choix pâtes... ou pizza, ambiance italienne oblige. Et même les hôtels arboreront les couleurs de l'écurie si souvent championne du monde. Espérons simplement que les lits soient plus confortables qu'un baquet de F1. Ce parc futuriste deviendra terriblement rétro dans 50 ans : à l'heure de la voiture électrique hégémonique, il sera le seul endroit où l'on pourra encore entendre le bruit caractéristique d'un moteur à essence.
Ignatius, jeune Américain passionné de musique (il travaille dans une radio) et un peu trop porté sur la boisson, se réveille un matin avec une terrible gueule de bois. Lentement, il se souvient. On le suspecte d’avoir assassiné sa fiancée, l’amour de sa vie. Harcelé par les reporters des télévisions locales, il n’a plus aucun souvenir de cette soirée fatale. Ce n’est que 24 heures après ces événements qu’il constate une modification physique. Deux petites cornes lui poussent sur le front. Des cornes de démon. Tentant de cacher ces appendices, il va rencontrer quelques connaissances et constater que ses nouveaux attributs ne gênent personne. Au contraire, les gens, à son contact, ne peuvent s’empêcher de dire la vérité, de dévoiler les secrets les plus enfouis au fond d’eux. Du dentiste érotomane à la mère ayant envie d’abandonner son enfant, il va découvrir son nouveau pouvoir.
La première partie du film d’Alexandre Aja, avec Daniel Radcliffe en démon de la désinhibition, est d’une drôlerie assumée. Mais rapidement le drame va s’imposer. Ignatius est inconsolable et il va utiliser son nouveau pouvoir pour tenter de démasquer le véritable assassin
Tout le film est porté par l’interprétation de Daniel Radcliffe qui n’hésite pas à sortir des sentiers battus. Son personnage est à des lieues de Harry Potter. Il est cependant crédible de bout en bout.
« Cornes » de Joe Hill est un roman extrême, qui dévoile les pires travers de cette Amérique trop puritaine pour être équilibrée. Dans sa transposition à l’écran, il a bien évidemment fallu couper certaines scènes, beaucoup trop explicites ou provocatrices. Cela reste cependant très enlevé et loin du politiquement correct. Diable oblige !
Transparent, solitaire, timide et taiseux : Sébastien Nicolas est l'archétype de l'homme effacé que personne ne remarque. Derrière ses grandes lunettes de vue, il observe le monde, son agitation, ses plaisirs. Lui est incapable de vivre normalement, comme paralysé par son apparence. Alors cet agent immobilier terne et docile, a trouvé un dérivatif à sa non-vie : il s'approprie celle des autres.
Interprété par Mathieu Kassovitz, le personnage principal du film de Matthieu Delaporte, a aménagé sa cave en laboratoire de transformation.
Il observe, écoute sa future proie puis se glisse dans ses habits. Postiche et prothèses en latex lui permettent de ressembler comme deux gouttes d'eau à ces hommes dont il envie la vie. Il se transforme en fleuriste, marié, un enfant, fan de Gad Elmaleh et alcoolique repenti.
Le jeu est excitant, mais dangereux. Sébastien tente de tout arrêter mais replonge quand il croise la route d'un célèbre violoniste à la retraite. Voilà l'existence dont il aurait rêvé. La tentation est trop forte.
La magie du maquillage
Interprétant les deux rôles principaux, Mathieu Kassovitz réalise une performance digne des grands acteurs américains. Il change de personnalité au gré de ses déguisements, modifie sa voix, sa démarche. Mais au fond de lui il reste le même être torturé, incapable de trouver sa place.
Et quand tout se met à déraper, il se sent acculé, perdu. A moins que cela soit là la véritable chance de sa vie. D'une autre vie exactement, celle dont il pourrait enfin orienter les choix.
Présenté comme un thriller « machiavélique », « Un illustre inconnu » est surtout une fable sur le destin. Peut-on l'infléchir ? Le modifier ? Transformer sa vie en œuvre de bonté alors qu'on est plongé dans un abîme de noirceur ? Sébastien Nicolas a-t-il droit à une seconde chance ?
Le DVD s'agrémente d'un making of assez complet avec interview du réalisateur et de l'acteur principal ainsi que quelques scènes coupées précédées dles explications de Matthieu Delaporte et du scénariste-producteur Alexandre de la Patelière. Mais le plus intéressant reste le reportage sur les effets spéciaux. On découvre comment on transforme Sébastien Nicolas en violoniste plus vieux de 20 ans. Un bel hommage à ces artistes de l'ombre que sont les maquilleurs.
« Un illustre inconnu », Pathé Vidéo, 14,99 euros.