mardi 10 février 2015

DE CHOSES ET D'AUTRES - Facteurs à tout faire...

Il y a parfois des baffes qui se perdent dans certaines administrations chargées de penser le futur de la société française. Notamment dans le petit cercle des technocrates dont le seul but consiste à trouver de nouvelles occupations aux agents de la Poste. Comme le volume de courrier à distribuer est en diminution, les statistiques sont irréfutables, ils sont persuadés que les facteurs n'ont plus rien à faire. C'est oublier un peu vite que les tournées sont de plus en plus longues pour cause de réduction d'effectif. Mais ça, c'est une broutille pour ces génies de la prospective. 
Alors ils inventent. Tout et n'importe quoi. Comme confier aux facteurs l'examen du permis de conduire. Certes, ils sillonnent les routes sans arrêt, mais de là à remplacer des examinateurs assermentés, le gouffre est de taille. Localement, la Poste a décidé de transformer ses agents en « ambassadeurs du tri sélectif ». 
Logique vous me direz. Après avoir raflé certains marchés de distribution de prospectus publicitaires, la Poste va expliquer à ses usagers comment jeter immédiatement ces tonnes de papiers inutiles directement dans les poubelles jaunes. Une sorte de raccourci très symbolique d'une certaine conception du gaspillage made in France... 
Ne doutons pas que d'autres métiers secondaires vont se rajouter aux tâches des facteurs. Pourquoi ne pas relever les compteurs EDF, sortir les chiens pour qu'ils fassent leurs besoins, conduire les enfants à l'école, arroser les bacs à fleurs communaux... Le facteur français deviendra alors une sorte de « fonctionnaire couteau suisse » et au bout du compte, perdra son identité.
Chronique parue le 10 février en dernière page de l'Indépendant. 

lundi 9 février 2015

BD - Monde sauvage et primitif


Quand on parle d'enfant sauvage, on ne retient que l'histoire de Victor, le jeune découvert en Aveyron et dont François Truffaut a transformé l'existence (et surtout le retour à la vie civilisée) en chef-d'œuvre du cinéma. Mais il existe plusieurs cas similaires. 
Ce gros roman graphique de plus de 200 pages est la biographie de Marie-Angélique Le Blanc, née en 1712 aux Amériques et morte en 1775 à Paris. Morvan et Bévière, les scénaristes, se sont librement inspirés du livre de Serge Aroles. Gaëlle Hersent assure la mise en images. 
En Champagne, des chasseurs découvrent au bord d'une rivière le cadavre d'une jeune Noire. A ses côtés, ce qu'ils prennent pour un démon. En réalité c'est une fillette retournée à l'état sauvage. Quelques jours plus tard, la faim la pousse à s'approcher des habitations. Capturée, elle est confiée au noble du village. Celle qui n'a pas de nom (elle ne sait pas parler) devient la sauvageonne qui mange de la viande crue qu'elle chasse à main nue (lapin, grenouilles...) et dort à même le sol. Mais en 1731, toute créature de Dieu doit recevoir un enseignement religieux. Elle est placée dans un couvent et sous la férule de rigides sœurs, acquiert des rudiments de langage et de maintien. Par contre, côté alimentation, elle ne supporte pas les aliments cuits et dépérit dès qu'elle n'ingurgite plus sa ration de chair saignante. 
D'où vient-elle ? Par quelles épreuves est-elle passée ? Les auteurs alternent avec brio les scènes actuelles avec les retour sur le passé de celle qui se nomme en réalité Louve quand elle était dans une tribu indienne au Canada puis Marie-Angélique après son adoption par des colons français. Passionnante, cette vie de souffrance et d'errance donne matière à une BD d'une exceptionnelle densité. 
Au dessin, Gaëlle Hersent, pour sa première réalisation, place la barre très haut. Elle alterne les ambiances et les époques avec une même constance : rendre cette femme aussi mystérieuse qu'attachante, aussi sauvage que torturée par un secret inavouable.
« Sauvage », Delcourt, 24,65 € 

DE CHOSES ET D'AUTRES - Titres pas tristes

Samedi, ceux qui n'ont pas mis le nez dehors ont raté chez les marchands de journaux le meilleur titre de la presse de ces dernières années. Pour décortiquer la conférence rémunérée de Nicolas Sarkozy à Abou Dhabi, le lendemain de la législative partielle dans le Doubs, où l'UMP ne s'est pas qualifiée pour le second tour, Libération a titré « Sarkozy : l'errance d'Arabie ». 
La presse écrite peut en présenter de deux types : les informatifs et les incitatifs. Les premiers sont simples à trouver, les seconds plus vicieux car souvent à double tranchant et pas forcément compréhensibles par la majorité. 
Libé reste le champion du titre tordu. Souvent imité, jamais égalé. Ainsi le 18 janvier 2008, la manchette du quotidien annonce la « Mort du chanteur d'Oasis ». Comment, un des frères Gallagher est décédé et vous l'aviez manqué ? Non, le chanteur d'Oasis, pour Libé, c'est Carlos, le barde jovial tendance Obélix de la chanson française, interprète de cette publicité chantée pour une boisson fruitée... Quand Manuel Valls remplace Jean-Marc Ayrault à Matignon, le remaniement se résume en un « Ayrault valse » court et percutant. Et puis il y a les unes nécrologiques. 
La rédaction y a trouvé un filon. Coup de maître à la mort de Hergé, tous les articles d'actualité du numéro sont illustrés de vignettes extraires des albums des aventures de Tintin. Un collector régulièrement réédité. Avant, les lecteurs avaient appris que « Brassens a cassé sa pipe » ou que « Tout fou Lacan ». Trenet, le fou chantant a droit à un bien triste « Y'a eu d'la joie ». Libé va mal. Dommage, ses titres nous manqueront s'il cesse de paraître. 

Chronique parue lundi 9 février en dernière page de l'Indépendant.

dimanche 8 février 2015

DE CHOSES ET D'AUTRES - Radio d'antan complètement déjantée

Europe 1 a fêté cette semaine ses 60 ans. La radio « périphérique » selon l'expression de l'époque, a révolutionné le genre. Pub et bonne humeur ont rapidement conquis les auditeurs. Et Louis Merlin, directeur de ces années-là, lance le premier mercato des ondes en débauchant Pierre Dac et Francis Blanche de la Chaîne Parisienne. Leur mission : imaginer un feuilleton loufoque capable de tenir la France en haleine. Ce sera « Signé Furax » diffusé entre octobre 56 et janvier 60. Ce chef-d'oeuvre de drôlerie, véritable phénomène de société, est à redécouvrir avec la parution dans la collection Omnibus de la première saison intitulée « Le Boudin sacré ». Près de 800 pages de péripéties incroyables avec un héros, Furax, clone de Fantômas et d'Arsène Lupin et les ping pong verbaux des inspecteurs Black & White, interprétés à l'antenne par leurs propres créateurs. Alors si les saillies de Cyril Hanouna ne vous font pas rire, si Ruquier vous désole et que Nagui vous indiffère, plongez dans cette saga en 125 épisodes où les Babus, adorateurs du boudin sacré, tentent de dominer le monde en dérobant les plus beaux monuments de Paris.


« Signé Furax, le Boudin sacré », Omnibus, 24 euros.

samedi 7 février 2015

BD - Pour les amis du mystère


Serge Lehman multiplie les séries BD depuis quelques années. Après « La brigade Chimérique » et « Masqué », il se lance dans une nouvelle aventure avec Gess au dessin : Théo Sinclair est « L'œil de la nuit ». Jeune aristocrate souffreteux, il est plus habitué aux bibliothèques qu'aux champs de bataille. Comment s'est-il alors transformé en justicier de la nuit ? Les auteurs le dévoilent en partie dans le premier (et copieux, 96 pages) tome de ce récit entre histoire et fantastique. 
Au début du 20e siècle, la France ne parle que de l'invasion martienne de 1898. Les écrivains de l'époque, Maurice Leblanc, Gaston Leroux ou La Forge, le meilleur ami de Théo, se transforment en journalistes pour raconter les voyages spatiaux. Théo, accompagné de sa fiancée, assiste à la conférence de Camille Flammarion au cours de laquelle il dévoile la momie d'une nouvelle race de martiens. 
Un prélude qui permet de planter l'ambiance avant de plus personnaliser le récit. Théo, pour tenter de sauver son père, un savant, va se lancer sur les traces de l'Internationale de la Terreur, une organisation clandestine menée par la redoutable (et « merveilleuse » de l'aveu de Théo) Sonia Volkoff. Un récit dense, plein de trouvailles et surtout de suspense digne des meilleurs feuilletonistes de la grande époque.
« L'œil de la nuit » (tome 1), Delcourt, 15,95 €

vendredi 6 février 2015

Cinéma - Romain Goupil se met en abyme dans "Les jours venus"


Un cinéaste, proche de la retraite, est la vedette du film « Les jours venus », entre réflexion sur la création et grosse rigolade sur le temps qui passe et la mort.

Le pitch est le suivant : un cinéaste, chaque fois qu’il déclenche sa caméra, il provoque une catastrophe. Il va filmer en Islande, dès son premier plan un volcan se réveille et paralyse le ciel européen. Au Rwanda, il provoque un génocide. Partout, filmer implique un drame. Il se demande alors comment profiter personnellement de cette particularité. Pourquoi ne pas aller filmer des dictateurs pour les faire mourir ? Ou dans la chambre des coffres d’une banque ? L’idée est bonne, séduisante, mais à 60 ans, le réalisateur a d’autres soucis. La retraite !
Romain Goupil, réalisateur à part dans le cinéma français, ne va pas arranger son image de marque dans un milieu peu enclin à dévoiler les coulisses de la création. « Les jours venus » est clairement une autobiographie, avec de vrais morceaux d’histoire, des images tirées de la vidéothèque de vacances familiales et des scènes jouées, mais ancrées dans la réalité. Un patchwork étonnant et surtout réjouissant car Romain Goupil, contrairement à son image d’intellectuel de gauche, ne se prend pas au sérieux. Ou ne se prend plus...

Séducteur malgré lui
Goupil se filme du début à la fin. Présent dans tous les plans, il fait partager au spectateur sa vie de tous les jours dans un désordre très travaillé. Parisien baguenaudant dans les rues, il échappe à plusieurs catastrophes. Des chutes de pianos. Trois fois... Dans son courrier, un formulaire pour activer ses droits à la retraite. Il fait remarquer perfidement à sa femme, Sanda, et ses deux enfants, de grands adolescents, eux au moins ont pensé à son anniversaire. Ce nouveau film, celui de la caméra catastrophe, il tente de le vendre à une productrice (Noémie Lvovsky) qui boit ses paroles avec un plaisir évident. Entre une réunion des locataires de son immeuble et un passage éclair aux Assedic, il prend rendez-vous avec sa banquière (Valeria Bruni Tedeschi). Pas pour parler finances, mais pour repérer la salle des coffres. « Et vous m’y embrasserez... » dit-elle en minaudant. Romain Goupil joue à la perfection le séducteur malgré lui. Sa femme l’adore, tous les autres personnages féminins également. Dont la jeune artiste (Marina Hands) locataire du même immeuble qu’il tente de former à la manipulation d’une assemblée en bon ancien trotskiste qu’il est toujours.
Ces scènes de la vie d’un intello parisien pourraient vite être rébarbatives s’il n’y avait pas avant tout une bonne dose d’humour et d’autodérision. Et ceux qui en doutent doivent absolument rester jusqu’à la fin. Une mise en abyme du film et de l’obsession de Romain Goupil à prévoir à la virgule près les modalités de ses obsèques. Car après 60 ans, de quoi peut-on mieux rire si ce n’est de sa propre mort ?


Une femme, des admiratrices


Si l’on excepte Jackie Berroyer pour un petit rôle de gueulard aigri, le reste de la distribution des « Jours venus » est exclusivement féminine. Pour la première fois à l’écran, l’épouse de Romain Goupil dans son propre rôle. De nos jours, mais aussi au moment de leur rencontre dans une Sarajevo dévastée par la guerre. Sa beauté est sans cesse magnifiée, en jeune maman ou en épouse attentive. Pourtant on a l’impression que le réalisateur n’a pas perdu son appétence pour les belles femmes. Elles sont trois à marcher sur les plates-bandes de Sanda. Marina Hands, la plus jeune, tombe sous le charme de cet homme « vieux et marié ». Or elle ne peut aimer que ce type de personnage...
La banquière, Valeria Bruni Tedeschi (photo), joue un rôle plus pervers. On sent bien que c’est elle qui a envie d’aller plus loin avec cet homme si intelligent, attachant. Lui se laisse désirer. Avec la productrice, c’est un peu différent. On devine une vieille complicité. Comme des amants de longue date, se connaissant parfaitement et un peu lassés mais jamais repus de préliminaires faisant la part belle à l’intellect. Quatre femmes pour un seul homme. Le veinard, même si cela ne reste que du cinéma... 

DE CHOSES ET D'AUTRES - La cravate et les notaires

Révolution financière ou vestimentaire ? L'arrivée d'Alexis Tsipras à la tête de la Grèce pourrait marquer le fin du diktat des financiers sur les politiques économiques des États. Le parcours sera long et semé d'embûches.
Par contre, le nouveau Premier ministre grec a déjà fait souffler un vent de modernisme et d'audace sur la classe politique européenne particulièrement compassée. En ne portant pas de cravate, il indique clairement qu'il n'appartient pas à leur "caste" selon le terme mis à la mode par un autre iconoclaste de gauche, Iglesias (Pablo, pas Julio...) leader de Podemos en Espagne. Tsipras, Iglesias font partie de la tendance "chevelu décontracté".
Le ministre des Finances grec, Yanis Varoufakis fait plutôt dans le "musclé rasé". Lui non plus ne porte pas de cravate. Mais en plus il voyage en classe économique, porte un blouson de cuir et a des airs de garde du corps peu conciliant. En bon universitaire spécialisé en économie, il commence à perdre ses cheveux. Mais au lieu de rabattre ses dernières mèches sur le haut du crâne à la Giscard, il opte pour la boule à zéro façon Bruce Willis.
Soit ces politiques grecs d'un nouveau genre sont réellement "simples", soit ils ont tout compris de notre société basée sur l'apparence. Des contestataires décontractés sembleront toujours plus proches des gens et seront plus populaires auprès de la majorité que des notaires cravatés. Ces derniers, en s'accrochant à leurs privilèges du passé symbolisés par leurs costumes stricts, ne parviendront jamais à se faire aimer. Encore moins à se faire plaindre...

BD - Silas Corey combat l'argent des armes


En novembre 1918, la France est en liesse. Une longue guerre vient enfin de s'achever. Le peuple est dans la rue, les députés entonnent la Marseillaise à l'Assemblée nationale. Pourtant Silas Corey, dandy et détective privé, n'a pas le cœur à la fête. «Voir tous ces gens danser au-dessus d'un charnier... ça me travaille les nerfs » confie-t-il à Nam, son valet homme à tout faire. Alors il boit, fume, joue et se bat... Comme pour s'empêcher de penser. 
Mais la réalité le rattrape. Un collègue vient mourir devant sa porte. Il décide de le remplacer dans son enquête. Le mort était chargé de retrouver l'héritier d'une richissime industrielle. Et Silas de recroiser la route de Madame Zarkoff, riche à million après avoir vendu des tonnes de bombes aux Français et aux Allemands qui viennent de s'étriper durant quatre ans. Il aurait envie de la tuer, mais au contraire va lui sauver la vie. 
Pour retrouver le potentiel héritier, il va aller en Suisse puis en Allemagne, pays en proie à d'énormes troubles après la défaite du Kaiser. Entre démocrates, rouges et premiers nazis, les tensions sont fortes. Scénario palpitant de Fabien Nury, dessin plein d'énergie de Pierre Alary, Silas Corey est une série à suivre.

« Silas Corey », (tome3), Glénat, 14,95 €

DE CHOSES ET D'AUTRES - Philippins sans pain

Chers lecteurs végétariens, ne lisez pas les lignes qui suivent. Les Philippins n'aiment pas le pain. Ils se retrouvent du coup champions d'un hot dog bien chargé en calories (et c'est un euphémisme). La chaîne de restauration rapide KFC teste une version de ce sandwich... sans pain. La saucisse chaude reste toujours d'actualité, mais servie entre deux tranches de poulet frit. Le « Double down dog » est garanti 100 % viande.  

Les « carnassiers » européens -aussi nombreux soient-ils- n'auront pas la chance de le déguster dans les KFC locaux. Ce hot dog, testé durant deux jours en janvier dans quelques points de vente, a finalement intégré définitivement la carte de tout le réseau philippin en raison de son succès. Car si tous les diététiciens de la planète s'insurgent contre cette hérésie (une recette infaillible pour faire exploser diabète, obésité, goutte et maladies cardiaques ces prochaines années dans l'archipel de 100 millions d'habitants), les clients, eux, en redemandent.
Mais à bien y réfléchir, est-il plus irresponsable de vendre ces « total look viande » que de proposer des buffets libres, pratique de plus en plus courante dans la région ? Ils s'avèrent certainement plus problématiques pour qui n'arrive pas à se raisonner. Sans compter le gaspillage généré par cette nourriture proposée à volonté.
La défense de KFC aux Philippines se positionne de toute manière sur un autre terrain : le hot dog à la viande serait un peu moins calorique qu'un double cheeseburger. En vente libre, partout dans le monde, depuis des décennies. Doublement effrayant.

jeudi 5 février 2015

DVD - Le grand écart entre "Trafic" de Jacques Tati et "N'importe qui" de Rémi Gaillard

Jacques Tati, dans sa courte filmographie, a sacrifié à un exercice étonnant : le road trip. Mais avec Monsieur Hulot, pas de grands espaces américains ni de vitesse excessive. Son voyage va de Paris à Amsterdam, dans un vieux camion qui se démarre à la manivelle. Trafic, réalisé en 1971 après l'échec de Playtime, a un budget moindre. Au centre de ce périple, une petite voiture se transformant en camping car bourré de trouvailles en forme de gadget. Monsieur Hulot est chargé de convoyer ce prototype au salon de l'automobile d'Amsterdam. Il accompagne la chargée des relations publiques (Maria Kimberly). Ce qui aurait du n'être q'une formalité se transforme en périple sans fin, semé de difficultés. Dès le départ, le convoi prend du retard. Sur l'autoroute, le camion crève. Puis il tombe en panne d'essence. L'occasion pour Tati de déambuler dans la campagne nordiste à la recherche d'une petite station comme il n'en existe plus nulle part ailleurs. A la frontière, les policiers hollandais font du zèle et confisquent de camion. De plus en plus en retard, le prototype n'arrive finalement à bon port que le lendemain de la fermeture... Quasiment muet, ce film est aussi un regard sur le comportements des automobilistes. Quelques scènes volées les montre comme absents, occupés à farfouiller au plus profond de leurs narines dans les embouteillages... Il manque un peu de maîtrise, mais on retrouve toute la douce folie de M. Hulot dans cette version restaurée par les Films de Mon Oncle.
Si Tati a toujours fait du grand cinéma, ce n'est pas véritablement le cas pour la première apparition sur grand écran de Rémi Gaillard, le trublion du net. Les intentions sont bonnes, le résultat beaucoup moins convaincant. Rémi Gaillard, dans son propre rôle, revient sur son succès sur le net. Un milliard de vues pour des sketches où il « fait n'importe quoi pour devenir n'importe qui ». Mais cette soudaine notoriété le coupe de sa fiancée (Nicole Ferroni, excellente dans ce rôle de fille à papa amoureuse et terriblement terre à terre) et ses amis. S'en suit une grave dépression. Gavé d'antidépresseur, Rémi devient représentant de commerce. Une vie insipide peuplée de cauchemars. Heureusement, sa folie reprend le dessus et reprend le chemin des tournages clandestins avec les policiers en victimes récurrentes. En truffant le film d'extraits de ses délires, Rémi Gaillard sauve l'ensemble.
« Trafic », Studiocanal, 19,99 euros le DVD, 21,99 le blu-ray

« Rémi Gaillard est n'importe qui », Wild Side Vidéo, 14,99 euros